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On a dit autrefois, Se rendre Catholique, se rendre Religieux, pour dire, Se faire Catholique, se faire Religieux. Et en ce sens on dit encore quelquefois, Se rendre Ermite.
On dit, qu'Une orange rend beaucoup de jus, pour dire, qu'Il en sort beaucoup de jus quand on la presse. On le dit aussi d'Une viande succulente, dont il sort beaucoup de jus quand on la coupe.
On dit d'Une plaie, d'un cautère, qu'Ils commencent à rendre, qu'ils rendent beaucoup, pour dire, qu'Il en sort de la matière.
On dit, qu'Une fleur rend une odeur agréable, pour dire, qu'Il s'en exhale une agréable odeur; et, qu'Un instrument rend un son harmonieux, pour dire, qu'Il en sort un son harmonieux quand on en joue.
On dit d'Une raquette bien tendue, qu'Elle rend bien; et dans le cas contraire, qu'Elle rend mal, pour dire, qu'Elle renvoie fortement ou foiblement la balle.
On dit, qu'Un Fermier rend tant de sa Ferme à son maître, pour dire, qu'Il en paye tant.
On dit, en un sens approchant, Cette affaire rend peu, a de la peine à rendre, rend mal. Cela ne rend pas.
Il signifie aussi, Répéter. L'écho rend les sons, rend les paroles. En ce sens on dit, Rendre un discours, rendre une conversation, pour dire, Répéter un discours qu'on a entendu tenir, répéter une conversation. Il n'a pas rendu fidèlement ce que j'avois dit. Il ne vous a pas bien rendu ce que je l'avois chargé de vous dire. Je vous rends son discours mot pour mot.
On dit, Rendre gorge, pour dire, Vomir. Il est populaire.
On dit aussi figurém. Rendre gorge, pour dire, Restituer par force ce qu'on a pris, ce qu'on a acquis par des voies illicites. On lui a fait rendre gorge. Il est familier.
On dit, Rendre l'esprit, rendre l'âme, rendre les derniers soupirs, pour dire, Mourir, expirer.
On dit en termes de Manége, Rendre la bride à son cheval, pour dire, La tenir moins haute, moins ferme. Rendez tout--à--fait la bride. On dit aussi, Rendre la main à un cheval, Lui lâcher un peu la bride. Rendre la main, s'emploie aussi au figuré, pour dire, Se relâcher de son autorité, ne la faire pas trop sentir.
On dit, Rendre compte d'une chose, pour dire, La détailler, en donner l'explication: Rendre compte d'un événement, rendre compte de sa gestion; et, Se rendre compte à soi -- même de quelque chose, pour dire, Entrer dans un examen détaillé de la chose dont il s'agit.
On dit, Rendre un Arrêt, une Sentence, pour dire, Prononcer un Arrêt, une Sentence.
On dit aussi, Rendre des oracles, pour dire, Prononcer des oracles.
On dit, Rendre témoignage, pour dire, Témoigner.
On dit, Rendre à quelqu'un sa parole, pour dire, Le dégager de la promesse qu'il avoit faite.
On dit, Rendre quelqu'un à la société, pour dire, Le faire rentrer dans la société; Le rendre à la vertu, à son état, etc. pour dire, Le faire rentrer dans le chemin de la vertu, dans son état, etc.
Il se met aussi dans le même sens avec le pronom personnel. Les fleuves se rendent à la mer. Le sang se rend au coeur. Où se tendent ces chemins--là?
On dit aussi, Se rendre en quelque endroit, pour dire, S'y transporter. Il se rendra à Lyon un tel jour. Les troupes se rendirent sur la frontière à la fin de Mai. Si vous voulez vous rendre en tel endroit, vous m'y trouverez. Je me rendrai auprès de vous. Se rendre à son Régiment. Se rendre à son bord. Se rendre à son drapeau. Se rendre à l'assignation. Se rendre à l'heure marquée. Se rendre à point nommé. Se rendre à son poste.
On dit encore, Se rendre à son devoir, se rendre à sa Charge, pour dire, Se rendre au lieu où le devoir, où la Charge appelle. Se rendre à son devoir, se dit aussi De quelqu'un qui se réforme, qui cède à l'empire de la raison.
On dit proverbialement, Fille qui chante et Ville qui parlemente sont à demi rendues.
Lorsqu'il se présente quelque difficulté qu'on ne peut résoudre, qu'on ne peut surmonter, on dit, qu'On se rend, pour dire, qu'On cède. Et l'on dit d'Un opiniâtre, d'un entêté, qu'Il ne se rend jamais, pour dire, qu'Il ne cède jamais.
On dit aussi, Se rendre, pour dire, N'en pouvoir plus. Je ne puis plus boire ni manger, je me rends. Il ne peut plus marcher, il se rend. Quoi, vous vous rendez déjà?
On dit, qu'Un cheval se rend, pour dire, qu'Il ne peut plus avancer, qu'il est outré à force d'avoir marché ou d'avoir travaillé.
On dit, d'Un homme, d'un animal, qu'Il est rendu, pour dire, qu'Il est las, fatigué, outré, qu'il ne peut plus marcher. Je suis rendu, je n'irai pas plus loin.
Il signifie quelquefois, Arrivé où l'on vouloit aller. Il n'y a plus qu'un petit quart de lieue d'ici chez nous, nous voilà bientôt rendus.
On dit absolument, C'est un rendu, en parlant d'Un tour qu'on vient de jouer à quelqu'un, et qui vaut bien celui qu'il nous avoit fait auparavant. Il est du style familier.
On dit figurément dans le style soutenu, Les rênes de l'Empire, de l'État, du Gouvernement, pour dire, La souveraine administration de l'État. Tenir les rênes de l'Empire. Prendre en main les rênes de l'Empire, les rênes de l'État. Quitter les rênes du Gouvernement, les remettre en d'autres mains.
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