Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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à la cave, la moisissure s'y mettra. Couvert
de moisissures.

Il désigne aussi l'Endroit moisi, le moisi.
Ôtez la moisissure.

MOISSINE. n. f. Faisceau de branches de
vignes où les grappes sont encore attachées.
Les paysans suspendent des moissines au plafond.

MOISSON. n. f. Récolte des blés et autres
céréales. Avoir une abondante moisson. L'époque
de la moisson. Faire la moisson. Le temps est
bon pour la moisson. Voilà une belle espérance
de moisson. La campagne se couvre de riches
moissons. Rentrer la moisson.

Il se prend aussi pour le Temps de la
moisson. La moisson approche. Pendant la
moisson.

Fig., Ce savant a fait une riche moisson dans
les archives publiques,
Il y a recueilli des
matériaux précieux. Cette quêteuse a fait une
abondante moisson,
Sa quête a produit beaucoup
d'argent. Une moisson de lauriers, Beaucoup
de succès, un grand nombre de victoires.
On dit dans le même sens Une moisson de
gloire.

MOISSON, dans le langage de l'Église, se dit
en parlant de la Conversion des âmes. Ce missionnaire
a fait, dans l'Inde, une grande moisson.

MOISSONNER. v. tr. Faucher et récolter
les blés et autres céréales. Moissonner les froments,
les orges, les avoines.
Absolument, On
ne moissonne pas encore chez nous. On a moissonné
plus tard cette année.

Par extension, Moissonner un champ, Faire
la moisson des grains qu'il a produits.

Fig., Moissonner des palmes, des lauriers,
Avoir de nombreux succès, remporter beaucoup
de victoires.

Prov., d'après la Bible, Celui qui sème le
vent moissonnera la tempête,
Celui qui veut
exciter des troubles sera lui-même victime de
troubles plus grands encore, celui qui sème la
discorde la verra grandir à son détriment. On
dit plutôt Qui sème le vent récolte la tempête.

MOISSONNER signifie aussi figurément Détruire,
faire périr. Les épidémies ont moissonné
une grande partie de la population. Une vie
qui s'annonçait si belle a été moissonnée dans
sa fleur.

MOISSONNEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
moissonne. Embaucher des moissonneurs. La
paie des moissonneurs.

MOISSONNEUSE. n. f. Machine qui sert
à moissonner le blé et les autres céréales.

MOITE. adj. des deux genres. Qui a quelque
humidité, qui est un peu mouillé. Il a le front
moite. Avoir les mains moites. Être tout moite
de sueur. Ces draps ne sont pas bien séchés, ils
sont encore moites. Durant le dégel, les murs
sont moites.

MOITEUR. n. f. Légère humidité, qualité
de ce qui est moite. Il a une petite moiteur aux
mains. Après l'accès de fièvre, il reste souvent
un peu de moiteur. Il faut chauffer ces draps
pour en ôter la moiteur.

Il s'emploie aussi pour désigner une Tiédeur
agréable. Sentir dans ses membres une
douce moiteur.

MOITIÉ. n. f. L'une des parties d'un tout
divisé, partagé également en deux. Les deux
moitiés d'un cercle, d'un carré. La moitié de 4
est 2. Il en faut retrancher la moitié. La majorité
absolue des suffrages se compose de la moitié
des voix, plus une. La moitié de cette succession
lui appartient. Il a moitié dans cette succession.

Il désigne assez ordinairement, dans une
acception moins rigoureuse, une Portion, une
part qui est à peu près de la moitié. La moitié
d'un pain. Mettre la moitié d'eau, moitié d'eau
dans son vin. Faire bouillir un liquide jusqu'à
ce qu'il soit réduit à la moitié, à moitié. Augmenter,
diminuer une longueur de moitié, de la
moitié. La moitié de la vie se passe à souffrir.
Passer la moitié du temps à la campagne. La

moitié du temps il est sans argent. Il a mangé
la moitié de son bien. Il n'a fait encore que la
moitié de son ouvrage. Je l'ai trouvé grandi de
moitié. Venez auprès de moi, je vous donnerai
la moitié de ma place.

Une bonne moitié, Un peu plus de la moitié.

Partager quelque chose par moitié, Prendre
chacun la moitié d'une chose qui était à
partager. Partager les revenus, les bénéfices
par moitié.

Couper, partager une chose par la moitié,
La couper, la partager en deux moitiés. Le
diamètre coupe le cercle par la moitié. Scier
une pierre par la moitié.

Partager un différend, le différend par la
moitié,
se dit en parlant d'un Marché où des
deux côtés on a fait des concessions sur ce
qui empêchait de conclure.

MOITIÉ signifie, familièrement, Personne de
petite taille. Une moitié d'homme.

MOITIÉ se dit figurément d'une Femme par
rapport à son mari. Il a perdu sa chère moitié.

MOITIÉ s'emploie aussi adverbialement
pour signifier À demi. Du pain moitié seigle,
moitié froment. C'est une étoffe moitié soie,
moitié laine. Il boit toujours moitié eau, moitié
vin. Moitié l'un, moitié l'autre. Moitié de gré,
moitié de force.
On dit dans le même sens :
Vous avez acheté ce livre moitié trop cher.

Prov. et fig., Moitié figue, moitié raisin.
Voyez FIGUE.

À MOITIÉ, loc. adv. En partie, à demi. Cela
est à moitié pourri. Le tonneau est à moitié
vide. La bouteille n'est qu'à moitié pleine. Il
est à moitié ivre. Ce qu'on vous a dit n'est qu'à
moitié vrai.

À moitié se dit en parlant de Terres et d'affaires
commerciales pour signifier que Le produit
doit être partagé par moitié entre le propriétaire
et le fermier, ou entre les deux associés.
Donner, prendre des terres à moitié. Il
laboure cette terre à moitié. Il fait ces vignes à
moitié. Donner à moitié fruits. Prendre un
marché avec quelqu'un à moitié de perte et de
gain, à moitié perte et gain.

À moitié chemin, À la moitié du chemin. Il
est resté à moitié chemin.

À moitié prix, Pour la moitié du prix ordinaire.

DE MOITIÉ, loc. adv. usitée dans certaines
phrases, comme Il a été trop long de moitié
dans son discours,
Il a été beaucoup plus long
qu'il ne fallait.

Être de moitié, se mettre de moitié avec quelqu'un,
Faire avec lui une société dans laquelle
la perte et le gain se partagent par moitié.
Ils sont de moitié dans cette affaire. Si vous
voulez jouer, je serai de moitié avec vous dans
votre jeu. Je me mettrai de moitié avec vous.

Fig. et fam., En rabattre de moitié ou de la
moitié,
en parlant d'une Personne, signifie
L'estimer bien moins qu'on ne faisait. Je le
croyais honnête homme, mais s'il a fait ce que
vous dites, j'en rabats de moitié.
On dit aussi,
pour donner à entendre qu'un récit, un éloge,
une plainte sont exagérés : Il faut en rabattre
la moitié, il faut en rabattre moitié.

MOKA. n. m. Il désigne une Variété de
café qu'on cultive à Moka, ville d'Arabie. Du
café de Moka,
ou simplement Du moka. Il est
parfois employé comme synonyme de Café.

En termes de Pâtisserie, il désigne un Gâteau
de biscuit de Savoie garni de crème au
café. Pour dessert nous avons eu un moka.

MOL, OLLE. adj. Voyez MOU.

MOLAIRE. adj. f. Il se dit des Grosses dents
qui servent à broyer les aliments. Les dents
molaires.
Substantivement, Les petites molaires.
Les grosses molaires.

MÔLE. n. m. Massif de maçonnerie construit
à l'extrémité d'une jetée, à l'entrée d'un
port. Les vagues passaient par-dessus le môle.

En termes d'Antiquités, Le môle d'Adrien,
Le tombeau de cet empereur à Rome.

MOLÉCULAIRE. adj. des deux genres. Qui
a rapport aux molécules. Forces moléculaires.
Attraction moléculaire.

MOLÉCULE. n. f. Il se dit des Parties très
petites d'un corps. Les molécules de l'air, du
sang.

Il se dit, en termes de Chimie, de Chacune
des parties constituantes d'un corps composé.

MOLÈNE. n. f. T. de Botanique. Genre de
plantes cotonneuses de la famille des Scrofulariacées,
dont une espèce, le Bouillon blanc,
est employée en médecine comme pectorale.

MOLESKINE. n. f. Étoffe de coton, lustrée,
qui sert à doubler les vêtements.

Il se dit aussi d'une Toile vernie imitant le
cuir.

MOLESTER. v. tr. Il signifiait autrefois
Tourmenter de quelque manière que ce soit,
inquiéter par des embarras suscités mal à
propos. Il signifie aujourd'hui plus ordinairement
Houspiller, maltraiter quelqu'un en
paroles ou en actions. Il les a fort molestés par
ses chicanes, par ses propos, par ses sarcasmes.

MOLETTE. n. f. Partie de l'éperon qui est
ordinairement faite en forme d'étoile et qui
sert à piquer le cheval.

Il se dit aussi d'une Maladie des chevaux,
qui consiste en une tumeur molle à la jambe.

Il se dit encore d'une Sorte de roulette, de
meule, de disque, etc., qui sert à broyer.

MOLINISME. n. m. Sentiment, opinion de
Molina et de ses partisans sur la grâce.

MOLINISTE. adj. des deux genres. Qui a
rapport au molinisme. Doctrine moliniste. Il
s'emploie aussi comme nom pour désigner les
Partisans du molinisme.

MOLLAH. (On fait sentir les deux L.) n. m.
Titre donné aux prêtres musulmans et à toute
personne exerçant des fonctions juridiques et
religieuses dans le monde musulman.

MOLLASSE. adj. des deux genres. Qui est
désagréablement mou au toucher. Chair, peau
mollasse.

Il se dit aussi d'une Étoffe qui n'a pas assez
de consistance, assez de corps. Ce drap est
mollasse.

Il signifie, au figuré, Qui n'a pas d'énergie,
de résistance. Cet enfant est mollasse. Caractère
mollasse.
On dit, dans le langage très familier,
C'est un mollasson pour désigner une Personne
sans énergie.

MOLLASSE. n. f. T. de Géologie. Grès calcaire,
grossier, blanc, rouge ou verdâtre, qui
durcit à l'air et qui est utilisé pour la construction.

MOLLEMENT. adv. D'une manière molle.
Il n'est guère usité au propre que dans ces
phrases : Être couché mollement, être étendu mollement,
Être couché dans un bon lit, être étendu
de manière à reposer ses membres.

MOLLEMENT, au figuré, signifie Avec un
abandon gracieux. Se balancer mollement.

Il signifie aussi Faiblement, lâchement, sans
vigueur. Agir, travailler mollement. Il s'est conduit
mollement dans cette affaire. Attaquer, poursuivre
mollement.

Il signifie encore D'une manière molle et
efféminée. Vivre mollement.

MOLLESSE. n. f. État de ce qui est mou.
La mollesse et la dureté des corps. La mollesse
des chairs est une marque d'une débile constitution.

Il se dit aussi quelquefois en parlant du
Climat et signifie Température douce et molle.

Il se dit, en parlant de la Complexion, du
tempérament des personnes. La mollesse de
sa complexion l'expose à beaucoup de maladies.

En termes de Peinture et de Sculpture, La
mollesse des chairs,
L'imitation vraie de la
flexibilité, de la morbidesse des chairs. La
mollesse du pinceau,
Le défaut de fermeté dans
le maniement du pinceau.

MOLLESSE signifie, au figuré, Manque de

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