ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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figurer que ce grand capitaine, pour traverser l'Euphrate, ait remonté jusque dans la Commagène, dans le tems qu'il avoit à Tapsacus, & près de lui, un pont abandonné par Darius. D'ailleurs une foule d'auteurs, comme Plutarque, Florus, Tacite & Ammien Marcellin, ont parlé de la ville & du pont de Zeugma, sans toucher aucunement cette prétendue circonstance du passage d'Alexandre.

Il est vraissemblable que la fondation de la ville de Zeugma, & de son pont, doit être placée peu de tems après la mort du vainqueur de Darius. Pline, l. V. c. xxiv. dit que Seleucus fonda Zeugma, célebre par son passage sur l'Euphrate, ainsi qu'Apamée qui étoit de l'autre côté du fleuve; & que cette derniere ville fut jointe à la premiere par le pont. Polybe & Strabon disent Séleucie, & non Apamée; mais peut - être que ce lieu porta le nom de Seleucus son fondateur, & celui de sa femme.

2°. Zeugma est encore une ville de la Dace, selon Ptolomée, l. III. c. viij. (D. J.)

ZEUGME

ZEUGME, s. m. (Gram.) c'est une espece d'ellipse, par laquelle un mot déja exprimé dans une proposition, est sousentendu dans une autre qui lui est analogue & même attachée. De - là vient le nom de zeugme, du grec ZEU=GMA, connexion, lien, assemblage: & le zeugme differe de l'ellipse proprement dite, en ce que dans celle - ci le mot sousentendu ne se trouve nulle autre part.

L'auteur du manuel des Grammairiens distingue trois especes de zeugme: 1°. le protozeugme, quand les mots sousentendus dans la suite du discours se retrouvent au commencement, comme vicit pudorem libido, timorem audacia, rationem amentia: 2°. le mésozeugme, quand les mots sousentendus aux extrémités du discours se trouvent dans quelque phrase du milieu, comme pudorem libido, timorem vicit audacia, rationem amentia, ce qui est l'espece la plus rare: 3°. l'hypozeugme, quand on trouve à la fin du discours les mots sousentendus au commencement, comme pudorem libido, timorem audacia, rationem amentia vicit.

La méthode latine de P. R. observe que dans chacune de ces trois especes de zeugme, le mot sousentendu peut l'être sous la même forme, ou sous une autre forme que celle sous laquelle il est exprimé; ce qui pourroit faire nommer le zeugme ou simple ou composé.

Les trois exemples déja cités appartiennent au zeugme simple: en voici pour le zeugme composé.

Changement dans le genre: utinam aut hic surdus, aut hoec muta facta sit, (Ter.) c'est un hypozeugme où il y a de sousentendu factus sit.

Changement dans le cas: quid ille fecerit, quem neque pudet quicquam, nec metuit quemquam, nec legem se putat tenere ullam? (id.) c'est un protozeugme où il faut sousentendre qui avant nec metuit & avant nec legem.

Changement dans le nombre: sociis & rege recepto (Virg.), suppl. receptis avec sociis.

Changement dans les personnes: ille timore, ego risu corrui (Cic.), c'est - à - dire ille timore corruit.

Ces différens aspects du zeugme peuvent aider peut - être les commençans à trouver les supplémens nécessaires à la plénitude de la construction; mais il faut prendre garde aussi que la multiplicité des dénominations ne grossisse à leurs yeux les difficultés, qui n'ont quelquefois de réalité que dans les préjugés.

L'erreur pareillement n'a point d'autre fondement; & je croirois volontiers que c'est sans examen que D. Lancelot avance qu'il est quelquefois très - élégant de sousentendre le même mot dans un sens & une signification différente, comme tu colis barbam, ille patrem: cela est trop contraire aux vues de l'élocution pour y être une élégance; & quelle que soit l'autorité des auteurs qui me présenteront de pareils exemples, je ne les regarderai jamais que comme des locutions vicieuses. (E. R. M. B.)

ZEUS

ZEUS, (Mythol.) c'est chez les Grecs le nom de Jupiter; il signifie celui qui donne la vie à tous les êtres animés. (D. J.)

ZEYBO ou CEYBA

ZEYBO ou CEYBA, (Hist. nat. Botan.) arbre d'Amérique qui croît sur - tout dans le nouveau Mexique. Il devient d'une grandeur surprenante; mais son bois est si spongieux qu'il n'est d'aucun usage. Son fruit est une espece de silique remplie d'une substance semblable à de la laine très - fine, que le moindre vent dissipe lorsque leur enveloppe s'ouvre dans la maturité.

Zeybo

Zeybo, (Géog. mod.) ville ou plutôt village de l'Amérique septentrionale, dans l'île Hispaniola, autrement Saint - Domingue, sur la côte méridionale.

ZÉZERO, le

ZÉZERO, le, (Géog. mod.) en latin Ozecarus, riviere de Portugal. Elle prend sa source dans la province de Béïra, au midi, & proche de Guarda, & va se rendre dans le Tage près de Punhète. (D.J.)

ZI

ZIA

ZIA ou ZÉA, (Géog. anc. & mod.) île de l'Archipel, l'une des Cyclades. Elle est à quatre lieues de l'île de Joura, autrement nommée Trava, à cinq lieues au midi de l'île d'Eubée, connue aujourd'hui sous le nom de Negrepont, à six lieues de l'île d'Andros; à trois lieues de l'île d'Helene ou de Macronisi, autrement dite Isola longa, & à dix - huit milles du promontoire de l'Attique nommé autrefois Sunium, & aujourd hui cap des Colonnes. On compte trente - six milles de Thermie à Zia, quoiqu'il n'y en ait pas douze de cap en cap. Elle s'étend en longueur du sud - ouest au nord - est, & elle peut avoir trente milles d'Italic de circuit. Son port est un des plus assurés de la Méditerranée, outre que les vaisseaux y font de l'eau, du biscuit & du bois.

L'ile de Zia est celle que les anciens grecs appelloient Céos, & par abbréviation, Côs, & qui fut nommée par les Latins Cea ou Cia. On lui donne encore aujourd'hui le nom de Cea ou Zéa; les Grecs l'avoient nommée auparavant Hydrussa, c'est - à - dire abondante en eau à cause qu'elle en est bien pourvue; mais ce nom ne lui étoit pas particulier, puisque l'île de Ténos avoit été ainsi appellée, & pour la même raison. Dans la suite on la nomma Ceos ou Cea, de Céus, fils du géant Titan.

Aristée, fils d'Apollon & de Cyrène, affligé de la mort de son fils Actéon, quitta la ville de Thèbes, à la persuasion de sa mere, & se retira dans l'île de Céos, alors inhabitée. Diodore de Sicile, l. IV. dit qu'il se retira dans l'île de Cos; mais il y a apparence que ce nom étoit commun à la patrie d'Hippocrate & à l'île de Kéos ou Céos, & Céa; car Etienne le géographe a employé le nom de Kos pour Kéos, si ce n'est qu'on veuille que ce soit une faute à corriger chez lui & chez Diodore de Sicile. Quoi qu'il en soit, l'île de Céos se peupla, & le pays se cultiva avec le dernier soin, comme il paroît par les murail les qu'on avoit bâties jusqu'à l'extrémité des montagnes pour en soutenir les terres.

Cette île devoit être incomparablement plus grande qu'elle n'est aujourd'hui, si Pline (l. II. c. lxlij. & l. IV. c. xij.) a été bien informé des changemens qui lui sont arrivés. Autrefois, suivant cet auteur, elle tenoit à l'île d'Eubée; la mer en fit deux îles, & emporta la plus grande partie des terres qui regardoient la Boeotie. Tout cela s'accommode assez avec la figure de Zia, qui s'alonge du nord au sud, & se rétrécit de l'est à l'ouest. Peut - être que ce fut l'effet du débordement du Pont - Euxin dont a parlé Diodore de Sicile.

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