ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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trompés, le terme d'urbanité désignant non seulement beaucoup plus, mais quelquefois toute autre chose, D'ailleurs urbanitas chez les Romains étoit un mot propre, qui signifioit, comme nous l'avons dit, cette politesse d'esprit, de langage & de manieres, attachée spécialement à la ville de Rome; & parmi nous, la politesse n'est le privilege d'aucune ville en particulier, pas même de la capitale, mais uniquement de la cour. Enfin l'idée que le mot urbanité présente à l'esprit, n'étant pas bien nette, c'est une raison de son peu d'usage.

Cicéron faisoit consister l'urbanité romaine dans la pureté du langage, jointe à la douceur & à l'agrément de la prononciation; Domitius Marsus donne à l'urbanité beaucoup plus d'étendue, & lui assigne pour objet non - seulement les mots comme fait Cicéron, mais encore les personnes & les choses. Quintilien & Horace en donnent l'idée juste, lorsqu'ils la définissent un goût délicat pris dans le commerce des gens de lettres, & qui n'a rien dans le geste, dans la prononciation, dans les termes de choquant, d'affecte, de bas & de provincial. Ainsi le mot urbanité qui d'abord n'étoit affecte qu'au langage poli, a passé au caractere de politesse qui se fait remarquer dans l'esprit, dans l'air, & dans toutes les manieres d'une personne, & il a répondu à ce que les Grecs appelloient H)/QH, mores.

Homere, Pindare, Eurypide & Sophocle, ont mis tant de graces & de moeurs dans leurs ouvrages, que l'on peut dire que l'urbanité leur étoit naturelle; on peut sur - tout donner cette louange au poëte Anacréon. Nous ne la refuserons certainement pas à Isocrate, encore moins à Démosthene, après le témoignage que Quintilien lui rend, Demosthenem urbanum fuisse dicunt, dicacem negant; mais il faut avouer que cette qualité se fait particulierement remarquer dans Platon. Jamais homme n'a si - bien manié l'ironie, qui n'a rien d'aimable, jusques - là qu'au sentiment de Cicéron, il s'est immortalisé pour avoir transmis à la postérité le caractere de Socrate, qui en cachant la vertu la plus constante sous les apparences d'une vie commune, & un esprit orné de toutes sortes de connoissances sous les dehors de la plus grande simplicité, a joué en effet un rôle singulier & digne d'admiration.

Les auteurs latins étant plus connus, il ne seroit presque pas besoin d'en parler: car qui ne sait, par exemple, que Térence est si rempli d'urbanité, que de son tems ses pieces étoient attribuées à Scipion & à Lelius, les deux plus honnêtes hommes & les plus polis qu'il y eût à Rome? & qui ne sent que la beauté des poésies de Virgile, la finesse d'esprit & d'expression d'Horace, la tendresse de Tibulle, la merveilleuse éloquence de Cicéron, la douce abondance de Tite - Live, l'heureuse briéveté de Salluste, l'élégante simplicité de Phedre, le prodigieux savoir de Pline le naturaliste, le grand sens de Quintilien, la profonde politique de Tacite: qui ne sent, dis - je, que ces qualités qui sont répandues dans ces différens auteurs, & qui font le caractere particulier de chacun d'eux, sont toutes assaisonnées de l'urbanité romaine?

Il en est de cette urbanité comme de toutes les autres qualités; pour être éminentes, elles veulent du naturel & de l'acquis. Cette qualité prise dans le sens de politesse & de moeurs, d'esprit & de manieres, ne peut, de même que celle du langage, être inspirée que par une bonne éducation, & dans le soin qui y succede. Horace la reçut cette éducation; il la cultiva par l'étude & par les voyages. Enhardi par d'heureux talens, il fréquenta les grands & sut leur plaire. D'un côté, admis à la familiarité de Pollion, de Messala, de Lollius, de Mécénas, d'Auguste même: de l'autre, lié d'amitié avec Virgile, avec Varius, avec Tibulle, avec Plotius, avec Valgius; en un mot, avec tout ce que Rome avoit d'esprits fins & délicats; il n'est pas étonnant qu'il eùt pris dans le commerce de ces hommes aimables, cette politesse, ce goût fin & délicat qui se fait sentir dans ses écrits. Voilà ce qu'on peut appeller une culture suivie, & telle qu'il la faut pour acquérir le caractere d'urbanité. Quelque bonne éducation que l'on ait eue, pour peu que l'on cesse de cultiver son esprit & ses moeurs par des réflexions & par le commerce des honnêtes gens de la ville & de la cour, on retombe bientôt dans la grossiereté.

Il y a une espece d'urbanité qui est affectée à la raillerie; elle n'est guere susceptible de préceptes: c'est un talent qui nait avec nous, & il faut y être formé par la nature même. Parmi les romains on ne cite qu'un Crassus, qui avec un talent singulier pour la fine plaisanterie, ait su garder toutes les bienséances qui doivent l'accompagner.

L'urbanité, outre les perfections dont on a parlé, demande encore un fond d'honnêteté qui ne se trouve que dans les personnes heureusement nées. Entre les défauts qui lui sont opposés, le principal est une envie marquée de faire paroître ce caractere d'urbanité, parce que cette affectation même la détruit.

Pour me recueillir en peu de paroles, je crois que la bonne éducation perfectionnée par l'usage du grand monde, un goût fin, une erudition fleurie, le commerce des savans, l'étude des lettres, la pureté du langage, une prononciation délicate, un raisonnement exact, des manieres nobles, un air honnête, & un geste propre, constituoient tous les caracteres de l'urbanité romaine. (D. J.)

URBANUS

URBANUS, (Litterat.) ce mot, outre le sens propre, signifie quelquefois un plaisant de profession; mais il désigne communément un homme du bel air, un homme qui se pique d'esprit, de beau langage & de belles manieres. Cicéron s'en est servi en ce sens dans plusieurs passages de ses écrits; voyez Urbanité. (D. J.)

URBIGENUS - PAGUS

URBIGENUS - PAGUS, (Géog. anc.) canton de la Gaule - belgique, dans l'Helvétie, dont parle César, l. I. c. xxvij de ses commentaires. Sa capitale se nommoit Urba; c'est aujourd'hui Orbe. (D. J.)

URBIN

URBIN, duché d', (Géog. mod.) pays d'Italie, borné au nord par le golfe de Venise, au midi par l'Ombrie, au levant par la Marche d'Ancone, au couchant par la Toscane & la Romagne. Sa plus grande étendue du septentrion au midi, est d'environ cinquantecinq milles, & de soixante - six d'orient en occident. La Foglia, la Césena, & la Rigola, sont les principales rivieres de cette province, qui peut se diviser en sept parties, savoir, le duché d'Urbin propre, le comté de Mont - Feltro, le comté de Cita - di - Castello, le comté de Gubio, le vicariat de Sinigaglia, la seigneurie de Pesaro, la république de Saint - Marin.

Le duché d'Urbin, proprement dit, occupe le milieu de la province, & s'étend jusqu'à la mer, la Marche d'Ancone, la Romagne & la Toscane. C'est un pays mal - sain & peu fertile, dont la capitale porte son nom.

Ce duché a été possédé par la maison de Monte - Feltro, & par celle de la Rovere. François - Marie de la Rovere II. du nom, ne se voyant aucun enfant mâle, réunit le duché d'Urbin au saint siege en 1626, & mourut peu de tems après. (D. J.)

Urbin

Urbin, ou Urbain, (Géog. mod.) anciennement Urbinum, petite ville d'Italie dans l'état de l'église, capitale du duché du même nom, sur une montagne entre les rivieres de Métro & la Foglia. Son évéché fut érigé en archevéché en 1551; & Clément X. y fonda une université. Le palais des ducs d'Urbin fut bâti par le duc Frédéric I. duc d'Urbin, qui embel<pb->

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