ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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me la sultane mere, le chef des eunuques noits &
la sultane favorite; car ces personnes ayant toujours
en vue de vendre les premieres charges, & celle du
grand - visir étant la premiere de toutes, elles font observer
jusqu'à ses moindres gestes; c'est ainsi qu'avec
tout son crédit il est environné d'espions; & les puissances
qui lui sont opposées, soulevent quelquefois
les gens de guerre, qui sous prétexte de quelque mécontentement,
demandent la tête ou la déposition du
premier ministre; le sultan pour lors retire son cachet,
& l'envoie à celui qu'il honore de cette charge.
Ce premier ministre est donc à son tour obligé de
faire de riches présens pour se conserver dans son
poste. Le grand - seigneur le suce continuellement,
soit en l'honorant de quelques - unes de ses visites qu'il
lui fait payer cher, soit en lui envoyant demander
de tems - en - tems des sommes considérables. Aussi le
visir met tout à l'enchere pour pouvoir fournir à tant
de dépenses.
Son palais est le marché où toutes les graces se
vendent. Mais il y a de grandes mesures à garder
dans ce commerce; car la Turquie est le pays du
monde où la justice est souvent la mieux observée
parmi les injustices.
Si le grand - visir a le génie belliqueux, il y trouve
mieux son compte que dans la paix. Quoique le commandement
des armées l'éloigne de la cour; il a ses
pensionnaires qui agissent pour lui en son absence;
& la guerre avec les étrangers, pourvû qu'elle ne
soit pas trop allumée, lui est plus favorable qu'une
paix qui causeroit des troubles intérieurs. La milice
s'occupe pour lors sur les frontieres de l'empire; &
la guerre ne lui permet pas de penser à des soulevemens;
car les esprits les plus ambitieux cherchant à
se distinguer par de grandes actions, meurent souvent
dans le champ de Mars; d'ailleurs le ministre ne sauroit
mieux s'attirer l'estime des peuples qu'en combattant
contre les infideles.
Après le premier visir, il y en a six autres qu'on
nomme simplement visirs, visirs du banc ou du conseil,
& pachas à trois queues, parce qu'on porte trois
queues de cheval quand ils marchent, au lieu qu'en
n'en porte qu'une devant les pachas ordinaires. Ces
visirs sont des personnes sages, éclairées, savantes
dans la loi, qui assistent au divar; mais ils ne disent
leurs sentimens sur les affaires qu'on y traite, que
lorsqu'ils en sont requis par le grand - visir, qui appelle
souvent aussi dans le conseil secret, les moufti & les
cadilesques ou intendans de justice. Les appointemens
de ces visirs sont de deux mille écus par an. Le
grand - visir leur renvoie ordinairement les affaires de
peu de conséquence, de même qu'aux juges ordinaires;
car comme il est l'interprete de la loi dans
les choses qui ne regardent pas la religion, il ne suit
le plus souvent que son sentiment, soit par vanité,
soit pour faire sentir son crédit. (D. J.)
VISITATION
VISITATION, s. f. (Théologie.) fête instituée en
mémoire de la visite que la sainte Vierge rendit à
sainte Elisabeth. Des que l'ange Gabriel eut annoncé
à la sainte Vierge le mystere de l'incarnation du
Verbe divin, & lui eut révélé que sainte Elisabeth sa
cousine étoit grosse de six mois, elle fut inspirée d'aller
voir cette parente, qui demeuroit avec Zacharie son mari, à Hébron, ville située sur une des montagnes
de Juda, à vingt - cinq ou trente lieues de Nazareth. Marie partit le 26 Mars, & arriva le 30 à Hébron dans la maison de Zacharie. Elisabeth n'eut pas
plutôt entendu sa voix, qu'elle sentit son enfant remuer
dans son sein. Elle lui dit: vous êtes bénie entre
toutes les femmes, & le fruit de vos entrailles est béni,
& la congratula sur son bonheur. Ce fut alors que
Marie prononça ce cantique pieux que nous appellons
magnificat. Après y avoir demeuré environ trois
mois, elle retourna à Nazareth, un peu avant la
naissance de saint Jean - Baptiste. Il y a des auteurs
qui tiennent que la sainte Vierge assista aux couches
de sainte Elisabeth. A l'égard de la fête, celui qui a
pensé le premier à l'etablir, a été S. Bonaventure,
général de l'ordre de S. François, lequel en fit un
decret dans un chapitre général tenu à Pise l'an 1263,
pour toutes les églises de son ordre. Depuis, le pape
Urbain IV. étendit cette fête dans toute l'église. Sa
bulle qui est de l'an 1379, ne fût publiée que l'année
suivante par Boniface IX. son successeur. Le concile
de Bâle commencé l'an 1431, l'a aussi ordonnée, &
a marqué son jour au 2 Juillet: ce qui a fait croire à
quelques - uns que la sainte Vierge ne partit de chez
Zacharie que le lendemain de - la - circoncision de S.
Jean, qui fut le premier de Juillet, huit jours après sa
naissance. Il auroit été plus naturel de la placer, comme
on a fait dans quelques églises, au 28 Mars, troîs
jours après l'annonciation. Christophe de Castro,
vie de la sainte Vierge.
Visitation
Visitation, (Hist. ecclef.) ordre de religieuses,
qui a été fondé par S. François de Sales & par la
mere de Chantal. Au commencement ces religieuses
ne faisoient que des voeux simples, dans le tems
qu'elles habitoient la premiere maison de l'institut à
Annecy en Savoie. Depuis, cette congrégation a été
érigée en religion.
Visitation
Visitation, s. f. (Gram. & Jurisprud.) est un
ancien terme de palais usité pour exprimer la visite
ou examen que les juges font d'un procès; présentement
on dit plus communément visite que visitation.
Voyez l'ordonnance criminelle, tit. XXIV. art. 2. (A)
Visitation
Visitation, (Commerce.) c'est le droit que les
maîtres & gardes, & les jurés des corps & communautés
ont d'aller chez les marchands & maîtres de
leur corps & communauté visiter & examiner leurs
poids, mesures, marchandises & ouvrages, pour,
en cas de fraude ou de contravention aux statuts &
réglemens, en faire la saisie & en obtenir la consiscation
des officiers de police, par - devant lesquels ils
doivent se pourvoir & faire leur rapport dans les
vingt - quatre heures.
Dans la communaute des maîtres corroyeurs de
Paris, on appelle jurés de la visitation royale les quatre
grands jurés de cette communauté, & les quatre
petits sont nommés jurés de la conservation. Diction.
de commerce.
VISITE
VISITE, s. f. (Gramm.) acte de civîlité, qui consiste
à marquer quelqu'intérêt à quelqu'un en se présentant
à sa porte pour le voir. L'activité & l'ennui
ont multiplié les visites à l'infini. On se visite pour
quelque chose que ce soit; & quand on n'a aucune
raison de se visiter, on se visite pour rien. Faire une
visite, c'est fuir l'ennui de chez soi, pour aller chercher
l'ennui d'un autre lieu.
Visite
Visite, (Jurisprud.) ce terme a dans cette matiere
plusieurs significations différentes, selon les objets
auxquels la visite s'applique.
La visite se prend quelquefois pour le droît d'inspection
& de réformation qu'un supérieur a sur ceux
qui lui sont soumis. Quelquefois on entend par visite
l'action même de visiter, ou pour le procès - verbal qui
contient la relation de ce qui s'est passé dans cette
visite.
Visite des abbés
Visite des abbés, est celle que les abbés ont
droit de faire dans les prieurés dépendans de leur
abbaye. Voyez Table abbatiale. (A)
Visite des archevêques et evéques
Visite des archevêques et evéques est celle
qu'ils ont droît de faire chacun dans les églises de leur
diocèse.
Ce droit est fondé sur leur qualité de premiers pasteurs,
& conséquemment d'institution divine.
Aussi est - il imprescriptible. Le concile de Ravenne
tenu en 1314, prononce l'excommunication contre
les personnes religieuses féculieres, & l'interdit con<pb->
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