Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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NOTOIREMENT. adv. Évidemment, manifestement. Cela est notoirement vrai, notoirement faux. Il est notoirement coupable de tel crime.

NOTORIÉTÉ. s. f. Connaissance générale, publique, d'une chose de fait. Cela est de toute notoriété. Il est de notoriété que... On l'a constitué prisonnier sur la notoriété du fait. Ceci est de notoriété publique.

Acte de notoriété, Acte par lequel les officiers d'un tribunal attestaient un usage établi dans ce tribunal, et faisant jurisprudence. On appelle aussi Actes de notoriété, Certains actes passés devant notaires, par lesquels des témoins suppléent à des preuves par écrit.

NOTRE. adj. possessif des deux genres Qui est à nous, qui nous appartient, qui est relatif à nous. Il précède toujours le substantif, et il fait Nos au pluriel. Notre père. Notre patrie. Notre religion. Notre bien. Notre vie. Nos aïeux. Nos ancêtres. Nos amis. Nos biens. Un de nos rois. Un de nos plus grands rois. Avez-vous vu notre poëte?

NOTRE parmi le peuple, est quelquefois synonyme de Mon. Ainsi un artisan dit: Notre femme, notre ménagère; une servante, Notre maître; etc.

Il est également employé au lieu de Mon, par le roi, par les évêques, etc., dans les mêmes cas où ils emploient Nous pour Je ou Moi. Notre conseil d'État entendu, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit. Voyez NOUS.

NÔTRE. Pronom possessif des deux genres qui a un sens analogue à celui de Notre adjectif, et qui se dit par rapport à une personne ou à une chose dont on a déjà parlé. Il est ordinairement précédé de l'article, et fait au pluriel Les nôtres. C'est votre avis, mais ce n'est pas le nôtre. Leur famille est alliée de la nôtre. Vos intérêts sont les nôtres. Vous avez vos raisons, et nous les nôtres. On supprime quelquefois l'article dans le langage familier. Nous pouvons compter sur lui, il est nôtre, Il est de notre parti, il nous est dévoué. Ces effets sont nôtres, Ils nous appartiennent.

NÔTRE s'emploie quelquefois comme substantif masculin, et signifie, Ce qui est à nous, ce qui nous appartient, soit bien, soit réputation, etc. Nous défendons le nôtre. Il y va trop du nôtre. Il n'y a rien du nôtre. Le vôtre et le nôtre, chacun le sien.

Il signifie aussi, Ce qui vient de nous. Ne mettons rien, n'ajoutons rien du nôtre dans le compte que nous avons à rendre.

NÔTRES au pluriel, s'emploie de même substantivement, et signifie, Ceux qui sont de notre famille, nos parents. Nous et les nôtres. C'est un devoir pour nous d'avoir soin des nôtres, de les aider dans leur établissement, de les secourir dans leur détresse.

Il signifie aussi, Ceux qui sont de notre pays, de notre parti, de notre compagnie. Celui-là est-il des nôtres? Il n'est pas des nôtres, il s'entend avec nos ennemis. Les nôtres se sont bien comportés dans le combat. Ne serez-vous pas des nôtres?

Fam., Nous avons bien fait des nôtres, Nous avons fait beaucoup de folies, de bons tours, nous nous sommes bien divertis.

NOTRE-DAME. s. f. Fête de la sainte Vierge. La Notre-Dame d'août, de septembre.

Il se dit aussi quelquefois Des églises consacrées à la sainte Vierge. Notre-Dame de Paris. Notre-Dame d'Amiens.

Il se dit aussi de Certaines images de la Vierge qui sont l'objet d'une vénération particulière. La Notre-Dame de Lorette.

NOUE. s. f. Endroit où se rencontrent les surfaces inclinées de deux combles.

Il se dit aussi d'Une lame de plomb ou de cuivre placée dans la noue.

Il se dit également d'Une tuile creuse servant à l'écoulement des eaux. Les noues d'une lucarne.

NOUE se dit encore d'Une terre grasse et humide, qui est une espèce de pré servant à la pâture des bestiaux.

NOUEMENT. s. m. Action de nouer. Il n'est usité que dans cette locution populaire, Nouement de l'aiguillette.

NOUER. v. a. Lier en faisant un noeud, faire un noeud à quelque chose. Nouer un ruban, des jarretières.

Pop. et fig., Nouer l'aiguillette, Faire un prétendu maléfice pour empêcher la consommation du mariage.

Fig., en termes de Manége, Ce cheval noue l'aiguillette, Il détache vivement la ruade. Cette locution a vieilli.

Fig., Nouer une partie, Faire une partie, lier une partie. Nouer une intrigue, Former une intrigue. Nouer amitié, Lier amitié. Cette dernière locution vieillit.

NOUER se dit figurément, en parlant Des pièces de théâtre, et signifie, Former le noeud, l'obstacle qui donne lieu à l'intrigue. Il a bien noué, mal noué sa tragédie, sa comédie. Il a noué fortement l'action, l'intrigue de sa pièce.

NOUER signifie aussi, Envelopper dans quelque chose, en faisant un noeud. Nouer de l'argent dans le coin d'un mouchoir. Nouez ces drogues dans un linge, et faites-les bouillir dans l'eau.

NOUER s'emploie quelquefois avec le pronom personnel, en parlant Des arbres à fruit, et signifie, Passer de l'état de fleur à celui de fruit. Les pommes, les citrons, les poires commencent à se nouer. Dans le temps où les fruits se nouent.

Il s'emploie aussi comme neutre, dans la même acception. Les fruits commencent déjà à nouer. Les abricots ne nouent pas encore.

Cet enfant se noue, Il devient rachitique.

La goutte se noue, elle est nouée, se dit Lorsque l'humeur qui cause la goutte s'épaissit, se durcit dans les jointures.

Les intestins se nouent dans la colique de miséréré, Ils rentrent en eux-mêmes.

NOUÉ, ÉE. participe Cet enfant est noué, Les noeuds qui se sont formés dans ses articulations, l'empêchent de croître. Voyez RACHITIS.

Cet homme est noue de goutte, L'humeur de la goutte s'est arrêtée, s'est fixée dans les jointures de ses membres.

NOUET. s. m. Linge noué, dans lequel on a mis quelque substance pour la faire infuser ou bouillir. Mettez un nouet de telle drogue dans votre bouillon. Un nouet de rhubarbe. Mettez un nouet de fines herbes dans cette sauce.

NOUEUX, EUSE. adj. Qui a beaucoup de noeuds. Il ne se dit guère que Du bois. C'est un bois fort noueux. Le hêtre n'est pas si noueux que le chêne. Un bâton noueux. L'épine est fort noueuse.

NOUGAT. s. m. Espèce de gâteau fait d'amandes ou de noix au caramel. On a servi du nougat, un nougat.

NOUILLES. s. f. pl. Espèce de pâte d'Allemagne, faite avec de la farine et des oeufs, et qui, par la manière dont elle est coupée, ressemble au vermicelle. Un potage aux nouilles. Les nouilles sont un mets fort nourrissant. Dans les livres de cuisine, on écrit ordinairement, Noules.

NOULET. s. m. Canal pour l'écoulement des eaux, fait avec des noues, c'est-à-dire avec des tuiles creuses, des lames de cuivre ou de plomb courbées, etc.

Il se dit aussi Des petits chevrons qui forment le fond de la noue entre deux combles.

NOURRAIN. s. m. Le fretin, le petit poisson qu'on met dans un étang pour le repeupler. Il est synonyme d'Alevin.

NOURRICE. s. f. Femme qui allaite l'enfant d'une autre. Bonne nourrice. La nourrice du prince. Sa mère nourrice. Des contes de nourrice.

Il se dit aussi d'Une mère qui allaite son propre enfant. Elle a voulu être la nourrice de son dernier-né. Elle a été la nourrice de tous ses enfants.

Mettre un enfant en nourrice, Le donner à une nourrice hors de chez soi. Retirer un enfant de nourrice, Le retirer de chez la nourrice.

Cet enfant a été changé en nourrice, La nourrice l'a substitué à celui qu'elle avait reçu des parents. On le dit aussi De l'enfant qui a été remplacé. Cette mère est désolée, elle croit que son enfant a été changé en nourrice.

Prov., Il faut qu'il ait été changé en nourrice, se dit D'un enfant qui ne ressemble point à ses parents, pour les traits, pour le caractère. On dit, dans le sens opposé, Il n'a pas été changé en nourrice.

Prov. et fig., Battre sa nourrice, Attaquer les choses ou les personnes auxquelles on est redevable de son éducation, de sa fortune. Les écrivains modernes qui attaquent les anciens, sont des enfants qui battent leur nourrice.

NOURRICE se dit figurément d'Une province qui fournit à une ville, à un pays de quoi subsister. La Sicile était la nourrice de Rome.

Il se dit aussi, figurément et familièrement, Des choses qui, dans certaines professions, procurent le plus de gain. Les maladies chroniques sont les nourrices du médecin. Il y a certaines questions de droit qui sont les nourrices des gens de palais. Il est vieux dans ce sens.

NOURRICIER. s. m. qui s'emploie aussi adjectivement. Le mari d'une nourrice. Le nourricier d'un enfant. Son père nourricier.

Fig. et fam., C'est son père nourricier, se dit D'un homme qui en fait subsister un autre. Cet homme est le père nourricier des pauvres.

NOURRICIER, IÈRE. adj. Qui opère la nutrition, qui sert à la nutrition, qui se

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