Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Prov. et fig., Pierre qui roule n'amasse pas de mousse, Un homme qui change souvent d'état, de profession, ne s'enrichit pas.

MOUSSE se dit, par analogie, de Certaine écume qui se forme sur l'eau et sur quelques liqueurs, comme la bière, les sirops, le chocolat, l'eau de savon, le vin, etc., quand on les bat ou qu'on les verse de haut. La mousse de la bière, du savon. La mousse pétillante du vin de Champagne. Versez de haut, remplissez le verre de mousse.

Il se dit, chez les Pâtissiers, d'Une espèce de crème fouettée dans laquelle on mêle du chocolat, de la vanille, etc. Mousse au chocolat, à la vanille.

MOUSSELINE. s. f. Toile de coton très-claire, et ordinairement très-fine. Belle mousseline. Mousseline unie, brodée, brochée, rayée. Mousseline des Indes. Cravate, robe de mousseline.

MOUSSER. v. n. Il se dit Des liquides sur lesquels il se fait de la mousse. Verser une liqueur de haut pour la faire mousser. Le vin de Champagne mousse plus que les autres vins. Faire mousser le chocolat.

Fig. et fam., Faire mousser un succès, un petit avantage, Le présenter, le raconter de manière à le faire croire plus considérable, plus glorieux qu'il n'est en effet.

MOUSSÉ, ÉE. participe Chocolat moussé, c'est-à-dire, qu'on a fait mousser.

MOUSSERON. s. m. Nom vulgaire de plusieurs agarics d'une odeur et d'une saveur agréables, qui naissent ordinairement sous la mousse. Manger des mousserons. Un pain aux mousserons.

MOUSSEUX, EUSE. adj. Qui mousse, qui fait beaucoup de mousse. Vin de Champagne mousseux. Cette bière est bien mousseuse.

Rose mousseuse, se dit abusivement, pour Rose moussue, d'Une rose dont le calice et la tige sont garnis d'une espèce de mousse.

MOUSSOIR. s. m. Ustensile pour faire mousser le chocolat.

MOUSSON. s. f. Il se dit de Certains vents réglés et périodiques de la mer des Indes, qui soufflent six mois du même côté, et les autres six mois du côté opposé. La mousson du sud-ouest. La mousson du nord-est. Les variations de la mousson. Les moussons ne se font pas sentir au delà de tel degré de latitude.

Il se dit aussi de La saison de ces vents. Attendre la mousson d'été, la mousson d'hiver. Naviguer dans une mousson contraire, dans la mousson pluvieuse.

MOUSSU, UE. adj. Qui est couvert de mousse. Un arbre moussu. Une pierre moussue. Cette carpe était si vieille, qu'elle avait la tête toute moussue.

MOUSTACHE. s. f. Partie de barbe qu'on laisse au-dessus de la lèvre d'en haut. Grande, belle moustache. Moustache retroussée. Relever sa moustache.

Fig. et fam., Vieille moustache, Soldat qui a vieilli dans le service, qui a long-temps fait la guerre.

Fam., Brûler la moustache à quelqu'un, Lui tirer un coup de pistolet à bout portant.

Fig. et fam., Enlever quelque chose à quelqu'un sur la moustache, jusque sur la moustache, Enlever quelque chose à quelqu'un en sa présence et malgré lui. Les ennemis sont venus pour défendre cette place, on la leur a enlevée sur la moustache.

Fig. et pop., Donner sur la moustache à quelqu'un, Frapper quelqu'un au visage.

MOUSTACHE se dit, par analogie, Des longs poils que les chats, les lions, et d'autres animaux, ont autour de la gueule.

MOUSTIQUAIRE. s. f. Rideau de gaze ou de mousseline très-claire, dont on entoure les lits dans les pays où l'on a besoin de se préserver de la piqûre des moustiques, des maringouins, etc. Quelques-uns le nomment Moustillier.

MOUSTIQUE. s. m. Petit insecte d'Afrique et d'Amérique, dont la piqûre est très-douloureuse, et laisse sur la peau une tache semblable à celles du pourpre.

MOÛT. s. m. Vin qui vient d'être fait, et qui n'a point encore fermenté. Boire du moût.

MOUTARDE. s. f. Composition faite de graine de sénevé broyée avec du moût, du vinaigre, ou quelque autre liquide. Moutarde douce. Moutarde commune, grise. De la moutarde fort piquante. De la moutarde qui monte au nez.

Il se dit aussi de La graine de sénevé, et quelquefois de Cette plante même. Semer de la moutarde. Un grain de moutarde. De la graine de moutarde. La moutarde est une plante de la famille des crucifères.

Prov. et fig., S'amuser à la moutarde, S'arrêter à des bagatelles, à des choses inutiles. Vous vous êtes amusé à la moutarde, tandis que les autres faisaient leurs affaires.

Prov. et fig., La moutarde lui monte au nez, Il commence à s'impatienter de ce qu'on lui dit ou de ce qu'on lui fait.

Prov. et fig., C'est de la moutarde après dîner, Cela vient lorsqu'on n'en a plus besoin.

MOUTARDIER. s. m. Petit vase servant à mettre la moutarde. Moutardier d'étain, d'argent, de porcelaine.

MOUTARDIER se dit aussi de Celui qui fait et vend de la moutarde.

Fig. et fam., Il se croit le premier moutardier du pape, se dit D'un homme médiocre qui a une grande opinion de lui-même, qui affecte de l'importance.

MOUTIER. s. m. Vieux mot qui signifie, Monastère.

Prov. et fig., Il faut laisser le moutier où il est, Il ne faut rien changer aux usages reçus.

MOUTON. s. m. Bélier châtré que l'on engraisse. Gros mouton. Mouton gras. Mouton de Berry, de Beauvais. Ce boucher tue tant de moutons par an. Langue, pieds,gigot ou éclanche, épaule, collet, côtelettes, quartier, graisse, suif de mouton. Peau de mouton. Tondre des moutons.

Il signifie particulièrement, La viande de mouton. Du mouton bien tendre. Du mouton qui sent le serpolet. Le mouton est une viande noire.

MOUTON se dit quelquefois, dans un sens plus général, Des béliers, des brebis et des agneaux, quand ils sont en troupes. Un troupeau de moutons. Garder les moutons.

Fig. et fam., C'est un mouton, il est doux comme un mouton, Il est d'une humeur fort douce, fort traitable.

Prov. et pop., Il ressemble aux moutons de Berry, il est marqué sur le nez, se dit D'un homme qui a quelque marque sur le visage.

Prov., Le peuple fait comme les moutons, Il fait ce qu'il voit faire au premier venu, de même que les moutons passent tous où ils voient qu'un autre mouton a passé.

Prov. et fig., Revenons à nos moutons, Reprenons le discours que nous avons quitté, ou qui a été interrompu; Revenons à notre sujet.

MOUTON se dit aussi de La peau de mouton préparée. La reliure de ce livre n'est que de mouton.

MOUTON se dit, figurément et familièrement, dans les prisons, d'Un homme aposté pour gagner la confiance d'un prisonnier, découvrir son secret et le révéler. On mit près de lui un mouton pour le faire jaser.

MOUTON se dit en outre d'Une masse de fer, ou d'une grosse pièce de bois armée de fer, qu'on élève, et qu'on laisse retomber sur des pieux pour les enfoncer en terre. On a enfoncé ces pieux jusqu'à refus de mouton.

MOUTON se dit aussi de La grosse pièce de bois dans laquelle sont engagées les anses d'une cloche, pour la tenir suspendue.

MOUTONS au pluriel, se dit, familièrement et par analogie, Des vagues blanchissantes qui s'élèvent sur la mer et sur les grandes rivières, lorsqu'elles commencent à être agitées.

MOUTONNER. v. a. Rendre frisé et annelé comme la laine d'un mouton. Il n'est guère d'usage qu'au participe. Tête, coiffure, perruque moutonnée.

MOUTONNER s'emploie aussi comme verbe neutre, et se dit alors, familièrement, De la mer, d'un lac, d'une rivière dont les eaux commencent à s'agiter et à blanchir. La mer commence à moutonner. Voilà la rivière qui moutonne.

MOUTONNÉ, ÉE. participe

MOUTONNIER, IÈRE. adj. Il se dit Des personnes qui, à la manière des moutons, font ce qu'elles voient faire, suivent aveuglément l'exemple des autres. Nation moutonnière. Engeance moutonnière. Peuple moutonnier. La multitude est moutonnière. Il est familier.

MOUTURE. s. f. Action de moudre du blé. Ce meunier prend tant pour sa mouture. Il y a des moulins qui font une meilleure mouture que les autres. Droit sur les moutures. Mouture économique.

Il signifie aussi, Le salaire du meunier. Ce meunier a pris double mouture.

Prov. et fig., Tirer d'un sac deux moutures, Prendre double profit dans une même affaire.

MOUTURE signifie encore, Le mélange du froment, du seigle et de l'orge, par tiers. Un setier de mouture. La bonne mouture vaut seigle. Du blé-mouture.

MOUVANCE. s. f. T. de Jurispr. féodale. La supériorité d'un fief à l'égard d'un domaine qui en relevait, et la dépendance de ce domaine à l'égard du fief: il exprimait plus ordinairement La relation de dépendance. Mouvance active, passive, médiate, immédiate. Ces fiefs n'étaient pas de

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