Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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place dans la bouche du cheval pour le gouverner. Mors rude, doux. Mors à bossettes. Les branches, les bossettes d'un mors. Ce mors blesse la bouche de votre cheval. Il faut à ce cheval un mors plus doux, plus fort, plus rude. Un cheval qui joue, qui se joue, qui badine avec son mors, qui mâche son mors.

Prendre le mors aux dents, se dit D'un cheval dont la bouche est tellement échauffée, qu'elle devient absolument insensible, et qu'il s'emporte, sans que le cavalier ou le cocher puisse le retenir, le mors n'opérant pas plus d'effet sur les barres, que si le cheval le tenait serré entre les dents. Les chevaux prirent le mors aux dents, et entraînèrent la voiture.

Fig. et fam., Prendre le mors aux dents, se dit D'un homme qui, n'écoutant plus les avis ni les remontrances de ceux qui dirigeaient sa conduite, se livre tout entier à ses passions. Si vous n'avez la main ferme, ce jeune homme prendra le mors aux dents et vous échappera. Il se dit aussi D'une personne qui se met en colère, qui s'emporte subitement. On lui a fait un léger reproche, il a pris le mors aux dents. Il se dit encore D'une personne qui, ayant été quelque temps dans l'indolence, dans l'inaction, change tout à coup, et se livre au travail avec ardeur. Ce jeune homme était paresseux, il a pris le mors aux dents, et maintenant il travaille avec une ardeur extraordinaire.

MORSURE. s. f. Action de mordre; Plaie, meurtrissure, marque faite en mordant. Morsure dangereuse, envenimée, mortelle. Grande morsure. Faire une profonde morsure. La morsure d'un chien enragé. Guérir une morsure. Guérir d'une morsure. Morsure de cheval. Morsure de puce.

MORSURE se dit, figurément et au sens moral, Des effets de la médisance, de la calomnie. Les morsures de la calomnie laissent toujours des cicatrices.

MORT. s. f. Fin, cessation de la vie. Mort naturelle, douce, violente, prompte, lente, douloureuse, tragique, funeste, déplorable. Mort subite, soudaine, imprévue, précipitée, prématurée. Mort glorieuse, sainte. Une belle mort. Une mort honteuse, infâme, ignominieuse. Il est menacé d'une mort prochaine. L'instant de sa naissance a été celui de sa mort. Souhaiter, désirer, affronter, braver la mort. Courir à la mort. Attendre la mort. Avoir toujours la mort devant les yeux. Avoir peur de la mort. Envisager la mort avec fermeté. Il a vu la mort de près. Le jour de sa mort. À l'heure de la mort. Les approches, les transes, les frayeurs, les affres de la mort. Le hoquet de la mort. Ce malade, cette maladie tourne à la mort. Donner, recevoir la mort. Se donner la mort. Il est allé chercher la mort dans les combats, et l'y a trouvée. Il n'y a point eu mort d'homme. Pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive. En poésie et dans le style soutenu, la mort est souvent personnifiée. On représente la Mort sous la forme d'un squelette armé d'une faux. Il a longtemps combattu, lutté contre la mort. La mort l'a frappé, l'a enlevé à la fleur de son âge. La mort a moissonné presque tous les habitants de cette contrée. La mort est sourde à nos voeux, à nos cris. L'impitoyable mort. La faux de la mort n'épargne personne. Il passa des bras du sommeil dans ceux de la mort. Ce malheureux appelait la mort à son aide.

Fam., Mourir de sa belle mort, Mourir de mort naturelle.

Être à l'article de la mort, Être à l'agonie.

Être entre la vie et la mort, Être dans un fort grand péril, par maladie ou par accident. Pendant cette tempête, nous fûmes deux jours entre la vie et la mort.

Être malade à la mort, ou simplement, Être à la mort, Être fort malade et près de mourir.

Fig., Être au lit de la mort, au lit de mort, Être à l'extrémité. À son lit de mort, Avant de mourir, en mourant. À son lit de mort, il a fait restitution de ce qu'il s'était approprié injustement.

Prov. et fig., Avoir la mort entre les dents, Être fort vieux ou fort malade, n'avoir pas longtemps à vivre. Il a la mort entre les dents, et il songe encore à bâtir.

Fig., Avoir la mort sur les lèvres, Être près de mourir, ou Avoir la figure d'un mourant.

Prov. et fig., Après la mort le médecin, se dit en parlant D'un remède, d'un secours tardif.

Prov., Dieu ne veut pas la mort du pécheur, Il faut être indulgent pour la faiblesse humaine.

Par la mort! s'emploie par forme de serment et de menace.

Pop., Il serait bon à aller querir, à aller chercher la mort, se dit D'une personne qui est lente à revenir des endroits où on l'envoie.

MORT se dit particulièrement de La peine capitale, de la peine qui consiste dans la perte de la vie. Abolir la peine de mort. Condamner un homme à la mort, à la peine de mort. Toutes les voix allaient à la mort, ont été à la mort. Le procureur général a conclu à la mort. L'affaire est grave, il y va de la vie ou de la mort. Ce coupable a reçu, a subi, a souffert la mort avec courage. Il a marché à la mort avec courage.

Cette affaire va à la mort, Elle doit finir par un arrêt de mort.

Sentence, arrêt de mort, Condamnation qui porte la peine de mort. Il était appelant d'une sentence de mort.

Testament de mort, Déclaration dernière que fait un condamné avant son supplice.

Fig. et par extens., Testament de mort, Écrit qui atteste les derniers sentiments d'une personne. Cette lettre touchante fut son testament de mort.

Mort civile, Cessation de toute participation aux droits civils. La condamnation à mort, la peine des travaux forcés à perpétuité, et celle de la déportation, emportent la mort civile. La profession en religion avait les effets de la mort civile.

La mort éternelle, La condamnation des pécheurs aux peines de l'enfer.

MORT se dit, par exagération, Des grandes douleurs. La goutte lui fait souffrir mille morts. Il souffre mort et passion.

Il se dit aussi Des grands chagrins. Ce fils dénaturé lui donne la mort. La disgrâce de son ami lui a mis la mort dans le coeur. La conduite de son fils lui a mis la mort dans l'âme.

Fam., Souffrir mort et passion, Être contrarié, embarrassé, tourmenté. Ce prédicateur faisait souffrir mort et passion à ceux qui l'entendaient, tant il y avait d'hésitation dans son débit.

Fam., C'est une mort que d'avoir affaire à un pareil homme, que de poursuivre une telle affaire, C'est une grande peine, une grande misère.

Fig. et fam., C'est ma mort, C'est la chose la plus désagréable pour moi. C'est ma mort que d'être obligé de le voir, de lui parler.

MORT signifie encore, figurément, Cause de destruction. Les réquisitions forcées sont la mort du commerce. Le monopole est la mort de l'industrie.

Fam., Mort aux rats, Drogue dont on se sert pour faire mourir les rats. Acheter de la mort aux rats.

Fam., en termes de Jeu, Jouer à la mort de telle somme, Jouer jusqu'à ce que telle somme soit perdue.

À MORT. loc. adv. De manière qu'on en meure. Blesser à mort. Il fut frappé à mort.

Fig., Être frappé à mort, Être attaqué d'une maladie dont les symptômes annoncent une mort certaine.

Condamner, juger à mort, Condamner quelqu'un à la peine de mort. Mettre à mort, Faire mourir.

Combat à mort, Combat qui ne doit se terminer que par la mort d'un des combattants.

À LA MORT. loc. adv. Extrêmement, excessivement. Haïr quelqu'un à la mort. Je me suis ennuyé à la mort. Cela me déplaît à la mort. Il m'en veut à la mort. On dit aussi dans le même sens, Il me veut mal de mort, un mal de mort.

À LA VIE ET À LA MORT. loc. adv. Pour toujours. Je suis votre ami à la vie et à la mort. Je suis à vous à la vie et à la mort.

Entre nous, c'est à la vie et à la mort, Notre amitié durera toujours. Il ne me pardonnera ni à la vie ni à la mort, Il ne me pardonnera jamais.

MORTADELLE. s. f. Espèce de gros saucisson qui vient d'Italie. Mortadelle de Bologne, de Florence.

MORTAILLABLE. adj.des deux genres T. de Jurispr. féod. Il se disait De ceux qui étaient serfs de leur seigneur, et dont celui-ci héritait.

MORTAISE. s. f. T. d'Arts. Trou, entaillure faite dans une pièce de bois ou de métal, pour y recevoir le tenon d'une autre pièce, quand on veut les assembler. Petite, grande mortaise. Faire une mortaise. Ouvrage assemblé à tenons et à mortaises.

MORTALITÉ. s. f. Condition de ce qui est sujet à la mort. Épicure croyait la mortalité de l'âme. Le fils de Dieu s'est revêtu de notre mortalité.

Il signifie aussi, La mort d'une quantité plus ou moins considérable d'hommes ou d'animaux qui sont emportés en peu de temps par la même maladie. La mortalité se mit dans les troupes. La mortalité a été grande dans ce pays-là. La mortalité est sur le bétail, s'est mise sur le bétail, dans le bétail, sur les bestiaux. Il y a dans cette ville une grande mortalité.

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