Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Cette statue, ce tableau est un des plus beaux monuments de l'art. Cette médaille est un monument précieux.

MONUMENTAL, ALE. adj. Qui a rapport, qui est propre aux monuments, qui est de la nature des monuments. Architecture, sculpture monumentale. Style, caractère monumental. Fontaine monumentale. Statue monumentale. On n'emploie guère le pluriel masculin Monumentaux.

MOQUER (SE). v. pron. Se railler de quelqu'un ou de quelque chose, en rire, en faire un sujet de plaisanterie ou de dérision. On s'est moqué de lui. On s'est moqué de son habit, de sa danse. Cette femme s'est moquée de vous.

Il signifie aussi, Mépriser, braver, témoigner par ses actions, par ses paroles, qu'on ne fait nul cas de quelqu'un ou de quelque chose, qu'on ne s'en inquiète point. C'est un homme qui se moque du blâme, qui se moque de l'opinion publique, qui se moque de tout. Il s'est moqué des remontrances qu'on lui a faites, de tous les avis qu'on lui a donnés. C'est se moquer du monde, c'est se moquer des gens que d'agir ainsi, de parler de la sorte. Je me moque de lui, je ne le crains point. Je me moque de cela, je ne crains rien. Je m'en moque.

Il se prend quelquefois absolument, et signifie alors, Ne pas parler, ne pas agir sérieusement. Quand je dis cela, vous voyez bien que je me moque. C'est se moquer que de surfaire comme vous faites. C'est se moquer que de prétendre telle chose, de soutenir une telle proposition. Vous vous moquez, je pense.

Par civilité, Vous vous moquez de moi, vous vous moquez, Vous me traitez avec trop de cérémonie, vous poussez trop loin la politesse. Vous vous moquez, je ne passerai pas avant vous. Vous vous moquez de vouloir me reconduire.

Prov. et fig., La pelle se moque du fourgon, se dit Lorsqu'une personne se moque d'une autre qui aurait autant de sujet de se moquer d'elle.

Prov. et fig., Il ne faut pas se moquer des chiens qu'on ne soit hors du village, Il faut se mettre à l'abri du danger avant de se vanter qu'on le méprise.

MOQUER s'emploie quelquefois avec le verbe Faire. Si vous en usez comme cela, vous vous ferez moquer de vous, et absolument, vous vous ferez moquer.

Il s'emploie aussi au participe avec le verbe Être. Il fut moqué de tout le monde.

Ce verbe est familier dans toutes ses acceptions.

MOQUÉ, ÉE. participe

MOQUERIE. s. f. Paroles ou actions par lesquelles on se moque. Moquerie maligne, outrageuse. Il fut exposé aux insultes et aux moqueries de la multitude.

Il signifie plus ordinairement, Chose absurde, chose impertinente. C'est une moquerie que de vouloir soutenir une telle proposition, de prétendre réussir dans un pareil projet.

MOQUETTE. s. f. Étoffe à chaîne et à trame de fil, veloutée en laine, dont on fait des tapis ou dont on couvre des siéges. Moquette unie, à dessins. Moquette rouge. Fauteuils garnis de moquette. Fauteuil de moquette. Tapis de moquette.

MOQUEUR, EUSE. adj. Qui se moque, qui raille, qui a l'habitude de se moquer, de railler. Il est naturellement moqueur. Il a l'humeur moqueuse. Ris, discours, air moqueur.

Il s'emploie aussi substantivement, et se dit d'Une personne qui ne parle pas sérieusement. Ne le croyez pas, c'est un moqueur. Cela ne peut pas être comme elle le dit, c'est une moqueuse. Il est familier.

MORAILLES. s. f. pl. Instrument de maréchal, espèce de tenailles, avec lesquelles on pince le nez d'un cheval impatient, vicieux, pour le ferrer ou lui faire subir quelque opération. Mettez-lui les morailles.

MORAILLON. s. m. Pièce de fer attachée au couvercle d'un coffre, garnie d'un anneau qui entre dans la serrure, et dans lequel passe le pêne.

MORAL, ALE. adj. Qui concerne les moeurs. Un discours moral. Doctrine, philosophie, théologie morale. Les oeuvres morales de Plutarque. Sens, instinct moral. Préceptes moraux. Réflexions morales. Contes moraux.

Vertus morales, Celles qui ont pour principe les seules lumières de la raison. S'il n'eut pas les vertus chrétiennes, il eut les vertus morales.

Ce livre, ce discours est fort moral, Il renferme une morale fort saine.

MORAL signifie aussi, Qui a des moeurs, qui a des principes et une conduite conformes à la morale. Cet homme, qui passait pour fort moral, n'était qu'un franc hypocrite.

MORAL se dit encore De ce qui ne tombe point sous les sens, de ce qui est uniquement du ressort de l'intelligence. Dans cette acception, il est opposé à Physique. Le monde moral. Causes morales. Preuves morales. Qualités morales. Il y a des démonstrations morales aussi convaincantes que les démonstrations matérielles, physiques, sensibles. Malgré l'affaiblissement de ses forces physiques, ses forces morales, ses facultés morales, n'ont rien perdu de leur énergie. Souvent on supporte plus facilement le mal physique que le mal moral. Ce mot s'emploie au sens moral dans beaucoup d'acceptions.

Certitude morale, Certitude fondée sur de fortes probabilités, telle qu'on peut l'avoir dans les choses ordinaires de la vie. Il est opposé à Certitude physique. Nous n'en avons point de démonstration rigoureuse, mais nous en avons une certitude morale.

MORAL s'emploie substantivement, au masculin, et signifie, L'ensemble de nos facultés morales. Le physique influe beaucoup sur le moral, et le moral sur le physique. Il est mieux partagé au physique qu'au moral. Cet homme est bien malade, le moral même est affecté.

MORALE. s. f. Doctrine relative aux moeurs. Bonne, mauvaise morale. Morale dépravée, dangereuse, relâchée. Morale pure, austère, exagérée, aisée, commode, indulgente. La morale des païens. La morale chrétienne. La morale de JÉSUS-CHRIST. La morale de l'Évangile. Ce système renverse toute la morale. Traité, cours de morale. Leçon de morale. Il s'est fait un étrange système de morale. Les règles, les principes de la saine morale. Sa morale est en paroles et non pas en actions. Il prêche la morale plus qu'il ne la pratique. Il a fait de la morale en pure perte. Il n'y a pas deux morales. Il ne faut pas changer de morale suivant les circonstances.

Il signifie quelquefois, Traité de morale. La Morale d'Aristote. On dit aussi, Les Morales d'Aristote, parce que ce philosophe a fait plusieurs traités sous ce titre.

Il signifie encore, Réprimande. Son père lui a fait une morale, une bonne morale.

La morale d'un ouvrage, La leçon de morale qui en résulte.

MORALEMENT. adv. Suivant les règles de la morale. Comme il est privé de sa raison, il ne peut rien faire qui soit moralement mal. Action moralement bonne, moralement mauvaise.

Moralement parlant, Vraisemblablement, et selon les règles de la certitude morale. Cela est vrai moralement parlant. On dit dans le même sens, Cela est moralement impossible.

MORALISER. v. n. Faire des réflexions, des dissertations, des leçons morales. On peut longtemps moraliser sur les vicissitudes de la fortune. Il se rend importun à force de moraliser.

Activ. et fam., Moraliser quelqu'un, Lui faire de la morale, ou une morale. On a beau le moraliser, il n'en continue pas moins son train de vie.

MORALISÉ, ÉE. participe

MORALISEUR. s. m. Celui qui affecte de parler morale. Il ne se dit qu'en plaisanterie. C'est un grand moraliseur, un moraliseur éternel.

MORALISTE. s. m. Écrivain qui traite des moeurs. Un bon moraliste. Les moralistes ne s'accordent pas sur ce point.

MORALITÉ. s. f. Réflexion morale. Il y a de belles moralités à tirer de cette histoire. Cet ouvrage est rempli de moralités instructives. Un recueil de moralités.

Moralités chrétiennes, Réflexions conformes aux principes et à l'esprit de la religion chrétienne.

MORALITÉ signifie aussi, Le sens moral que renferme un discours fabuleux ou allégorique. Il y a une belle moralité cachée sous cette fable. La moralité d'un apologue n'est pas toujours exprimée. Dans la plupart des fabulistes, la moralité est indifféremment placée avant ou après le récit de l'action.

Il s'est dit anciennement de Certaines pièces de théâtre que représentaient les clercs de la basoche.

MORALITÉ se dit encore pour Conscience, discernement moral. Les actions des insensés sont privées de moralité.

La moralité des actions humaines, Le rapport de ces actions avec les principes de la morale. La moralité d'une action suppose la liberté.

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