ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 17:260

des fibres qui composent les muscles & la chair; plus on vit, plus la chair devient dure.

Il est donc vrai qu'à mesure qu'on avance en âge, les os, les cartilages, les membranes, la chair, & toutes les fibres du corps acquierent de la sécheresse & de la solidité: toutes les parties se retirent, tous les mouvemens deviennent plus lents, plus difficiles; la circulation des fluides se fait avec moins de liberté, la transpiration diminue, la digestion des alimens devient lente & laborieuse, les sucs nourriciers sont moins abondans, & ne pouvant être reçus dans la plûpart des fibres devenues trop solides, ils ne servent plus à la nutrition. Ainsi la seve de l'homme manque aux lieux qu'elle arrosoit.

La vieillesse arrive encore nécessairement par la dégénération des fluides contenus dans le corps humain, & dont l'influence sur son économie n'est pas une vérité douteuse; ces liqueurs n'étant que des parties passives & divisées ne font qu'obéir à l'impulsion des solides, dont leur mouvement, leur qualité, & même leur quantité dépendent, Dans la vieillesse, le calibre des vaisseaux se resserre, les filtres secrétoires s'obsiruent, le sang, la lymphe & les autres humeurs doivent par conséquent s'épaissir, s'altérer, s'extravaser, & produire tous les vices des liqueurs qui menent à la destruction. Telles sont les causes du dépérissement naturel de la machine. Les muscles perdent leur ressort, la tête vacille, la main tremble, les jambes chancellent; l'ouie, la vue, l'odorat s'affoiblissent, & le toucher même s'émousse.

Impitoyablement flétrie, reconnoissez - vous dans cet état cette beauté ravissante à qui tous les coeurs adressoient autrefois leurs - voeux? Triste à l'aspect d'un sang glacé dans ses veines, comme les poëtes peignent les nayades dans le cours arrêté de leurs eaux! Combien d'autres raisons de gémir pour celle chez qui la beauté est le seul présent des dieux! Une tête grise a succédé à ces cheveux d'un noir de geais, naturellement bouclés, qui tantôt flottoient sur des épaules d'albâtre, & tantôt se jouoient sur une belle gorge qui n'est plus. Ces yeux qui disoient tant de choses sont ternes & muets. Le corail de ces levres a changé de couleur; sa bouche est dépouillée de son plus bel ornement; aucune trace de cette taille légere, si bien proportionnée, & de ce teint qui le disputoit aux lis & aux roses; cette peau si douce, si fine & si blanche n'offre aux regards qu'une foule d'écailles, de plis & de replis tortueux. Hélas, tout chez elle s'est changé en rides presque effrayantes! le cerveau affaissé sur lui - même ne laisse passer que lentement ces rayons d'intelligence & de génie qui causoient votre admiration! Telle est la décrépitude du dernier âge.

Cependant que ce triste hiver n'alarme point ceux dont la vie s'est passée dans la culture de l'esprit, dans la bienfaisance & dans la pratique de la vertu! Leurs cheveux blancs sont respectables. Leurs écrits, leurs belles actions le sont encore davantage. C'est à ces gens - là, si rares sur la terre, que la brillante & florissante jeunesse doit des égards, des hommages & des autels. (Le chevalier de Jaucourt.)

Vieillesse

Vieillesse, (Morale.) la vieillesse languissante, ennemie des plaisirs, succédant à l'âge viril, vient rider le visage, courber le corps, affoiblir les membres, tarir dans le coeur la source de la joie, nous dégoûter du présent, nous faire craindre l'avenir, & nous rendre insensible à tout, excepté à la douleur. Ce tems se hâte, le voilà qui arrive; ce qui vient avec tant de rapidité est près de nous, & le présent qui s'enfuit est déja bien loin, puisqu'il s'anéantit dans le moment que j'écris ce petit nombre de réflexions, & ne peut plus se rapprocher.

La longue habitude tient la vieillesse comme enchaînée; elle n'a plus de ressources contre ses dé<cb-> fauts; semblable aux arbres dont le tronc rude, noueux s'est durci par le nombre des années, & ne peut plus se redresser; les hommes à un certain âge ne peuvent presque plus se plier eux - mêmes contre certaines habitudes qui ont vieilli avec eux, & qui sont entrées jusques dans la moëlle de leurs os. Souvent ils les connoissent, mais trop tard; ils gémissent en vain, & la tendre jeunesse est le seul âge où l'homme peut encore tout sur lui - même pour se corriger. « On s'envieillit des ans, dit Montagne, sans s'asiagir d'un pouce; on va toujours en avant, mais à reculons. Il foroit beau être vieil, continue - t - il, si nous marchions vers l'amendement; mais le marcher de cet âge est celui d'un yvrogne, titubant, vertigineux; c'est l'homme qui marche vers son décroit ».

On doit cependant se consoler des rides qui viennent sur le visage, puisqu'elles sont l'effet inévitable de notre existence. Dans l'adversité, les peines de l'esprit & les travaux du corps font vieillir les hommes avant le tems. Dans la prospérité, les délices d'une vie molle & volùptueuse les usent encore davantage. Ce n'est qu'une vie sobre, modérée, simple, laborieusê, exempte de passions brutales, qui peut retenir dans nos membres quelques avantages de la jeunesse, lesquels, sans ces précautions, s'envolent promptement sur les aîles du tems.

C'est une belle chose qu'une vieillesse étayée sur la vertu. Castricius ne voulant point permettre qu'on donnât des ôtages au consul Cnéius Carbon, celui - ci crut l'intimider, en lui disant qu'il avoit plusieurs epées; & moi plusieurs années, répondit Castricius. Une pareille réponse a été faite par Solon à Pisistrate, par Confidius à Jules César, & par Cesellius aux triumvirs. Ils ont tous voulu faire voir, en parlant ainsi, que quelques années de vie qu'on avoit encore à parcourir ne valoient pas la peine de faire naufrage au port. (Le chevalier de Jaucourt.)

Vieillesse

Vieillesse, (Mytholog.) elle étoit, selon Hésiodore, fille de l'Erébe & de la Nuit. Athénée prétend qu'elle avoit un temple à Athènes. (D. J.)

VIELITSKA

VIELITSKA, montagne de, (Géog. mod.) montagne de Pologne, dans le palatinat de Cracovie. Cette montagne est une vaste saline qui contient deux ou trois lieues de pays; elle fournit abondamment du sel de roche, qu'on taille comme des colomnes de pierre, & qu'on tire comme d'une carriere. Deux à trois cens ouvriers ont leurs habitations dans la concavité de cette carriere, d'où l'on ne sort, & où l'on ne descend que par une machine suspendue à un gros cable, attaché à une grue au - dessus de l'ouverture de cet abîme. (D. J.)

VIELLE

VIELLE, s.f. (Hist. nat. Ichthiolog.) poisson de mer, qui est une espece de tourd, & qui a de très belles couleurs; il ne differe du canus, pour la forme du corps, qu'en ce qu'il est plus alongé & plus large; il ressemble à la daurade, par la courbure des dents & par le nombre & la position des nageoires. Voyez Canus & Daurade. Les levres de la vielle sont grosses & ridées; la nageoire de la queue n'est pas fourchue, elle a une couleur rouge avec des taches noires; le dos est noir en entier; le ventre a une couleur livide; les nageoires qui se trouvent près des ouies ont une couleur d'or; la nageoire du dos & celle de l'anus sont jaunes & ont des taches noires & des taches bleues; les yeux sont grands & ronds, & les côtés de la tête ont de très - belles couleurs: la chair de ce poisson est tendre & friable. Voyez Tourd, Rondelet, hist. nat. des poissons, l. VI.c.vj. Voyez Poisson.

Vielle

Vielle, s. f. (Luth.) est un instrument à cordes, composé de deux parties principales; la table & le manche, sur lequel sont les chevilles qui tendent les cordes. Ces chevilles ont été primitivement au

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.