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C'étoit au son de ces mêmes trompettes que triomphoient les dictateurs, les consuls, les préteurs & les autres généraux. Elles étoient à la tête de cette marche pompeuse, & elles faisoient retentir l'air de fanfares propres à redoubler la joie du peuple. Au reste, la trompette droite n'étoit pas si particulierement destinée à la guerre, qu'elle ne fût encore employée à quelques usages qui n'y avoient aucun rapport. A l'imitation des Grecs, les Romains s'en servoient dans la célébration de quelques - uns de leurs jeux sacrés, & entr'autres dans celle des jeux floraux, dans la fête de la lustration & dans quelques sacrifices.
On s'en servoit aussi quelquefois dans les cérémonies lugubres, c'est - à - dire dans la marche des pompes funebres, & tant que duroient les jeux qui se célébroient au - tour du bucher d'un défunt pour honorer ses funérailles. Selon Servius, on ne se servoit de la trompette droite que dans les pompes funebres des gens d'un âge avancé, à la différence des jeunes gens dont la pompe n'étoit précédée que de flûtes. Cependant malgré la distinction de ce savant grammairien, il est constant qu'on mêloit assez souvent le son des flûtes à celui des trompettes dans les pompes funebres des Romains de tout âge & de toute qualité.
Il y a encore eu deux especes de trompettes particulieres aux Romains; le lituus & la buccina. Le lituus ou trompette courbe appartenoit à la cavalerie: ce qu'Horace, dans les deux premiers livres de ses odes, marque assez clairement, pour ne pas laisser lieu d'en douter. Lorsque les empereurs romains étoient à l'armée, & qu'ils vouloient haranguer les soldats, ils les faisoient assembler au son de la trompette courbe, selon le témoignage d'Ammien Marcelan. Comme la trompette droite servoit à l'infanterie de signal pour la charge & pour la retraite, le lituus servoit au même usage pour la cavalerie. Il étoit aussi employé dans les entrées triomphales; ce qu'il ne faut entendre néanmoins que par rapport aux compagnies de cavalerie, qui embellissoient la marche des triomphes. L'infanterie qui marchoit à la tête de cette pompe, étoit toujours précédée de ses tubicines qui sonnoient de la trompette droite nommée proprement tuba.
A l'égard de l'autre espece de trompette appellée buccina, elle étoit commune à l'infanterie comme la trompette droite. C'étoit encore au son de la buccina que s'annonçoient dans le camp les différentes veilles de la nuit, & que la premiere sentinelle étoit relevée par la seconde, & ainsi des autres. La buccina étoit employée à cet usage plutôt que la trompette droite & que la courbe, à cause que le son de la buccina étoit plus aigu, & se faisoit entendre plus distinctement & de plus loin.
Du tems de Vegece, qui vivoit sous Valentinien le jeune, les Romains se servirent d'une quatrieme sorte de trompette; ce fut de la corne de ces boeufs sauvages, uri, & fréquens alors en Allemagne. Cette corne garnie d'argent par son embouchure, rendoit, dit cet auteur, un son aussi distinct & aussi éclatant que celui d'aucune sorte de trompette.
Les modernes ont extrèmement perfectionné la méchanique des différentes trompettes, leur forme, l'alliage qui leur convient & la théorie de leurs sons. Morland, Cassegrain, Muller, Coniers & Haase ont recherché curieusement la meilleure fabrique des
La trompette marine a les mêmes défauts que la trompette militaire, en ce qu'elle ne peut exprimer que des notes de trompette, & qu'elle leur donne un ton trop bas ou trop haut. Voici la raison que M. Roberts en donne, après avoit fait la remarque des deux cordes qui sont à l'unisson, & dont l'une ne peut être ébranlée, sans que l'autre ne s'ébranle on même tems, il dit que les impalsions que l'air reçoit de l'ébranlement d'une corde, se communiquent à une autre corde qui se trouve disposée à recevoir les mêmes vibrations.
A quoi on peut ajouter qu'une corde s'ébranle,
non - seulement par l'impulsion d'un unisson, mais
aussi par celle d'une octave ou douzieme, n'y ayant
point de contrariété dans les mouvemens, pour se
nuire les uns aux autres. Voyez
D'ailleurs en jouant de la trompette marine, on n'appuie pas ferme sur la corde, comme dans les autres instrumens, mais on ne fait que la toucher légérement du pouce.
Enfin la partie supérieure de la corde concourt avec sa partie inferieure pour former le son: d'où il faut conclure que la trompette marine ne rend point un son musical que lorsque la touche sur la partie supérieure de la corde forme une partie aliquote, ou intégrante de la note; de sorte que le concours de la partie insérieure de la corde acheve de former le son parfait, ou la note entiere. Autrement les vibrations des parties s'entrechoquent & forment un son qui est proportionné à leur mouvement, & qui met la confusion dans toute leur harmonie: ce sont donc ces partics aliquotes qui, selon M. Roberts, sont les véritables touches, qui forment les notes de trompettes.
On dit que l'invention en est moderne, & on l'attribue
communément au chevalier Samuël Morland
anglois, qui lui a donné le nom de trompette stentorophonique. Mais il semble que le P. Kircher reclame
à plus juste titre l'invention de cet instrument, puisqu'il est constant qu'il donna la figure de la trompette
parlante, avant que le chevalier Morland en eût conçu
l'idée. Voyez Next page
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