ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 16:513

la chaleur, & facilitent la sortie du suc extravasé.

Il faut maintenant parler du genre de plante ordinaire nommé tragacantha par plusieurs botanistes, & en françois barbe - renard, mais nous en ferons, pour éviter la confusion, une article à - part. (D. J.)

TRAGAEA

TRAGAEA, (Géogr. anc.) 1°. ville de l'île de Naxos. Etienne le géographe qui en parle, dit qu'on y rendoit un culte particulier à Apollon Tragien; 2°. Tragoea, iles voisines des Cyclades. C'étoit la patrie de Théogiton le péripatéticien, ami d'Aristote.

TRAGEE

TRAGEE, s. f. en Pharmacie, est une poudre aromatique grossiere, mélée avec du sucre, & qui se prend en façon de carminatif.

Tragée

Tragée se dit aussi d'une espece de trochisques faits avec les baies de sureau, selon Quercetan.

TRAGAEDIA

TRAGAEDIA, (Géog. anc.) Pline le jeune, qui étoit de Côme, avoit plusieurs maisons de campagne auprès du lac de Côme: il donne entr'autres la description de deux de ces maisons: l'une, dit - il, l. IX. ep. 7. ad Rom. bâtie à la façon de celles qu'on voit du côté de Baies, s'éleve sur des rochers, & d mine le lac; l'autre bâtie de la même maniere, le touche. Il appelloit la premiere tragédie, & la seconde comédie: celle - là, parce qu'elle avoit comme chausse le cothurne, celle - ci parce qu'elle n'avoit que de simples brodequins. Elles ont, ajoute - t - il, chacune leurs agrémens, & leur diversité même en auguiente la beauté pour celui qui les possede toutes deux. L'une jouit du lac de plus près; l'autre en a la vue plus étendue: celle - là bâtie comme en demi - cercle, embrasse le port; celle - ci forme comme deux ports différens, par sa hauteur qui s'avance dans le lac. Là vous avez une promenade unie, qui, par une longue allée, s'étend le long du rivage, ici un parterre très - spacieux, mais qui descend par une pente douce. Les flots n'approchent point de la premiere de ces maisons; ils viennent se briser contre la seconde. De celles - là vous voyez pêcher; de celle ci vous pouvez pêcher vous - même sans sortir de votre chambre, & presque sans sortir de votre lit, d'où vous jettez vos hameçons comme d'un bateau. (D. J.)

TRAGASAE - SALINAE

TRAGASAE - SALINAE, (Géog. anc.) salines de la Troade, près d'Hamaxitum, selon Strabon, l. XIII. p. 605. Le sel tragaséen, dit Pline. l. XXXI. c. vij. ne fait point de bruit, & ne saute point quand on le jette dans le feu.

Les habitans de la Troade pouvoient user librement de ce sel; mais lorsque Lysimachus eut mis dessus un impôt, le sel cessa de se congeler; ce changement ayant étonné Lysimachus, il abolit l'impôt, & aussitôt le sel recommença à se former comme de coutume. (D. J.)

TRAGÉDIE

TRAGÉDIE, (Poésie dramatique.) représentation d'une action héroïque dont l'objet est d'exciter la terreur & la compassion.

Nous avons dans cette matiere deux guides célebres, Aristote & le grand Corneille, qui nous éclairent & nous montrent la route.

Le premier ayant pour principal objet dans sa poétique, d'expliquer la nature & les regles de la tragédie, suit son génie philosophique; il ne considere que l'essence des êtres, & les propriétés qui en découlent. Tout est plein chez lui de définitions & de divisions.

De son côté Pierre Corneille ayant pratiqué l'art pendant quarante ans, & examiné en philosophe ce qui pouvoit y plaire ou y déplaire; ayant percé par l'esfor de son génie les obstacles de plusieurs matieres rebelles, & observé en métaphysicien la route qu'il s'étoit frayée, & les moyens par où il avoit réussi: enfin ayant mis au creuset de la pratique toutes ses réflexions, & les observations de ceux qui étoient venus avant lui, il mérite bien qu'on respecte ses idées & ses décisions, ne fussent - elles pas toujours d'accord avec celles d'Aristote. Celui - ci après tout, n'a connu que le théatre d'Athenes; & s'il est vrai que les génies les plus hardis dans leurs spéculations sur les arts ne vont guere au - delà des modeles même que les artistes inventeurs leur ont fournis, le philosophe grec n'a dû donner que le beau idéal du théatre athenien.

D'un autre côté cependant, s'il est de fait que lorsqu'un nouveau genre, comme une sorte de phénomene, paroît dans la littérature, & qu'il a frappé vivement les esprits, il est bientôt porté à sa perfection, par l'ardeur des rivaux que la gloire aiguillonne: on pourroit croire que la tragédie étoit déja parfaite chez les poëtes grecs, qui ont servi de modeles aux regles d'Aristote, & que les autres qui sont venus après, n'ont pu y ajouter que des rafinemens capables d'abâtardir ce genre, en voulant lui donner un air de nouveauté.

Enfin une derniere raison qui peut diminuer l'autorité du poëte françois, c'est que lui - même étoit auteur; & on a observé que tous ceux qui ont donné des regles après avoir fait des ouvrages, quelque courage qu'ils aient eu, n'ont été, quoiqu'on en puisse dire, que des législateurs timides. Semblables au pere dont parle Horace, ou à l'amant d'Agna, ils prennent quelquefois les défauts mêmes pour des agrémens; ou s'ils les reconnoissent pour des défauts, ils n'en parlent qu'en les désignant par des noms qui approchent fort de ceux de la vertu.

Quoi qu'il en soit, je me borne à dire que la tragédie est la représentation d'une action héroïque. Elle est héroïque, si elle est l'effet de l'ame portée à un degré extraordinaire jusqu'à un certain point. L'héroisme est un courage, une valeur, une générosité qui est au - dessus des ames vulgaires. C'est Héraclius qui veut mourir pour Martian, c'est Pulchérie qui dit à l'usurpateur Phocas, avec une fierté digne de sa naissance:

Tyran, descens du trône, & fais place à ton maître.

Les vices entrent dans l'idée de cet héroïsme dont nous parlons. Un statuaire peut figurer un Néron de huit piés; de même un poëte peut le peindre, sinon comme un héros, du - moins comme un homme d'une cruauté extraordinaire, & si l'on me permet ce terme, en quelque sorte héroïque; parce qu'en général les vices sont héroïques, quand ils ont pour principe quelque qualité qui suppose une hardiesse & une fermeté peu commune; telle est la hardiesse de Catilina, la force de Médée, l'intrépidité de Cléopatre dans Rodogune.

L'action est héroïque ou par elle - même, ou par le caractere de ceux qui la font. Elle est héroïque par elle - même, quand elle a un grand objet; comme l'acquisition d'un trône, la punition d'un tyran. Elle est héroïque par le caractere de ceux qui la font, quand ce sont des rois, des princes qui agissent, ou contre qui on agit. Quand l'entreprise est d'un roi, elle s'éleve, s'annoblit par la grandeur de la personne qui agit. Quand elle est contre un roi, elle s'annoblit par la grandeur de celui qu'on attaque.

La premiere qualité de l'action tragique est donc qu'elle soit héroïque. Mais ce n'est point assez: elle doit être encore de nature à exciter la terreur & la pitié; c'est ce qui fait sa différence, & qui la rend proprement tragique.

L'épopée traite une action héroïque aussi - bien que la tragédie; mais son principal but étant d'exciter la terreur & l'admiration, elle ne remue l'ame que pour l'élever peu - à - peu. Elle ne connoît point ces secous ses violentes, & ces frémissemens du théatre qui forment le vrai tragique. Voyez Tragique, le.

La Grece fut le berceau de tous les arts; c'est par conséquent chez elle qu'il faut aller chercher l'origine

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.