ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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toute jurisdiction de l'archevêque, & une chapelle royale où l'on ne fait plus de service.

Le principal officier de la tour est le connetable, qui a sous lui un lieutenant qui lui est entierement subordonné, & n'agit que par ses ordres, même en son absence. Différens rois d'Angleterre ont attribué au connetable le droit de prendre un flacon tenant deux gallons & une pinte de vin, sur chaque tonneau, & une certaine quantité d'écrevisses, d'huitres, & d'autres poissons à coquille, sur chaque bâtiment anglois chargé de ces marchandises; & le double sur tout vaisseau étranger qui passe devant la tour. Il jouit aussi d'un honoraire de 200 livres pour chaque duc que l'on y constitue prisonnier, 100 livres pour chaque pair qui n'est pas duc, & 50 livres pour tout autre particulier de quelque qualité ou condition qu'il soit. Voyez Connetable.

Sous cet officier, & en son absence sous le lieutenant, est un gentilhomme de la porte, avec plusieurs gardes. Ce gentilhomme a la charge d'ouvrir & de fermer les portes, de remettre tous les soirs les clés au connetable ou au lieutenant, de les aller prendre le matin chez l'un ou chez l'autre. Il commande les gardes qui sont en faction le jour; & à l'entrée de chaque prisonnier, il a pour son honoraire le vêtement de dessus, ou un équivalent: lequel pour un pair du royaume, est ordinairement de 30 livres, & de 5 pour tout autre particulier.

Autrefois le roi accordoit à un duc ou marquis prisonnier à la tour, 12 livres sterlings par semaine, ce qui est aujourd'hui réduit à 4 livres; à tous les autres pairs, 10 livres par semaine, qui sont réduites maintenant à 2 livres 4 schelins 5 deniers; aux chevaliers & gentilshommes, 4 livres, réduites à 13 schelins 4 deniers; & aux personnes du commun, il ne donne maintenant que 10 schelins par semaine: pour ce qui est des gardes de la tour, Voyez Gardes.

Dans l'ancienne franchise qui joint la tour, on comprenoit aussi l'ancien parc d'artillerie, près de la place nommée spittle field, comme aussi ce qu'on appelle les petites minories, où le gentilhomme de la porte exerce la même autorité que les shérifs dans leur ressort. Voyez Artillerie, &c.

Tour

Tour, (Jurisp.) signifie en Angleterre la cour d'un shérif, laquelle se tient deux fois par an dans chaque canton de la province; savoir un mois après Pâques, & un mois après la S. Michel. Voyez Shérif.

Personne n'est exempt de cette jurisdiction que les archevêques, les evêques, comtes, barons, religieux, religieuses, & tous ceux qui possedent des cantons en propre, & les font valoir par eux - mêmes.

On l'appelle tour du shérif, parce que ce magistrat fait une tournée dans la province, & tient sa cour en différens endroits.

Tour

Tour, (Art numismatiq.) la tour sur les médailles, désigne un magasin fait pour le soulagement du peuple; mais on ne trouve de tours sur les médailles que depuis Constantin. (D. J.)

Tour de couvent

Tour de couvent, (Charpent.) c'est dans un couvent de filles, une espece de machine en forme de boisseau, ouverte en partie, & posée verticalement à hauteur d'appui dans la baie d'un mur de refend, où elle tourne sur deux pivots pour faire passer diverses choses dans le couvent, & les en faire sortir. On appelle aussi tour la chambre où est cette machine. Il y a des religieuses préposées au tour, qui parlent au tour, & qu'on appelle dames du tour. Voyez Touriere. (D. J.)

Tour de Léandre

Tour de Léandre, (Archit. turq.) c'est une petite forteresse, située sur un rocher dans le canal de Constantinople, entre cette ville & celle de Scutari en Natolie. On voit de cette tour toute la ville de Constantinople, Péra, Galata, & plusieurs autres édifices qui font une très - belle perspective. Les Turcs nomment cette tour Khes - calesi, c'est - à - dire tour de la pucelle; mais les Francs ne la connoissent que sous le nom de la tour de Léandre, & c'est sous ce nom que j'en ai parlé avec un peu plus d'étendue, quoique je sache bien que les amours d'Héro & de Léandre se soient passés bien loin de là, sur les bords du canal des Dardanelles. (D. J.)

Tour de Mécene

Tour de Mécene, (Littérat.) maison très haute de Mécene, que les Poëtes ont chantée, parce que c'étoit la maison du protecteur des lettres; molem propinquam nubibus, disoit Horace en parlant de cette maison: elle donna vraissemblablement le desir & l'envie aux autres grands seigneurs de Rome, ou aux gens riches de l'imiter. Quel devoit être le fracas d'une ville où l'on pouvoit, dit - on, compter près de 3000000 d'habitans? une ville, qui selon la supputation de Pline, comprenoit avec ses fauxbourgs quarantehuit milles de tour, & dont les maisons pouvoient avoir jusqu'à sept étages, chacun de dix piés de hauteur? Enfin cette passion d'élever des palais jusqu'aux nues, alla si loin en peu d'années, & les chûtes des maisons devinrent si fréquentes, qu'Auguste fut obligé de porter une loi qui défendoit aux particuliers d'élever aucun édifice qui eût plus de 70 piés romains de hauteur, ce qui revient à 65 de nos piés de roi & 3 pouces. (D. J.)

Tour d'ordre

Tour d'ordre, (Littérat.) nom que porte le phare de Boulogne, & que M. de Valois rend par les mots de turris ordinis; cependant ni le mot françois ordre, ni le latin ordo, ne paroissent être l'origine d'une pareille dénomination. Ce phare est très - ancien, & ayant été construit pour diriger le cours des vaisseaux qui abordoient à Boulogne, ville autrefois célebre par son commerce; il fut réparé par les soins de Charlemagne. Son ancien nom étoit Ordrans, comme on l'apprend de la vie de S. Folenin évêque de Terrouenne; mais Ordrans paroît une légere corruption d'Ordans. Plusieurs croient avec assez d'apparence, que turris Ordans s'étoit fait de turris ardens, la tour ardente, ce qui convenoit parfaitement à une tour où le feu paroissoit toutes les nuits. Voyez Phare. (D. J.)

Tour de porcelaine

Tour de porcelaine, (Hist. de la Chine.) cette fameuse tour est de figure octogone, large d'environ quarante piés, de sorte que chaque face ena quinze. Elle est entourée par - dehors d'un mur de même figure, éloigné de deux toises & demie, & portant à une médiocre hauteur un toit couvert de tuiles vernissées; ce toit paroît naître du corps de la tour, & forme au - dessous une galerie assez propre.

La tour a neuf étages dont chacun est orné d'une corniche de trois piés à la naissance des fenêtres, & distingué par des toits semblables à celui de la galerie, à cela près qu'ils ont beaucoup moins de saillie, parce qu'ils ne sont pas soutenus d'un second mur; ils deviennent même beaucoup plus petits, à mesure que la tour s'éleve & se rétrecit.

Le mur a du - moins sur le rez - de - chaussée douze piés d'épaisseur, & plus de huit & demi par le haut. Il est incrusté de porcelaines posées de champ; la pluie & la poussiere en ont diminué la beauté; cependant il en reste encore assez pour faire juger que c'est en effet de la porcelaine quoique grossiere; car il y a apparence que la brique, depuis trois cens ans que cet ouvrage dure, n'auroit pas conservé le même éclat.

L'escalier qu'on a pratiqué en - dedans, est petit & incommode, parce que les degrés en sont extrèmement hauts; chaque étage est formé par de grosses poutres mises en - travers, qui portent un plancher, & qui forment une chambre dont le lambris est enrichi de diverses peintures, si néanmoins les peintures de la Chine sont capables d'enrichir un appartement.

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