ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Il renonça même aux villanelles, qui répondent à nos ballades, aux romances, aux séguedilles, & aux gloses, pour faire des hendécasyllabes à l'italienne, qui consistent en des octaves, des rimes tierces, des sonnets, des chansons, & des vers libres. Il réussit en toutes ces sortes de rimes nouvelles, mais particulierement en rimes tierces, qui sont, 1°. des stances de trois vers, dont le premier rime au troisieme, le second au premier de la stance suivante, & ainsi jusqu'à la fin, où on ajoute un vers de plus dans la derniere stance, pour servir de derniere rime; 2°. des stances dont le premier vers est libre, & les deux autres riment ensemble.

Cette nouvelle forme de poésie fut trouvée si bisarre, que quelques - uns tâcherent de la ruiner, & de rétablir l'ancienne, comme étant propre à l'Espagne: c'est ce qu'entreprit de faire Christophe de Castillejo; mais ni lui ni les autres ne purent empêcher qu'elle n'eût le dessus, à la gloire de Garcias.

Ses ouvrages sont d'ailleurs animés de feu poëtique & de noblesse; c'est le jugement qu'en portent Mrs de Port - Royal dans leur nouvelle méthode espagnole. Paul Jove prétend même que les odes de Garcias ont la douceur de celles d'Horace.

Sanchez de Las - Brozas, savant grammairien espagnol, a fait des commentaires sur toutes les oeuvres de Garcias, & il a eu soin d'y remarquer les endroits imités des anciens, & d'en relever les beautés par des observations assez curieuses.

Il est bon de ne pas confondre le poëte de Tolede avec Lopès de Vega, autrement nommé Lopès - Felixde - Vega Carpio, autre poëte espagnol, chevalier de Malte, né à Madrid en 1562, & mort en 1635. Il porta les armes avec quelque réputation, & cultiva la poésie avec une fécondité sans exemple, car ses comédies composent vingt - cinq volumes, dont chacun contient douze pieces de théatre. Quoiqu'elles soient généralement fort médiocres & peu travaillées, on a fait des recueils d'éloges à la gloire de l'auteur, & c'est à sa mémoire qu'un de ses confreres a consacré cette jolie épigramme.

El aplauso en que jamas Tè podra bastar la fama, Lo mas del mundo te llama, Y aun te queda a deber mas, A los siglos que daras Por duda y desconfianza, Por castrumbre à la alabanza, A la invidia por officio, A dolor por exercizio, Por termino a la esperanza.

Enfin, il faut encore distinguer notre poëte de Tolede d'un autre auteur assez célebre, qui porte le même nom, Garcias - Lasso - de la - Vega, né à Cusco dans l'Amérique, & qui a donné en espagnol l'histoire de la Floride, & celle du Pérou & des incas, qu'on a traduites en françois.

Salmeron (Alphonse), jésuite, naquit à Tolede en 1516, & mourut à Naples en 1595, à 69 ans. Il fit connoissance à Paris avec saint Ignace de Loyola, devint son ami, son compagnon, & un des neuf qui se présenterent avec lui au pape Paul III. en 1540. Il vovagea ensuite en Italie, en Allemagne, en Pologne, dans les Pays - bas, & en Irlande. Il composa des ouvrages d'un mérite assez médiocre; il prit soin cependant de ne pas établir trop ouvertement la prétention de l'empire du pape sur le temporel des rois, en ne considérant cette puissance du pape que comme indirecte; mais cette opinion est aussi pernicieuse à l'Eglise & à l'état, aussi capable de remplir la république de séditions & de troubles, que la chimere d'une autorité directe du pontife de Rome, sur l'autorité temporelle & indubitable des rois.

Je ne dois pas oublier, dans l'article de Tolede, une des illustres & des savantes dames du seizieme siecle, Sigée (Louise), connue sous le nom d'Aloisia Sigoea. Son pere lui apprit la philosophie & les langues. On dit que c'est lui qui introduisit l'amour pour les lettres à la cour de Portugal, où il mena son aimable fille, qu'on mit auprès de l'infante Marie, qui cultivoit les sciences dans le célibat. Louise Sigée épousa Alphonse Cueva de Burgos, & mourut en 1560.

On a d'elle un poëme latin intitulé Sintra, du nom d'une montagne de l'Estramadoure, au pié de laquelle est un rocher, où on dit qu'on a vu de temsen - tems des tritons jouant de leur cornet: on lui attribue encore des épîtres & diverses pieces en vers; mais tout le monde sait que le livre infame, de arcanis amoris & Veneris, qui porte son nom, n'est point de cette dame, & qu'il est d'un moderne, qui a souillé sa plume à écrire les impuretés grossieres & honteuses dont ce livre est rempli. (Le chevalier de Jaucourt.)

TOLEN

TOLEN, (Géog. mod.) île des Pays - bas, dans la province de Zélande, près de la côte du Brabant dont elle n'est séparée que par un canal. Sa capitale qui est située sur ce canal, porte aussi le nom de Tolen; c'est une ancienne ville qui a le troisieme rang entre celles de Zélande, & va après Middelbourg & Ziriczée. Long. 21. 40. lat. 51. 34. (D. J.)

TOLENTINO

TOLENTINO, (Géog. mod.) ville d'Italie, dans la Marche d'Ancone, sur la gauche de Chiento, à six milles de San Sevérino, à dix de Macerata, & quinze de Camerino. Elle avoit dès le cinquieme siecle un évêché, qui fut uni à celui de Macerata en 1586. Long. 31. 4. lat. 43. 12.

Philelphe (François), un des plus célebres écrivains du quinzieme siecle, naquit dans cette ville en 1398, & mourut à Milan en 1481, ayant 83 ans presque accomplis. Il professa dans les plus illustres villes d'Italie, avec une réputation extraordinaire, à Venise, à Florence, à Sienne, à Bologne, à Milan, &c. Il étoit grammairien, poëte, orateur & philosophe. On a de lui des harangues, des lettres, des dialogues, des satyres, & un grand nombre d'autres écrits latins en vers & en prose. Voici la liste de quelques - uns de ses principaux ouvrages.

1°. Appiant Alexandrini historioe. Il entreprit cette version parce qu'il ne pouvoit souffrir, disoit - il, qu'un auteur aussi éloquent ne parût qu'un barbare, par la mauvaise traduction que Décembrius en avoit donnée. 2°. Une traduction de Dion, dont Léonard Arétin fait de grands éloges. Béroalde a publié cette traduction in - 4°. avec quelques autres opuscules. 3°. Conviviorum libri duo, imprimés plusieurs fois, entr'autres à Paris en 1552 in - 8°. Item 4°. Satyroe, Milan 1476, in - fol. Venise 1502, in - 4°. Paris 1518, in - 4°. Ces satyres sont au nombre de cent, partagées en dix livres, & contiennent chacune cent vers, ce qui les lui a fait appeller hecatosticha; elles ont le mérite par rapport aux faits, mais non pas pour la beauté des vers. 5°. Epistolarum familiarum libri XXXVII. Venise 1502, in - fol. & à Hambourg 1681; on trouve dans ces lettres des particularités de la vie de l'auteur, & quantité de traits de l'histoire littéraire & politique de ce tems - là. 6°. Carminum libri V. Bresciae 1497, in - 4°. Outre ces ouvrages latins, Philelphe a donné un commentaire italien sur les sonnets de Pétrarque, dont la premiere édition est de Bologne 1475, in - fol.

Il est certain que c'étoit un très - habile homme, quoique vain, mordant, satyrique; mais c'étoit le goût dominant de son siecle, où presque tous les savans n'ont pas été plus modérés que lui. Je pardonnerois moins à Philelphe son inconstance & son inquiétude continuelle. Toujours mécontent de son

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