LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 353

Prendre une habitude, signifie, Contracter, former quelque habitude. Il a pris de fort méchantes habitudes. Et dans ce sens on dit figurément d'Un homme, qu'Il a pris son pli, pour dire, qu'Il a contracté des habitudes difficiles à détruire, qu'il est incorrigible.

Prendre à témoin, C'est demander que ceux qui sont présens à quelque action, témoignent la vérité de ce qui s'y est passé. Je vous prends à témoin de la violence, de l'insulte que cet homme vient de me faire.

Prendre à partie, C'est attaquer en Justice un homme, qui n'étant pas notre partie, est regardé comme s'il l'étoit. Vous vous opposez à l'exécution de l'Arrêt que j'ai obtenu contre un tel, je vous prends à partie.

On dit aussi, Prendre à partie un Juge, Lorsqu'on se plaint en Justice d'un Juge qu'on prétend avoir mal jugé contre l'Ordonnance ou autrement. Ce Juge a prévariqué, je le prendrai à partie. Et par extension l'on dit, Prendre quelqu'un à partie, pour dire, Lui imputer quelque chose, lui reprocher une chose dont on se plaint, l'en rendre responsable.

On dit, Prendre quelqu'un au mot, pour dire, Accepter ses offres en matière d'achat ou de vente.

On dit aussi, Prendre àu mot, De tout ce qu'on nous propose et qu'on nous offre quand nous l'acceptons. Vous m'offrez cet échange, ce parti, etc. je vous prends au mot.

Prendre langue, signifie, S'informer, s'instruire, se mettre au courant des prix, des usages. Quand j'aurai pris langue dans le Pays, je pourrai parler affaire. Ils n'ont pas pris langue ensemble, pour dire, Ils ne sont convenus de rien en avance.

Prendre quelqu'un par son foible, C'est toucher, flatter son inclination favorite.

On dit d'Un homme qui n'a aucun goût, aucune inclination par où on puisse l'attirer à ce qu'on veut, On ne sait par où prendre cet homme--là.

On dit, Prendre faveur, pour dire, Commencer à être recherché, à être goûté. Cet homme commence à prendre faveur. Cet ouvrage, cette marchandise prend faveur.

On dit, À tout prendre, pour dire, En considérant, en compensant le bien et le mal. Cet homme est brusque, chagrin, pointilleux; mais à tout prendre, c'est un bon homme. Cette maison a ses défauts; mais à tout prendre, elle est belle et commode.

On dit, Prendre un homme pour un autre, pour dire, Croire qu'un homme en est un autre. La mêre de Darius prit Éphestion pour Alexandre. On dit de même, Prendre une chose pour une autre, pour dire, Croire qu'une chose en est une autre.

On dit aussi familièrement, Prendre quelqu'un pour un autre, pour dire, En juger autrement qu'il ne faut. Vous croyez que c'est un habile homme, vous croyez que c'est un sot, vous le prenez pour un autre. Vous voulez me faire votre dupe, vous me prenez pour un autre. En ce sens on dit proverbialement, Prendre martre pour renard, pour marquer Une grande méprise.

On dit Des viandes qui rôtissent, qu'Elles prennent couleur, pour dire, qu'Elles commencent à être cuites comme il faut. Et au jeu du Lansquenet, Prendre couleur, C'est se mettre au nombre des coupeurs.

Prendre

Prendre, se dit Des maladies qui se gagnent, dont on est atteint par communication, par le mauvais air. Il a pris la fièvre d'un tel. Il a pris le mauvais air.

On dit, Prendre fin, pour dire, Finir, se terminer.

Prendre chair

Prendre chair, se dit pour, Engraisser, devenir charnu. Cet enfant n'a pas encore pris chair. Ce cheval commence à prendre chair. La jambe de cet homme, dont l'os étoit découvert, commence à prendre chair.

En parlant Du Mystère de l'Incarnation, on dit, que Le Verbe a pris chair dans le sein de la Vierge.

Prendre sel, ou prendre son sel, se dit Des viandes que l'on sale.

Prendre racine

Prendre racine, se dit Des arbres et des plantes, pour dire, que Les racines s'étendent dans la terre, et qu'elles en tirent leur nourriture. Cet arbre a pris racine. Une telle plante ne sauroit prendre racine dans cette terre.

En parlant d'Un homme qui va presque toujours dans une maison, ou de celui qui demeure trop long--temps dans une visite, on dit figurément, qu'Il y a pris racine, qu'il semble qu'il y veuille prendre racine.

Prendre

Prendre, se dit absolument et neutralement, pour dire, Prendre racine. Les arbres bien enracinés prennent infailliblement. La vigne ne prend pas d'ordinaire en Basse--Normandie. Il y a des plantes qui prennent également en toutes sortes de Pays; il y en a d'autres qui ne prennent qu'en de certaines terres. Cet arbrisseau prend, ne prend pas de bouture.

On dit figurément, en parlant d'Un ouvrage d'esprit, qu'Il a pris, ou qu'il n'a pas pris, pour dire, qu'Il a réussi, ou qu'il n'a pas réussi. On dit aussi d'Une proposition, d'un compliment qu'on fait à quelqu'un, Cela prend, cela prend bien, cela ne prend pas, cela prend fort mal dans le monde.

Prendre

Prendre, v. n. se dit De ce qui fait son impression. Les vésicatoires ont pris. Cette couleur ne prend point; il faut un mordant pour la faire prendre.

Prendre

Prendre. v. n. se dit De ce qui fait impression à la gorge, au nez. Ce ragoût, pour être trop épicé, prend à la gorge. Voilà une odeur trop forte, elle prend au nez.

En parlant De ce qui a contribué au bon ou au mauvais succès qu'un homme a eu dans quelque affaire, on dit, Bien lui a pris d'avoir été averti; bien lui prit de s'être précautionné. Il lui prendra mal un jour de songer si peu à ses affaires. Dans cette acception, il se joint plus ordinairement avec la particule En. S'il ne se corrige, il lui en prendra mal. Après ce qu'il avoit fait, bien lui en prit d'avoir eu desprotecteurs.

On dit figurément et familièrement, C'est un homme qui prend à tout, qui ne prend à rien, pour dire, C'est un homme que tout intéresse, que rien n'intéresse.

Prendre

Prendre, v. n. se dit encore en parlant De l'eau qui vient à se geler, à se glacer. Si le froid dure encore deux jours, la rivière prendra. On le dit de même en parlant Du lait qui se caille. Si on veut que le lait prenne, il faut.....

Jouer sans prendre, Terme du jeu de Quadrille, se dit De celui qui entreprend de jouer sans appeler une autre carte.

Prendre

Prendre, se joint aussi avec le pronom personnel, et il se dit en diverses acceptions. Ainsi en parlant d'Un homme qui, pour éviter quelque péril, s'attache à quelque chose, comme à un arbre, à une corde, etc. on dit, qu'Il s'est pris à un arbre, etc. Un homme qui se noie se prend à tout ce qu'il peut.

On dit, que L'habit d'un homme s'est pris à un clou, à une épine, pour dire, qu'Il s'est accroché à un clou, à une epine. Il se dit aussi De la personne. Il s'est pris à un clou, et son habit a été déchiré.

On dit, en parlant d'Une affaire, qu'On s'y prend bien ou mal, qu'on s'y est bien ou mal pris, pour marquer qu'On emploie ou qu'on a employé de bons ou de mauvais moyens pour réussir.

On dit, Se prendre à, pour dire, Commencer à. Il se prit à rire. Elle se prit à pleurer.

On dit familièrement, Se prendre de paroles avec quelqu'un, pour dire, Se quereller, avoir un démêlé: Ils se sont pris de paroles; ils se sont pris de bec; et, S'en prendre à quelqu'un, pour dire, Lui attribuer quelque faute, l'en quereller, vouloir l'en rendre responsable, lui en donner le tort. On s'en prend à moi, comme si j'avois fait la faute, comme si j'avois part à cette affaire. S'il y a du mal, prenez--vous--en à vous--même. Je m'en prendrai à vous de tout ce qui pourra arriver.

Se prendre

Se prendre, se dit aussi Des liqueurs qui viennent à se figer. L'huile se prend, quand on la tient en lieu frais. Le sirop se prendra bientôt.

On dit, Se prendre de vin, pour dire, S'enivrer; Se prendre d'amitié, se prendre d'aversion pour quelqu'un, pour dire, Concevoir de l'amitié, de l'aversion pour quelqu'un.

Pris, ise

Pris, ise. participe. Une ville prise. Un poisson pris dans les filets. Un homme pris de vin.

On dit, Pris par les yeux, pour dire, Séduit par la vue; et Pris par le bec, pour dire, Convaincu par ses propres paroles: il est familier.

Pris

Pris, signifie quelquefois, Trompé. Cet homme est simple, il y sera pris. Je suis pris pour dupe, choisi pour dupe. Tout le monde y auroit été pris.

On dit proverbialement, C'est autant de pris sur l'ennemi, pour dire, que C'est toujours quelque avantage qu'on a remporté.

On dit, qu'Un homme est bien pris

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