Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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De mémoire d'homme on n'avait point vu pareille chose, il n'avait pas fait un si grand froid, etc., On n'a aucun souvenir d'une chose semblable, d'un froid si rigoureux.

En mémoire de, Pour transmettre et perpétuer le souvenir de. On a élevé un monument, on a frappé une médaille en mémoire de telle action. On a institué une fête publique en mémoire de cet événement.

En termes de Comptabilité, Pour mémoire. On écrit ces mots à côté de certains articles qui sont mentionnés, sans être portés en ligne de compte.

L'Église fait aujourd'hui mémoire de tel saint, Elle en fait commémoration dans l'office du jour.

MÉMOIRE signifie encore, La réputation bonne ou mauvaise qui reste d'une personne après sa mort. La mémoire des bienfaiteurs de l'humanité doit être éternelle. La mémoire des tyrans est odieuse. Cela est injurieux à la mémoire d'un tel. Il ne faut pas déchirer la mémoire des morts. Épargner la mémoire des morts. Sa mémoire est en honneur, en bénédiction, en exécration. Condamner la mémoire, prendre soin de la mémoire de quelqu'un. Rendre, décerner des honneurs à la mémoire d'un grand homme. Cette action ternit, souille sa mémoire. Laisser une mémoire honorée. Calomnier la mémoire de quelqu'un. Faire le procès à la mémoire d'un homme; chérir, honorer, noircir, flétrir sa mémoire.

En Jurispr., Réhabiliter, purger la mémoire d'un défunt, Faire annuler, par voie de révision, le jugement qui l'a condamné.

À la mémoire, à l'heureuse mémoire, à l'immortelle mémoire de. Formules qu'on met quelquefois à la tête des inscriptions et des épitaphes, etc.

Tel prince d'heureuse mémoire, de vertueuse mémoire, de bienfaisante mémoire, de glorieuse mémoire, de triomphante mémoire. Espèce de formule employée dans certaines occasions, en parlant D'un prince, d'un souverain qui s'est illustré par ses vertus ou par ses victoires. On dit, en plaisantant, par allusion à cette formule, Tel homme de gourmande mémoire, de chicaneuse mémoire, d'avaricieuse mémoire, etc.

Poétiq., Les Filles de Mémoire, Les Muses.

Le Temple de Mémoire, Le temple où, suivant les poëtes, les noms des grands hommes sont conservés.

MÉMOIRE. s. m. Écrit sommaire qu'on remet à quelqu'un pour le faire ressouvenir de quelque chose, ou pour lui donner des instructions sur quelque affaire. Donnez-moi, remettez-moi un petit mémoire de votre affaire, si vous voulez que je m'en occupe. Mémoire instructif, exact. Dresser, faire un mémoire pour une affaire.

Il se dit particulièrement d'Un factum, d'un ouvrage imprimé contenant les faits et les moyens d'une cause qui doit être jugée. Faire signifier un mémoire.

MÉMOIRE se dit aussi de L'état des sommes dues à un homme de justice pour ses vacations, ses écritures et ses déboursés dans une affaire. Mémoire de frais, de dépens. Arrêter, régler un mémoire.

Il signifie également, L'état de ce qui est dû à un marchand pour ses fournitures, à un artisan pour son ouvrage, à un domestique pour les emplettes qu'il a faites au compte de son maître. Mémoire du marchand de drap, de la marchande de modes, du tailleur, du charpentier, du maître d'hôtel, du cuisinier, etc.

Fig. et fam., Mémoire d'apothicaire, Mémoire dont les articles sont portés à un taux exagéré.

MÉMOIRE se dit encore d'Une dissertation sur quelque objet de science, d'érudition, de littérature, etc. Il a lu, il a publié un excellent mémoire sur les phénomènes de l'électricité, sur la chronologie des rois égyptiens, sur les idiomes de l'Inde.

Il signifie, au pluriel, Recueil des dissertations lues dans une société savante ou littéraire. Mémoires de l'Académie des sciences, de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

Il se dit encore, au pluriel, Des relations écrites par ceux qui ont eu part aux affaires publiques, ou qui en ont été les témoins oculaires. Les Mémoires de Comines sont fort estimés. Les Mémoires de Sully, de Villeroi, de Bassompierre, etc., sont d'excellents matériaux pour écrire l'histoire du temps.

Il signifie aussi, Les divers documents d'après lesquels on écrit l'histoire. Cet historien a travaillé sur de bons, sur de mauvais mémoires.

Fig. et fam., Il a eu de bons, de mauvais mémoires, se dit D'un homme qui sait bien ou qui sait mal un fait qu'il raconte.

MÉMORABLE. adj.des deux genres Digne de mémoire, qui mérite d'être conservé dans la mémoire, remarquable. Action, chose, journée, fait, événement, siége mémorable. Il n'a rien fait de mémorable. Les actes, les faits mémorables. Paroles mémorables.

MÉMORATIF, IVE. adj. Qui se souvient, qui a mémoire de quelque chose. Je n'en suis pas bien mémoratif. Soyez-en mémoratif, s'il vous plaît. Il n'est guère usité que dans la conversation familière.

MÉMORIAL. s. m. Mémoire, placet. Il se dit Des mémoires particuliers qui servent à instruire d'une affaire; et son principal usage est en parlant De la cour de Rome, de celle d'Espagne, etc. On a présenté plusieurs mémoriaux au pape. On présenta un mémorial au conseil des Indes.

MÉMORIAL se dit aussi Du livre-journal sur lequel les banquiers et les commerçants sont tenus d'inscrire leurs affaires journellement et à mesure qu'elles se font.

Les mémoriaux de la chambre des comptes, Les registres de la chambre des comptes, sur lesquels étaient transcrites les lettres patentes de nos rois.

MENAÇANT, ANTE. adj. Qui menace. Visage, air, oeil menaçant. Paroles menaçantes. Des regards, des gestes, des cris menaçants. Une voix menaçante. User de termes menaçants. Écrire une lettre menaçante.

Il se dit, par extension, Des choses qui pronostiquent, qui font craindre quelque malheur. Un présage, un avenir menaçant. Un temps menaçant. Une mer menaçante.

MENACE. s. f. Parole ou geste dont on se sert pour marquer à quelqu'un sa colère, son ressentiment, pour lui faire craindre le mal qu'on lui prépare. Grande, terrible, horrible, furieuse menace. Vaine menace. Menace impuissante. Faire des menaces. User de menaces envers quelqu'un. Il méprisa cette menace. Je ne crains guère ses menaces. Pense-t-il m'épouvanter avec ses menaces, par ses menaces? Je me ris de ses menaces. Des paroles de menace. Des discours pleins de menaces. Écrire des lettres remplies de menaces. L'effet a suivi de près la menace. Toute sa colère n'aboutit qu'à des menaces. Qu'ont produit toutes ces belles menaces? Je brave vos menaces. Ses menaces sont restées sans effet. Il employa tour à tour les caresses et les menaces. La menace l'irrite et ne l'effraye point.

Fig. et fam., Menaces en l'air, Menaces qui ne sont suivies d'aucun effet.

MENACER. v. a. Faire des menaces. Il me menace. Il m'est venu menacer chez moi. Menacer quelqu'un de l'oeil, de la main. Menacer avec la canne. Il l'a menacé de coups de bâton. Il l'a menacé du bâton. Il l'a menacé de le faire périr sous le bâton. On l'emploie aussi absolument. Il jure, il menace. Il est sorti tout en colère, il jurait et menaçait. Tel menace qui a grand'peur.

MENACER signifie, par extension, Pronostiquer, faire craindre quelque malheur, quelque accident peu éloigné. La disposition de l'air nous menace d'un grand orage. Les divisions qui règnent dans ce pays, le menacent d'une guerre sanglante. Il a échappé aux périls, aux malheurs qui le menaçaient. De nombreuses embûches menaçaient sa vie. Ce torrent qui se déborde menace de tout submerger.

Être menacé de fièvre, d'apoplexie, de phthisie, etc., Avoir à craindre d'être atteint prochainement par une de ces maladies. On dit, dans un sens analogue, Être menacé d'une disgrâce, d'une banqueroute, etc.

Menacer ruine, se dit D'un bâtiment qui est près de tomber. Cet édifice menace ruine. Il se dit quelquefois figurément. Cet établissement, cet empire menace ruine.

Fig. et poétiq., Menacer le ciel, les cieux, se dit De certains objets fort élevés. Ces montagnes, ces arbres, ces tours menacent les cieux, le ciel.

MENACER s'emploie quelquefois par antiphrase, dans le discours familier; et alors il signifie, Faire espérer. Il nous menace d'un excellent, d'un grand repas. Il y a longtemps que vous me menacez de venir dîner chez moi; venez-y donc demain.

MENACÉ, ÉE. participe

MÉNADE. s. f. Bacchante; femme qui, chez les anciens, célébrait les fêtes de Bacchus, et se livrait à un délire qui allait jusqu'à la fureur. Une ménade échevelée. Les fureurs des ménades.

MÉNAGE. s. m. Gouvernement domestique, et tout ce qui concerne la dépense et l'entretien d'une famille. Il a un gros ménage sur les bras. Être dans son ménage. Tenir ménage. C'est un ménage bien réglé que le leur. Il conduit bien son ménage. Il donne tant à sa femme pour faire aller le ménage, pour la dépense du ménage. Il faut régler votre ménage. Il faut bien des choses en ménage. C'est un vrai gouffre que le ménage. Ménage de ville, de campagne. Ménage de garçon. Il a le soin du ménage. Il donne

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