Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Les petits maîtres, Certain nombre de graveurs qui sont ainsi désignés dans les catalogues d'estampes.

MAÚTRE en termes de Palais et de Pratique, est aussi Un titre qu'on donne aux avocats, aux avoués et aux notaires. Maître N., n'avez-vous rien de plus à dire pour la défense de l'accusé? Par-devant maître un tel et son confrère, notaires à Paris.

Prov. et fig., Compter de clerc à maître (on prononce le C final), Rendre compte des recettes et des dépenses qu'on a faites, sans autre responsabilité que celle de l'exactitude.

Prov. et en mauvaise part, Maître gonin, Homme rusé, fin et adroit. Ce sont des tours de maître gonin.

Pop., Maître aliboron, Homme ignorant, stupide, ridicule, qui ne se connaît en rien. C'est un maître aliboron.

Fig. et fam., Maître Jacques, Homme qui réunit plusieurs emplois dans une maison. Il est à la fois cuisinier, valet de chambre, cocher; c'est un maître Jacques.

Fam., Petit-maître, Jeune homme qui se fait remarquer par une élégance recherchée dans sa parure, par des manières libres et un ton avantageux avec les femmes. C'est un petit-maître. Il fait le petit-maître.

MAÚTRE est aussi Le titre des personnes revêtues de certaines charges. Maître des requêtes. Maître des comptes. Maître des cérémonies. Maître de la garde-robe. Maître d'hôtel du roi. On dit aussi: Grand maître des cérémonies. Grand maître de la garde-robe. Grand maître des eaux et forêts. Voyez GRAND.

Maître du sacré palais. Titre d'un religieux dominicain, qui demeure dans le palais du pape, et qui a la principale autorité pour examiner les livres, et pour donner la permission d'imprimer. Ce livre porte l'approbation du maître du sacré palais.

Maître de chapelle, Celui qui est chargé de diriger le chant dans une église, et de former les enfants de choeur. Il se dit quelquefois pour Maître de musique, mais seulement en parlant Des orchestres d'Italie.

MAÚTRE est encore Un titre qu'on donne aux chefs des ordres militaires, des ordres de chevalerie. Grand maître de l'ordre de Malte.

Grand maître de l'université de France. Titre donné, à diverses époques, au chef de l'université de France.

MAÚTRE se prend quelquefois pour Premier ou principal, en parlant Des choses inanimées qui sont de même nature. Le maître autel. Le maître brin d'une plante.

MAÚTRESSE. s. f. Ce mot a presque toutes les acceptions de celui de Maître. Cette femme est fort bonne maîtresse, elle traite bien ses domestiques. La maîtresse du logis. Elle est dame et maîtresse de ce lieu. La maîtresse d'une hôtellerie, d'une auberge. Rome fut la maîtresse du monde. Cette femme est maîtresse de ses passions, de ses sentiments. Maîtresse de piano, de chant, de dessin, etc. Maîtresse de pension. Maîtresse d'école. Maîtresse lingère. Maîtresse couturière. La maîtresse branche d'un arbre.

Fam., Une maîtresse femme, Une femme habile, intelligente, ferme, qui impose, qui sait prendre de l'ascendant.

Petite-maîtresse, Femme qui est d'une élégance recherchée dans son ton, dans ses manières, dans sa parure, dans son ameublement, etc. Elle a un appartement de petite-maîtresse.

MAÚTRESSE se dit aussi d'Une fille, d'une veuve recherchée ou promise en mariage, ou simplement aimée de quelqu'un. Il est fort assidu auprès de sa maîtresse.

Il signifie encore, Femme ou fille qui vit avec un homme dans un commerce d'amour et de galanterie. C'est sa maîtresse. Il a eu plusieurs maîtresses.

MAÚTRISE. s. f. Qualité de maître. Il se disait autrefois en parlant Des métiers. Il avait acheté la maîtrise.

MAÚTRISE, ou GRANDE MAÚTRISE se dit de Certaines charges ou dignités. La grande maîtrise de Malte, de Saint-Lazare, de l'ordre Teutonique.

MAÚTRISE se dit aussi, quelquefois, de L'emploi de maître de chapelle dans une église cathédrale.

MAÚTRISER. v. a. Gouverner en maître, avec une autorité absolue. C'est une injustice que de vouloir maîtriser ses égaux. Il ne faut pas se laisser maîtriser.

Fig., Maîtriser ses passions, ses sentiments, son coeur, Les dompter, les vaincre, s'en rendre le maître. On dit dans le même sens, avec le pronom personnel, Se maîtriser.

Fig., Maîtriser la fortune, Faire tourner les événements à son avantage, par la force de son caractère ou par l'habileté de sa conduite.

MAÚTRISÉ, ÉE. participe

MAJESTÉ. s. f. Grandeur suprême, caractère auguste qui imprime le respect. La majesté divine. La majesté royale. La majesté des autels. La majesté du trône. La majesté de l'empire romain, du peuple romain. La majesté du sénat. La majesté des lois.

Il se dit, par extension, en parlant Des personnes et des choses qui ont un air de grandeur propre à inspirer de l'admiration, du respect. Elle a dans toute sa personne un air de majesté. N'admirez-vous pas la majesté de ce temple? La majesté de ce lieu. La majesté de son front. Une douce majesté. Il y a de la grandeur, de la majesté dans son style.

MAJESTÉ est aussi Un titre particulier qu'on donne aux empereurs, aux rois, et à leurs épouses. On dit, en leur parlant, Votre Majesté, Vos Majestés; et en parlant d'eux, Sa Majesté, Leurs Majestés. Votre Majesté, sire, a ordonné. Sa Majesté partit de Paris tel jour. Par abréviation, on écrit, V. M., VV. MM., S. M., LL. MM.

Sa Majesté Impériale, L'empereur d'Autriche, que l'on qualifie aussi de Sacrée Majesté, mais seulement quand on lui parle. Sa Majesté Très-Chrétienne, Le roi de France. Sa Majesté Catholique, Le roi d'Espagne. Sa Majesté Très-Fidèle, Le roi de Portugal. Sa Majesté Britannique, Sa Majesté Suédoise, Sa Majesté Danoise, Le roi d'Angleterre, le roi de Suède, le roi de Danemark: on dit aussi, Sa Majesté le roi d'Angleterre, Sa Majesté le roi de Suède, etc.

MAJESTUEUSEMENT. adv. Avec majesté, avec grandeur. Il marche majestueusement. Ces globes qui roulent majestueusement sur nos têtes.

MAJESTUEUX, EUSE. adj. Qui a de la majesté, de l'éclat, de la grandeur. Un port, un air majestueux. Une taille, une démarche majestueuse. Front majestueux. Temple, dôme majestueux. Style majestueux.

MAJEUR, EURE. adj. comparatif Qui est plus grand, plus important, plus considérable. La majeure partie.

En Matière ecclésiastique, Ordres majeurs, La prêtrise, le diaconat, le sous-diaconat, par opposition Aux quatre ordres mineurs. Excommunication majeure, Excommunication qui retranche entièrement de l'Église, et de toute communion avec les fidèles, par opposition à Excommunication mineure.

En Musique, Tierce majeure, Tierce composée de deux tons. Ut mi est une tierce majeure. Sixte majeure, Intervalle tel que celui de sol à mi, et Septième majeure, Intervalle tel que celui d'ut à si. On appelle aussi Ton ou mode majeur, Celui où la tierce et la sixte au-dessus de la tonique sont majeures. Ton d'ut, mode majeur. On dit dans le même sens: Un air en majeur; passer du majeur au mineur, du mineur au majeur; et alors Majeur est pris substantivement.

Au Piquet, Tierce majeure, L'as, le roi et la dame de la même couleur. Quarte majeure ou quatrième majeure, quinte majeure, Les quatre, les cinq cartes de suite, à commencer par l'as. On disait autrefois, et l'on dit encore quelquefois, Tierce major, quinte major.

MAJEUR signifie quelquefois, Grand, important, considérable, absolument et sans comparaison. Une affaire majeure. Un intérêt majeur. Une cause majeure. Cet événement tient à des causes majeures.

Force majeure, Force à laquelle on ne peut résister, événement qu'on ne peut empêcher et dont on n'est pas responsable. C'est un cas de force majeure. Il y a force majeure. Cette expression est principalement usitée en Jurisprudence.

MAJEUR signifie aussi, en Jurisprudence, Qui a atteint l'âge prescrit par les lois, pour user et jouir de ses droits, et pour pouvoir contracter valablement. Il ne fallait avoir que vingt ans pour être majeur en Normandie. On n'était majeur dans la coutume de Paris qu'à vingt-cinq ans. Actuellement on est majeur à vingt et un ans; on ne peut toutefois contracter mariage, sans le consentement de ses père et mère, que lorsqu'on est majeur de vingt-cinq ans.

MAJEUR s'emploie substantivement, au pluriel masculin, et signifie alors, Les ancêtres ou les prédécesseurs. Nos majeurs nous ont donné ces exemples de vertu. Dans cette acception, il est vieux.

MAJEURE. s. f. T. de Logique. La proposition d'un syllogisme, qui contient le grand terme ou l'attribut de la conclusion. Je vous accorde la majeure, et vous nie la mineure.

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