Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 545

On dit encore, La gelée de cette nuit a fait bien du ravage dans les vignes.

Il se dit aussi Des maladies. La petite vérole a fait de grands ravages.

Il se dit figurément Du désordre que les passions causent. Les passions font de grands ravages dans le coeur des jeunes gens. Le luxe fait de grands ravages dans les États.

On dit dans le style familier, Faire ravage, faire du ravage dans une maison, pour dire, Y faire beaucoup de bruit, beaucoup de fracas, beaucoup de désordre.

RAVAGER. v.a. Faire du ravage. Les ennemis ont ravagé toute la Province. Les sangliers ont ravagé cette pièce de blé. Les pluies, les orages ont ravagé ces contrées. Le débordement des eaux a ravagé la campagne.

RAVAGÉ, ÉE, participe .

RAVALEMENT. s.m. Il ne se dit au propre qu'en parlant Du travail qu'on fait à un mur, lorsqu'étant élevé à hauteur, on le crépit de haut en bas. Faire le ravalement d'un mur. Il en a tant coûté pour faire le ravalement de ce mur.

Il signifie au figuré, Abaissement. Il a été quelque temps fort considéré, fort estimé, puis il est tombé dans le ravalement. Peut-on voir un plus grand ravalement que le sien? Il est vieux.

On appelle Clavecin à ravalement, Un clavecin qui a plus de touches que les clavecins ordinaires.

RAVALER. v.a. Retirer quelque chose en dedans de sa gorge, en dedans du gosier. Ravaler sa salive.

Il se dit figurément, en parlant de la contrainte qu'on se fait, lorsqu'étant sur le point de dire quelque chose, on se retient par quelque considération. Il a bien fait de ravaler ce qu'il vouloit dire. Il est familier.

Et figurément aussi, pour marquer qu'on fera repentir quelqu'un de quelque parole offensante qu'il a dite, on dit, qu'On la lui fera bien ravaler. Il est populaire.

RAVALER. v.a. Rabattre, rabaisser, remettre plus bas. Ravaler la genouillère d'une botte. Ravaler un capuchon sur les épaules. Ravaler des bas.

On dit en termes de Maçonnerie, Ravaler un mur, pour dire, Achever de faire ce qui manque à un mur pour le rendre parfait, en le crépissant de haut en bas. Ce mur est bâti, il ne reste plus qu'à le ravaler. Il faut le ravaler avec du plâtre, avec du mortier.

Il signifie figurément, Avilir, déprimer. Il parloit de lui-même avantageusement, mais vous l'avez furieusement ravalé, vous l'avez ravalé comme le dernier des hommes. Il veut ravaler le mérite de tout le monde. Ravaler la gloire d'une belle action. Il s'est beaucoup ravalé par cette alliance. C'est bien se ravaler. C'est trop se ravaler.

RAVALÉ, ÉE, participe .

RAVAUDAGE. s.m. Raccommodage de méchantes hardes à l'aiguille. Il faut tant pour le ravaudage de ces bas.

Il se dit au figuré d'Une besogne mal faite, faite grossièrement. Vous n'avez fait là que du ravaudage. Il s'emploie même en parlant Des ouvrages d'esprit qu'on trouve mauvais. Il est familier.

RAVAUDER. v.n. Raccommoder de méchantes hardes à l'aiguille. Elle s'amuse à ravauder tout le long du jour. Elle ravaude toujours.

Il signifie figurément, Tracasser dans une maison, s'occuper à ranger des hardes, des meubles, &c. Il n'a fait que ravauder tout aujourd'hui.

Il est quelquefois actif au figuré, & signifie, Maltraiter de paroles. Je le ravauderai bien. On l'a bien ravaudé. Il est familier.

Il signifie encore figurément, Importuner, incommoder par des discours impertinens & hors de propos. Qu'est-ce que vous me venez ravauder? Il m'a ravaudé mille impertinences. Qu'est-ce qu'il lui est allé ravauder? Il est familier.

RAVAUDÉ, ÉE, participe .

RAVAUDERIE. s.f. Discours de niaiseries, de bagatelles. Il ne dit que des ravauderies. Quelles ravauderies nous vient-il conter? Il est familier.

RAVAUDEUR, EUSE. s. Celui, celle dont le métier est de raccommoder des bas, de vieux habits, &c. Envoyer chez la ravaudeuse.

Il se dit figurément d'Un homme importun, qui ne dit que des balivernes. Ne prenez pas garde à ce qu'il vous dit, c'est un ravaudeur. Il est familier.

RAUCITÉ. s.f. Rudesse, âpreté de voix. La raucité de la voix est désagréable & blesse l'oreille.

RAVE. s.f. Plante dont la racine est une sorte de gros navet qui est rond, large & aplati. Elle est commune dans beaucoup de Provinces de France.

On appelle aussi, & plus communément, Rave, Cette plante potagère dont la racine est d'un rouge foncé, tendre, succulente, cassante, & bonne à manger. Voyez RAIFORT.

RAVELIN. s.m. Ouvrage de fortification extérieure, composé de deux faces, qui font un angle saillant, & qui sert odinairement à couvrir une courtine, un pont, &c. C'est la même chose qu'une Demi-lune.

RAVIGOTER. v.a. Remettre en force, en vigueur une personne, un animal qui sembloit foible & atténué. Il se sentoit foible, on lui a fait prendre un doigt de vin qui l'a un peu ravigoté. Il est populaire.

RAVIGOTÉ, ÉE, participe .

RAVILIR. v.a. Rabaisser, rendre vil & méprisable. Il ne faut pas ravilir sa dignité. En faisant des actions d'humilité, un Chrétien ne se ravilit pas.

RAVILI, IE, participe .

RAVIN. s.m. Lieu que la ravine a cavé. Il y a beaucoup de ravins en ce pays-là. Passer un ravin profond. La cavalerie se trouva arrêtée par un ravin impraticable.

On appelle aussi quelquefois Ravins, Des chemins creux, quoique ce ne soit pas les ravines qui les ayent creusés.

RAVINE. s.f. Espèce de torrent formé d'eaux qui tombent subitement & impétueusement des montagnes, ou d'autres lieux élevés, après quelque grande pluie. Les ravines ont gâté, ont cavé toutes ces vallées. La ravine étoit si furieuse, qu'elle entraînoit des arbres, des rochers.

Il se prend aussi pour Le lieu que la ravine a cavé. Avant que d'arriver à ce village, il faut passer une ravine profonde.

RAVIR. v.a. Enlever de force, emporter avec violence. Ravir une femme. Ravir une fille de la maison de son père. Ravir des enfans d'entre les bras de leur mère. Un animal carnassier ravit sa

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