LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 294
PIT
PITANCE
PITANCE. s. f. La portion de pain,
vin, viande, etc. qu'on donne à chaque
repas dans les Communautés. Bonne pitance.
Forte pitance. Maigre pitance. Double
pitance. Ils ont tant à chaque repas
pour leur pitance. Régler la pitance. Retrancher
la pitance. Doubler la pitance.
Il n'est d'usage que dans le style familier.
On dit en style familier et populaire,
Aller à la pitance, pour dire,
Aller acheter les provisions nécessaires
pour la subsistance d'un ménage.
PITAUD, AUDE
PITAUD, AUDE. sub. Terme de
mépris, qui ne se dit que d'Un paysan
lourd et grossier. C'est un gros pitaud,
un franc pitaud. C'est une franche pitaude.
Il est populaire.
PITE
PITE. sub. f. C'étoit autrefois une
petite monnoie de cuivre, valant la
moitié d'une obole, ou le quart d'un
denier. Maintenantil ne s'en voit plus,
le liard étant la plus petite monnoie
qui ait cours. On ne se sert de ce mot
que dans quelques fractions de compte,
non plus que de celui de Semi--pite, qui
signifie la moitié d'une pite.
PITE
PITE. sub. fém. Plante qui croît
dans les Îles de l'Amérique, où elle
tient lieu de chanvre et de lin. Elle
fournit un fil blanc, fort et fin comme
la soie. C'est une espèce d'aloès. Il y
en a de plusieurs sortes. Fil de pite.
PITEUSEMENT
PITEUSEMENT. adverbe. De manière
à exciter la pitié. Il se lamentoit
piteusement. Il crioit piteusement. Il est
du style familier et même badin.
PITEUX, EUSE
PITEUX, EUSE. adject. Digne de
pitié, de compassion. Il est dans un piteux
état, dans le plus piteux état du
monde. Il est du style familier.
On dit, Faire piteuse mine, pour dire,
Faire une mine rechignée; et, Faire
piteuse chère, pour dire, Faire mauvaise
chère.
On dit, qu'Un homme fait le piteux,
pour dire, qu'Il se plaint, qu'il se lamente,
sans en avoir autant de sujet
qu'il voudroit le faire croire.
PITIÉ
PITIÉ. sub. fém. Compassion, sentiment
de douleur, de commisération
pour les maux, pour les peines d'autrui.
Avoir pitié de son prochain. Avoir
pitié des pauvres. Être touché de pitié.
L'état où il est, fait pitié, excite la pitié.
Émouvoir la pitié. Cela est digne de pitié.
La Tragédie doit exciter la terreur et la
pitié. C'est un homme dur et sans pitié.
Un coeur sans pitié. Il n'a pitié de personne.
Il n'a non plus de pitié d'un homme
que d'un chien. On a pris pitié de sa peine,
de sa misère.
On dit proverbialement, Guerre et
pitié ne s'accordent pas ensemble, pour
dire, qu'Ordinairement à la guerre on
n'est pas fort touché de pitié, et que
même il est quelquefois dangereux de
l'être.
On dit aussi proverbialement, qu'Il
vaut mieux faire envie que pitié.
On dit encore proverbialement, C'est
grande pitié, c'est grand' pitié que de nous,
c'est une étrange pitié que de nous, pour
dire, que La condition humaine est sujette
à beaucoup de misères.
On dit aussi, C'est grande pitié, c'est
grand'pitié, pour dire, qu'Une chose
est très--digne de pitié. Il est familier.
On se sert quelquefois du mot de Pitié,
dans un sens qui marque plutôt du
mépris qu'une véritable compassion.
Ainsi l'on dit, Il raisonne à faire pitié,
pour dire, Il raisonne de travers; Il
chante à faire pitié, pour dire, Il chante
mal. Vous me faites pitié de parler comme
vous faites. C'est une pitié de voir comme
il danse, comme il chante, comme il
monte à cheval. C'est la plus grande pitié
du monde.
On dit dans le mème sens, Regarder
en pitié, avec des yeux de pitié, pour
dire, Ne faire aucun cas de ...., mépriser.
C'est un homme dédaigneux, il regarde
toujours les autres en pitié, avec des
yeux de pitié.
On dit, Regarder, parler, traiter avec
une pitié offensante, insultante, pour,
Avec l'apparence de la pitié, mêlée
aux marques du mépris.
PITON
PITON. s. m. Sorte de clou dont la
tête estpercée en anneau. Mettre des pitons
pour soutenir une tringle.
PITOYABLE
PITOYABLE. adj. des 2 g. Qui est
naturellement enclin à la pitié. Une
âme sensible et pitoyable envers les pauvres.
Vous êtes bien pitoyable. Vous n'êtes
guère pitoyable.
Il signifie plus communément, Qui
excitela pitié. Ilest dans un état pitoyable.
L'état où il se trouve est pitoyable. Aux
accens pitoyables de sa voix. Un récit pitoyable.
Une voix pitoyable et lamentable.
Il jetoit des cris pitoyables. Histoire pitoyable
et lamentable. Cette dernière
phrase ne se dit guère qu'en plaisanterie.
Il signifie encore, Méprisable, mauvais
dans son genre. Il écrit d'une manière
pitoyable. Tout ce qu'il dit est pitoyable.
Style pitoyable. Discours, raisonnement
pitoyable. Conduite pitoyable. Excuse
pitoyable. C'est un Auteur, un Écrivain pitoyable. Un Poëte, un Peintre pitoyable,
etc.
On appeloit autrefois Lieux pitoyables,
Les Hôpitaux, Maladreries, etc. où l'on
exerçoit l'hospitalité, la charité. Il est
encore d'usage en ce sens dans les Ordonnances.
PITOYABLEMENT
PITOYABLEMENT. adverb. D'une
manière pitoyable, d'une manière qui
excite la compassion. Je l'ai trouvé pitoyablement.
étendu sur la terre. Il signifie
aussi, D'une manière qui excite
le mépris. Il écrit pitoyablement.
PITREPITE
PITREPITE. sub. m. Liqueur très--forte faite avec de l'esprit de vin.
PITTORESQUE
PITTORESQUE. adj. des 2 g. (On
prononce les T.) Qui est susceptible
d'un grand effet en peinture. Ce site est
tout--a--fait pittoresque.
Il se dit aussi en parlant De quelques
parties d'un tableau. Attitude pittoresque.
Sujet pittoresque.
Il se dit par extension, De tout ce qui
peint à l'esprit. Une description pittoresque.
Un ballet pittoresque. Vers pittoresque.
Style pittoresque. Gestepittoresque.
PITTORESQUEMENT
PITTORESQUEMENT. adverbe.
D'une manière pittoresque.
PITUITAIRE
PITUITAIRE. adj. des 2 g. Terme
d'Anatomie. Qui a rapport à la pituite.
Le sinus pituitaire. La membranepituitaire.
PITUITE
PITUITE. s. f. Flegme, l'une des
humeurs du corps humain, qui est
aqueuse, lymphatique, et visqueuse.
La pituite domine dans son tempérament.
Un débordement de pituite. La pituite l'étouffe.
Une pituite âcre et salée. Une pituite
épaisse et recuite. Une pituiteglaireuse.
PITUITEUX, EUSE
PITUITEUX, EUSE. adjectif. Qui
abonde en pituite, en qui la Pituite
domine. Humeur pituiteuse. Tempérament
pituiteux.
PIV
PIVERT
PIVERT. s. m. Oiseau dont le plumage
est jaunâtre et vert, et qui a un
bec pointu, avec lequel il creuse les
arbres.
PIVOINE
PIVOINE. sub. fém. Plante que l'on
cultive dans les jardins pour la beauté
de ses fleurs. Il y en a de blanches,
de rouges et de panachées. Les Médecins
emploient la racine et la semence
de pivoine comme céphalique dans l'apoplexie,
l'épilepsie, et autres maladies
du cerveau.
PIVOINE
PIVOINE. sub. m. Petit oiseau qui
a la gorge rougeâtre, et le chant fort
agréable.
PIVOT
PIVOT. sub. mas. Morceau de fer
ou d'autre métal arrondi par le bout,
qui soutient un corps solide, et qui sert
à le faire tourner. Une machine qui
tourne sur son pivot.
On dit figurément d'Un homme qui
a la principale part dans une affaire,
que C'est le pivot sur lequel toute l'affaire
tourne.
Pivot
Pivot, est aussi la racine principale
de certains arbres, qui s'enfonce perpendiculairement
en terre.
PIVOTER
PIVOTER. v. n. Il se dit des arbres
dont la principale racine s'enfonce perpendiculairement
en terre. Le chêne, le
poirier pivotent.
PLA
PLACAGE
PLACAGE. sub. mas. Ouvrage de
menuiserie fait de bois scié en feuilles,
qui sont appliquées sur d'autre bois
de moindre prix. Menuiserie de placage.
Table, cabinet de placage. Bureau de
placage.
PLACARD
PLACARD. sub. mas. Assemblage
de menuiserie, qui s'élève au--dessus
d'une porte, et va ordinairement jusqu'au plancher. Il faut un placard audessus
de cette porte.
On appelle Porte à placard, Une
porte ornée de diverses pièces.
PLACARD
PLACARD. sub. mas. Écrit ou imprimé
qu'on affiche dans les places,
dans les carrefours, afin d'informer le
public de quelque chose. Afficher un
placard. On a averti le public par un
placard. Une ordonnance imprimée en placard,
en forme de placard.
Il se prend aussi pour Un écrit injurieux,
qu'on rend public en l'appliquant
aux coins des rues, ou en le semant
parmi le peuple. Afficher des placards.
Semer des placards. Placards injurieux.
Placards séditieux.
PLACARDER
PLACARDER. verbe act. Mettre,
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