ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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loi de Portugal rejette - t - elle un étranger qui seroit appellé à la couronne par le droit du sang.

Les lois politiques décident encore dans les monarchies purement électives, dans quel cas la raison veut que la couronne soit déférée aux enfans, ou à d'autres. Esprit des lois. (D. J.)

SUCCIN

SUCCIN, s. m. (Histoire nat. Minéral. & Chimie.) en latin succinum, ambra citrina, karabe chryselectrum, smatternium, &c. c'est une substance résineuse, dure mais cassante, qui s'enflamme en répandant une odeur agréable; elle est d'un jaune plus ou moins foncé; il y en a d'opaque & de transparente: on la trouve en masses plus ou moins grosses.

Cette substance est la même que celle qu'on appelle ambre jaune; elle a été décrite dans le premier volume de ce Dictionnaire sous ce nom; cependant on a cru devoir suppléer ici à ce qui peut manquer à cet article, afin de présenter aux lecteurs quelques observations sur cette substance, qui paroît avoir été méconnue de la plupart des naturalistes.

Le succin se trouve par couches suivies en plusieurs endroits de la terre, & sur - tout dans le royaume de Prusse, sur les bords de la mer Baltique. Aux endroits où il se rencontre on voit d'abord à la surface de la terre une couche de sable, il vient ensuite une couche de glaise qui couvre une couche de bois résineux, presque entierement pourri & réduit en terre, mais qui a encore la propriété de s'enflammer. Au - dessous de ce bois se trouve une couche de terre alumineuse & vitriolique; enfin on rencontre une nouvelle couche de sable, dans laquelle le succin est répandu par masses détachées, & en morceaux plus ou moins gros. M. Hellwing, qui a eu occasion d'observer par lui - même la situation de cette substance dans le sein de la terre, remarque dans son ouvrage qui a pour titre Litographia angerburgica, que l'on trouve toujours du bois bitumineux, de la terre bitumineuse noire, & du gravier, dans le voisinage du succin, & que l'on y rencontre aussi du vitriol & du soufre; d'où il conclud, avec beaucoup de raison, que c'est un bois fossile & bitumineux qui doit être regardé comme la source d'où est venu le succin, qui se tire du sein de la terre, & que l'on nomme succin fossile, pour le distinguer de celui qui se tire de la mer; cependant cette distinction est mal fondée, vû que le succin qui se pêche avec des filets dans la mer, & que pour cette raison l'on nomme succinum haustile, est précisément de la même nature que celui qui se tire de la terre. En effet, il ne se trouve dans la mer que parce que ses eaux poussées par les vents ont été frapper avec violence les côtes, ont miné le terrein, & en ont arraché des masses de succin qu'elles ont entraînées plus loin dans la mer. Ce qui prouve cette vérité, c'est qu'on ne trouve le succin en grande abondance dans la mer qu'à la suite des fortes tempêtes, & sur - tout de celles qui ont porté les flots avec violence contre les côtes qui contiennent des couches de cette substance: ainsi c'est une erreur de croire que le succin ait été produit dans le lit de la mer, ses eaux ne font que la détacher, & souvent on en trouve des morceaux qu'elles ont rejetté sur les bords.

En 1731, on découvrit une mine de succin en Saxe, dans le voisinage de Pretsch. Le terrein où l'on fit cette découverte est assez uni, quoique l'on y rencontre quelques buttes ou inégalités; il est composé d'un sable rougeâtre, mêlé de cailloux & de gallets. Le sable rougeâtre peut avoir environ deux toises d'épaisseur, & couvre une couche de terre noire, qui est elle - même composée de deux bancs; le premier est un limon mêlé de sable & de parties talqueuses; en la portant sur la langue, on lui trouve un goût de vitriol, & en en jettant sur le feu il en part une fumée épaisse, & un odeur de bitume. Le second banc est une glaise grise, dans laquelle on trouve des morceaux de bois & des racines; elle est aussi vitriolique, mais moins que le banc précédent. Le succin se trouvoit à la partie supérieure du banc noir, qui renfermoit aussi une substance semblable à du jais, & à qui, pour cette raison, on donnoit mal - à - propos le nom de succin noir, dont elle differe considérablement; ce banc contenoit aussi différentes especes de bois bitumineux. Au - dessous de ces deux bancs étoit une glaise verdâtre qui ne contenoit rien de particulier.

Suivant le rapport de plusieurs auteurs, le terrein qui renferme ce succin de Saxe a souvent brûlé, & s'est embrasé, soit de lui - même, soit par différens accidens; on assure que pendant les grandes chaleurs de l'été, on s'apperçoit en ce lieu d'une odeur très - agréable.

Tout ce qui vient d'être rapporté prouve que le succin est une vraie résine, qui tire son origine du regne végétal, & qui vient des arbres résineux, qui par quelque inondation, ou quelque révolution du globe, ont été ensevelis dans le sein de la terre; origine qui lui est commune avec le charbon de terre, le jais, & tous les bitumes. La différence que l'analyse chimique fait trouver entre le succin & les résines ordinaires, ne paroît venir que du séjour qu'il a fait dans le sein de la terre, où les exhalaisons minérales sulfureuses & vitrioliques peuvent lui avoir donné des qualités que n'a point une résine purement végétale, & qui n'a point été enfouie en terre pendant plusieurs siecles. C'est à ces mêmes vapeurs que le succin paroît être redevable de sa dureté; car on ne peut douter que cette substance résineuse n'ait été molle & fluide dans son origine, comme toutes les résines que nous connoissons; ce qui prouve cette vérité, c'est que les morceaux de succin que l'on trouve dans le sable, sont remplis de petits trous qui y ont été formés par les grains de gravier, lorsque cette matiere étoit encore molle; ces petits trous, ou ces inégalités ne se trouvent point sur les morceaux de succin que l'on tire de la mer, parce qu'ils ont été roulés, & pour ainsi dire, polis par le mouvement des eaux. Ce qui démontre encore plus la fluidité primitive du succin, ce sont les insectes, les mouches, les araignées, &c. qui s'y trouvent renfermés, & comme embaumés; nous voyons tous les jours que la même chose arrive aux insectes qui s'attachent aux arbres d'où il découle de la gomme ou de la résine.

Concluons de tous ces faits que le succin est une véritable résine, qui a découlé des bois résineux & bitumineux qui se trouvent dans la couche qui est au - dessus; cette résine s'est filtrée au - travers de la couche alumineuse ou vitriolique d'où sa partie la plus pure a passé dans la couche de sable, ou l'on trouve actuellement le succin; qui par la suite des tems, soit par une évaporation lente, soit par le concours des exhalaisons de la terre, à acquis une consistence dure qu'il n'avoit point originairement.

On demandera peut - être quel est l'arbre qui a produit cette résine? Il y a tout lieu de croire que cet arbre est étranger à ce climat où l'on trouve aujourd'hui le succin. Ce sera peut - être dans les Indes ou dans quelque pays lointain qu'il faudra chercher une résine végétale analogue. Cela ne paroîtra point absurde, pour peu que l'on fasse attention que les bois & les plantes, dont on trouve les empreintes dans les pierres feuilletées qui accompagnent nos mines de charbon de terre, sont entierement étrangeres à nos climats; c'est une observation que M. de Jussieu a faite dans les mines de charbon de terre de S. Chaumont en Lyonnois, où il a trouvé le fruit de l'arbre triste, qui croît actuellement dans le Malabar. D'ailleurs plusieurs naturalistes qui ne se bornent point à observer les choses superficiellement, ont remarqué

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