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Les stalactites sont de toutes les substances minérales les plus propres à nous donner une idée de la formation des pierres. Elles nous prouvent d'une façon sensible que l'eau est leur véhicule, & qu'elles se forment journellement. Souvent les eaux contiennent en si grande abondance des matieres dissoutes ou détrempées, qu'elles parviennent à la fin à remplir entierement des cavités très - considérables, & à boucher à la longue des endroits où auparavant on pouvoit passer librement; c'est ce qui arrive dans les grottes d'Arcy & dans beaucoup d'autres qui changent perpétuellement de face par les concrétions & les stalactites qui s'y forment journellement. Lorsqu'à force de s'amasser, ces stalactites ont rempli une grotte ou un espace vuide, elles forment à la fin une masse solide, qui prend de la consistance & ne sait plus qu'une roche ou pierre, dans laquelle cependant on voit souvent des couches & des veines qui sont les endroits où les stalactites se sont réunies &, pour ainsi dire, collées les unes aux autres; c'est ainsi que l'on peut conjecturer que se sont formés les albâtres d'Orient, qui ne sont autre chose que des stalactites calcaires de la nature du marbre.
Les stalactites sont plus ou moins transparentes ou opaques en raison de la pureté de la terre que les eaux ont déposée, & suivant que la dissolution s'est faite plus ou moins parfaitement. En effet nous voyons des stalactites presque transparentes, tandis que d'autres sont opaques & remplies de matieres étrangeres & colorantes.
En considérant attentivement presque toutes les stalaclites, on apperçoit qu'elles sont formées d'un assemblage de petites lames ou de feuillets plus ou moins sensibles, telles que celles des spaths: ces feuillets forment des especes de stries ou d'aiguilles qui vont aboutir à un centre commun, qui est quelquefois creux ou fistuleux. D'autres stalactites sont entierement solides. A l'extérieur leur figure est ordinairement conique; cependant quelquefois elle présente des formes bizarres, dont la singularité est encore augmentée par l'imagination des curieux, qui trouvent ou croient souvent trouver à ces pierres des ressemblances qu'elles n'ont que très - imparfaitement. Il y en a pourtant qui représentent assez bien des chouxfleurs, des fruits confits, des arbustes, &c.
La couleur des stalactites est ou blanche, ou brune, ou rougeâtre; leur surface est ou lisse, ou inégale, & raboteuse. ( - )
Cette île fut appellée Lemnos de sa situation qui
ressemble à un lac ou à un étang, que les Grecs appellent
On donne à cette île cent milles d'Italie, ou vingt - cinq lieues d'Allemagne de circuit. Elle est plus étendue en longueur d'orient à l'occident, qu'en largeur du nord au midi. Elle avoit anciennement deux villes, dont la capitale étoit appellée Hephoestia, la ville de Vulcain, & l'autre Myrina. On ne sait laquelle de ces deux villes est à - présent celle de Stalimene, & même quelques auteurs veulent que c'est le village Cochino qui est près de la mer. Quoi qu'il en soit, les Pélasgiens ont autrefois habité une des deux villes de cette île, où ils se retirerent après avoir été chafsés de l'Attique par les Athéniens.
L'île de Stalimene n'est pas haute, mais fort inégale, & diversifiée par des côteaux & des vallons. Ses plus hautes montagnes sont situées du côté de la Macédoine. Celle qui est nommée Mosychle par Hesichius, vomit à son sommet des feux & des flammes, dont les poëtes n'ont pas oublié de parler; de - là vient la fiction poétique des forges que Vulcain avoit dans cette île, comme en Sicile, travaillant tantôt dans l'une, tantôt dans l'autre à forger les foudres de Jupiter & les armes des grands hommes. De - là vient que cette île fut appellée OEthalie, c'est à - dire brûlante; aussi Séneque lui donne toujours l'éphitete d'ardente.
On y compte plus de 70 villages, habités presque tous par des grecs laborieux; cependant cette île n'a point de rivieres, mais seulement quelques sontaines & ruisseaux. Elle a un beau port poissonneux, nommé Porto S. Antoni. Elle est dépourvue de bois, en sorte que ses habitans se servent à la place de tiges d'asphodele & d'autres plantes. On y recueille par la culture de bons vins, du blé, du chanvre, du lin, des feves, des pois & plusieurs autres sortes de légumes. Diverses sortes d'animaux domestiques & sauvages n'y manquent point, non plus que de serpens de plusieurs especes.
Mais c'est la terre lemnienne qui a fait la principale gloire de cette île chez les anciens, & qui la fait encore aujourd'hui parmi les Turcs. Galien vint exprès sur les lieux pour connoître ce bol médicinal dont on chantoit les vertus; & de nos jours le grand - seigneur pour honorer les ministres des têtes couronnées qui sont à la Porte, leur donne de cette terre sigillée en présent, comme un excellent remede pour la guérison des plaies & les morsures de vipere. Philoctete, fils d'Apollon, qui avoit accompagné les Grecs à la guerre de Troie, ayant été blessé au pié par une fleche empoisonnée, fut laissé dans l'île de Lemnos pour y être guéri de sa plaie par le moyen de la terre lemnienne; cependant les corroyeurs de Stalimene ne font pas un si grand cas de cette terre que les anciens & le grand - seigneur, car ils l'emploient pour tanner leurs cuirs.
Le mont Athos, que les Grecs nomment Agios oros, c'est - à - dire la montagne sainte, couvre l'île Stalimene de son ombre lorsque le soleil approche de son coucher; & c'est ce que Belon a eu occasion de voir au solstice d'été. On dit qu'il y avoit anciennement dans cette île la statue d'un boeuf faite de pierre blanche, & que le mont Athos l'obscurcissoit de son ombre; d'où vient le proverbe, le mont Athos couvre le côté du boeuf de Lemnos; & l'on appliquoit ce proverbe à ceux qui tâchoient d'obscurcir la gloire des autres par leurs calomnies.
Pline fait mention d'un labyrinthe célebre qui étoit dans cette île, & qui passoit pour être plus magnifique que ceux de Crète & d'Egypte; mais il n'est pas resté la moindre trace de ce superbe édifice, ni même de l'endroit où il avoit été bâti.
L'île de Stalimene, après avoir été successivement
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