ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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boire, sans distinction de viande ni de boisson, si l'on
en excepte le vin; car ce seroit un grand crime d'en
goûter, & ce crime ne s'expioit autrefois qu'en jettant
du plomb fondu dans la bouche des coupables;
on n'est pas si sévere aujourd'hui, mais on ne laisseroit
pas d'être puni corporellement. L'eau - de - vie
n'est pas épargnée la nuit pendant ce tems de pénitence,
encore moins le sorbet & le casfé. Il y en a
même qui, sous prétexte de pénitence, se nourrissent
alors plus délicieusement que tout le reste de l'année.
L'amour propre, qui est ingénieux par - tout, leur
inspire de faire meilleure chere dans les tems destinés
à la mortification: les confitures consolent l'estomac
des dévots, quoiqu'elles ne soient ordinairement
qu'au miel & au résiné. Les riches observent le carême
aussi séverement que les pauvres, les soldats de
même que les religieux, & le sultan comme un simple
particulier. Chacun se repose pendant le jour,
& l'on ne pense qu'à dormir, ou au - moins à éviter
les exercices qui alterent; car c'est un grand supplice
que de ne pouvoir pas boire de l'eau pendant les grandes
chaleurs. Les gens de travail, les voyageurs, les
campagnards souffrent beaucoup; il est vrai qu'on
leur pardonne de rompre le jeûne, pourvu qu'ils
tiennent compte des jours, & à condition d'en jeûner
par la suite un pareil nombre, quand leurs affaires
le leur permettront: tout bien considéré, le carême
chez les Musulmans n'est qu'un dérangement de
leur vie ordinaire.
Quand la lune de Caban, qui précede immédiatement
celle de ramazan, est passée, ou observe avec
soin la nouvelle lune. Une infinité de gens de toutes
sortes d'états, se tiennent sur les lieux élevés, & courent
avertir qu'ils l'ont apperçue; les uns agissent par
dévotion, les autres pour obtenir quelque récompense.
Dès le moment qu'on est assuré du fait, on le
publie par toute la ville, & on commeuce à jeûner.
Dans les endroits où il y a du canon, on en tire un
coup au coucher du soleil. On allume une si grande
quantité de lampes dans les mosquées, qu'elles ressemblent
à des chapelles ardentes, & l'on prend soin
de faire de grandes illuminations sur les minarets pendant
la nuit.
Les muezins au retour de la lune, c'est - à - dire. à
la fin du jour du premier jeûne, annoncent à haute
voix, qu'il est tems de prier & de manger. Les pauvres
mahométans, qui ont alors le gosier fort sec,
commencent à avaler de grandes potées d'eau, &
donnent avidement sur les jattes de ris. Chacun se
régale avec ses meilleures provisions, & comme s'ils
appréhendoient de mourir de faim, ils vont chercher
à manger dans les rues, après s'être bien rassasiés
chez eux; les uns courent au caffé, les autres au sorbet.
Les plus charitables donnent à manger à tous
ceux qui se présentent. On entend les pauvres crier
dans les rues: je prie Dieu qu'il remplisse la bourse
de ceux qui me donneront pour remplir mon ventre.
Ceux qui croyent raffiner sur les plaisirs, se fatiguent
la nuit autant qu'ils peuvent, pour mieux reposer le
jour, & pour laisser passer le tems du jeûne sans en
être incommodés. On fume donc pendant les ténebres,
après avoir bien mangé; on joue des instrumens;
on voit jouer les marionettes à la faveur des
lampes.
Tous ces divertissemens durent jusqu'à ce que l'aurore
éclaire assez, pour distinguer, comme ils disent,
un fil blanc d'avec un fil noir; alors on se repose, &
l'on donne le nom de jeûne à un sommeil tranquille,
qui dure jusqu'à la nuit. Il n'y a que ceux que la nécessité
oblige de travailler, qui vont à leur ouvrage
ordinaire. Où est donc, selon eux, l'esprit de mortification
qui doit purifier l'ame des musulmans? Ceux
qui aiment la vie déréglée, souhaiteroient que ce
tems de pénitence durât la moitié de l'année; d'autant
mieux qu'il est suivi du grand bairam, pendant
lequel, par une alternative agréable, on dort toute
la nuit, & l'on ne fait que se reposer tant que le jour
dure. (D. J.)
RAMAGE
RAMAGE, terme d'Oiseleur, c'est le chant naturel
des oiseaux ou leur cri; mais pour spécifier celui
d'un grand nombre en particulier, on disoit autrefois
en françois que la colombe roucoule, le pigeon
caracoule, la perdrix cacabe, le corbeau croasse; on
dit des poulets pioler, des poules glousser, du coq
coqueliquer, du dindon glougouter, du pinson fringoter, de l'hirondelle gazouiller, du milan huir, des
hupes pupuler, des cailles carcailler, des tourterelles
gémir, &c. mais presque tous ces mots sont passés
d'usage. (D. J.)
Ramage
Ramage, (Jurisprud.) dans quelques coutumes,
comme dans celle de Bretagne, signifie branche particuliere
d'une ligne, car chaque ligne paternelle ou
maternelle se subdivise en plusieurs branches. On
dit communément que quand le ramage défaut le lignage
succede, c'est - à - dire qu'au défaut d'une ligne,
l'autre succede. Voyez la coutume de Bretagne, articles
298, 306, 322, 323, 235, 326, 330, 331, 482,
541, 593. Hevin sur Frain, chap. lxj. tome I. le gloss.
de Lauriere, au mot Ramage.
Ramage
Ramage, jus ramale, c'est le droit ou faculté que
dans quelques lieux les sujets ont de couper des rameaux
ou branches d'arbres dans les forêts de leur
seigneur. (A)
Ramage
Ramage, (Jardinage.) est un terme peu usité
pour signifier un rameau, un branche d'arbre; cependant
on dit encore un arbre qui a de grands ramages.
Ramage
Ramage, ouvrage à, terme de manufacture, ce
mot se dit des broderies & représentations qui se
font de toutes sortes de figures & de fleurs, soit avec
l'aiguille, soit avec la navette. Les Latins l'ont nommé
ars polymitaria, opus plumarium.
Ramage
Ramage, s. m. (Draperie.) ce mot se dit de la façon
que l'on donne aux draps & étoffes de laine, en
les mettant & étendant sur une machine qu'on appelle
rame. (D. J.)
RAMAILLER
RAMAILLER, terme de Chamoiseur, qui signifie
donner aux peaux de boucs, de chevres & de chevreaux,
la façon nécessaire pour les passer en chamois.
Voyez l'article Chamois. Cette façon ne se
donne qu'après que les peaux ont été passées à
l'huile.
RAMANA
RAMANA, (Géog. mod.) ville des Indes, au
royaume d'Orixa, sur la rive droite de la riviere de
Balassor. Elle est la résidence du roi d'Orixa.
RAMANANÇOR
RAMANANÇOR, (Géog. mod.) île des Indes, sur
la côte de la Pêcherie, près du pays de Maravas,
dont elle est séparée par un détroit. On donne à cette
île 8 à 9 lieues de circuit. Elle est célebre par son
pagode. Lat. 9. 26. (D. J.)
RAMART
RAMART, voyez Renard marin.
RAMASSÉ
RAMASSÉ, part. Voyez l'article Ramasser.
Ramassé
Ramassé, (Maréchal.) cheval ramassé, c'est la
même chose que ragot, excepté qu'il se dit de chevaux
de toute sorte de taille. Voyez Ragot.
RAMASSER
RAMASSER, v. act. (Gram.) ce verbe a plusieurs
acceptions. Or dit ramasser une pierre, son chapeau,
ses gants, lorsqu'ils sont tombés; & ramasser, c'est
relever de terre. On dit ramasser des tableaux, des
coquilles, des médailles; & ramasser signifie recueillir, rassembler. On dit ramasser des soldats dans toutes
les contrées; & ramasser est synonyme à rassembler.
On dit cet homme ramasse toutes les choses qui peuvent
m'affliger;où avez - vousramassé cethomme là, &c?
Ramasser
Ramasser, (Hydr.) Voyez Amasser.
Ramasser l'émail
Ramasser l'émail, terme d'Emailleur, qui signifie
le prendre encore chaud & liquide dans la cuillier
où il a été fondu avec du verre, pour en tirer du ca<pb->
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