ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 13:523

PROVINCIAL

PROVINCIAL, adj. & subst. qui vient de la province. On dit il a l'air, le ton, les manieres d'un nouveau débarqué, d'un provincial. La politesse ne dit point une provinciale, mais une dame de province. La cour méprise la ville; la ville méprise la province; la province méprise les champs. Cependant il y a des qualités estimables aux champs, dans la province, à la ville & même à la cour où elles ont à lutter sans cesse contre les plus puissans intérêts, qui en exigent à chaque instant le sacrifice.

Provincial

Provincial, adj. s. (Jurisprud.) dans quelques ordres religieux est celui qui a la direction & l'autorité sur plusieurs couvens d'une province, suivant la division établie dans leur ordre. Le général a sous lui plusieurs provinciaux, un provincial a sous lui plusieurs prieurs. (A)

PROVIN

PROVIN, s. m. (Jardinage.) c'est le résultat de l'opération qui a été faite en provignant un sep de vigne: c'est un plant de vigne qui provient de la branche d'un sep qui a été couchée dans une fosse. Sur la façon d'y procéder, voyez Provigner.

Provins

Provins, (Géog. mod.) ville de France dans la Brie champenoise, sur la petite riviere de Vouzie, à 2 lieues de la Seine, à 12 au sud - est de Meaux, & à 20 au sud - est de Paris.

Son nom latin du moyen âge est Pruvinum, Provinum ou Provignum castrum. Elle étoit connue du tems de Charlemagne, car il en fait mention dans les anciennes chroniques, & dans les vieux cartulaires. Les comtes de l'ancienne maison de Vermandois, de Blois & de Chartres l'ont possédé pendant long - tems, après quoi elle a été réunie à la couronne. Les comtes de Champagne y firent long - tems leur séjour dans un palais qu'ils y bâtirent à ce dessein. C'est dans ce palais que Thibaud IV. du nom, comte de Champagne & de Brie, fit écrire avec le pinceau les chansons qu'il avoit composées pour la reine blanche, mere de saint Louis.

Cette ville est aujourd'hui composée de quatre paroisses; il y a une abbaye de chanoines réguliers, quatre communautés d'hommes, & quatre communautés de silles. Son présidial est de la premiere création des présidiaux, & l'on y juge conformément à la coutume de Meaux.

Le seul commerce de l'élection, dont cette ville est le siege, consiste en blés qu'on transporte à Paris par la Seine. Elle avoit anciennement une manufacture de draps qui s'est anéantie. Longit. 20. 56. latit. 48. 34.

Guiot, moine bénédictin, né à Provins au commencement du xij. siecle, est auteur d'un roman appellé la Bible - Guiot, qui n'a jamais été imprimée, mais dont on a des manuscrits. L'auteur nomma ce roman bible, parce qu'il disoit que son livre ne contenoit que des vérités; ce livre si vrai est une sanglante satyre, dans laquelle le moine Guiot censure les vices de tout le monde, sans épargner les grands & les princes plus que les petites gens.

Villegagnon (Nicolas - Durand de), chevalier de Malte, étoit aussi de Provins. Il avoit beaucoup d'esprit, s'éleva par sa valeur à la charge de vice - amiral de Bretagne, & écrivoit assez bien en latin, comme il paroît par la description qu'il a faite de l'expédition d'Alger où il fut blessé au service de l'empereur Charles - Quint. Il embrassa d'abord la religion réformée, & entreprit d'établir une colonie dans l'Amérique méridionale. Il obtint trois vaisseaux pour cette entreprise, entra en 1555 dans la riviere de Janeïro sur la côte du Brésil, & y bâtit un fort, qu'il abandonna dans la suite, pour changer de religion & faire la guerre aux Calvinistes par des écrits. Il mourut pauvre en 1571. Voyez son article dans Bayle & dans le supplément de Moréri, Paris 1736. (Le chevalier de Jaucourt.)

PROVISEUR

PROVISEUR, s. m. (Hist. litt.) qui pourvoit, qui a soin, du verbe providere, pourvoir, prendre soin.

Le titre de proviseur est en usage dans l'université de Paris, dans certaines sociétés ou colleges; il signifie le chef, comme dans la maison de Sorbonne. M. l'archevêque de Paris en est actuellement proviseur. Le premier supérieur du college d'Harcourt a aussi le titre de proviseur. Au contraire dans d'autres maisons ou colleges, proviseur n'est que ce qu'on nomme ailleurs procureur, un officier comptable, qui touche les revenus & gere les affaires temporelles de la société. Tel est celui qu'on appelle proviseur dans la maison de Navarre.

Le proviseur de Sorbonne a une grande part à toutes les affaires qui concernent cette maison; mais il ne nomme pas aux places vacantes de professeur, bibliothéquaire, &c. elles sont données par les membres mêmes de la maison par voie d'élection, & à la pluralité des voix. Celui d'Harcourt nomme aux places de professeur de son college, comme tous les autres principaux. Voyez Principal.

On donne encore dans les actes publics le nom de proviseur aux marguilliers des églises; ainsi l'on dit N. marguillier & proviseur de telle église ou paroisse. Cette dénomination vient de la même racine que la précédente. Provisor quia providet bonis & proediis ecclesioe.

Les Théologiens donnent aussi à Dieu le titre de proviseur général à raison de sa providence, & du soin qu'il prend de l'univers. Voyez Providence.

PROVISION

PROVISION, s. f. (Gram.) amas que l'économie bien ou mal entendue fait dans un tems d'abondance & de bon marché, pour un tems de disette & de cherté.

Provision

Provision, (Jurisprudence.) ce terme signifie en général un acte, par lequel on pourvoit à quelque chose.

Provision se prend quelquefois pour possession, comme quand on dit que l'on adjuge la provision à celui qui a le droit le plus apparent, c'est - à - dire, que la possession que l'on adjuge n'est pas irrévocable, mais seulement en attendant que le fond soit jugé.

Provision se prend aussi pour exécution provisoire, comme quand on dit que la provision est dûe au titre, c'est - à - dire, qu'entre deux contendans celui qui est fondé en titre doit par provision être maintenu, sauf à juger autrement en définitive si le titre est contesté.

Provision est aussi une somme de deniers que l'on adjuge à quelqu'un pour servir à sa subsistance, & pour fournir aux frais d'un procès, en attendant que l'on ait statué sur le fond des contestations.

Pour obtenir une provision, il faut être fondé en titre ou qualité notoire.

Par exemple, une veuve qui plaide pour son douaire peut obtenir une provision.

Il en est de même en cas de partage d'une succession directe, un héritier qui n'a encore rien reçu, soit entre - vifs ou autrement, est bien fondé à demander une provision, lorsque le partage ne peut être fait promptement.

Un enfant qui est en possession de sa filiation peut aussi demander une provision à celui qui refuse de le reconnoître pour son pere.

Un tuteur qui n'a pas encore rendu compte étant réputé débiteur, peut de même être condamné à payer une provision à son mineur, lorsque le compte n'est pas prêt.

Une femme qui plaide en séparation, peut demander une provision sur les biens de son mari, une partie saisie sur les biens saisis réellement; une personne blessée en obtient aussi sur un rapport en chirurgie, pour ses alimens & médicamens, mais on ne peut pas en accorder aux deux parties.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.