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A l'égard de ces façons de parler, Deo duce, Deo juvante, Musis faventibus, &c. que l'on prend pour des ablatifs absolus, on peut sousentendre la prépoposition sub, ou la préposition cum, dont on trouve plusieurs exemples: sequere hac, mea gnata, cum Diis volentibus. Plaut. Perse. Tite - Live, au L. I. Dec. iij. dit: agite cum Diis bene juvantibus. Ennius cité par Cicéron, dit: Doque volentibus cum magnis Diis: & Caton au chapitre xiv. de Re rust. dit: circumagi cum Divis.
Je pourrois rapporter plusieurs autres exemples pour faire voir que les meilleurs Auteurs ont exprimé les prépositions que nous disons qui sont sousentendues dans le cas de l'ablatif absolu. S'agit - il de l'instrument; c'est ordinairement cum, avec, qui est sousentendu: armis confligere; Lucilius a dit: Acribus inter se cum armis confligere cernit. S'agit - il de la cause, de l'agent: suppléez à, ab, trajectus ense, percé d'un coup d'épée. Ovid. V. Fast. a dit: Pectora trajectus Lynceo Castor ab ense: & aù second Liv. des Tristes; Neve peregrinis tantum defendar ab armis.
Je finirai cet article par un passage de Suétone qui semble être fait exprès pour appuyer le sentiment que je viens d'exposer. Suétone dit qu'Auguste pour donner plus de clarté à ses expressions, avoit coutume d'exprimer les prépositions dont la suppression, dit - il, jette quelque sorte d'obscurité dans le discours, quoiqu'elle en augmente la grace & la vivacité. Suéton. C. Aug.n.86. Voici le passage tout - au - long. Genus eloquendi secutus est elegans & temperatum: vitatis sententiarum ineptiis, atque inconcinnitate, & reconditorum verborum, ut ipse dicit, foetoribus: proecipuamque curam duxit, sensum animi quam apertissimè exprimere: quod quo faciliùs efficeret, aut necubi lectorem vel auditorem obturbaret ac moraretur, neque praepositiones verbis addere, neque conjunctiones soepius iterare dubitavi>, quoe detractoe afferunt aliquid obscuritatis, etsi gratiam augent.
Aussi a - t - on dit de cet Empereur que sa maniere de parler étoit facile & simple, & qu'il évitoit tout ce qui pouvoit ne pas se présenter aisément à l'esprit de ceux à qui il parloit. Augusti promta a> >rofiuens quoe decebat principem eloquentia fuit. Tacit.
In divi Augusti epistolis, elegantia orationis, neque morosa neque anxia: sed facilis, hercle & simplex. A. Gell.
Ainsi quand il s'agit de rendre raison de la construction Grammaticale, on ne doit pas faire difficulté d'exprimer les prépositions, puisqu'Auguste même les exprimoit souvent dans le discours ordinaire, & qu'on les trouve souvent exprimées dans les meilleurs Auteurs.
A l'égard du François, nous n'avons point d'ablatif absolu, puisque nous n'avons point de cas: mais nous avons des façons de parler absolues, c'est - à - dire, des phrases où les mots, sans avoir aucun rapport Grammatical avec les autres mots de la proposition dans laquelle ils se trouvent, y forment un sens détaché qui est un incise équivalent à une proposition incidente ou liée à une autre, & ces mots énoncent quelque circonstance ou de tems ou de maniere, &c. la valeur des termes & leur position nous font entendre ce sens détaché.
En Latin la vûe de l'esprit qui dans les phrases de la construction simple est énoncée par une préposition, est la cause de l'ablatif: re confectà; ces deux mots ne sont à l'ablatif qu'à cause de la vûe de l'esprit qui considere la chose dont il s'agit comme faite & passée: or cette vûe se marque en Latin par la préposition à: cette préposition est donc sousentendue, & peut être exprimée en Latin.
En François, quand nous disons cela fait, ce considéré, vû par la Cour, l'Opéra fini, &c. nous avons la même vûe du passé dans l'esprit: mais quoique sou<cb->
On peut encore ajoûter que la Langue Françoise s'étant formée de la Latine, & les Latins retranchant la préposition dans le discours ordinaire, ces phrases nous sont venues sans prépositions, & nous n'avons saisi que la valeur des mots qui marquent ou le passé ou le présent, & qui ne sont point sujets à la variété des terminaisons, comme les noms Latins; & voyant que ces mots n'ont aucun rapport grammatical ou de syntaxe avec les autres mots de la phrase, avec lesquels ils n'ont qu'un rapport de sens ou de raison, nous concevons aisément ce qu>on veut nous faire entendre. (F)
On tire de l'Able la matiere avec laquelle on colore
les fausses perles. Voyez Next page
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