Nicot, Thresor de la langue francoyse
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estre abhorrente, quand elle est outre la commune et usitée façon de
faire. Res inusitata atque a communi vsu abhorrens.
Abhorrant, m. acut. Celuy qui abhorre et deteste quelque chose.
Abhorrens,
Abominans.
Je ne suis trop abhorrant de ceste opinion, Ab hac opinione non multum
abhorreo. Non adeo sum alienus.
abject
Abile, com. voyez Habile.
abiller
Abisme, m. voyez Abysme.
ablatif
Ablatif, m. acut. Est pur Latin par apocope, de ce
mot Latin Ablatiuus
(car le François prenant du Latin, change en f la lettre v, consonante de
la
derniere syllabe du Latin, disant vif, de viuus, passif, de
passiuum, Datif
de Datiuus, et semblables) et est le sixiesme cas des declinaisons des
noms et pronoms et participes, duquel on use quand on veut oster quoy
que soit d'aucune chose, dont il prend son nom. Les Latins le designent
par A preposition, si le mot commence par consonante, comme, A paulo,
et par Ab aussi preposition, Si le mot commence par voyelle,
comme
ab illo. Mais les François le representent par la preposition, De,
comme,
j'ay cela d'un tel, Id ab illo accepi. Et faut entendre, que les
noms et pronoms sont declinez par six cas, dont le premier est appelé
Nominatif, le second Genitif, Le tiers Datif, Le quatriesme, Accusatif,
Le cinquiesme Vocatif, Le Sixiesme cestuy Ablatif. Duquel le mot
vient de Aufero Latin, qui signifie oster, desquels cas chacun a
terminaison
propre et particuliere presque d'ordinaire, et avec ce article en la
langue Grecque, et pronom demonstratif en la Latine au lieu dudit article:
mais en la langue Françoise et autres esquelles tous lesdits cas sont de
mesme terminaison, on les exprime ou par article seul, comme au nominatif,
le baton, la javeline: ou par preposition conjointe à l'article: quant
aux noms masculins commençans par voyelle, L'homme, de L'homme,
à L'homme; Et à tous feminins, La femme, De la femme, à la femme,
ou par dictions indeclinables, equipollans à articles, au regard des
mots masculins commençans par consonante, comme, Le Jardin, Du Jardin,
Au Jardin.
able
Ablette, f. penac.
Poisson ainsi nommé, Alburnus, Semble
que le nom tant François que Latin, vienne de ce mot, Albus, qui
signifie Blanc: comme si nous disions par transposition de lettres Able
pour Albe. Telle transposition de lettres est fort frequente en toutes
langues.
ablution
Abolir, Signifie proprement oster, effacer, et
mettre du tout à neant
quelque chose, comme si on disoit apo tou holou ékballéin, Ex
vniuerso
tollere. Mais on en use pour mettre hors d'usage quelque chose,
Abolere,
Abrogare, Antiquare, Conuellere, Exterminare, Inducere,
Interuertere, Obliterare, Resignare, Delere.
S'abolir et aller hors d'usage, Obsolescere, In desuetudinem abire.
Abolir ce qui est fait selon les loix, Quod factum est legibus
rescindere.
Abolir les loix, Leges perimere, abrogare, antiquare, Pessundare
et obterere.
Abolir le bruit du peuple Romain, Nomen populi Romani delere.
Abolir la memoire d'une chose, Memoriam rei alicuius obruere.
Oster et abolir ce que aucun a fait, Sustollere atque irrita facere
quae
quis gessit, Antiquare.
Abolir du tout quelque magistrat, Magistratum tollere ac solo aequare.
Abolir une escriture par petis points qu'on met au dessous de chaque
lettre
en la maniere des anciens, Expungere.
Abolir une partie d'une loy par une nouvelle, Derogare.
Abolir un magistrat, Imminuere magistratum, B. ex Plin. iuniore,
abrogare, tollere e republ.
Aboli, m. C'est mis hors d'usage, Abolitus, Obsoletus,
Antiquatus,
passiuae significationis.
Abolie, f. C'est mise hors d'usage, effacée du tout.
abolition
Abolition, f. C'est effacement, aneantissement de
quelque chose.
¶ Abolition aussi est une espece de lettres de grace d'un prince
souverain
d'aucun forfait ou crime capital perpetré par une commune de pays, ville,
bourg ou village de ses subjets. Car aucuns veulent mettre en avant
cette difference, entre lettres de grace, et lettres d'abolition, c'est que
lettres de grace soient dites quand à un, ou deux, ou trois, ou tel autre
nombre de particuliers, se chargeans de tel delict, remission en est faite
par ledit prince: et lettres d'abolition quand toute une commune se
charge de tel forfait, dont nul n'est particulierement et designamment
attaint, grace en est faite par ledit prince. Autres ne veulent
restraindre si court ce terme d'abolition en fait de Chancelerie. Mais
abolition en terme de droit se prend tout autrement et pour la grace
faite par le souverain, soit par les juges presidiaux à un accusateur
criminel
de se desister de son accusation sans encourir la peine de l'arrest.
Turpillian.
Bailler lettres d'abolition comme fait le Roy, Crimen vel nomina
reorum
abolere. Facinus concepta formula condonare.
Abolition de creances et vieilles scedules, Generale abolition de debtes
passées,
Tabulae nouae, nominum litura, abrasio, inductio.
Abolition de comptes, Alogistia, vel Alogia, B.
abolissement
Abolissement, m. Abolitio, Abrogatio, Antiquatio.
abominer
Abominer, actif. acut. Avoir en abomination,
Abominari, Detestari,
Auersari.
abominable
Abominable, com. penac. Detestabilis, Abominandus.
abomination
Abomination, f. acut. Abominatio, Auersatio,
Detestatio.
à bon escient
Abonder, Abundare, duquel il vient, et est
neutre, Affluere,
Scatere, Exuberare.
Qui abonde en quelque chose, Dapsilis.
Abondant, m. Abundans, Affluens, Huber, Hubertus, Profusus.
Abondante, f. penac. comme, Abondante nourriture, Alimentum
largum.
Homme abondant et riche, Copiosus.
Fort abondant, Percopiosus, Valde affluens re quapiam.
Abondant en quelque chose, Affluens.
D'abondant, par forme d'adverbe, Ex abundanti, Comme vous diriez
outre et par sus ce qui est necessaire. Ainsi apres avoir mis en avant
plusieurs moyens qui peuvent suffire, on dit d'abondant, quand on en
propose d'autres encore.
abondance
Abondance, f. penac. Abundantia, Affluentia, Copia.
Abondance de droit, Copia causae.
Abondance de lait, Vbertas lactis.
Grande abondance de fueilles, Luxuria foliorum.
Grande abondance de paroles, ou de langage, Flumen, Copia verborum.
¶ Avoir abondance et foison de quelque chose que ce soit,
Abundare,
Affluere rebus omnibus.
Qui a grande abondance de sçavoir, Homo abundanti doctrina.
Jetter fleurs en abondance, Profundere flores.
Porter fruits en grande abondance, Exhuberare pomis.
En abondance, par forme d'adverbe, Plena manu, profuse, Opulenter,
largitate eximia.
abondamment
Abondamment, adverb. acut. Abundanter, Copiose,
Liberaliter,
Munifice.
abonner
Aborder, act. acut. C'est venir à bord,
approcher quelque chose. Applicare,
Appellere, composé de a, et border.
Aborder, ou mettre les navires à bord. Naues ad terram applicare.
Aborder à terre, et se retirer vers quelqu'un. Se ad aliquem
applicare,
adire. Cic. lib. 3. epist. fam. Terent. in Andr. Verbis compellere.
Lateri se alicuius adiungere.
Aborder de paroles aucun, Aggredi aliquem dictis.
abord
Abord, m. acut. Approche, Appulsus, Appulsio,
Applicatio.
abordement
Abordement, m. penac. Congressio, Congressus.
abordable
Abordable, com. gen. penac. Chose qui se peut
aisément aborder, et approcher.
Qui quae ve adiri potest, estant ceste terminaison, able, és
mots François le plus souvent signification de facilité et aisance, comme
faisable, muable, tenable, qui se peut faire, muer, tenir, et en autres
semblables.
aborner
Aboutir, act. acut. C'est faire bout, comme,
L'aposteme a abouti. Caput
fecit. Aboutir aussi est toucher à quelque chose et confiner à icelle
par le bout, que les Latins appellent frons, comme, Cette maison
aboutit
au grand chemin. In fronte viam publicam limitem habet.
Selon laquelle signification on dit les aboutissants d'une maison ou
heritage,
pour les limites des deux bouts d'iceluy de devant et derriere. Limites
a fronte et tergo, aut a fronte et a tergo.
Aboutir à une terre, Attingere a fronte aut a tergo terram aliquam,
Confinem esse.
Aboutissant, com. gen. penac. voyez, Aboutir,
aboutissement
Aboutissement, m. penac. Confinium, a fronte aut
a tergo.
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