Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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des États, des partis qui se liguent ensemble pour leurs communs intérêts. C'est l'intérêt du commerce qui allie ces deux États. Avec le pronom personnel: Ces deux républiques s'allièrent ensemble. Etc.

ALLIÉ, ÉE. participe Il est aussi substantif; et alors il signifie, Celui qui est joint à un autre par affinité. Cet homme-là est mon allié. Nos parents et nos alliés. Nous ne sommes pas parents, nous ne sommes qu'alliés.

Il signifie également, Celui qui est confédéré, ligué avec un autre. Ce monarque a toujours eu soin de secourir et d'assister ses alliés. Ce prince est allié à la couronne. Cette république est notre alliée. L'armée des alliés fut battue, ou Les alliés furent battus.

ALLIER. s. m. (Ce mot n'est que de deux syllabes.) T. de Chasse. Sorte de filet à prendre des perdrix. Il est plus usité au pluriel qu'au singulier. Nous avons pris tant de perdrix avec des alliers.

ALLITÉRATION. s. f. (On fait sentir les deux L.) T. de Rhétorique. Figure de mots qui consiste dans la répétition recherchée des mêmes lettres ou des mêmes syllabes. Plusieurs proverbes offrent des exemples d'allitération: Qui terre a, guerre a. Qui refuse, muse. Etc.

ALLOBROGE. s. m. (On fait sentir les deux L.) Ce nom d'un peuple ancien n'est placé ici que parce qu'il sert quelquefois, dans le langage familier, à désigner Un homme grossier, un rustre, ou Un homme qui a le sens de travers. C'est un franc allobroge. Traiter quelqu'un d'allobroge.

ALLOCATION. s. f. (On fait sentir les deux L.) Action d'allouer. Il n'a pu obtenir l'allocation de cette somme. On n'a pas accordé l'allocation demandée.

ALLOCUTION. s. f. (On fait sentir les deux L.) Terme d'Antiquité, par lequel on désigne Les harangues que les généraux et les empereurs romains faisaient à leurs troupes.

Il se dit, par extension, Des médailles au revers desquelles ces généraux sont représentés sur un gradin, parlant à des soldats. Une allocution de Trajan bien conservée.

Il s'emploie quelquefois en parlant Des modernes, et se dit d'Un discours adressé par un chef à ceux qu'il commande. Après cette courte et vive allocution, il les conduisit à l'ennemi.

ALLODIAL, ALE. adj. (Dans ce mot et dans le suivant, on fait sentir les deux L.) T. de Jurispr. féodale. Qui est tenu en franc-alleu. Terre allodiale. Biens allodiaux.

ALLODIALITÉ. s. f. Qualité de ce qui est allodial. L'allodialité d'une terre.

ALLONGE. s. f. Ce qu'on ajoute à un vêtement, à un meuble pour l'allonger. Mettre une allonge à une jupe. Il faut mettre une allonge à ces rideaux. Une allonge de table. On dit aujourd'hui plus ordinairement, Rallonge.

ALLONGEMENT. s. m. Augmentation de longueur, ce qui est ajouté à la longueur de quelque chose. L'allongement d'un canal, d'un jardin, d'une allée, d'une avenue.

Il se dit, figurément, Des lenteurs affectées et recherchées que certaines gens mettent dans les affaires. C'est un homme qui cherche, qui trouve toujours des allongements dans les affaires. Ce ne sont qu'allongements. Ce sens est peu usité.

ALLONGER. v. a. Augmenter la longueur d'une chose, la rendre plus longue. Allonger une table. Allonger une galerie. Allonger un habit, une jupe. Allonger des étriers. Les additions que l'auteur a faites, ont trop allongé ce chapitre.

Allonger le pas, Hâter sa marche en faisant de plus grands pas.

Fig. et fam., Allonger le parchemin, Faire de longues écritures dans le dessein d'en tirer plus de profit; Tirer un procès en longueur par des formalités et des chicanes.

Fig. et fam., Allonger la courroie, Tirer parti d'une somme modique, d'un revenu borné, en mettant une grande économie dans sa dépense. Il a peu de revenu et beaucoup de charges: il faut qu'il allonge bien la courroie pour se tirer d'affaire. Il signifie aussi, Porter les profits d'une charge, d'un emploi plus loin qu'ils ne devraient aller légitimement. Sa place ne lui vaudrait pas tant, s'il n'allongeait la courroie.

ALLONGER signifie quelquefois, Déployer, étendre; et, dans ce sens, on ne le dit guère qu'en parlant Des membres, de certaines parties du corps de l'homme ou des animaux. Allonger le bras. Allonger les jambes. Allonger le cou. Un éléphant qui allonge sa trompe.

Allonger un coup d'épée, une botte, Porter un coup d'épée, une botte, en allongeant le bras.

ALLONGER signifie encore, Augmenter la durée d'une chose, la faire durer davantage. Allonger le temps. Allonger un procès. Allonger une affaire. Allonger le travail. Allonger une procédure.

ALLONGER s'emploie aussi avec le pronom personnel, surtout dans les deux premiers sens. Cette corde s'est allongée. Les bras peuvent s'allonger et se replier en plusieurs sens. Un serpent qui s'allonge sur l'herbe.

ALLONGÉ, ÉE. participe Fam., Avoir le visage allongé, la mine allongée, Avoir un air qui dénote le déplaisir qu'on éprouve de quelque disgrâce, de quelque contrariété imprévue.

ALLONGÉ se dit quelquefois adjectivement, surtout dans les Sciences naturelles, De ce qui est long, par opposition Aux choses de même espèce qui ont une forme plus ramassée. Ce poisson a une tête allongée. Un fruit de forme allongée.

En Anat., La moelle allongée, La moelle qui remplit la cavité de toutes les vertèbres depuis le cerveau jusqu'à l'os sacrum.

ALLOUABLE. adj. des deux genres Qui se peut allouer, accorder. Cette dépense n'est pas allouable. Il est peu usité.

ALLOUER. v. a. Approuver, passer une dépense employée dans un compte. On lui a alloué un article de deux mille francs pour les faux frais. Il avait bien peur qu'on ne lui allouât pas cette dépense.

Allouer un traitement à quelqu'un, Lui donner, lui accorder un traitement, et en déterminer le montant. Le traitement que le budget alloue à ces fonctionnaires.

ALLOUÉ, ÉE. participe

ALLUCHON. s. m. T. de Mécanicien. Pointe ou dent placée à la circonférence d'une roue et qui sert à communiquer le mouvement à une autre roue.

ALLUMER. v. a. Mettre le feu à quelque chose de combustible. Allumer un fagot. Allumer une javelle. Allumer une allumette. Allumer les bougies. Allumer de la chandelle. Allumer un flambeau. Allumer les cierges. Allumer la lampe. Allumer la mèche.

Allumer le feu, allumer du feu, Allumer le bois qui est dans le foyer, faire du feu. Allumer sa pipe, Mettre le feu au tabac qui est dans une pipe. Allumer un bougeoir, Allumer la bougie ou la chandelle qui est dans un bougeoir: on dit dans le même sens, Allumer un réverbère, une lanterne, un fanal.

Fig., Allumer la guerre, Être cause de la guerre. Allumer une passion, Exciter une passion. Allumer la colère, Exciter la colère: on dit dans le même sens, Allumer la bile. On dit aussi: Une trop grande méditation, une trop grande application, une trop grande contention allume les esprits, Elle les met dans un trop grand mouvement, dans une trop grande agitation; et, Cela allume le sang, Cela irrite ou anime excessivement. Cette lecture, ce récit lui allumait le sang.

ALLUMER est aussi pronominal, au propre et au figuré. Une lampe qui a bien de la peine à s'allumer. La guerre s'alluma de toutes parts. Il est à craindre que sa bile ne s'allume.

ALLUMÉ, ÉE. participe Une chandelle, une lampe allumée.

Fig., Un teint allumé, Un teint rouge, échauffé.

ALLUMETTE. s. f. Brin de bois ou de chanvre, soufré par les deux bouts, et servant d'ordinaire à allumer des chandelles, des bougies, etc. Vendeur, marchand d'allumettes. Paquet d'allumettes.

Ce bois brûle comme des allumettes, Ce bois brûle trop facilement, trop vite.

ALLUMEUR. s. m. Celui qui est chargé d'allumer régulièrement des chandelles, des lampes, des réverbères. Les allumeurs de réverbères. L'allumeur d'un théâtre.

ALLURE. s. f. Démarche, façon de marcher. L'allure d'une personne, d'un animal. Contrefaire son allure. Je le reconnus à son allure. Une allure vive. Lorsqu'il s'agit Des personnes, ce sens est familier.

Il se dit plus spécialement en parlant Du cheval; et alors il peut s'employer au pluriel. Ce cheval a une allure fort douce. Ce cheval a les allures belles, de belles allures. Allures naturelles. Allures artificielles. Les allures naturelles du cheval sont le pas, le trot et le galop. L'amble est ordinairement une allure artificielle.

Il se dit figurément, et en mauvaise part, de La manière dont quelqu'un se conduit dans une affaire, ou de La tournure que prend une affaire. J'ai reconnu ses allures. Il faudra bien qu'il change d'allure. Cette affaire prend une mauvaise allure, une allure inquiétante.

Fig. et fam., Ce jeune homme a des allures, Il a quelque commerce secret de galanterie. Cette manière de parler vieillit.

ALLUSION. s. f. (On prononce les deux L.) Figure de rhétorique par laquelle on

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