LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations.
Se laisser aller à la faveur,
aux présens. Elle s'est laissée aller à sa
passion.
En ce sens on dit absolument, qu'Un
homme se laisse aller, pour dire, que
C'est un homme facile, et qu'on fait
tout ce qu'on veut de lui.
Aller
Aller, joint avec le pronom personnel,
et la particule en, est réfléchi;
et alors il signifie, Partir,
sortir d'un lieu. Il s'en va. Ils s'en iront
bientôt. Il s'en est allé. Elles s'en sont
allées. Il faut que tout le monde s'en
aille. Va--t--en porter ma lettre.
Il signifie aussi, S'écouler, se dissiper,
s'évaporer. Et dans ce sens on
dit, Un muid de vin s'en va, pour, Le
vin qui est dans le muid s'écoule, s'enfuit.
Tout le vin s'en ira par--là, si on
n'y prend garde. La fumée s'en va par la
cheminée. Si l'on ne bouche bien cette fiole,
tout l'esprit--de--vin s'en ira.
Dans les acceptions de ces deux derniers
articles, on se sert aussi de Faire
en aller; et ainsi on dit, Faire en aller
tout le monde. Un secret pour faire en aller
les punaises. De la pommade pour faire
en aller les rousseurs. Un secret pour faire
en aller la fièvre. Une pierre pour faire
en aller les taches. Il est du style familier.
S'en aller
S'en aller, se dit aussi en parlant
Du déclin de la vie, des approches de
la mort. Les jeunes gens viennent, et les
vieillards s'en vont. Cet homme est bien
mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles.
Il se dit pareillement De tout ce qui
cesse d'être dans un sujet, ou qui commence
à se passer, à s'effacer. On ne
croit pas que sa fièvre s'en aille sitôt. Son
mal s'en va peu à peu. Son rhumatisme
s'en est allé par les sueurs. Sa beauté s'en
va. L'éclat de son teint commence à s'en
aller. Ce malade s'en va, Il n'est pas loin
de la mort.
Il se dit encore De tout ce qui se dissipe,
se consume, s'use en quelque
manière que ce soit. Tout son argent
s'en va en procès. Tout son temps s'en
est allé à cette affaire. Voilà un habit qui
s'en va.
On dit d'Une chose qui est sur le
point d'être achevée, qu'Elle s'en va
faite. Le Sermon s'en va dit. Le Carême
s'en va fini. Il est du style familier. On
dit aussi, Il s'en va onze heures. Il s'en
va midi.
Dans les jeux de cartes, on dit, S'en
aller d'une carte, pour, Se défaire
d'une carte. Allez--vous--en de votre carreau.
Je m'en suis allé de mon Roi de
pique. S'en aller des plus hautes cartes.
Aller
Aller, s'emploie en diverses phrases
proverbialement et figurém. Ainsi
on dit, Aller son chemin, pour dire,
Poursuivre son entreprise, ne se pas
détourner de la conduite qu'on a commencé
à tenir; Aller son grand chemin,
pour, Agir sans artifice; Aller vîte en
besogne, pour, Agir avec précipitation;
Aller et venir comme pois en pot, pour,
Ne faire qu'aller et venir, se donner
beaucoup de mouvement sans sujet;
A sorce de mal aller, tout ira bien, pour,
Il faut espérer qu'après beaucoup de
malheurs et de disgrâces, il arrivera
quelque révolution heureuse, et que
ce qu'on croyoit devoir nuire à une
affaire, y servira peut--être; On l'a bien
hâté d'aller, pour, On lui a fait une
rude réprimande; On va bien loin depuis
qu'on est las, pour, Il ne faut
pas se rebuter, se décourager dans
les affaires; Tous chemins vont à Rome,
pour dire, que Par différens moyens on
arrive à même fin; Les premiers vont
devant, pour, Les plus diligens ont
toujours de l'avantage; Il va comme on
le mène, pour, Il n'est pas capable de
prendre une résolution de lui--même;
Cela va tout seul, pour dire, qu'Une
affaire ne reçoit point de difficulté;
Cela va comme il plaît à Dieu, pour
faire entendre, qu'Une affaire est négligée,
que l'on n'en prend aucun soin;
Cela va sans dire, pour marquer Une
chose que l'on suppose certaine, et
qui n'a pas besoin d'être exprimée; Il
s'en est allé comme il est venu, pour,
Il n'a rien fait de ce qu'il vouloit ou
devoit faire; Tout s'en est allé en fumée,
pour, On n'a pas réussi; Tout
y va, la paille et le blé, pour, On
n'y a rien épargné; Il n'y va pas de
main morte, pour, Il frappe rudement,
il emploie tout ce qui dépend
de lui; Tout va à la débandade, pour,
Tout va en désordre.
Aller
Aller, se prend substantivement
dans ces façons de parler. Au long aller
petit fardeau pèse, pour marquer, qu'Il
n'y a point de charge si légère qui ne
devienne pénible à la longue; et qu'Un
homme a eu l'aller pour le venir, pour
dire, qu'Il n'a rien fait de ce qu'il prétendoit
faire où il étoit allé, qu'il a
fait un voyage inutile.
On dit aussi au substantif, Le pis
aller, pour dire, Le pis qu'il puisse
arriver, le moindre avantage qu'on
puisse avoir. S'il ne peut épouser cette
sille--là, son pis aller sera de demeurer
comme il est. Si vous ne trouvez mieux,
je serai votre pis aller. Appelez--vous cela
un pis aller?
On dit adverbialement, Au pis aller,
pour marquer Le plus grand mal, ou
le moindre avantage qui puisse arriver
de quelque chose. Au pis aller, il
en sera quitte pour une amende.
Allé, ée
Allé, ée. participe.
ALLEU
ALLEU. s. m. Terme de Droit public
et de Jurisprudence. Ce mot n'a
d'abord signifié qu'Un bien immeuble
patrimonial, une propriété héréditaire.
On y a ensuite ajouté l'idée
d'une franchise absolue de tout assujettissement
féodal; et on y a joint
communément le mot Franc. Ainsi on
dit, Un franc--alleu, pour désigner,
Un fond de terre qui ne dépend d'aucun
fief.
Le mot Franc--alleu, s'emploie aussi
pour signifier Cette franchise; et l'on
dit, Posséder une terre en franc--alleu,
pour dire, La posséder franche de tous
devoirs féodaux.
ALLIAGE
ALLIAGE. s. m. Union de plusieurs
métaux ou demi--métaux par la fusion.
Le bronze, le tombac, le cuivre jaune,
sont des alliages. Les monnoyeurs doivent
faire l'alliage selon l'ordonnance.
L'argent et le cuivre servent d'alliage
à l'or.
Alliage
Alliage, se met aussi au figuré.
Il y a peu de vertus humaines sans quelque
alliage.
ALLIAIRE
ALLIAIRE. s. f. Plante de la famille
des crucifères, qui s'emploie dans les
ragoûts et en Médecine. L'alliaire a
l'odeur et le goût de l'ail.
ALLIANCE
ALLIANCE. subs. fém. Union par
mariage. Il a fait une grande alliance
en mariant sa fille à un homme d'une si
haute naissance. Ces Maisons sont jointes
par plusieurs alliances.
Il se dit aussi De l'union, de la confédération
qui se fait entre des États
pour leurs intérêts communs. Les Suisses
ont une ancienne alliance avec la
France.
Alliance
Alliance, se dit aussi d'Une affinité
spirituelle. Voyez Affinité.
On appelle Ancienne alliance, L'alliance
que Dieu contracta avec Abraham
et ses descendans; et Nouvelle alliance,
L'alliance que Dieu a contractée
par la rédemption, avec tous ceux qui
croiroient en Jésus -- Christ. L'ancienne
alliance a duré depuis la vocation
d'Abraham jusqu'à la venue du Messie.
La nouvelle alliance dure depuis la venue
du Messie, et durera jusqu'à la consommation
des siècles.
Alliance
Alliance, se dit encore figurément
De l'union et du mélange de plusieurs
choses. Faire une alliance du sacré
et du profane, du vice et de la vertu.
Une heureuse alliance de mots.
Alliance
Alliance, se dit aussi d'Une bague
faite d'un fil d'or et d'un fil d'argent
entrelacés, qui fait l'anneau de mariage.
Acheter une alliance. Porter au
doigt une alliance.
ALLIER
ALLIER. v. act. Mêler, incorporer
ensemble. Allier l'or avec l'argent.
En ce sens on dit, Ces deux métaux
ne s'allient point, ne peuvent s'allier
ensemble.
Allier
Allier, à l'actif, signifie aussi,
Joindre par mariage; et alors il s'emploie
ordinairement avee le pronom
personnel. Il s'est allié en bon lieu. Il
veut se bien allier. S'allier à une bonne
famille, avec une bonne famille. Ces
deux familles se sont alliées.
Il se dit aussi Des Princes et des
États qui se liguent ensemble pour
leurs communs intérêts. Ces deux Républiques
s'allièrent ensemble. C'est l'intérêt
de leurs États qui allie ces deux
Princes.
Allié, ée
Allié, ée. participe.
Il est aussi substantif; et alors il
signifie, Celui qui est joint à un autre
par affinité. Cet homme--là est mon allié.
Nos parens et nos alliés. Nous ne sommes
pas parens, nous ne sommes qu'alliés.
Il signifie aussi, Celui qui est confédéré.
Le Roi a toujours eu soin de secourir
et d'assister ses alliés. Ce Prince--là
est allié de la Couronne. Cette République
est notre alliée.
ALLIER
ALLIER. s. m. (Ce mot n'est que
de deux syllabes.) Sorte de filet à
prendre des perdrix. Il a pris tant de
perdrix avec des alliers. Il est plus usité
au pluriel qu'au singulier.
ALLOBROGE
ALLOBROGE. s. m. Ce mot n'est
point mis ici comme un nom de Peuple
ancien, mais parce qu'on s'en sert
pour signifier Un homme grossier,
un rustre, un homme qui a le sens
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