LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 45

suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations. Se laisser aller à la faveur, aux présens. Elle s'est laissée aller à sa passion.

En ce sens on dit absolument, qu'Un homme se laisse aller, pour dire, que C'est un homme facile, et qu'on fait tout ce qu'on veut de lui.

Aller

Aller, joint avec le pronom personnel, et la particule en, est réfléchi; et alors il signifie, Partir, sortir d'un lieu. Il s'en va. Ils s'en iront bientôt. Il s'en est allé. Elles s'en sont allées. Il faut que tout le monde s'en aille. Va--t--en porter ma lettre.

Il signifie aussi, S'écouler, se dissiper, s'évaporer. Et dans ce sens on dit, Un muid de vin s'en va, pour, Le vin qui est dans le muid s'écoule, s'enfuit. Tout le vin s'en ira par--là, si on n'y prend garde. La fumée s'en va par la cheminée. Si l'on ne bouche bien cette fiole, tout l'esprit--de--vin s'en ira.

Dans les acceptions de ces deux derniers articles, on se sert aussi de Faire en aller; et ainsi on dit, Faire en aller tout le monde. Un secret pour faire en aller les punaises. De la pommade pour faire en aller les rousseurs. Un secret pour faire en aller la fièvre. Une pierre pour faire en aller les taches. Il est du style familier.

S'en aller

S'en aller, se dit aussi en parlant Du déclin de la vie, des approches de la mort. Les jeunes gens viennent, et les vieillards s'en vont. Cet homme est bien mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles. Il se dit pareillement De tout ce qui cesse d'être dans un sujet, ou qui commence à se passer, à s'effacer. On ne croit pas que sa fièvre s'en aille sitôt. Son mal s'en va peu à peu. Son rhumatisme s'en est allé par les sueurs. Sa beauté s'en va. L'éclat de son teint commence à s'en aller. Ce malade s'en va, Il n'est pas loin de la mort.

Il se dit encore De tout ce qui se dissipe, se consume, s'use en quelque manière que ce soit. Tout son argent s'en va en procès. Tout son temps s'en est allé à cette affaire. Voilà un habit qui s'en va.

On dit d'Une chose qui est sur le point d'être achevée, qu'Elle s'en va faite. Le Sermon s'en va dit. Le Carême s'en va fini. Il est du style familier. On dit aussi, Il s'en va onze heures. Il s'en va midi.

Dans les jeux de cartes, on dit, S'en aller d'une carte, pour, Se défaire d'une carte. Allez--vous--en de votre carreau. Je m'en suis allé de mon Roi de pique. S'en aller des plus hautes cartes.

Aller

Aller, s'emploie en diverses phrases proverbialement et figurém. Ainsi on dit, Aller son chemin, pour dire, Poursuivre son entreprise, ne se pas détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir; Aller son grand chemin, pour, Agir sans artifice; Aller vîte en besogne, pour, Agir avec précipitation; Aller et venir comme pois en pot, pour, Ne faire qu'aller et venir, se donner beaucoup de mouvement sans sujet; A sorce de mal aller, tout ira bien, pour, Il faut espérer qu'après beaucoup de malheurs et de disgrâces, il arrivera quelque révolution heureuse, et que ce qu'on croyoit devoir nuire à une affaire, y servira peut--être; On l'a bien hâté d'aller, pour, On lui a fait une rude réprimande; On va bien loin depuis qu'on est las, pour, Il ne faut pas se rebuter, se décourager dans les affaires; Tous chemins vont à Rome, pour dire, que Par différens moyens on arrive à même fin; Les premiers vont devant, pour, Les plus diligens ont toujours de l'avantage; Il va comme on le mène, pour, Il n'est pas capable de prendre une résolution de lui--même; Cela va tout seul, pour dire, qu'Une affaire ne reçoit point de difficulté; Cela va comme il plaît à Dieu, pour faire entendre, qu'Une affaire est négligée, que l'on n'en prend aucun soin; Cela va sans dire, pour marquer Une chose que l'on suppose certaine, et qui n'a pas besoin d'être exprimée; Il s'en est allé comme il est venu, pour, Il n'a rien fait de ce qu'il vouloit ou devoit faire; Tout s'en est allé en fumée, pour, On n'a pas réussi; Tout y va, la paille et le blé, pour, On n'y a rien épargné; Il n'y va pas de main morte, pour, Il frappe rudement, il emploie tout ce qui dépend de lui; Tout va à la débandade, pour, Tout va en désordre.

Aller

Aller, se prend substantivement dans ces façons de parler. Au long aller petit fardeau pèse, pour marquer, qu'Il n'y a point de charge si légère qui ne devienne pénible à la longue; et qu'Un homme a eu l'aller pour le venir, pour dire, qu'Il n'a rien fait de ce qu'il prétendoit faire où il étoit allé, qu'il a fait un voyage inutile.

On dit aussi au substantif, Le pis aller, pour dire, Le pis qu'il puisse arriver, le moindre avantage qu'on puisse avoir. S'il ne peut épouser cette sille--là, son pis aller sera de demeurer comme il est. Si vous ne trouvez mieux, je serai votre pis aller. Appelez--vous cela un pis aller?

On dit adverbialement, Au pis aller, pour marquer Le plus grand mal, ou le moindre avantage qui puisse arriver de quelque chose. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.

Allé, ée

Allé, ée. participe.

ALLEU

ALLEU. s. m. Terme de Droit public et de Jurisprudence. Ce mot n'a d'abord signifié qu'Un bien immeuble patrimonial, une propriété héréditaire. On y a ensuite ajouté l'idée d'une franchise absolue de tout assujettissement féodal; et on y a joint communément le mot Franc. Ainsi on dit, Un franc--alleu, pour désigner, Un fond de terre qui ne dépend d'aucun fief.

Le mot Franc--alleu, s'emploie aussi pour signifier Cette franchise; et l'on dit, Posséder une terre en franc--alleu, pour dire, La posséder franche de tous devoirs féodaux.

ALLIAGE

ALLIAGE. s. m. Union de plusieurs métaux ou demi--métaux par la fusion. Le bronze, le tombac, le cuivre jaune, sont des alliages. Les monnoyeurs doivent faire l'alliage selon l'ordonnance. L'argent et le cuivre servent d'alliage à l'or.

Alliage

Alliage, se met aussi au figuré. Il y a peu de vertus humaines sans quelque alliage.

ALLIAIRE

ALLIAIRE. s. f. Plante de la famille des crucifères, qui s'emploie dans les ragoûts et en Médecine. L'alliaire a l'odeur et le goût de l'ail.

ALLIANCE

ALLIANCE. subs. fém. Union par mariage. Il a fait une grande alliance en mariant sa fille à un homme d'une si haute naissance. Ces Maisons sont jointes par plusieurs alliances.

Il se dit aussi De l'union, de la confédération qui se fait entre des États pour leurs intérêts communs. Les Suisses ont une ancienne alliance avec la France.

Alliance

Alliance, se dit aussi d'Une affinité spirituelle. Voyez Affinité.

On appelle Ancienne alliance, L'alliance que Dieu contracta avec Abraham et ses descendans; et Nouvelle alliance, L'alliance que Dieu a contractée par la rédemption, avec tous ceux qui croiroient en Jésus -- Christ. L'ancienne alliance a duré depuis la vocation d'Abraham jusqu'à la venue du Messie. La nouvelle alliance dure depuis la venue du Messie, et durera jusqu'à la consommation des siècles.

Alliance

Alliance, se dit encore figurément De l'union et du mélange de plusieurs choses. Faire une alliance du sacré et du profane, du vice et de la vertu. Une heureuse alliance de mots.

Alliance

Alliance, se dit aussi d'Une bague faite d'un fil d'or et d'un fil d'argent entrelacés, qui fait l'anneau de mariage. Acheter une alliance. Porter au doigt une alliance.

ALLIER

ALLIER. v. act. Mêler, incorporer ensemble. Allier l'or avec l'argent.

En ce sens on dit, Ces deux métaux ne s'allient point, ne peuvent s'allier ensemble.

Allier

Allier, à l'actif, signifie aussi, Joindre par mariage; et alors il s'emploie ordinairement avee le pronom personnel. Il s'est allié en bon lieu. Il veut se bien allier. S'allier à une bonne famille, avec une bonne famille. Ces deux familles se sont alliées.

Il se dit aussi Des Princes et des États qui se liguent ensemble pour leurs communs intérêts. Ces deux Républiques s'allièrent ensemble. C'est l'intérêt de leurs États qui allie ces deux Princes.

Allié, ée

Allié, ée. participe.

Il est aussi substantif; et alors il signifie, Celui qui est joint à un autre par affinité. Cet homme--là est mon allié. Nos parens et nos alliés. Nous ne sommes pas parens, nous ne sommes qu'alliés.

Il signifie aussi, Celui qui est confédéré. Le Roi a toujours eu soin de secourir et d'assister ses alliés. Ce Prince--là est allié de la Couronne. Cette République est notre alliée.

ALLIER

ALLIER. s. m. (Ce mot n'est que de deux syllabes.) Sorte de filet à prendre des perdrix. Il a pris tant de perdrix avec des alliers. Il est plus usité au pluriel qu'au singulier.

ALLOBROGE

ALLOBROGE. s. m. Ce mot n'est point mis ici comme un nom de Peuple ancien, mais parce qu'on s'en sert pour signifier Un homme grossier, un rustre, un homme qui a le sens

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.