Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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parade, etc. Au couchant, au levant, etc. Être
au-dessus, au-dessous, au bas, au haut, etc.
Restez à ses côtés, à côté d'elle. Il est à nos
trousses. L'argent à la main. L'épée au côté.
Les larmes aux yeux. Le diadème au front. Sentir
une douleur au côté. Avoir une blessure à
l'épaule, à la cuisse. Marquer au front. Ils se
parlaient à l'oreille. S'arrêter à chaque pas. Se
prendre au piège. Être consigné à la porte.
Notaire à Paris, fabricant à Lyon.

À la face, à la vue de l'ennemi, En présence
même de l'ennemi. On dit en des sens analogues
Il fut battu aux yeux de la foule. La
chose s'est faite au vu et au su de tout le monde.
À son nez et à sa barbe. Au grand jour. À la
face du soleil. Coucher à la belle étoile. À genoux.
À pieds joints. À tâtons. À reculons. Attacher,
fixer à la muraille, atteler à la charrue. Saisir
quelqu'un aux cheveux, aux oreilles, à l'épaule.
À regret. À dessein. À toute force. À tort ou à
raison. Il pleut à verse. À feu et à sang. À
l'abri. À la française.

Il sert à désigner l'Institution, l'établissement
auquel une personne est attachée.
Conseiller à la Cour de cassation. Avocat à la
Cour d'appel de Paris. Professeur au Collège
de France.

À s'emploie dans quelques locutions elliptiques
servant à désigner par son enseigne
un Hôtel, un magasin. Au Cheval blanc. À la
Boule d'or. Au Gagne-petit.

À s'emploie lorsqu'on veut indiquer le
Temps, l'époque, la circonstance. Au commencement
de l'été. À la fin du mois. Au jour
indiqué. À l'aube du jour. Au matin. Au soir.
Se lever à six heures. Rentrer à une heure
indue. Nous arrivâmes à la même heure. Je
l'attends à tout moment, à toute heure. À l'heure
qu'il est. Tout à l'heure. À présent. Au temps
où nous sommes. Il mourut à l'âge de quatorze
ans, à quatorze ans. Il fut tué au siège
de telle place. Je le ferai à mon premier loisir.
On l'accueillit fort bien à son arrivée. À l'instant
où j'allais sortir, il vint chez moi.
On dit elliptiquement,
dans un sens analogue, à une
personne que l'on quitte, À demain, à ce soir,
à dimanche, etc.

Il sert encore, dans quelques locutions,
déterminer un Espace de temps, une durée.
Payer au mois. Louer à l'année. Travailler
à la journée. Pension à vie. Rente à perpétuité.
À jamais. À la vie et à la mort. À la longue,
tout s'use.

Il s'emploie pour désigner le Rapport de
deux faits entre eux. À ma mort, il héritera
de cette maison. Au premier coup de canon,
la ville capitula. À la troisième sommation,
ils se retirèrent. Partir au premier signal.
On accourut à ses cris.

IV° - À marque la Provenance. Puiser de
l'eau à une fontaine. Prendre à un tas. La
poésie grecque commence à Homère. Les Latins
ont beaucoup emprunté aux Grecs.

Il peut désigner par suite Ce qu'on détache
de quelqu'un ou de quelque chose. Ôter ses
vêtements à quelqu'un. Enlever la ville aux
ennemis.

V° - À marque encore l'espèce, la qualité
caractéristique. Vache à lait. Canne à sucre.
Instrument à cordes. Machine à vapeur.

Indépendamment de ces significations générales,
À en a beaucoup d'autres, qui forment
des idiotismes, et dont on ne peut énumérer
que les plus importantes.

À, suivi d'un infinitif, prend des sens très
différents. À le voir, on juge de son état. En
le voyant, etc. À ne considérer que telle chose,
En ne considérant que telle chose ou Si on
ne considère que. À le bien prendre. À tout
prendre. À voir les choses de sang-froid. À
compter de ce jour. À partir de telle époque.
Facile à dire. Bon à manger.

À l'en croire, à l'entendre, etc., S'il faut
l'en croire, etc.

À dire la vérité, à vrai dire, à parler franc, à
ne rien dissimuler, etc.,
Pour dire la vérité, etc.
à la paume.

Vin à boire, Vin bon à boire. C'est un ouvrage
à recommencer,
Qu'il faut recommencer. C'est
un avis à suivre,
Qu'il faut suivre. C'est un
homme à récompenser. Il en est plus à craindre.
Il n'en est que plus à estimer. C'est un homme
à pendre. C'est un livre non seulement à lire,
mais à relire souvent.
On dit dans un sens analogue
Vous n'avez qu'à parler, qu'à vouloir, etc.
C'est une affaire à vous perdre,
Qui pourra
vous perdre. C'est un procès à ne jamais finir.
C'est un conte à dormir debout,
Qui pourrait
faire dormir debout. Il est homme à se fâcher,
Capable de se fâcher. Cela n'est pas à dédaigner,
Cela n'est pas méprisable. Cette place
est à prendre. Je suis encore à savoir comment...

J'ignore comment...

Devant un infinitif, il peut quelquefois
s'expliquer par De quoi. Verser à boire. Il
n'a pas à manger. Il ne trouve pas à s'occuper.
Il y aurait à craindre. Trouver à redire. Il n'y
a pas à balancer.
On dit dans un sens analogue
Le temps que j'ai à vivre, Pendant
lequel je dois vivre. L'argent que j'ai à dépenser,
Que je puis ou que je dois dépenser. N'avoir
rien à répliquer, ne trouver rien à répondre.

Il se place encore devant l'infinitif des
verbes, dans divers autres sens. Ainsi on
dit Je suis ici à l'attendre.

À, suivi d'un nom, signifie Au prix de.
Dîner à trente francs par tête. Emprunter à
gros intérêts. Placer ses fonds à cinq pour cent.
Les places sont à dix francs. Acheter du drap
à vingt francs le mètre. Vendre à bon compte.
Donner une marchandise à vil prix, à bon
marché, etc. Vivre à peu de frais.

De telle ou telle façon. Aller à la débandade.
À la hâte. À l'improviste. À merveille.
À la légère. À la diable, etc.

Au moyen de. Pêcher à la ligne. Jouer
à la paume. Se battre à l'épée, au pistolet.
Mesurer à l'aune, au mètre. Dessiner à la
plume. Tracer au crayon, au compas. Travailler
à l'aiguille.
On dit de même par
ellipse Des bas à l'aiguille, au métier, etc.

Selon, suivant. À mon gré. À sa fantaisie.
À sa manière. À mon choix. À votre avis.
À ma gauche. À leur jugement. Chapeau à
la mode. Habit à ma taille. Parler à son tour.
Marcher à son rang. À la rigueur, on pourrait
admettre cette opinion. À votre compte, je serais
votre débiteur. À ce que je crois, vous voulez
partir. Boire à sa soif. Manger à sa faim. Dieu
fit l'homme à son image. Il voulut, à l'exemple
de son père... À la vérité, à plus forte raison, etc.

Jusqu'à. Il est amoureux à la folie. Je suis
malade à garder le lit.
On dit aussi avec un
infinitif Souffrir à crier.

Avec. Table à tiroir. Canne à épée. Voiture
à deux roues. Clou à crochet.

Contre. Dos à dos. Corps à corps. Face à face.

Quelquefois il se rapproche de la signification
d'Après. Goutte à goutte, une Goutte
après l'autre. Démonter une pendule pièce
à pièce. Pas à pas. Mot à mot. Sou à sou.
Peu à peu. Deux à deux.

Il s'emploie quelquefois quand on veut
exprimer un Nombre approximatif. Cinq à
six lieues. Vingt à trente personnes. Quinze
à vingt francs.

À suivi d'un nom de nombre, indique
une action faite conjointement par deux ou
plusieurs personnes. Louer une maison à trois.
Être à deux de jeu.

Quelquefois À, devant le relatif qui, sert
à former des locutions elliptiques qui expriment
une Sorte de rivalité, de concurrence.
Ils dansaient à qui mieux mieux. C'est à qui ne
partira point. Tirons à qui fera, à qui jouera
le premier. Ils s'empressaient à qui lui plairait
davantage. Disputer à qui obtiendra une faveur.

ABAISSANT, ANTE. adj. Qui abaisse,
qui rend inférieur moralement. Langage
abaissant. Théories abaissantes.

ABAISSE. n. f. T. de Pâtisserie. Morceau
de pâte aplati sous le rouleau.

ABAISSEMENT. n. m. Action d'abaisser,
de s'abaisser, ou Résultat de cette action.
L'abaissement d'un mur. L'abaissement des
eaux. L'abaissement du mercure dans le
baromètre. L'abaissement de la voix.

En termes d'Astronomie, Abaissement d'un
astre,
Quantité dont on doit diminuer la
hauteur apparente d'un astre pour avoir sa
hauteur vraie.

Il est plus souvent employé au figuré et
signifie Diminution, affaiblissement. Abaissement
des caractères. Abaissement de l'âme.
Louis XI travailla beaucoup à l'abaissement
de la maison de Bourgogne. L'abaissement de
la natalité. L'abaissement des revenus, du
taux de l'intérêt.

Il s'emploie encore absolument et signifie
Humiliation volontaire, état dans lequel on
se met quand on s'abaisse volontairement.
Se tenir dans l'abaissement devant Dieu.

Il signifie aussi Humiliation forcée, état
de bassesse où l'on est mis malgré soi. Cet
esprit altier se révolte contre un si grand
abaissement. Cette famille est réduite à vivre
dans l'abaissement.

ABAISSER. v. tr. Faire descendre, diminuer
la hauteur. Abaisser un store. Le terrain
s'abaisse insensiblement à mesure qu'on avance
vers la mer. Le soleil s'abaissait sur l'horizon.
Abaissez vos regards sur cette plaine. Abaisser
une muraille. Abaisser le ton de la voix. Sa
voix, son ton s'abaisse à mesure que son esprit
se calme.

En termes de Géométrie, Abaisser une
perpendiculaire sur une ligne,
Mener une perpendiculaire
à une ligne d'un point pris hors
de cette ligne.

En termes d'Algèbre, Abaisser une équation,
Réduire à un moindre degré une équation
d'un degré supérieur.

En termes de Pâtisserie, Abaisser de la
pâte,
La rendre mince, en l'étendant avec le
rouleau.

Il s'emploie encore figurément et signifie
Déprimer, humilier. Dieu abaisse les superbes.
Je n'abaisserai point ma dignité, mon caractère,
à me commettre, jusqu'à me commettre avec lui.
Cet historien affecte d'abaisser nos grands
hommes.

S'ABAISSER signifie aussi au sens moral
S'avilir, se dégrader. Je ne m'abaisserai point
à me justifier, à feindre. Il s'abaisse à des
démarches indignes de lui. Il sait être aimable
à tous sans jamais s'abaisser.

Il signifie particulièrement S'humilier, se
soumettre. S'abaisser devant la volonté de
Dieu, sous la main de Dieu.

Le participe passé ABAISSÉ, ÉE, se dit, en
termes de Blason, de Toutes les pièces placées
dans l'écu au-dessous de leur situation
ordinaire, et particulièrement du Vol des
oiseaux, lorsque l'extrémité de leurs ailes est
inclinée vers la pointe de l'écu. Vol abaissé.

ABAISSEUR. adj. m. T. d'Anatomie. Dont
la fonction est d'abaisser les parties auxquelles
il est attaché en parlant d'un muscle.
Muscle abaisseur.

Il s'emploie aussi comme nom. L'abaisseur
de l'oeil, de la lèvre.

ABAJOUE. n. f. Espèce de poche située
entre les joues et les mâchoires de certains
animaux, qui s'en servent pour y placer leurs
aliments et les y conserver quelque temps.

ABANDON. n. m. État d'une personne,
d'une chose abandonnée. Ce vieillard est
dans le plus affreux abandon. Il mourut
dans l'abandon. Il laisse sa maison dans un
abandon, dans un état d'abandon qui en
augmente tous les jours la dégradation. Il est
dans l'abandon de Dieu.

Il signifie aussi Action d'abandonner.
Son absence et l'abandon de sa maison, de
sa terre, ont achevé de le ruiner. L'abandon
de ses amis l'a consterné.

Il s'emploie de même au sens moral et

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