Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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Page C744a

tristes nuits et des jours déplorables. Jérus. Déliv.
   Rome, en les voyant paroître,
   Cessa de se reconoître
   Dans ses tristes rejetons.
       Rousseau.
  Le pôle du midi, noir séjour du silence,
  N'ofre aux tristes humains qu'une éternelle nuit.
       De Lille.
"En style famil. Faire triste mine, avoir la mine chagrine. Faire triste mine à quelqu'un; le recevoir froidement. = Boileau done à triste le sens de malheureux.
   Sur les tristes mortels le faux honeur domine.
       Sat. X.
Il n'a pas voulu dire, sur les pauvres mortels, parce que l' expression est triviale; mais, les tristes mortels, a-t'il, selon l'usage, le sens qu'il lui done? J'en doute. = Dans le langage précieux moderne, on apèle triste tout ce qui est sérieux, ennuyeux. "Je ne puis soutenir la vue d'un homme, qui ose nier les tristes et fades déclarations, dont il m'a excédée. Marm. "Ce triste Savant, qui endoctrine votre fils. Coyer, Île Frivole. Id. Ibid.
   TRISTEMENT, d'une manière triste. "Il la regardait tristement. Il vit bien tristement, etc.
   TRISTESSE, Afliction, déplaisir. "Il est tombé dans une grande tristesse. "Ce nouveau chagrin achève de m'acabler et redouble la tristesse mortelle, qui me consume. Cic. à Atticus. Mongault.
   TRISTESSE, Chagrin, afliction, douleur, désolation, (syn.) Tristesse difère de chagrin, en ce que celui-ci peut être intérieur, et que la tristesse se laisse voir au dehors. La tristesse, dâilleurs, peut être dans le caractère et dans la disposition habituelle, sans aucun sujet; et le chagrin a toujours un sujet particulier. — L'idée d'afliction ajoute à celle de tristesse; celle de douleur, à celle d'afliction, et celle de désolation, à celle de douleur. — Chagrin, tristesse et afliction ne se disent guère en parlant de la douleur d'un peuple entier, sur-tout le premier de ces mots. Afliction et désolation ne se disent guère en Poésie, quoique afligé et désolé s'y disent très-bien. Chagrin, en Poésie, sur-tout lorsqu'il est au pluriel, signifie plutôt inquiétude et souci, que tristesse aparente ou cachée. Voy. CHAGRIN. — Enfin, douleur se dit également des sensations désagréables du corps, et des peines

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