Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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elle est suivie d'une voyelle, que j'aye eu, que j'aye été. — Et pourquoi ajoute-t-il, se prononcerait-il autrement, que je paye, j'essaye? — La vérification de ces deux faits n'est pas aisée. Car, comment compter les sufrages de ceux qui ont la réputation de bien parler. Est-ce à la Cour, est-ce dans la Capitale, est-ce parmi les Gens de Lettres qu'il faudra les choisir? Et puis, après les avoir comptés, il faudra les apprécier: nouvel embarras! que faire donc? Choisir de ces deux pratiques celle qui plaira le plus, en attendant que la question soit mieux examinée, et qu'elle soit décidée s'il est possible; car, où est le Tribunal qui ait ce droit? — Dans le Dict. Gram. on a suivi la pratique de MM. de Port Royal et du grand nombre de Gramairiens qui les ont suivis. Ici, nous nous contenterons de dire, qu'aye nous paraît mieux devant une voyelle pour éviter l'hiatus, et que aie nous paraît plus doux devant une consone.
   Loin que des cris de joie ou des accens d'amour
   Ayent dans cet Hémisphère annoncé mon retour.
       Le Chev. de Langeac.
L'Imprimeur n'aurait pas dû écrire ayent: avec cette ortographe, il y aurait une syllabe de trop. — Il faut aient.
   AVOIR, c'est posséder de quelque manière que ce soit: "Avoir du bien, une charge, un bénéfice, de l'argent, des terres, des maisons, etc., etc. — Avoir, posséder, (synon.) Il n'est pas nécessaire de pouvoir disposer d'une chôse, ou qu'elle soit actuellement entre nos mains pour l'avoir: il sufit qu'elle nous apartiène. Mais, pour la posséder, il faut qu'elle soit en nos mains et que nous ayions la liberté actuelle d'en disposer, ou d'en jouïr. Ainsi, nous avons des revenus, quoique non payés, et nous possédons des trésors. On n'est pas toujours le maître de ce qu'on a: on l'est de ce qu'on possède.
   AVOIR, s'unit avec un grand nombre de noms employés sans article ou avec l'article. Avoir faim, soif, froid, chaud. Avoir raison, tort, envie, peur, etc. Avoir de la joie, de l'honeur, etc. Avoir la gloire, la honte de, etc., etc. suivant comme il est combiné avec ces divers noms, il a, ou il leur comunique divers régimes. Aussi, Avoir parait-il le plus souvent dans les Dictionaires, et sur-tout dans celui-ci.
   Rem. 1°. Quoique plusieurs noms régis par avoir ne prènent point d'article, comme avoir coutume, compassion, pitié, dessein,

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