Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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prov. On dit, de ce qui a été examiné légèrement, qu'il a été pâssé au grôs sâs.

SATAN


SATAN, s. m. Nom doné au Démon dans l'Écriture. "Renoncer à Satan et à ses pompes. = La Rûe écrit toujours sathan, sathanique, contre l'usage. "Ces deux sathaniques passions (la haine et l' envie). Cet adjectif n'est point usité.

SATELLITE


SATELLITE, s. m. [On prononce les 2 l, sans les mouiller: Satèl-lite: 2e è moy. dern. e muet.] Homme armé, et qui est aux gages d'un aûtre, pour être le ministre de ses violences. — Il ne se prend qu'en mauvaise part.
   Vos ordres sont suivis. Déjà vos Satellites,
   D'Élide et de Messène, ocupent les limites.
       Mérope.
— En Astronomie, petite planète, qui tourne autour d' une plus grande.

SATIÉTÉ


SATIÉTÉ, s. f. [Sa-cié-té, et en vers sa--ci-été; 3e et dern. é fer.] Réplétion d'alimens, qui va jusqu'au dégoût. "Manger jusqu'à satiété, ou, jusqu'à la satiété. Le 1er est le meilleur. = Ce mot est tout latin, dit Andry: cependant comme nous n'en avons point, qui exprime bien ce qu'il signifie, de bons Auteurs n'ont point fait dificulté de s'en servir. La Touche observe que l'Acad. ne le désaproûve point. Depuis ces remarques, il s'est toujours mieux établi. On s'en sert sur-tout au figuré; la satiété des plaisirs, des honeurs, des richesses. "Le dégoût produit par la satiété des plaisirs, jette dans de bizarres rafinemens, ou dans de funestes excès. L'Ab. Trublet. "L'esprit trop prodigué déplaira toujours; par cela seul que tout excès produit la satiété, et la fatigue. Id. Tandis que les inconcevables détails du Siège et de la prise de Charles-Town remplissoient les gazettes jusqu'à satiété. LING.

SATIN


SATIN, s. m. SATINADE, s. f. SATINER, v. act. [Sa-tein, tinadé, : dern. é fer. au 3e.] Satin est une sorte d'étofe de soie plate, douce, moelleuse et lustrée. Satinade, petite étofe de soie très-mince, qui imite le satin. Satiner, doner à une étofe, à un ruban, l'oeuil du satin. = V. n. "Tulipe, qui satine, qui aproche du satin. Terme de Fleuriste. = Des discours satinés est une expression de Rousseau.
   ......Et je fais conscience
   De~ voir qu'à tout propos, un homme vous encense;
   Et qu'il vous vienne, avec des discours satinés, {C525a~}
   Bailler de l'encensoir tout au travers du nez.
       Le Flateur.

SATIRE


SATIRE, s. f. SATIRIQUE, adj. SATIRIQUMENT, adv. SATIRISER, v. act. [On écrivait, il n'y a pas long-tems, satyre, etc. avec un y, et plusieurs l'écrivent encore de la sorte. On n'écrit plus l'y qu'au mot Satyre, s. m. Demi-Dieu de la Fable.] Satire, ouvrage mordant.
   Ils blâment la satire et forgent des libelles;
   Ils prêchent la concorde et vivent de querelles.
       Le Franc.
Satirique, qui apartient à la satire. Satiriquement, d'une manière satirique. Satiriser, râiller, critiquer d'une manière piquante et satirique. "Satire piquante; sanglante satire.
   Je ne sentis jamais la verve, qui m'inspire;
   Rien n'éveille l'esprit autant que la satire.
       PALISSOT.
  Ah! si ce peuple important,
  Qui semble avoir peur de rire,
  Méritoit moins la satire,
  Il ne la craindroit pas tant.
       La Fare.
Faire une satire. Faire la satire des moeurs du siècle. "Ouvrage, pièce, discours, trait satirique. "Homme, esprit, langue satirique.
   Son humeur satirique sans cesse nourrie
   Par le coupable encens de votre flaterie;
   Et son coeur à railler trouveroit moins d'apas,
   S'il avoit observé qu'on ne l' aplaudît pas.
       Misantr.
"Cela est dit satiriquement. "Il satirise ses meilleurs amis. = Boileau emploie satirique substantivement. "Un satirique, dit-il,
   Est l'éfroi du Public et la haine des Sots.
   Rem. Le style satirique a de grands privilèges par raport à la langue, et de grands abus par raport à la société. Tout est bon dans ce style: la malignité satisfaite pâsse tout, pardone tout. On invente des mots; on ressuscite les anciens; on se sert d'expressions, âilleurs trop basses, et qui trouvent ici leur place. Tout est pardoné jusqu'aux figûres outrées; et pourvu qu'on ne pousse pas ces licences à l' excês, tout est bien reçu; tout est aplaudi. On ne peut s' autoriser des prérogatives d'un pareil style dans des écrits d'un aûtre genre.

SATISFACTION


SATISFACTION, s. f. SATISFACTOIRE, adj. SATISFAIRE, v. act. et n. SATISFAISANT, {C525b~} ANTE, adj. [Satisfak-cion, fak-toâ--re, fère, fèzan, zante: 3e è moy. au 3e et au 4e; la 4e est longue au 2d et aux deux dern.] Satisfaire, actif; contenter, doner sujet de contentement. "Enfant, écolier, qui satisfait son père, son maître. "Il est mal-aisé de satisfaire tout le monde.
   J'ai reçu par vos mains le prix de mes forfaits;
   Puissent les justes Dieux en être satisfaits!
       RHADAMISTHE.
= Satisfaire sa passion, sa vanité, sa curiosité. = Plaire; cela satisfait l'esprit, le goût; son discours n'a satisfait persone. = Satisfaire (remplir) l'atente de, etc. Il n'a pas satisfait l'atente du Public. = Se Satisfaire, contenter le désir qu'on a. — Se satisfaire soi-même, tirer raison d'une ofense.
   SATISFAIRE, neutre. Remplir son devoir envers. Il régit à: satisfaire à son devoir, aux comandemens de Dieu, à sa Justice, aux ordres du Roi; à ses créanciers. Et sans régime: il a entièrement satisfait: il a tout payé.
   Dans le langage de la Religion, on dit satisfaire pour, faire pénitence. Marivaux dit, en ce sens, satisfaire à. "Les peines que je vais soufrir, satisferont à mes fautes. Spect. Fr. Il faut, pour mes fautes.
   Rem. Dans le 1er sens, il est toujours actif. "Ce n'a pas été mon dessein de satisfaire aux Pédans, ni aux Grammairiens, dit le P. Rapin. Il devait dire, de satisfaire les Pédans, etc. "Ne pouvant satisfaire au desir, qu'il avoit de combatre encore une fois contre les Infidèles. Maimb. Il falait, satisfaire le desir, etc. = Satisfait régit de devant les noms et les verbes. "Ils n'étoient pas satisfaits de son gouvernement.
   Satisfaits d'assouvrir de l'aveugle Nature
   Les desirs éfrénés.
       Rousseau.
  SATISFACTION a les deux sens du verbe. 1°. Contentement. Suivant M. Beauzée, le contentement est dans le coeur; la satisfaction est plus dans les passions. Le premier est un sentiment, qui rend toujours l'âme tranquille; le second est un succês, qui jette quelquefois l'âme dans le trouble. "On desire d'aquérir un bien; enfin, il arrive: on est satisfait; mais on n'est pas

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