Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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Page C505b

dit ruptûre et au propre et au figuré, et avec un régime des chôses. Voyez plus haut.

RURAL


RURAL, ALE, adj. 1°. Il se dit des fonds de terre. Qui est situé à la campagne. "Fonds rural, servitude rurale. "Des biens, des fonds ruraux. = Doyen rural, Curé comis par l'Évêque pour avoir inspection sur les Curés d'un certain district.

RûSE


RûSE, s. f. RUSÉ, ÉE, adj. RUSER, v. n. [Rû-ze, ru-zé, zé-e, : 1er lon. au 1er, 2e e muet au subst. é fer. à l'adj. et au verbe.] Rûse, finesse, artifice. Rusé, qui a de la rûse, qui est plein de rûses. Ruser, se servir de rûses. "User de rûses. Ses rûses sont conûes. Quelle rûse! Voyez la rûse! "Rûse de guerre. "Il est bien rusé, elle est bien rusée. = Subst. "C'est un fin rusé, une fine, une petite rusée. "On dit qu'il est permis de ruser à la guerre. "Ce chicaneur rûse, ne fait que ruser.
   Le Ciel ne m'a point fait d'une étofe assez fine
   Pour faire un courtisan. Je n'en ai ni la mine,
   Ni le jeu. Je ne sais ni mentir, ni ruser,
   Je fais profession de ne rien déguiser.
       Le Flateur.
REM. Rusé, contre l'ordinaire des adjectifs terminés en é fermé, précede quelquefois le substantif. "C'est un rusé manoeuvre, un rusé matois. "Clovis, conquérant audacieux, rusé politique. Moreau. C'est que rusé est un pur adjectif, et qu'il n'est interdit qu'aux adjectifs verbaux ou aux participes employés adjectivement, de précéder le nom qu'ils afectent. Voy. ADJECTIF. V. n°. 4°.

RUSSE


RUSSE, adj. et subst. [Ruce; 2e e muet.] Qui est de Russie. On disait autrefois les Russiens; et Fontenelle a encore dit, la Langue Russienne, la Nation Russienne, les Armées Russiennes. Le Gendre dit aussi, les Russiens. On dit aujourd'hui, les Russes, la langue russe, etc.

RUSTAUD


RUSTAUD, AUDE, adj. et subst. RUSTICITÉ, s. f. RUSTIQUE, adj. RUSTIQUEMENT, adv. RUSTIQUER, v. act. RUSTRE, s. m. et adj. [Rustô, tôde, ticité, tike, keman, , rustre: 2e lon. aux deux prem. e muet au dern. 3e e muet au 4e et au 5e, é fer. au 6e.] Rustaud et rustre, ont le même sens. Qui est grossier, qui tient du paysan. "Il est bien rustaud: il~ a l'air rustaud, la mine rustaude; l'air rustre, {C506a~} la mine rustre. "C'est un grôs rustaud, un vrai, un grôs rustre; un paysan grossier; et par extension, un homme impoli, grôssier et brutal. = Rustauderie est un mot de Mde. de Sévigné. Rusticité. "Corbinelli me trouve un peu enrôlée dans la sacrée paresse; mais je ne sais si ma santé ne me rendra point ma rustauderie.
   RUSTICITÉ, grossièreté, rudesse, en parlant des persones. "Rusticité dans les manières, dans le langage. La Touche, au comencement de ce siècle, observe comme une chôse digne de remarque, qu'il est employé par de bons Écrivains, et qu'il est dans le Dict. de l' Acad.
   RUSTIQUE, 1°. champêtre. "Vie, air, danse rustique.
   Prêt à quiter pour toi la rustique musette.
       Gresset.
En prôse on dirait, la musette rustique.
  Sous ses rustiques toits, mon père vertueux,
     Fait le bien, suit les loix, et ne craint que les Dieux.       Mérope.
"La Maison Rustique, titre d'un Livre, qui traite du ménage de la campagne. = 2°. Inculte, sans art. "On trouve dans ce canton des promenades rustiques et solitaires. "Ce pays a un air rustique, qui plait. = 3°. Grossier, rude, peu poli. "Air, physionomie rustique; manières rustiques. Voy. IMPOLI.
   Il est vrai qu'il n'est point d'animaux plus rustiques,
   Ni plus impertinens, que certains domestiques.
       Rousseau.
  RUSTIQUEMENT, d'une manière rustique, grossière. "Il parle, il agit rustiquement.
   RUSTIQUER, terme d'Architectûre, crépir une murâille en façon d'ordre rustique.

RUT


RUT, s. m. Il se dit des cerfs, et de quelques autres bêtes faûves, quand elles sont en amour. "Quand les cerfs sont en rut. Pendant le rut,


S



S


S, s. f. ou m. On prononce, suivant l'anciène méthode, esse; et selon la moderne, se, un se. = C'est la 19e lettre de l'alphabet {C506b~} et la 15e des consones. = 1°. Cette consone a deux sons, l'un plus fort, l' aûtre plus doux. Le premier est le même devant toutes les voyelles que celui du c devant l'e et l'i: le second est le même que celui du z. = Les Allemands troûveront un exemple de l's forte dans Schen, les Anglais dans Singular, les Italiens dans Sano, les Espagnols dans Salud. — Pour l's douce, Voy. Z. = L's a ce premier son plus rude: 1°. au comencement des mots: Saint, sacre, secret, silence, someil, sucre, etc. — 2°. Aprês une consone: penser, verser, etc. — 3°. Quand elle est redoublée, rassurer, ressentir, rissoler, rosse; ruisseau, etc. Il faut donc la redoubler, lorsque placée entre deux voyelles, elle se prononce fortement. Delà vient que certains mots composés, dont le simple comence par une s, suivie d'une voyelle, s'écrivent avec la double ss, afin qu'on prononce l's fortement: desservir, resserrer, etc. Voy. RESS. = Elle a le son du z, quand elle est entre deux voyèles: raser, léser, brisée, rose, rûse pron. razé, lé-zé, brizé-e, rôse, rûse. Elle a le même son dans les mots composés de la préposition latine trans, quoiqu'elle soit à la suite d'une consone: Transiger, transition; pron. tranzigé, zi-cion. Excepter Transylvanie, et transir ou l's a le son fort: Trancilvanie, tranci. = Au contraire, dans les mots suivans, qui sont composés, l's a un son fort, quoiqu'elle soit entre deux voyelles; et qu' elle ne soit pas redoublée: préséance, présuposer, tournesol, parasol, monosyllabe. Le P. Bufier y ajoute désaisir, présentir, présentiment, mais ces derniers mots s'écrivent plus comunément avec 2 ss: Dessaisir, pressentir, etc. = II. Aûtrefois on écrivait au milieu des mots des s, qu'on a suprimées dès le comencement du Siècle: paste, taster, teste, croistre, tantost, etc. on écrit aujourd'hui, pâte, tâter~, tête, croître, tantôt, etc. L's suprimée a été remplacée par l'accent circonflexe; mais cet accent n'est convenable que sur les voyelles longues et sur les ê ouverts. Voy. PRÉFACE, Article ORTOGRAPHE = III. Excepté dans la première conjugaison, les verbes prènent une s à la 1re et à la 2de persone du Présent de l'indicatif; et ceux mêmes de la 1re conjugaison, la prènent à la 2de persone. "Je dis, je vois, je rends, je sais. Le {C507a~} verbe avoir est le seul de son espèce, qui n'ait point subi la loi comune. On écrit toujours J'ai et point aûtrement, quoiqu'on écrive je fais, je sais avec une s. = À~ la 2de persone, il n'y a point d'exception: on écrit tu as, tu demandes, comme, tu lis, tu fais, tu promets, etc. Il n'est pas permis, même aux Poètes, de retrancher cette s pour la comodité du vers; p. ex. tu soufre un importun: il faut dire, tu soufres. — Cependant plusieurs Poètes três-estimés l'ont retranchée, non seulement à la 2de persone, mais à la 1re. Racine:
   Visir, songez à vous, je vous en averti,
       Bajazet.
Et à la 2de de l'Impératif:
  Cours, ordone et revien.
      Phèdre.
Et Boileau.
   N'est-ce pas vous que je voi?.....
   Ce discours te surprend, Docteur, je l' aperçoi.
   Il est peu de persones, dit D'olivet, qui ne pensent que c'est par licence poétique que les Poètes retranchent quelquefois cette s à la fin du vers. Cela est vrai dans l'usage actuel, mais dans l'origine, c'est tout le contraire. Du tems de Ronsard et de Marot, cette 1re persone était sans s; je voi, je rend, etc. On permit dabord aux Poètes d'ajouter une s pour éviter l'hiatus dans le cours du vers. Cet usage passa peu à peu à la prôse; et ce qui, dans son principe, n'était qu'une permission acordée aux Poètes, est devenu, dans la suite, une obligation, et pour les Poètes et pour les Prosateurs. = IV. L's finale ne se prononce jamais ou presque jamais, lorsque le mot suivant comence par une consone; et c'est une prononciation gascone de faire soner cette s à la fin des mots. Mais quand le mot, qui suit, comence par une voyelle ou une h muette, on prononce l's dans le discours soutenu et dans les vers. Pour le discours ordinaire, ce serait une afectation ridicule de vouloir prononcer les s finales. Ainsi l'on prononce: ils sont venus avec nous, comme s'il y avait; son venu avec, etc. — Exceptez pourtant les articles, les pronoms, et les adjectifs, qui précèdent immédiatement les substantifs; les hommes, des actions, ses honeurs, de belles actions, de bons enfans, doivent se prononcer comme s'ils étaient écrits lè zome, sè zoneur, de bè--lezakcion, de bonzanfan; et non pas lè ome, {C507b~} etc. = Dans toutes les ocasions, où l's finale se prononce devant une voyelle, elle a le son du z: vas-y; viens-à moi: pron. va zi, vien za moa. = L's finale se prononce fortement dans quelques mots, tels qu'un as, agnus, bis, bolus, calus, pus, Orémus, rebus, sinus et autres mots tirés des langues étrangères; Aloès, Vénus, Bacchus, Plutus, etc. Elle se prononce aussi dans quelques noms de terre, Lus, Cailus. Dans JESUS, elle se prononce~ ordinairement. Souvent pourtant on en afaiblit le son dans le discours familier.

SABBAT


SABBAT ou SABAT, s. m. SABATINE, s. f. SABATIQUE, adj. fém. [Saba, le t ne se prononce pas; batine, batike; dern. e muet aux 2 derniers.] Sabat est 1°. le nom, que portait chez les Juifs, le dernier jour de la Semaine: le Sabat, le jour du Sabat. "Chez les Juifs, il n'est pas permis de travailler les jours de Sabat. = 2°. L'assemblée nocturne, que le peuple croit que les Sorciers tiènent pour adorer le Diable. On dit, proverbialement, faire le Sabat, un grand bruit. "Voilà ma compagnie, qui me fait un Sabat horrible. Sév. Dans le tems qu'elle écrivait.
   Voyez le beau Sabat, qu'il font à notre porte,
   Messieurs, allez plus loin tempêter de la sorte.
       Les Plaideurs.
  SABATINE, petit acte ou dispute, que les Écoliers de philosophie font au milieu de la première année de leur cours.
   SABATIQUE ne se dit qu'avec année; chaque septième année était chez les Juifs l'année sabatique, comme le septième jour s'apelait le Sabat.

SâBLE


SâBLE, s. m. SABLER, v. act. SABLIER, s. m. SABLIèRE, s. f. [1re lon. au 1er et dans le verbe devant l' e muet: il sâble, sâblera, etc. 2ee muet au 1er, é fer. au 2d et au 3e, è moy. et long au dern. ble, blé, blié, bliè-re.] Sâble est 1°. Sorte de terre légère, menûe, mélée de petits grains de gravier. "Sâble de terre, de mer, de rivière, de ravine, etc. = Fig. Bâtir sur le sâble, fonder des entreprises sur quelque chôse de peu solide. = 2°. Gravier, qui s'engendre dans les reins, et qui forme la gravelle. = 3°. Horloge de verre, composée de deux fioles, où le sâble, tombant de l'une dans l'aûtre, mesûre un certain espace de tems.
   Rem. Le peuple, en certaines Provinces,

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