Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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moi, malgré tout le monde; on ne pourrait pas se servir dans ces phrâses de nonobstant. = Malgré, se dit des persones et des chôses; nonobstant, ne régit que les chôses. = Malgré que, et nonobstant que, peuvent encôre moins s'employer l'un pour l'aûtre; car celui-ci n'a que le sens de quoique: l'autre a un sens plus dur: malgré que vous en ayiez, c. à. d. malgré tous vos éforts. Dâilleurs, il ne peut supléer pour quoique, et l'on ne doit pas dire, malgré que vous m'en ayiez prié, pour, quoique vous m'en ayiez prié. — L'Acad. ne met point malgré que.

MAL-HABILE


MAL-HABILE, adj. MAL-HABILETÉ, s. f. [Malabile, leté: 4e e muet, 5e é fer.] Ils expriment un manque d'habileté, de capacité, d'adresse. = Malhabileté, maladresse (Syn.) Dans le sens propre, le 1er se dit du manque d' aptitude aux fonctions de l'esprit, et le 2d du peu d'aptitude aux exercices du corps. "Un négociateur est mal--habile; un joueur de billard est mal-adroit. = Mais au figuré, on nomme quelquefois mal-adresse, le manque d'intelligence et de capacité pour les opérations, qui dépendent des vûes de l'esprit: mais il n'y a pas réciprocité, et l'on ne nommera jamais mal-habileté le défaut d'aptitude aux exercices corporels. — On peut donc dire que: "Un négociateur est mal-adroit; mais on ne dira pas qu'un joueur de billard soit mal-habile. (Beauzée.) Il faut ajouter, ce me semble, à moins qu'on ne parle de la conduite du jeu et du choix entre les divers moyens de parvenir au but qu'on se propôse. Car en ce dernier câs, mal-habile serait le terme propre.

MALHEUR


MALHEUR, s. m. MALHEUREûSEMENT, adv. MALHEUREUX, EûSE, [Ma-leur, leu--reû, reû-ze, reû-zeman, et non pas malu--reû, etc. 3e lon. 4e e muet.] Du tems de Malherbe, on écrivait malheureux, et l'on prononçait malur. À~ caûse de cela, ce Poète avait pour maxime de ne point le faire rimer avec douleur: il n'y a manqué que deux fois. Ménage dit qu'on ne doit point faire dificulté d'employer cette rime, ce qui prouve que la prononciation de ce mot avait changé. Aujourd'hui cet avis paraîtrait inutile et même ridicule. Il n'est plus que le peuple de certaines Provinces, qui prononce malur. Voy. HEUREUX.
   Malheur, accident, désastre (Synon.) Ces trois mots anoncent et désignent un fâcheux évènement: mais malheur s'aplique particulièrement

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