LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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de la tubéreuse absorbe l'odeur de la plupart
des fleurs. Le goût de l'ail absorbe le
goût de toutes les autres choses.
On dit en Chimie, que Les alcalis
absorbent les acides, pour, qu'Ils en
émoussent la pointe, qu'ils en tempèrent
l'activité.
Absorber
Absorber, signifie figurément, Consumer
entièrement. Et en ce sens, il
ne se dit que Des biens, des richesses.
Les procès ont absorbé tout son bien. Les
frais du scellé ont absorbé la meilleure
partie de la succession. Les conventions
matrimoniales ont absorbé tout le bien du
mari. Cela absorbera trop de temps.
On dit aussi: Absorber l'attention,
absorber l'intérêt. Cet Orateur avoit tellement
absorbé l'attention, qu'il n'y en eut
plus pour les autres. Cette scène absorbe
tout l'intérêt de la Pièce.
Absorber
Absorber, est aussi verbe pron. Les
pluies s'absorbent dans les sables.
Absorbé, ée
Absorbé, ée. participe. On dit d'Un
homme profondément appliqué à quelque
chose, qu'Il y est absorbé, entièrement
absorbé. Il est absorbé dans l'étude
des Mathématiques. On dit d'Un homme
qui est dans une méditation continuelle
des choses de Dieu, qu'Il est
tout absorbé en Dieu.
ABSORPTION
ABSORPTION. s. f. L'action d'absorber.
Peu usité.
ABSOUDRE
ABSOUDRE. v. a. J'absous, tu absous,
il absout; nous absolvons, vous
absolvez, ils absolvent. J'absolvois. J'ai
absous. J'absoudrai. J'absoudrois. Absous.
Qu'il absolve. Absolvant. Déclarer
par jugement juridique un homme innocent
du crime dont il étoit accusé.
Il y a eu cinq voix pour condamner l'accusé,
et sept pour l'absoudre. On l'a absous
malgré le crédit de ses ennemis. Il
s'est fait absoudre du crime dont on l'accusoit.
Elle fut absoute à pur et à plein.
En absolvant cet homme, on n'a pas fait
justice.
Il se dit figurément dans le langage
ordinaire. Je vous absous de votre négligence,
en faveur de votre repentir. Rien ne
pourra l'absoudre d'une si grande faute.
Absoudre
Absoudre, signifie aussi, Remettre
les péchés dans le Tribunal de la Pénitence.
Tout Prêtre a pouvoir d'absoudre
en cas de mort. Il a le pouvoir d'absoudre
des cas réservés. Absoudre un pénitent.
Absoudre en confession.
On dit, en parlant d'Un mort, Un
tel que Dieu absolve, pour, À qui Dieu
fasse miséricorde. Cette façon de parler
vieillit.
Absous
Absous, ou absout, oute. part.
ABSOUTE
ABSOUTE. subst. fém. Absolution
publique et solennelle qui se donne en
général au peuple, et dont la cérémonie
se fait le Jeudi Saint au matin, ou
le Mercredi Saint au soir dans les Cathédrales.
L'Évêque a fait la cérémonie
de l'absoute. On fait l'absoute dans les
Paroisses aux grandes Messes le jour de
Pâques.
ABSTÈME
ABSTÈME. subst. Celui ou celle qui
ne boit point de vin. L'Église dispensoit
du calice les Abstèmes.
ABSTENIR
ABSTENIR. S'abstenir. v. pron.
(Il se conjugue comme Se tenir.) S'empêcher
de faire quelque chose, se priver
de l'usage de quelque chose. S'abstenir
de boire et de manger. S'abstenir de
jurer. Quand on a pris l'habitude de faire
quelque chose, il est bien malaisé de s'en
abstenir. S'abstenir de vin. Je m'abstiendrai
de tout ce qui peut nuire à la santé.
Il s'est abstenu de toute sorte de plaisirs.
Il s'en abstint ce jour--là, Elle s'en est
abstenue.
On le dit quelquefois absolument.
Il est plus aisé de s'abstenir que de se
contenir.
ABSTERGENT, ENTE
ABSTERGENT, ENTE. s. mas. et
adj. Terme de Médecine. On appelle
un Abstergent, ou des Abstergens, Les
remèdes qu'on emploie pour dissoudre
les duretés et les épaississemens.
ABSTER GER
ABSTER GER. verbe act. Terme
de Chirurgie. Nettoyer. Il se dit Des
plaies, des ulcères.
Abstergé, ée
Abstergé, ée. participe.
ABSTERSIF, IVE
ABSTERSIF, IVE. adj. Propre à
nettoyer. On l'emploie substantivem.
et l'on dit, C'est un abstersif: on dit
aussi, et même mieux, Un abstergent.
ABSTERSION
ABSTERSION. subst. fém. L'action
d'absterger.
ABSTINENCE
ABSTINENCE. s. fém. Action de
s'abstenir. Il se dit principalement en
parlant Du boire et du manger. Abstinence
de vin. L'abstinence est utile au
corps et à l'âme. On lui a ordonné une
grande abstinence. On lui faisoit faire
abstinence malgré lui.
Il se dit aussi De la privation de
viande en certains jours, qui n'est
pas accompagnée du jeûne. Il n'est pas
jeûne aujourd'hui, il n'est que jourd'abstinence.
ABSTINENT, ENTE
ABSTINENT, ENTE. adject. Qui
est modéré dans le boire et le manger.
ABSTRACTION
ABSTRACTION. s. f. Terme didactique.
Opération de l'esprit, par
laquelle il considère séparément des
choses qui sont réellement unies. Considérer
les accidens en faisant abstraction
des sujets auxquels ils sont attachés. La
blancheur considérée par abstraction d'avec
son sujet. En faisant abstraction de
la qualité des personnes, vous jugerez
que, etc.
On dit, qu'Un homme est dans des
abstractions continuelles, pour, qu'Il
rêve continuellement, qu'il est appliqué
à toute autre chose qu'à celle dont
on parle, ou qu'il a sous les yeux.
ABSTRACTIVEMENT
ABSTRACTIVEMENT. adv. Par
abstraction, d'une manière abstraite.
On peut considérer abstractivement les
qualités du corps.
ABSTRAIRE
ABSTRAIRE. v. a. (Il se conjugue
comme Traire.) Terme didactique.
Faire abstraction, considérer séparément
des choses qui sont réellement
unies. Pour connoître l'accident comme
accident, il faut l'abstraire du sujet, de
la substance.
Abstrait, aite
Abstrait, aite. participe. Il est
aussi adjectif et terme didactique, et
n'a guère d'usage que dans cette phrase,
Terme abstrait, qui se dit d'Une
qualité considérée toute seule, et détachée
du sujet. Ainsi, La rondeur, la
blancheur, la bonté, sont des termes
abstraits; et, rond, blanc, bon, unis
à des noms de substances, comme pain
rond, vin blanc, bon Prince, sont des
termes concrets.
On dit, qu'Un discours est abstrait,
quand il est trop métaphysique, trop
éloigné des idées communes. On dit
dans le même sens, qu'Un homme est
abstrait, fort abstrait.
On le dit aussi pour signifier, Plongé
dans la méditation et la rèverie,
n'ayant de pensée et d'attention que
pour l'objet intérieur qui occupe. Il
ne faut pas le confondre avec Distrait.
On est abstrait pour être trop appliqué à
une seule chose. On est distrait par inapplication
et légèreté.
Abstrait
Abstrait, est aussi substant. L'abstrait
et le concret. Voyez Concret.
ABSTRUS, USE
ABSTRUS, USE. adj. Qui est difficile
à entendre, et qui demande une
extrême application pourêtre bien conçu.
Il ne se dit qu'en parlant Des sciences
et des choses qui exigent de la méditation.
Sciences abstruses. Raisonnemens
abstrus. Question abstruse.
Il se dit quelquefois Des Ecrivains.
Ce Philosophe m'a paru fort abstrus.
ABSURDE
ABSURDE. adj. des 2 g. Qui est
évidemment contre la raison, et contre
le sens commun. Cela est absurde.
Voilà un raisonnement absurde. Dire des
choses absurdes. Proposition absurde.
Conséquence absurde. Conduite absurde.
Il se dit aussi De l'homme qui parle
ou agit absurdement. Un raisonneur
absurde. Il n'y a pas d'homme plus absurde
dans le monde.
On fait Absurde substantif. Tomber
dans l'absurde. Réduire son homme à
l'absurde, Le forcer à se rendre ou à
déraisonner.
On dit, Réduire à l'absurde, pour,
Réduire une opinion, un raisonnement
à quelque chose qui choque le bon
sens.
On dit par extension et familièrem.
en parlant Des personnes, Un homme
absurde, pour signifier, Un homme
qui dit habituellement des absurdités.
ABSURDEMENT
ABSURDEMENT. adverbe. D'une
manière absurde. Raisonner, parler
absurdement.
ABSURDITÉ
ABSURDITÉ. subst. fém. Vice de
ce qui est absurde. L'absurdité d'un
discours. Il se dit aussi De la chose absurde.
Il s'ensuivroit de là une grande
absurdité.
On dit par extension, en parlant
Des personnes, Cet homme est d'une
absurdité rare.
ABU
ABUS
ABUS. s. mas. Usage mauvais, excessif
ou injuste de quelque chose.
L'abus qu'il a fait de ses richesses, de ses
forces, de son autorité.
Il se dit aussi absolument, pour signifier,
Désordre, usage pernicieux.
Abus manifeste, notoire. Réformer, corriger;
retrancher les abus. Il s'est glissé
divers abus dans la Justice. Il faut distinguer
entre un usage reçu, et un abus
qui s'est introduit. Les exemptions trop
fréquentes dégénèrent en abus.
Appel comme d'abus. C'est l'appel
qu'on interjette au Parlement d'une
Sentence rendue par un Juge Ecclésiastique,
qu'on prétend avoir excédé son
pouvoir. Interjeter appel comme d'abus.
Quand on dit, Le Parlement a jugé qu'il
y avoit abus; cela signifie, que Le Parlement
a jugé que l'appel comme
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