Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Il se dit, en termes de Droit, d'une Chose
qui revient au profit de quelqu'un par la
renonciation ou l'empêchement d'une autre
personne. Entre colégataires, la portion de
l'un accroît à l'autre; la part de l'héritier
renonçant accroît à ses cohéritiers.
On dit
à peu près dans le même sens Cette portion
de terre est accrue à son champ, à son héritage
par alluvion, par atterrissement.

ACCROUPIR (S'). v. pron. Se tenir comme
assis sur ses talons. S'accroupir auprès du
feu.

En termes de Beaux-Arts, le participe
passé
ACCROUPI, IE, se dit des Figures assises
sur leurs talons, et, par extension, des Figures
agenouillées. Figures accroupies. La Vénus
accroupie.
En termes de Blason, il se dit des
Animaux assis. Lion accroupi.

ACCROUPISSEMENT. n. m. État d'une
personne accroupie.

ACCRUE. n. f. T. de Droit. Augmentation
que reçoit un terrain par la retraite
insensible des eaux ou par atterrissement.

Accrue de bois, Augmentation de l'étendue
d'un bois, qui se fait naturellement, sans
qu'on ait planté ni semé.

ACCUEIL. n. m. Réception que l'on fait
à quelqu'un qui arrive ou par qui l'on est
abordé. Accueil chaleureux. Accueil froid.
Faire un bon, un mauvais accueil. Faire bon
accueil, mauvais accueil. Avoir l'accueil bienveillant.

Absolument, Faire accueil, se prend toujours
en bonne part. Il fait accueil à tous
ceux qui vont chez lui. Je vous remercie de
m'avoir fait accueil.

ACCUEILLANT, ANTE. adj. Qui fait bon
accueil. Il est accessible et accueillant.

ACCUEILLIR. (Il se conjugue comme
CUEILLIR.) v. tr. Recevoir bien ou mal quelqu'un
qui arrive ou par qui l'on est abordé.
Il nous a accueillis de la manière la plus
aimable. Il nous a accueillis très froidement.

Il se dit quelquefois figurément en parlant
des Choses. Il accueillit fort mal cette
proposition, cette demande.

Il s'emploie aussi figurément à propos
d'Événements qui, en général, ne sont pas
attendus, qui surprennent. La tempête, le vent
les accueillit. Le détachement, en approchant
du bois, fut accueilli à coups de fusil. Être
accueilli par des huées, par des applaudissements.

ACCUL. n. m. Lieu qui n'a point d'issue,
où l'on est acculé. Ceux qui poursuivaient
les voleurs les poussèrent dans un accul où
on les prit.
Il a vieilli.

Il se dit, en termes de Chasse, du Fond du
terrier où les chiens poussent les renards,
les blaireaux et autres animaux qui se terrent.
Quand on voit que le renard est à l'accul...
Avant que de lâcher les bassets, il faut savoir
où sont les acculs.

Il se dit, en termes de Marine, d'une
Petite anse, d'une espèce de crique trop
petite pour de grands bâtiments.

Il se dit, en termes d'Artillerie, des Piquets
qu'on enfonce en terre pour empêcher le
recul du canon.

ACCULER. v. tr. Pousser quelqu'un dans
un endroit où il ne puisse plus reculer. Il
le poursuivit l'épée à la main et l'accula
contre la muraille. Notre armée était acculée
à la montagne. Se voyant poursuivi par quatre
hommes, il s'accula contre la muraille et se
défendit longtemps.

Il se dit aussi en parlant des Sangliers,
des loups, des renards, etc. Les chiens avaient
acculé le sanglier, le loup, le renard. Le blaireau
était acculé dans son terrier.
Fig., Acculer
quelqu'un à une difficulté, à une impossibilité,

et elliptiquement, Acculer quelqu'un. Il
est acculé aux expédients.

En termes de Manège, Le cheval s'accule, Il
ne va pas assez en avant à chacune des voltes.

ACCUMULATEUR, TRICE. n. Celui, celle
qui accumule. Un grand accumulateur d'écus,
de vivres, etc.
Il est peu usité.

Il se dit, comme nom masculin, en termes
d'Arts, d'un Appareil servant à emmagasiner
l'énergie électrique.

En termes de Mécanique, il sert encore à
désigner un Réservoir d'eau sous grande
pression, qui restitue le travail mécanique
accumulé en quelque sorte pour produire sa
compression.

ACCUMULATION. n. f. Action d'accumuler
ou Résultat de cette action. Il se dit des Choses
physiques et des Choses morales. Accumulation
de matériaux, de marchandises, de
denrées. Accumulation de biens, d'honneurs.
Accumulation de preuves. Accumulation d'intérêts.
Ce discours n'est qu'une accumulation de
mots sonores, d'images disparates, de phrases
vides de sens.

Il se dit particulièrement, en termes de
Rhétorique, d'une Figure qui consiste à rassembler
dans une période, sous une même
forme et dans le même mouvement oratoire,
un grand nombre de détails qui développent
l'idée principale.

ACCUMULER. v. tr. Amasser et mettre
ensemble. Accumuler des marchandises. Accumuler
des biens, des trésors. Accumuler sou à
sou. Les denrées s'accumulent dans ce magasin.

Absolument. Il ne songe qu'à accumuler,
Qu'à thésauriser.

Il s'emploie aussi figurément. Accumuler
crime sur crime. Accumuler les preuves. Accumuler
les honneurs sur sa tête. Les années
s'accumulent. Les preuves s'accumulent contre
lui. Les arrérages de cette rente s'accumulent
tous les jours.

ACCUSABLE. adj. des deux genres. Qui
peut être accusé.

ACCUSATEUR, TRICE. n. Celui, celle
qui accuse quelqu'un en justice. Se rendre
accusateur. Se porter, se constituer accusateur.
Elle s'est rendue accusatrice.

Il s'emploie aussi comme adjectif. Un langage
accusateur. Des traces accusatrices.

ACCUSATIF. n. m. T. de Grammaire.
Cas qui, dans certaines langues où les noms
se déclinent, sert principalement à indiquer
le complément d'objet direct. La désinence
de l'accusatif. Accusatif singulier. Accusatif
pluriel. Ce verbe régit l'accusatif. Il y a des
prépositions qui se construisent avec l'accusatif.

ACCUSATION. n. f. Action en justice par
laquelle on accuse quelqu'un. Accusation
capitale. Il y a plusieurs chefs d'accusation
contre lui. Former, intenter, susciter une accusation.
Il a été mis en accusation. Lire au prévenu
son acte d'accusation.

Il se dit aussi généralement de Tout reproche,
de toute imputation qu'on fait à une personne
de quelque faute, de quelque défaut
que ce soit. Vous l'accusez de paresse, de peu
d'exactitude, c'est une accusation mal fondée.
On l'accuse de beaucoup de désordres, mais
ce sont des accusations calomnieuses. Des
accusations graves, légères, vagues.

ACCUSER. v. tr. Déférer à la justice
quelqu'un comme coupable d'un délit, d'un
crime.

En termes de Droit criminel actuel, il signifie
proprement Poursuivre, en vertu d'un arrêt
de la Chambre des mises en accusation, une
personne devant la Cour d'assises pour la
faire déclarer coupable du crime qu'on lui
impute et pour obtenir sa condamnation.
Accuser un homme d'assassinat. On l'accusa
d'avoir eu des intelligences avec les ennemis.
Le crime dont on l'accuse. S'accuser soi-même,

Avouer un crime en justice.

Par extension, il signifie généralement Présenter
quelqu'un comme coupable de quelque
faute, de quelque défaut. Je l'accuse de
négligence. Accuser une personne à tort. On
l'accuse d'avoir fait cette satire. On accuse cette
nation de légèreté.

Il peut signifier simplement Blâmer, reprendre.
Accuser le sort. J'accusais sa lenteur,
sa paresse.

ACCUSER se dit encore des Choses et
signifie Servir de preuve, ou au moins d'indice
contre quelqu'un. Ce fait vous accuse.
Toutes les apparences accusent sa mauvaise
intention. Son trouble l'accuse.

S'accuser en confession, accuser ses péchés,
Déclarer ses péchés au prêtre, au tribunal
de la Pénitence. Il faut s'accuser de tous ses
péchés. S'accuser d'avoir offensé Dieu.

En termes de certains jeux de Cartes,
Accuser son jeu, En faire connaître ce que
les règles veulent qu'on déclare. Accusez votre
point.
Absolument, Accusez juste. Vous accusez
faux.

On dit dans un sens analogue, en termes
de Médecine, Le malade accuse telle douleur,
telle sensation dans telle partie,
Il dit qu'il
ressent telle douleur, etc.

Accuser réception d'une lettre, d'un paquet,
etc.,
Marquer, donner avis qu'on l'a reçu.
Accusez-moi réception de ma lettre, ou absolument,
Accusez-moi réception.

Il signifie, en termes de Peinture et de
Sculpture, Indiquer, faire sentir certaines
parties ou formes des corps recouvertes par
quelque enveloppe. Accuser les os, les muscles
sous la peau. Accuser le nu par le pli des draperies.

On dit dans le même sens Accuser une
ressemblance, une différence.

Le participe passé ACCUSÉ, ÉE, est aussi
nom et signifie Celui, celle qui est accusé en
justice. L'accusateur et l'accusé. Plus exactement
on nomme Accusé, Celui, celle qui est renvoyé
devant les tribunaux criminels pour être
jugé; jusque-là, il n'est que prévenu. Amenez
l'accusé, l'accusée.

Accusé de réception, Pièce justificative par
laquelle celui à qui on adresse une lettre, un
paquet, reconnaît qu'il l'a reçu.

ACENSER. v. tr. Donner à ferme. Il est
vieux.

ACÉPHALE. adj. des deux genres. T. didactique.
Qui n'a point de tête. Mollusques
acéphales. Foetus, monstre acéphale. Statue
acéphale.

Il signifie au figuré Qui n'a point ou ne
reconnaît point de chef. Concile acéphale,
Secte acéphale. Hérétiques acéphales.

Il s'emploie comme nom masculin, surtout
en termes de Zoologie. Les huîtres, les
moules sont des acéphales.

ACÉPHALIE. n. f. T. de Zoologie. Absence
de tête.

ACÉPHALOPODE. adj. des deux genres.
T. de Zoologie. Qui n'a ni tête ni pieds.

ACERBE. adj. des deux genres. Qui est
d'un goût âpre. Des fruits acerbes. Du vin
d'un goût acerbe.

Il signifie figurément Qui est sévère, dur,
amer. Des paroles acerbes. Un ton acerbe.

ACERBITÉ. n. f. Qualité de ce qui est
acerbe. Ce fruit est d'une acerbité insupportable.
Il est peu usité.

ACÉRER. v. tr. Souder de l'acier à la
pointe ou au tranchant d'un outil, d'un
instrument de fer, pour le rendre susceptible
d'être trempé et de devenir ainsi plus propre
à percer ou à couper. Acérer un couteau, un
burin,
etc.

Le participe passé ACÉRÉ, ÉE, est aussi
adjectif et se dit en parlant du Fer lorsqu'on
l'a garni d'acier, ce qui permet d'en rendre
le tranchant plus affilé ou la pointe plus
aiguë. Il se dit aussi, par extension, de Toute
lame bien affilée, bien aiguisée. Lame acérée.
Pointe acérée. Flèches acérées. Des traits acérés.

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