Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 10

ABSTENIR. S'ABSTENIR. v. récipr. (Il se conjugue comme Tenir.) S'empêcher de faire quelque chose, Se priver de l'usage de quelque chose. S'abstenir de boire & de manger. S'abstenir de jurer. Quand on a pris l'habitude de faire quelque chose, il est bien mal-aisé de s'en abstenir. S'abstenir de vin. Je m'abstiendrai de tout ce qui peut nuire à la santé. Il s'est abstenu de toute sorte de plaisirs. Il s'en abstint ce jour-là. Elle s'en est abstenue.

On le dit quelquefois absolument. Il est plus aisé de s'abstenir, que de se contenir.

ABSTERGER. v.a. Terme de Chirurgie. Nétoyer. Il se dit des plaies, des ulcères.

ABSTERSIF, IVE. adj. Propre à nétoyer.

ABSTERSION. s.f. L'action d'absterger.

ABSTINENCE. s.f. Vertu par laquelle on se modère dans le boire & dans le manger. L'abstinence est utile au corps & à l'ame. On lui a ordonné une grande abstinence. On lui faisoit faire abstinence malgré lui.

Il se dit aussi de la seule privation de viande en certains jours. Il n'est pas jeûne aujourd'hui, il n'est que jour d'abstinence.

ABSTINENT, TE. adj. Qui est modéré dans le boire & le manger.

ABSTRACTION. s.f. Terme didactique. Séparation que l'esprit fait d'une qualité, d'une propriété, &c. d'avec le sujet où elle est inhérente. Considérer les accidens en faisant abstraction des sujets auxquels ils sont attachés. La blancheur considérée par abstraction d'avec son sujet. En faisant abstraction de la qualité des personnes, vous jugerez que, &c.

On dit, qu'Un homme est dans des abstractions continuelles, pour dire, qu'Il rêve continuellement, qu'il est appliqué à toute autre chose qu'à celle dont on parle, ou qu'il a sous les yeux.

ABSTRAIRE. v.a. (Il se conjugue comme Traire.) Terme didactique. Faire abstraction. Détacher par la pensée une chose du sujet auquel elle est inhérente. Pour connoître l'accident comme accident, il faut l'abstraire du sujet, de la substance.

ABSTRAIT, AITE, participe Il est aussi adjectif & terme didactique, & n'a guère d'usage que dans cette phrase, Terme abstrait, Qui se dit d'une qualité considérée toute seule, & détachée du sujet. Ainsi, La rondeur, la blancheur, la bonté, sont des termes abstraits. Et, rond, blanc, bon, unis à des noms de substances, comme pain rond, vin blanc, bon prince, sont des termes concrets.

[alt p. 8] On dit, qu'Un discours est abstrait, quand il est trop métaphysique, trop éloigné des idées communes. Et, qu'Un homme est abstrait, fort abstrait, pour dire, qu'Il rêve, & qu'il est tellement renfermé en lui-même, qu'il ne pense point à ce qu'on lui dit, à ce qu'il fait, à ce qui se passe autour de lui.

Il est aussi substantif. L'abstrait & le concret.

ABSTRUS, USE. adj. Qui est difficile à entendre, & qui demande une extrême application pour être bien conçu. Il ne se dit qu'en parlant de sciences & de choses d'esprit. Sciences abstruses. Ce que vous dites-là est fort abstrus. Le sens que vous donnez à ce passage est abstrus.

ABSURDE. adj. de t. g. Qui est évidemment contre la raison, & contre le sens commun.Cela est absurde. Voilà un raisonnement absurde. Dire des choses absurdes. Proposition absurde. Conséquence absurde.

ABSURDEMENT. adv. D'une manière absurde. Raisonner, parler absurdement.

ABSURDITÉ. s.f. Vice, défaut de ce qui est absurde. L'absurdité d'un discours. Il se dit aussi de la chose absurde. Il s'ensuivroit de-là une grande absurdité.

ABUS. s.m. Mauvais usage. Abus manifeste, notoire. Réformer, corriger, retrancher les abus. Il s'est glissé divers abus dans la Justice. Il faut distinguer entre un usage reçu, & un abus qui s'est introduit. L'abus qu'il a fait de son autorité.

Appel comme d'abus. C'est l'appel qu'on interjette au Parlement d'une Sentence rendue par un Juge Ecclésiastique, qu'on prétend avoir excédé son pouvoir. Interjetter appel comme d'abus. Quand on dit, Le Parlement a jugé qu'il y avoit abus; cela signifie, Que le Parlement a jugé que l'appel comme d'abus a été bien interjetté, & que le Juge a excédé son pouvoir.

ABUS Signifie aussi, Erreur. Voilà un étrange abus. Ces peuples-là sont dans l'abus. C'est un abus de croire que cela puisse réussir.

Il signifie aussi quelquefois, Tromperie, Le monde n'est qu'abus & que vanité.

ABUSER. v.a. Tromper. Il vous promet cela, il vous abuse. Abuser les esprits foibles.

On dit, Abuser une fille, pour dire, La séduire, la suborner. Il a abusé cette pauvre fille sous promesse de mariage.

ABUSER. v.n. User mal, user autrement qu'on ne doit. Il a abusé de votre bonté. Abuser des Sacremens. Il abuse des graces que Dieu lui fait. Si vous lui faites cet honneur, il n'en abusera pas. Il abuse de son loisir, de son temps, de son crédit, de son autorité. C'est un homme qui ne se ménage point, & qui abuse de sa santé. Vous abusez de ma patience. Il abusoit de la confiance que j'avois en lui.

On dit, Abuser d'une fille, pour dire, En jouir sans l'avoir épousée. C'est une fille dont il a long-temps abusé.

Il se dit aussi avec le pronom personnel. S'abuser, pour dire, Se tromper. Il s'est abusé.

ABUSÉ, ÉE, participe .

ABUSEUR. s.m. Qui abuse, qui trompe. Un grand abuseur. Il est familier.

ABUSIF, IVE. adj. Qui est contraire aux règles. Usage abusif. Procédure abusive.

ABUSIVEMENT. adv. D'une manière abusive. Mot employé abusivement. Cet homme a été abusivement décrété.

ABUTILON. s.m. Plante de la famille des mauves. Ses fleurs sont semblables à celles de la guimauve, avec cette différence qu'elles sont jaunes. Elle en a les propriétés.

ABYME. s.m. Gouffre très-profond. Horrible abyme, effroyable abyme. Par un tremblement de terre, il s'est fait là un abyme. Ne vous baignez

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