Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 129

D'AVENTURE, PAR AVENTURE Façons de parler adverbiales, pour dire, Par hasard. Si d'aventure il venoit quelqu'un. Si par aventure il arrive. Si d'aventure vous n'aimez mieux. Il est familier.

AVENTURER. v.a. Hasarder, mettre à l'aventure. Il a aventuré tout son bien. Je veux bien aventurer cette petite somme. Il faut aventurer quelque chose.

AVENTURER est aussi réciproque. Il ne faut pas tant s'aventurer. Vous vous aventurez fort. Il s'est aventuré plus qu'il ne falloit.

AVENTURÉ, ÉE, participe Cela est bien aventuré. Cette affaire est extrêmement aventurée.

AVENTUREUX, EUSE. adj. Qui s'aventure, qui hasarde. C'est un homme qui est extrêmement aventureux au jeu. Il vieillit.

AVENTURIER, ERE. s. Qui cherche les aventures, les occasions de la guerre, sans être enrôlé en aucun corps. Il se disoit autrefois particulièrement de ceux qui alloient volontairement à la guerre, sans recevoir de solde, & sans s'obliger aux gardes, & aux autres fonctions militaires, qui ne sont que de fatigue. Il y eut beaucoup de soldats de ceux qu'on appelle aventuriers, qui passerent les monts avec lui. Les aventuriers firent merveille dans ce combat.

Dans le discours familier, il se dit d'Un jeune homme qui tâche de gagner les bonnes graces de toutes les femmes, sans être amoureux d'aucune. C'est un jeune aventurier qui ne s'attache à rien, & qui se donne à tout.

On appelle aussi Aventurier, Celui qui n'a aucune fortune, & qui vit d'intrigues. Ce n'est qu'un Aventurier. Ce n'est qu'une Aventurière. Cette acception est aujourd'hui la plus commune.

On donne le nom d'Aventuriers à certains coureurs de mer, qui piratent sur les mers de l'Amérique, & qu'on appelle autrement, Flibustiers & Boucaniers.

AVENTURINE. s.f. Sorte de pierre précieuse, d'un jaune brun semé de petits points d'or.

Il y a aussi une aventurine factice, qui est une composition faite avec de la poudre d'or, jetée à l'aventure sur du vernis, ou sur du verre fondu. Une boîte d'aventurine. Un bâton d'aventurine.

AVENUE. s.f. Passage, endroit par où on arrive en quelque lieu. Les gardes étoient rangées à toutes les avenues du Palais. L'armée se saisit de toutes les avenues des montagnes. Fermer, boucher les avenues. Les avenues de cette ville sont belles.

AVENUE se dit aussi d'une allée plantée d'arbres au devant d'une maison. Il y a une grande avenue qui conduit à sa maison. Il a planté une avenue d'ormes, de [alt p. 90] tilleuls, de noyers, &c. devant la porte de son château.

AVÉRER. v.a. Faire voir qu'une chose est vraie. On a avéré ce fait-là. C'est une chose qu'on ne peut avérer.

AVÉRÉ, ÉE, participe C'est un fait avéré. Une chose avérée.

AVERSE. s.f. Pluie subite & abondante. Nous essuyames une averse. Il est familier.

AVERSION. s.f. Haine. Avoir quelque chose en aversion. Avoir de l'aversion contre quelqu'un, pour quelqu'un. Prendre quelqu'un en aversion. Avoir de l'aversion à écrire, à étudier. Avoir de l'aversion pour le vin. J'ai grande aversion pour cela.

AVERSION se prend aussi quelquefois pour Antipathie ou répugnance naturelle. Il a de l'aversion pour les chats.

AVERTIN. s.m. Maladie d'esprit qui rend opiniâtre, emporté, furieux. Il est vieux.

AVERTIR. v.a. Donner avis, instruire, informer quelqu'un de quelque chose. Je vous avertis qu'un tel est arrivé. Je l'ai averti de tout. Il faut avertir les parens.

On dit proverbialement, Avertir quelqu'un de son salut, pour dire, Lui donner un avis très-important.

AVERTI, IE, participe .

On dit proverbialement, qu'Un averti, qu'un bon averti en vaut deux, pour dire, qu'En toutes sortes d'affaires, un homme qui est instruit, qui est informé, a un grand avantage sur celui qui ne l'est pas. Il se dit aussi par forme de menace, & pour marquer à l'homme qu'on avertit, que s'il y retourne, il s'en trouvera mal.

On dit, qu'Un homme est bien averti, pour dire, qu'Il est bien informé de tout ce qui se passe.

AVERTISSEMENT. s.m. Avis qu'on donne à quelqu'un de quelque chose, afin qu'il y prenne garde. Avertissement salutaire. Donner, envoyer, recevoir un avertissement.

AVERTISSEMENT au Lecteur, ou Avertissement tout court, est aussi Le titre qu'on donne à une espèce de petite préface qu'on met à la tête d'un livre, pour avertir le Lecteur de quelque chose.

On dit familièrement, en parlant d'un accident, ou de quelque autre chose qui peut servir à faire qu'on se tienne sur ses gardes, & qu'on prenne des précautions pour sa conduite, que C'est un avertissement au Lecteur.

AVERTISSEMENT signifie aussi, La première pièce pour l'instruction des Juges, qui est suivie de l'inventaire de production. Il n'a pas encore communiqué son Avertissement.

AVEU. s.m. Reconnoissance verbale ou par écrit, d'avoir fait ou dit quelque chose. Il paroît par son aveu même, on sait de son propre aveu.

Il se dit aussi du témoignage qu'on rend de ce qu'un autre a dit ou fait. C'est lui qui a le mieux fait, de l'aveu de tout le monde.

Il signifie aussi, L'approbation, le consentement, l'agrément qu'une personne supérieure donne à ce qu'un inférieur a fait ou a dessein de faire. Je ne veux rien faire sans votre aveu. Il a entrepris cela de votre aveu. Il a l'aveu de ses parens pour son mariage.

AVEU signifie aussi, Une reconnoissance que le vassal donne à son Seigneur de fief, pour raison des terres qu'il tient de lui. Rendre un aveu. Bailler par aveu. Aveu & déclaration. Aveu & dénombrement.

On appelle Homme sans aveu, un vagabond que personne ne veut reconnoître, un homme qui n'a ni feu ni lieu. Ce sont des gens sans aveu.

AVEUER ou AVUER. v.a. Terme de chasse. Garder à vue, suivre de l'oeil une perdrix. Aveuer la perdrix.

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