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Ces trois sons différens se trouvent dans ce seul mot, fermeté; l'e est ouvert dans la premiere syllabe ser, il est muet dans la seconde me, & il est fermé dans la troisieme té. Ces trois sortes d'e se trouvent encore en d'autres mots, comme nètteté, évéque, sévère, repêché, &c.
Les Grecs avoient un caractere particulier pour
l'e bref
Il y a bien de l'apparence que l'autorité publique, ou quelque corps respectable, & le concert des copistes avoient concouru à ces établissemens.
Nous n'avons pas été siheureux: ces finesses & cette
exactitude grammaticale ont passé pour des minuties
indignes de l'attention des personnes élevées. Elles
ont pourtant occupé les plus grands des Romains,
parce qu'elles sont le fondement de l'art oratoire,
qui conduisoit aux grandes places de la République.
Ciceron, qui d'Orateur devint Consul, compare
ces minuties aux racines des arbres.
Il y a bien de l'apparence que ce n'est qu'insensiblement que l'e a eu les trois sons différens dont nous venons de parler. D'abord nos Peres con erverent le caractere qu'ils trouverent établi, & dont la valeurne s'éloignoit jamais que fort peu de la premiere institution.
Mais lorsque chacun des trois sons de l'e est devenu un son particulier de la langue, on auroit dû donner à chacun un signe propre dans l'écriture.
Pour suppléer à ce défaut, on s'est avisé, depuis environ cent ans, de se servir des accens, & l'on a cru que ce secours étoit suffisant pour distinguer dans l'écriture ces trois sortes d'e, qui sont si bien distingués dans la prononciation.
Cette pratique ne s'est introduite qu'insensiblement, & n'a pas été d'abord >ie avec bien de l'exactitude: mais aujourd'hui que l'usage >u Bureau typographique, & la nouvelle denomination des lettres ont instruit les maîtres & les éleves; nous voyons que les Imprimeurs & les Ecrivains sont bien plus exacts sur ce point, qu'on ne l'étoit il y a même peu d'années: & comme le point que les Grecs ne mettoient pas sur leur iota, qui est notre i, est devenu essentiel à l'i, il semble que l'accent devienne, à plus juste titre, une partie essentielle à l'e fermé, & à l'e ouvert, puisqu'il les caractérise.
1°. On se sert de l'accent aigu pour marquer le son de l'e fermé, bonté, charité, aimé.
2°. On emploie l'accent grave sur l'e ouvert, procès, accès, succès.
Lorsqu'un e muet est précedé d'un autre e, celui - ci est plus ou moins ouvert; s'il est simplement ouvert, on le marque d'un accent grave, il mène, il pèse; s'il est très - ouvert, on le marque d'un accent circonflexe, & s'il ne J'est presque point & qu'il soit seulement ouvert bref, on se contente de l'accent
Il seroit à souhaiter que l'on introduisît un accent perpendiculaire qui tomberoit sur l'e mitoyen, & qui ne seroit ni grave ni aigu.
Quand l'e est fort ouvert, on se sert de l'accent circonflexe, tête, tempéte, méme, &c.
Ces mots, qui sont aujourd'hui ainsi accentués, furent d'abord écrits avec une s, beste; on prononçoit alors cette s comme on le fait encore dans nos Provinces méridionales, beste, teste, &c. dans la suite on retrancha l's dans la prononciation, & on la laissa dans l'écriture; parce que les yeux y étoient accoûtumés, & au lieu de cette s, on fit la syllabe longue, & dans la suite on a marqué cette longueur par l'accent circonflexe. Cet accent ne marque donc que la longueur de la voyelle, & nullement la suppression de l's.
On met aussi cet accent sur le vótre, le nôtre, apôtre, bientot, maitre, afin qu'il donnât, &c. où la voyelle est longue: votre & notre, suivis d'un substantif, n'ont point d'accent.
On met l'accent grave sur l'a, préposition; rendez à Cesar ce qui appartient à Cesar. On ne met point d'accent sur a, verbe; il a, habet.
On met ce même accent sur là, adverbe; il est là. On n'en met point sur la, article; la raison. On écrit holi avec l'accent grave. On met encore l'accent grave sur où, adverbe; où est - il? cet où vient de l'ubi des Latins, que l'on prononçoit oubi, & l'on ne met point d'accent sur ou, conjonction alternative, vous ou moi; Pierre ou Paul: cet ou vient de aut.
J'ajoûterai, en finissant, que l'usage n'a point encore etabli de mettre un accent sur l'e ouvert quand cet e est suivi d'une consone avec laquelle il ne fait qu'une syllabe; ainsi on écrit sans accent, la mer, le ser, les hommes, des hommes. On ne met pas non plus d'accent sur l'e qui précede l'r de l'infinitif des verbes, aimer, donner.
Mais comme les Maîtres qui montrent à lire, seion la nouvelle dénomination des lettres, en faisant épeler, font prononcer l'e ou ouvert ou fermé, selon la valeur qu'il a dans la syllabe, avant que de faire épeler la consone qui suit cet é, ces Maîtres, aussi - bien que les Etrangers, voudroient que, comme on met toûjours le point sur l'i, on donnât toûjours à l'e, dans l'écriture, l'accent propre à en marquer la prononciation; ce qui seroit, disent - ils, & plus uniforme, & plus utile. (F)
Accent aigu'. Accent bref, ou marque de la brié veté d'une syllabe; on l'écrit ainsi> sur la voyelle. Accent circonflexe ^ & ~. Voyez Accent grave.Accent . Accent long - , qu'on écrit sur une yoyelle pour marquer qu'elle est lon gue.
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