ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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me, ne, de, te, se, le, & dans la derniere de donne, ame, vie, &c.

Ces trois sons différens se trouvent dans ce seul mot, fermeté; l'e est ouvert dans la premiere syllabe ser, il est muet dans la seconde me, & il est fermé dans la troisieme . Ces trois sortes d'e se trouvent encore en d'autres mots, comme nètteté, évéque, sévère, repêché, &c.

Les Grecs avoient un caractere particulier pour l'e bref E, qu'ils appelloient épsilon, E'YIL\N, c'est - à - dire e petit, & ils avoient une autre figure pour l'e long, qu'ils appelloient Eta, H=TA; ils avoient aussi un o bref, omicron, O'MIXRO\N, & un o long, omega, W'ME'LA.

Il y a bien de l'apparence que l'autorité publique, ou quelque corps respectable, & le concert des copistes avoient concouru à ces établissemens.

Nous n'avons pas été siheureux: ces finesses & cette exactitude grammaticale ont passé pour des minuties indignes de l'attention des personnes élevées. Elles ont pourtant occupé les plus grands des Romains, parce qu'elles sont le fondement de l'art oratoire, qui conduisoit aux grandes places de la République. Ciceron, qui d'Orateur devint Consul, compare ces minuties aux racines des arbres. « Elles ne nous offrent, dit - il, rien d'agréable: mais c'est de - là, ajoûte - t - il, que viennent ces hautes branches & ce verd feuillage, qui sont l'ornement denos campagnes; & pourquoi mépriser les racines, puisque sans le suc qu'elles préparent, & qu'elles distribuent, vous ne sauriez avoir ni les branches ni le feuillage ». De syllabis propemodum denumerandis & dimetiendis loquemur; quoe etiamsi sunt, sicut mihi videntur, necessaria, tamen fiunt magnificentiùs, quam docentur. Est enim hoc omninò verum, sed propriè in hoc dicitur. Nam omnium magnarum artium, sicut arborum, latitudo nos delectat; radices stirpesque non item: sed, esse illa sine his, non potesi. Cic. Orat. n. XLIII.

Il y a bien de l'apparence que ce n'est qu'insensiblement que l'e a eu les trois sons différens dont nous venons de parler. D'abord nos Peres con erverent le caractere qu'ils trouverent établi, & dont la valeurne s'éloignoit jamais que fort peu de la premiere institution.

Mais lorsque chacun des trois sons de l'e est devenu un son particulier de la langue, on auroit dû donner à chacun un signe propre dans l'écriture.

Pour suppléer à ce défaut, on s'est avisé, depuis environ cent ans, de se servir des accens, & l'on a cru que ce secours étoit suffisant pour distinguer dans l'écriture ces trois sortes d'e, qui sont si bien distingués dans la prononciation.

Cette pratique ne s'est introduite qu'insensiblement, & n'a pas été d'abord ie avec bien de l'exactitude: mais aujourd'hui que l'usage u Bureau typographique, & la nouvelle denomination des lettres ont instruit les maîtres & les éleves; nous voyons que les Imprimeurs & les Ecrivains sont bien plus exacts sur ce point, qu'on ne l'étoit il y a même peu d'années: & comme le point que les Grecs ne mettoient pas sur leur iota, qui est notre i, est devenu essentiel à l'i, il semble que l'accent devienne, à plus juste titre, une partie essentielle à l'e fermé, & à l'e ouvert, puisqu'il les caractérise.

1°. On se sert de l'accent aigu pour marquer le son de l'e fermé, bonté, charité, aimé.

2°. On emploie l'accent grave sur l'e ouvert, procès, accès, succès.

Lorsqu'un e muet est précedé d'un autre e, celui - ci est plus ou moins ouvert; s'il est simplement ouvert, on le marque d'un accent grave, il mène, il pèse; s'il est très - ouvert, on le marque d'un accent circonflexe, & s'il ne J'est presque point & qu'il soit seulement ouvert bref, on se contente de l'accent aigu, mon pére, une régle: quelques - uns pourtant y mettent le grave.

Il seroit à souhaiter que l'on introduisît un accent perpendiculaire qui tomberoit sur l'e mitoyen, & qui ne seroit ni grave ni aigu.

Quand l'e est fort ouvert, on se sert de l'accent circonflexe, tête, tempéte, méme, &c.

Ces mots, qui sont aujourd'hui ainsi accentués, furent d'abord écrits avec une s, beste; on prononçoit alors cette s comme on le fait encore dans nos Provinces méridionales, beste, teste, &c. dans la suite on retrancha l's dans la prononciation, & on la laissa dans l'écriture; parce que les yeux y étoient accoûtumés, & au lieu de cette s, on fit la syllabe longue, & dans la suite on a marqué cette longueur par l'accent circonflexe. Cet accent ne marque donc que la longueur de la voyelle, & nullement la suppression de l's.

On met aussi cet accent sur le vótre, le nôtre, apôtre, bientot, maitre, afin qu'il donnât, &c. où la voyelle est longue: votre & notre, suivis d'un substantif, n'ont point d'accent.

On met l'accent grave sur l'a, préposition; rendez à Cesar ce qui appartient à Cesar. On ne met point d'accent sur a, verbe; il a, habet.

On met ce même accent sur , adverbe; il est là. On n'en met point sur la, article; la raison. On écrit holi avec l'accent grave. On met encore l'accent grave sur , adverbe; où est - il? cet vient de l'ubi des Latins, que l'on prononçoit oubi, & l'on ne met point d'accent sur ou, conjonction alternative, vous ou moi; Pierre ou Paul: cet ou vient de aut.

J'ajoûterai, en finissant, que l'usage n'a point encore etabli de mettre un accent sur l'e ouvert quand cet e est suivi d'une consone avec laquelle il ne fait qu'une syllabe; ainsi on écrit sans accent, la mer, le ser, les hommes, des hommes. On ne met pas non plus d'accent sur l'e qui précede l'r de l'infinitif des verbes, aimer, donner.

Mais comme les Maîtres qui montrent à lire, seion la nouvelle dénomination des lettres, en faisant épeler, font prononcer l'e ou ouvert ou fermé, selon la valeur qu'il a dans la syllabe, avant que de faire épeler la consone qui suit cet é, ces Maîtres, aussi - bien que les Etrangers, voudroient que, comme on met toûjours le point sur l'i, on donnât toûjours à l'e, dans l'écriture, l'accent propre à en marquer la prononciation; ce qui seroit, disent - ils, & plus uniforme, & plus utile. (F)

  Accent aigu'.
  Accent bref, ou marque de la brié 
veté d'une syllabe; on l'écrit ainsi
sur la voyelle.
  Accent circonflexe ^ & ~.          Voyez
  Accent grave.                    Accent.
  Accent long - , qu'on écrit sur une
yoyelle pour marquer qu'elle est lon 
gue.

Accent

Accent, quant à la formation, c'est, disent les Ecrivains, une vraie virgule pour l'aigu, un plain oblique incliné de gauche à droite pour le grave, & un angle aigu, dont la pointe est en haut, pour le circonflexe. Cet angle se forme d'un mouvement mixte des doigts & du poignet. Pour l'accent aigu & l'accent grave, ils se forment d'un seul mouvement des doigts.

ACCEPTABLE

ACCEPTABLE, adject. se dit au Palais des offres, des propositions, des voies d'accommodement qui sont raisonnables, & concilient autant qu'il est possible les droits & prétentions respectives des parties litigeantes. (H).

ACCEPTATION

ACCEPTATION, s. f. dans un sens général, l'action de recevoir & d'agréer quelque chose qu'on

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