Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Il s'emploie spécialement en ce sens pour
désigner Certaines privations ordonnées par
l'Église. Exténué de jeûnes et d'abstinences.
Jours d'abstinence,
Ceux où l'on doit s'abstenir
de manger de la viande, sans être
obligé de jeûner.

ABSTINENT, ENTE. adj. Qui est modéré
dans le boire et le manger. Il est peu usité.

ABSTRACTEUR. n. m. Celui qui use
volontiers des abstractions.

ABSTRACTION. n. f. Action d'abstraire,
de séparer, opération par laquelle l'esprit
isole des choses qui sont unies. Pour bien
juger les hommes il faut ne considérer que
leur mérite et faire abstraction de leur fortune.
Abstraction faite du style, qui est faible, cet
ouvrage a un réel mérite.

Il se dit aussi des Idées générales, des
propriétés, des qualités séparées par l'esprit
des sujets auxquels elles sont unies. Humanité,
raison, vertu, savoir, blancheur, pesanteur,
etc., sont des abstractions.

Il se dit dans un sens défavorable des
Idées trop métaphysiques, des théories générales
qui ne s'appuient pas suffisamment
sur les faits. C'est un esprit chimérique qui se
perd dans les abstractions.

Il signifie encore, au pluriel, Préoccupation,
rêverie qui empêche un homme de
penser aux choses dont on lui parle ou
qu'il a sous les yeux. Cet homme est dans
des abstractions continuelles.

ABSTRACTIVEMENT. adv. En faisant
abstraction. On peut considérer abstractivement
les qualités des corps. Abstractivement parlant.

ABSTRAIRE. (J'abstrais, nous abstrayons.
J'abstrayais. J'ai, j'avais, j'eus,
etc., abstrait.
Il est inusité aux autres temps.) v. tr. Considérer
isolément par abstraction des choses qui
sont unies. Abstraire l'accident du sujet, de la
substance. En algèbre, on abstrait la quantité,
le nombre de toutes sortes de sujets.

S'ABSTRAIRE signifie Se plonger dans la
méditation ou dans la rêverie, n'avoir de
pensée et d'attention que pour l'objet intérieur
qui occupe. Il a une telle faculté de
s'abstraire qu'il travaille au milieu du bruit.

ABSTRAIT, AITE. adj. Qui participe
de l'abstraction.

Terme abstrait, Terme qui désigne par
abstraction une Qualité considérée toute
seule et séparée du sujet, par opposition à
Terme concret. Rondeur, blancheur, bonté
sont des termes abstraits; et Rond, blanc,
bon, unis à des noms de substances, comme
Pain rond, vin blanc, bon prince, sont des
termes concrets.
On dit dans un sens analogue
Une idée abstraite; et comme nom L'abstrait
et le concret.
On dit aussi, en termes de Grammaire,
Nom abstrait.

En termes de Mathématiques, Nombre
abstrait,
Tout nombre que l'on considère seulement
comme une collection d'unités, quelles
que soient ces unités, et en faisant abstraction
de leur nature, par opposition à Nombre
concret.

ABSTRAIT signifie aussi Qui est difficile à
saisir, à pénétrer. Ce discours est abstrait.
Cette question est bien abstraite.
On dit dans
le même sens Un écrivain, un philosophe
abstrait.

ABSTRAITEMENT. adv. D'une manière
abstraite. Il traita la question abstraitement.

ABSTRUS, USE. adj. Qui est difficile à
saisir par l'esprit. Sciences abstruses. Raisonnements
abstrus. Question abstruse. Sens
abstrus.

Il s'applique quelquefois aux personnes
dans un sens défavorable. Ce philosophe m'a
paru fort abstrus.

ABSURDE. adj. des deux genres. Qui
est contre le sens commun. Cela est absurde.
Il serait absurde de dire... Voilà un raisonnement
absurde. Conduite absurde.

Il se dit aussi de la Personne qui parle
ou agit absurdement. Un raisonneur absurde.
Vous êtes absurde.

Il s'emploie aussi comme nom masculin et
signifie Chose absurde. Tomber dans l'absurde.
Démonstration, preuve par l'absurde. Démontrer
une chose par l'absurde.

Réduire un homme à l'absurde, Le forcer,
dans la discussion, à se rendre ou à
déraisonner. Réduire une opinion, un raisonnement
à l'absurde,
Montrer, prouver
que le principe ou la conséquence en est
absurde.

ABSURDEMENT. adv. D'une manière
absurde. Raisonner, parler absurdement.

ABSURDITÉ. n. f. Défaut de ce qui est
absurde. L'absurdité d'un discours, d'un
raisonnement, d'une assertion.

Il se dit aussi de la Chose même qui est
absurde. Il s'ensuivrait de là une grande
absurdité. Il nous a débité mille absurdités.

On dit aussi Cet homme est d'une absurdité
rare.

ABUS. n. m. Usage mauvais, excessif de
quelque chose. L'abus qu'il a fait de ses
richesses, de ses forces, de sa santé, de son
autorité.

Il se dit absolument pour signifier Désordre,
usage pernicieux. Abus manifeste. Réformer,
corriger, retrancher les abus. Il s'est glissé
divers abus dans la justice, dans cette administration.
Il faut distinguer entre un usage
reçu et un abus qui s'est introduit.

En termes de Jurisprudence, Abus de
pouvoir
se dit de l'Acte d'un fonctionnaire
qui outrepasse son autorité. Abus de confiance,
Délit que l'on commet en abusant de la
confiance de quelqu'un.

Appel comme d'abus, Appel interjeté
contre la sentence, l'acte ou l'écrit d'un
ecclésiastique qu'on prétend avoir excédé
son pouvoir ou avoir contrevenu aux lois
de l'État. Interjeter appel comme d'abus. On
dit de même Le Conseil d'État a jugé qu'il y
avait abus,
Il a admis l'appel comme d'abus.

Il signifie aussi Erreur. Voilà un étrange
abus. C'est par abus qu'on a pu soutenir une
telle opinion. C'est souvent commettre un abus
de compter sur la justice des hommes.
En ce
sens, il a vieilli.

ABUSER. v. tr. Tromper. Il vous promet
cela, il vous abuse. Abuser les esprits
faibles. Vous m'avez abusé par de fausses
promesses. Sa passion l'abuse. On s'abuse
souvent soi-même. Je comptais sur votre
amitié, je vois que je me suis cruellement
abusé.

ABUSER DE signifie User mal, autrement
qu'on ne doit d'une chose. Il a abusé de votre
bonté. Il abuse des grâces que Dieu lui fait.
Si vous lui accordez cette liberté, il n'en abusera
pas. Il abuse de son temps, de son crédit, de
son autorité, de sa santé. On abuse des meilleures
choses. Vous abusez de ma patience. C'est
abuser de la permission. Ce poète abuse de sa
facilité.
On dit aussi Abuser de quelqu'un, User
avec excès de sa complaisance, de sa bonté.

Abuser d'une fille, En jouir sans l'avoir
épousée. C'est une fille dont il a longtemps
abusé.

ABUSER, en termes de Droit, se prend
pour Mal user d'une chose, la détruire. La
propriété consiste dans le droit d'user et d'abuser.

ABUSEUR. n. m. Celui qui abuse. Un
grand abuseur.
Il est familier et peu usité.

ABUSIF, IVE. adj. Où il y a abus, qui est
contraire à l'ordre, aux règles, aux lois.
Privilèges abusifs. Usage abusif. Procédure
abusive.

ABUSIVEMENT. adv. D'une manière abusive.
Mot employé abusivement. Cet homme
a été abusivement emprisonné.

ABYSSAL, ALE. adj. T. de Géographie.
Qui a rapport aux abysses. Les profondeurs
abyssales sont très variables.

ABYSSE. n. m. T. de Géographie. Région
sous-marine très profonde.

ACABIT. n. m. Qualité bonne ou mauvaise
de certaines choses. Il a vieilli.

Il se dit plus souvent au figuré et familièrement
en parlant des Personnes. Ce sont
gens de même acabit.

ACACIA. n. m. Plante de la famille des
Mimosées, qui a deux espèces dont l'une
fournit la gomme arabique et l'autre la gomme
dite du Sénégal. Suc d'acacia.

Il se dit le plus ordinairement d'une Variété
de robinier à rameaux épineux et à fleurs
blanches et odorantes disposées par grappes
de la famille des Légumineuses.

ACADÉMICIEN. n. m. Celui qui fait partie
d'une compagnie de gens de lettres, de savants
ou d'artistes, nommée Académie. Un académicien
de Marseille, de Toulouse. Les académiciens
de la Crusca.
Il a quelquefois un féminin.
L'Académie de peinture a nommé quelques
femmes académiciennes.

Il se dit aussi d'un Philosophe de l'école
platonicienne dite Académie. Les académiciens
et les péripatéticiens étaient opposés sur plusieurs
points.

ACADÉMIE. n. f. Compagnie de personnes
qui se réunissent pour s'occuper de belles
lettres, de sciences ou de beaux-arts. L'Académie
française, l'Académie des inscriptions et
Belles-Lettres, l'Académie des Sciences, l'Académie
des Beaux-Arts et l'Académie des Sciences
morales et politiques forment l'Institut. L'Académie
de Médecine. L'Académie de Stanislas.
L'Académie de Marseille, de Besançon, de
Caen, etc. Les membres d'une académie. L'Académie
belge de langue française.

Il se dit absolument de l'Académie française.
Un discours de réception à l'Académie.
Le Dictionnaire de l'Académie.

Les quarante de l'Académie, Les quarante
membres de l'Académie française.

Il se dit aussi d'un Lieu où l'on s'exerce
à la pratique d'un art. Académie de danse.
Académie de dessin.

Académie Nationale de Musique, Le théâtre
de l'Opéra.

ACADÉMIE se disait dans l'ancienne France
d'un Lieu où les jeunes gens apprenaient
l'équitation et autres exercices du corps. Il
mit son fils à l'académie. Au sortir de l'académie,
il partit pour l'armée.

Il s'est dit aussi d'une Maison de jeu.
Tenir académie.

ACADÉMIE se dit encore des Divisions territoriales
de l'Université de France dont chacune
est dirigée par un recteur. L'académie
de Paris, de Lyon, de Bordeaux, de Poitiers, etc.
Le recteur de cette académie. Cette ville est du
ressort de telle académie.

ACADÉMIE, en termes de Peinture, se dit
d'une Figure entière, qui est peinte ou dessinée
d'après un modèle nu et qui n'entre pas dans
la composition d'un tableau.

ACADÉMIQUE. adj. des deux genres. Qui
est propre aux membres d'une Académie.
Conférences, questions académiques. Séances
académiques.

École académique, Ensemble de principes
littéraires ou artistiques qui sacrifient la réalité
à la convention.

Il s'emploie particulièrement en parlant
de l'Académie française. Discours académique.
Fauteuil académique. Un talent académique.
Ouvrage académique. Style académique.

Il signifie aussi Qui est propre aux philosophes
de l'Académie.

Il signifie encore Qui a rapport à l'administration
d'une académie, dans le sens universitaire
du mot. Les bureaux de l'inspection
académique.

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