ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"130"> ties H G, I C de ces tours flanquoient ou défendoient les parties de l'enceinte comprises entre elles. Il n'y avoit que la partie extérieure F G des tours quarrées qui n'étoit pas exactement défendue des stancs des tours opposées, (c'est le nom qu'on avoit donné aux côtés H G, & D F des tours) mais on y remédioit en faisant saillir la partie supérieure de la muraille sur celle du pié; entre cette partie saillante ou supérieure, & l'inférieure, on pratiquoit des ouvertures par où le soldat découvroit le pié du mur. Ces sortes d'ouvertures en saillie se nommoient machicoulis ou massecoulis: on en trouve encore aujourd'hui dans les vieilles fortifications, & dans la plûpart des anciens châteaux. Voyez Redoutes à machicoulis.

Après l'invention de la poudre, & lorsqu'on eut trouvé la maniere de s'en servir pour l'attaque des places, il fallut, pour s'opposer à la violence du canon, donner plus d'épaisseur aux murs des tours & des autres parties de la fortification. Les saillies en machicoulis ne purent se conserver contre la violence de cette machine.; & par - là le côté extérieur des tours demeuroit sans défense. Il restoit du moins une espece de petit triangle au pié de ce côté, moindre à la vérité dans les tours rondes que dans les quarrées, mais toûjours plus que suffisant pour y attacher le mineur, par où l'ennemi pouvoit, sans grand obstacle de la part de l'assiégé, se procurer l'entrée de la place. C'est ce qui engagea les ingénieurs à chercher quelqu'expédient pour remédier à ce défaut. Le plus simple fut de terminer le côté extérieur des tours par deux lignes, qui formant un angle saillant vers la campagne, renfermeroient l'espace qui n'étoit point vû des flancs. Cette correction est la véritable origine de la figure de nos bastions, qui, comme on le voit, n'est point arbitraire, mais fondée sur les maximes de la fortification; & il en résulte la défense de toutes les parties de l'enceinte: car les flancs défendent les faces & la courtine, & ils se défendent aussi réciproquement.

La grandeur des angles & de toutes les parties du bastion a souffert différentes variations, suivant le tems & les idées particulieres des ingénieurs, ainsi qu'on peut le voir dans le précis des instructions ou systèmes qui sont à la suite du mot Fortification. On ne peut guere fixer d'une maniere absolue la valeur de toutes ces parties, parce qu'elles changent suivant les différens polygones: mais pour en donner une idée, on peut établir,

1°. Que le flanc doit avoir au moins 20 toises, & qu'il peut aller jusqu'à 30.

2°. Que la demi - gorge doit être égale aux flancs, & qu'ainsi elle peut avoir depuis 20 jusqu'à 30 toises.

3°. Que les faces doivent avoir au moins 40 toises, & au plus 60.

A l'égard des angles du bastion, l'angle flanqué peut être aigu ou obtus, pourvû que dans le premier cas il n'ait pas moins de 60 ou 70 degrés, & dans le second pas plus de 150. Sa grandeur dépend au reste de l'angle de la circonférence du polygone que l'on fortifie: lorsqu'il est un peu obtus, il donne lieu d'augmenter la gorge du bastion; & une grande gorge est plus avantageuse qu'une petite, non seulement parce qu'elle donne plus d'espace au bastion, mais parce qu'alors on peuty construire un retranchement plus grand & plus solide, pour disputer pié à pié à l'ennemi le terrein du bastion.

L'angle de l'épaule est celui qui mérite le moins de considération dans le bastion, parce qu'il se trouve déterminé par l'angle flanqué & celui du flanc.

Ce dernier angle exige une attention toute particuliere. S'il est aigu, comme dans le système d'Errard, le flanc ne peut défendre la face du bastion op<cb-> posé: s'il est droit, il la défend trop obliquement: il doit donc être un peu obtus, pour que le soldat découvre devant lui la face & le fossé du bastion qu'il doit défendre. Voyez Défense.

L'angle du flanc ne doit pourtant pas être trop obtus, parce qu'alors le flanc pourroit être battu du bord du fossé opposé, & de la partie du fossé vis - à - vis l'épaule du bastion.

Il y a des bastions de plusieurs especes; savoir, de simples, à flancs concaves & à orillons, de vuides, de pleins, de plats, &c.

Le bastion simple est celui dont les flancs font en ligne droite.

Le bastion à stancs concaves & à orillons, est celui dont les flancs couverts sont disposés en ligne courbe, & dont l'épaule est arrondie. Voyez les constructions de M. de Vauban, à la suite du mot Fortification.

Les bastions vuides sont ceux dont le rempart est mené parallelement aux flancs & aux faces, de maniere qu'il reste un vuide dans le milieu du bastion: c'est dans ce vuide qu'on place ordinairement les magasins à poudre. Voyez Magasin.

Les bastions pleins sont ceux dont toute la capacité se trouve remplie par les terres du rempart. C'est sur les bastions pleins qu'on éleve des cavaliers. Voy. Cavalier.

Les bastions pleins sont bien plus favorables que les vuides pour se retrancher: le principal avantage de ces derniers est de donner plus de facilité pour aller au - devant du mineur ennemi: mais les retranchemens qu'on y construit ne peuvent être excellens; car le peu de largeur du rempart ne permet pas de les faire assez grands pour être bien soûtenus; & si on les place à la gorge, ils se trouvent commandés des logemens que l'assiégeant pratique sur le rempart.

Le bastion plat est un bastion construit sur une ligne droite, & dont par conséquent les deux demi - gorges ne font point d'angle. On n'employe ces sortes de bastions que lorsque les côtés des places se trouvent trop longs pour que les bastions des extrémités puissent se flanquer réciproquement. Ces bastions ont plusieurs inconvéniens: il est difficile de leur donner la même étendue qu'aux autres bastions; & d'ailleurs l'ennemi peut enfiler leurs courtines d'une même batterie.

Outre les bastions dont on vient de parler, il y a encore les bastions détachés, les coupés, les réguliers, & les irréguliers, &c.

Le bastion détaché est un bastion qui est isolé à l'égard de l'enceinte: telles sont les contregardes des tours bastionnées de Landau & du Neuf - Brisac. L'avantage de ces bastions est de pouvoir être soûtenus jusqu'à la derniere extrémité, parce que leur prise ne donne point d'entrée dans la place: mais ils ont aussi, comme les autres dehors, le desavantage d'avoir avec la place des communications difficiles, & par lesquelles on ne peut que défiler.

Le bastion coupé est celui dont la pointe est retranchée, & qui au lieu de cette pointe a un ou deux angles rentrans: il n'est d'usage que lorsque l'angle flanqué du bastion se trouve trop aigu, c'est à - dire, au - dessous de 60 degrés; ou lorsque quelqu'obstacle qu'on trouve dans le terrein ne permet pas de le terminer à l'ordinaire.

Le bastion régulier est celui qui a ses faces égales, ses flancs de même, & ses angles de l'epaule & du flanc égaux entr'eux: c'est celui qui se trouve dans les fortifications régulieres.

Le bastion irrégulier a de l'inégalité dans ses faces, ses flancs, ou ses demi - gorges, de même que dans ses angles du flanc & de l'épaule: c'est ce bastion qui est le plus ordinaire, parce qu'il s'employe dans les [p. 131] fortifications irrégulieres, qui sont bien plus communes que les régulieres. (Q)

Bastion (Page 2:131)

* Bastion, se dit en Medecine, des parties qui servent d'enveloppe & comme de rempart à d'autres: tel est le thorax, par rapport au coeur & aux poumons, & le crane, qui semble fait pour défendre le cerveau.

Bastion de France (Page 2:131)

* Bastion de France, (Géog.) place d'Afrique sur la côte de Barbarie, au royaume d'Alger, au nord - est de Bonne.

BASTOGNACK, ou BASTOGNE (Page 2:131)

* BASTOGNACK, ou BASTOGNE, (Géog.) petite ville des Pays - bas dans le duché de Luxembourg. Lon. 23. 30. lat. 50. 10.

BASTON (Page 2:131)

* BASTON, (Géog.) ville de l'Amérique septentrionale dans la nouvelle Angleterre, mieux connue sous le nom de Boston.

BASTUDE (Page 2:131)

BASTUDE, s. f. (Pêche.) c'est une espece de filet dont on se sert pour pêcher dans les étangs salés. L'ordonnance de 1681 fait défenses aux pêcheurs qui se servent d'engins, appellés fichûres, de prendre les poissons enfermés dans les bastudes, à peine de punition corporelle. (Z)

BASVILLE (Page 2:131)

* BASVILLE, (Géog.) ville de l'Amérique avec port, dans la Martinique.

BASURURE (Page 2:131)

* BASURURE, (Géog.) riviere de l'Amérique méridionale dans le pays des Caraîbes: elle se jette dans la riviere des Amazones.

BAT (Page 2:131)

BAT, BATTOLOGIE, BUTUBATA, (Gram.) En expliquant ce que c'est que battologie, nous ferons entendre les deux autres mots.

Battologie, subst. f. c'est un des vices de l'élocution; c'est une multiplicité de paroles qui ne disent rien; c'est une abondance stérile de mots vuides de sens, inane multiloquium. Ce mot est Grec, BATOLOGI/A, inanis eorundem repetitio; & BATOLOGE/W, verbosus sum. Au ch. vj. de S. Matthieu, v. 7. Jesus - Christ nous défend d'imiter les payens dans nos prieres, & de nous étendre en longs discours & en vaines répétitions des mêmes paroles. Le Grec porte, MH\ BAT<-> OLOGH/SHTE, c'est - à - dire, ne tombez pas dans la battologie; ce que la vulgate traduit par nolite multum loqui.

A l'égard de l'étymologie de ce mot, Suidas croit qu'il vient d'un certain Battus, poëte sans génie, qui répétoit toûjours les mêmes chansons.

D'autres disent que ce mot vient de Battus, roi de Libye, fondateur de la ville de Cyrene, qui avoit; dit - on, une voix frêle & qui bégayoit: mais quel rapport y a t - il entre la battologie & le bégayement?

On fait aussi venir ce mot d'un autre Battus, pasteur, dont il est parlé dans le II. livre des Métamorphoses d'Ovide, v. 702. qui répondit à Mercure: sub illis montibus, inquit, erant, & erant sub montibus illis. Cette réponse qui répete à - peu - près deux fois la même chose, donne lieu de croire qu'Ovide adoptoit cette étymologie. Tout cela me paroît puérile. Avant qu'il y eût des princes, des poëtes, & des pasteurs appellés Battus, & qu'ils fussent assez connus pour donner lieu à un mot tiré de quelqu'un de leurs défauts, il y avoit des diseurs de rien; & cette maniere de parler vuide de sens, étoit connue & avoit un nom; peut - être étoit - elle déjà appellée battologie. Quoi qu'il en soit, j'aime mieux croire que ce mot a été formé par onomatopée de bath, espece d'interjection en usage quand on veut faire connoître que ce qu'on nous dit n'est pas raisonnable, que c'est un discours déplacé, vuide de sens: par exemple, si l'on nous demande qu'a - t - il dit? nous répondons bath, rien; patipata. C'est ainsi que dans Plaute, (Pseudolus, act. I. sc. 3.) Calidore dit: quid opus est? à quoi bon cela? Pseudolus répond: Potin aliam rem ut cures? vous plaît - il de ne vous point mêler de cette affaire? ne vous en mettez point en peine, laissez - moi faire. Calidore replique at.... mais..... Pseudolus l'interrompt en disant bat: comme nous dirions ba, ba, ba, discours inutile, vous ne soevez ce que vous dites.

Au lieu de notre patipata, où le p peut aisément être venu du b, les Latins disoient butubata, & les Hébreux bitutote, pour répoudre à une façon de parler futile. Festus dit que Noevius appelle butubata ce qu'on dit des phrases vaines qui n'ont point de sens, qui ne méritent aucune attention: butubata Noevius pro nugatoriis posuit, hoc est nullius dignationis. Scaliger croit que le mot de butubata est composé de quatre monosyllabes, qui font fort en usage parmi les enfans, les nourrices & les imbéciles; savoir bu, tu, ba, ta: bu, quand les enfans demandent à boire; ba ou pa, quand ils demandent à manger; ta ou tatam, quand ils demandent leur pere, où le t se change facilement en p ou en m, maman: mots qui étoient aussi en usage chez les Latins, an témoignage de Varon & de Caton; & pour le prouver, voici l'autorité de Nonius Marcellus au mot buas. Buas, potionem positam parvulorum. Var. Cato, vel de liberis educandis. Cum cibum ac potioncm buas, ac papas docent & matrem mammam, & patrem tatam. (F)

Bat (Page 2:131)

Bat, s. m. (Commerce.) petite monnoie de billon de Suisse, dont on ne peut que difficilement évaluer la valeur. Plusieurs cantons en fabriquent à différens titres & poids. Pour donner la valeur d'un bat, celui de Zuric vaut deux sous & cinq sixiemes de denier, argent de France. Il faut encore distinguer les bons bats des communs.

Bat (Page 2:131)

Bat, (Manege & Maréchallerie.) c'est une espece de selle de bois qu'on met sur les ânes, mulets & chevaux, pour y ajuster des paniers ou autres machines destinées à porter des fardeaux. Les bâts communs ne sont autre chose qu'une espece d'arçon composé de deux fûts de bois, joints avec des bandes de même matiere. Chaque fût est accompagné d'un crochet, pour tenir les cordes qui soûtiennent aux deux côtés du bât des paniers, des ballots ou des échelettes. Le dessous du bât est garni de panneaux: on y ajoûte une sangle, ou bien on fait passer un surfaix par - dessus. On attache au fût de derriere une courroie qui sert de croupiere. Voyez Panneau, Surfaix, Croupiere

Un cheval de bât est un cheval destiné à porter des fardeaux sur un bât, soit à la guerre, en route, ou dans les messageries. (V)

Bat (Page 2:131)

* Bat, s. m. chez les marchands de poisson, c'est la queue du poisson: le grand poisson, disent - ils, se mesure entre queue & bat.

BATA (Page 2:131)

* BATA, (Géog.) ville d'Afrique, capitale de la province de même nom au royaume de Congo.

BATADEUR (Page 2:131)

BATADEUR, s. m. au jeu de Revertier, sont les dames qui font surcase sur la même fleche où il y en a déjà d'accouplées. Elles sont nommées batadeur, parce qu'elles servent à battre les dames découvertes, sans qu'on soit obligé à se découvrir soi - même.

BATAILLE, COMBAT, ACTION (Page 2:131)

* BATAILLE, COMBAT, ACTION, Gramm. La bataille est une action plus générale, & ordinairement précédée de préparations: le combat est une action plus particuliere, & moins prévûe. On peut dire que la bataille de Pharsalles & le combat des Horaces & des Curiaces sont des actions bien connues. Ainsi action semble le genre, & bataille & combat des especes: bataille a rapport aux dispositions, & combat à l'action: on dit l'ordre de bataille, & la chaleur du combat; combat se prend au figuré, bataille ne s'y prend point. On ne parleroit point mal, en disant, il s'est passé en - dedans de moi un violent combat entre la crainte de l'offenser, & la honte de lui céder; mais

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