ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"152"> au cadet, la remet en sa place, donne le couteau ou spatule, embarre au - devant de l'affut pour l'alignement sur le piquet, passe un levier sous le ventre du mortier pour l'élevation, prend le boute - feu, & met le feu à la fusée, nettoye le mortier avec la curette.

Deuxieme servant à la gauche: va chercher la bombe chargée, aide au cadet à la placer, embarre au derriere de l'affut pour l'alignement, pousse ou retire le coin derriere pour l'élevation, prend un levier & met le mortier debout.

Deuxieme servant de la droite: va chercher la bombe chargée, aide au cadet à la placer, embarre au derriere de l'affut pour l'alignement, prend un levier, & met le mortier debout, balaye la batterie. Mém. d'Artillerie de S. Remy, troisieme édition.

Batterie à ricochet (Page 2:152)

Batterie à ricochet, c'est celle qui est destinée à tirer le canon à ricochet.

On dit qu'on tire le canon à ricochet, lorsqu'on le charge d'une quantité de poudre capable seulement de chasser ou porter le boulet vers le commencement des faces des pieces attaquées. Il faut pour cela que le canon soit posté dans le prolongement de ces faces. Le boulet tiré de cette maniere va en roulant & en bondissant, & il tue ou estropie tous ceux qu'il rencontre dans le cours de son mouvement. Il fait bien plus de desordre en allant ainsi mollement, que s'il étoit chassé avec force ou roideur.

Les batteries à ricochet ont été inventées par M. le maréchal de Vauban: il commença à les employer au siege d'Ath en 1697. Voici ce qu'il prescrit touchant ces batteries, dans son traité de l'Attaque des places.

Pour tirer à ricochet il faut mettre les pieces sur la semelle, c'est - à - dire à toute volée, & charger avec des mesures remplies & raclées avec exactitude, versant la charge dans la lanterne, & la conduisant doucement au fond de la piece, sur laquelle on coule la bourre, appuyant dessus avec le refouloir sans battre. La piece étant chargée de la sorte, pointée & posée sur la semelle, comme il est dit ci - dessus, il n'y aura plus que le trop ou le trop peu de charge qui puisse empêcher le coup d'aller où l'on veut. Mais on a bien - tôt trouvé la véritable charge qu'il lui faut; car en chargeant toûjours de même poudre & de mesure, on l'augmente ou diminue jusqu'à ce qu'on voie le boulet entrer dans l'ouvrage, effleurant le sommet du parapet, ce qui se voit aisément, parce qu'on conduit le boulet à l'oeil. Quand on a une fois trouvé la vraie charge, il n'y a qu'à continuer: comme la piece ne recule pas, au moins sensiblement, à cause de cette charge qui est beaucoup plus petite que la charge ordinaire, tant que la même poudre dure, le boule se porte toûjours où il doit aller.

Observez aussi que quand on change de poudre, il faut prendre garde au ricochet, & le régler de nouveau; & quand il est trop fort, c'est - à - dire quand il éleve considérablement, il sera bon de l'abaisser & d'employer pour cet effet le coin de mire, & augmenter la charge afin de e roidir un peu davantage; il en devient plus dangereux: mais il faut prendre garde à deux choses; l'une, de ne pas trop roidir, parce qu'il pourroit passer sans plonger; & l'autre, qu'il rase toûjours les paniers dont les soldats assiégés se couvrent; & quand il en abat quelqu'un, il n'est que meilleur; car c'est la perfection de bien tirer que de raser toûjours le sommet du parapet le plus près qu'il est possible, sans le toucher; un peu d'expérience & d'attention l'ont bientôt reglé.

Il faut encore bien prendre garde à une chose, c'est que le ricochet ne doit pas faire bond sur le parapet des faces prolongées, mais sur le rempart qui est derriere; c'est pourquoi il faut toûjours laisser quatre toises ou environ, depuis le devant des pieces que l'on bat jusqu'à l'endroit où l'on pointe. Quand il y a lieu de changer d'objet & de battre en revers sur le chemin couvert, ou dans le fossé ou sur l'arriere des bastions, il n'y a qu'à donner un peu de flasque à la piece, la repointer, & toûjours l'abattre sur la semelle, & remonter ensuite le ricochet jusqu'à ce qu'on soit ajusté, après quoi il n'est plus nécessaire d'y retoucher. Quand les pieces sont dirigées sur ce qu'on veut battre, comme elles ne reculent point, on peut les affermir pour la nuit & le jour, & quand même il faudroit les contenir par des tringles cloüées sur les plattes - formes pour mieux s'en assûrer, cela n'en seroit que mieux.

Le nombre des pieces aux batteries à ricochets doit être depuis cinq jusqu'à huit ou dix; si l'on en mettoit moins, le ricochet seroit trop lent, & laisseroit du tems à l'ennemi, dont il pourroit se prévaloir pour travailler à ses retranchemens.

Par cette raison on ne doit jamais permettre de tirer en salve, mais toûjours un coup après l'autre par intervalles égaux.

On ne doit jamais non plus tirer à ricochet qu'on ne charge avec des mesures, c'est de quoi on doit être abondamment fourni.

Les mesures nécessaires doivent être de fer - blanc, comme celles dont on mesure le sel; savoir, d'une once, de deux, de trois, de quatre, de huit qui font la demi - livre, & de seize onces qui font la livre.

Cette quantité par chaque piece doit suffire, & même on pourroit se contenter de moins; car s'il s'agit de charger d'une once, vous en aurez la mesure, si de deux, vous l'avez aussi; si de trois, de même; si de quatre, vous l'avez encore; si de cinq, ajoûtez un à quatre; si de six, ajoûtez deux à quatre; si de sept, ajoûtez trois à quatre; la huitieme fait la demi-livre, qui repetée deux fois fait la livre; trois fois fait la livre & demie; quatre fois font deux livres.

Il vaut mieux néanmoins avoir quelques mesures de plus pour ne point tâtonner, & les faire toutes numéroter avec bien de l'exactitude. On est bientô accoûtumé au ricochet, qui est la meilleure & la plus excellente maniere d'employer utilement le canon dans les siéges.

Les propriétés de ces batteries dans les commencemens d'un siége, sont,

1°. De démonter promptement les barbettes & toutes les autres pieces montées le long des faces des bastions & demi - lunes, qui peuvent incommoder la tranchée, en battant à pleine charge.

2°. De plonger les fossés, y couper les communications de la place aux demi - iunes, principalement s'ils sont pleins d'eau.

3°. De chasser l'ennemi des défenses de la place opposées aux attaques, en battant à ricochet.

4°. De chasser l'ennemi des chemins couverts, & de l'y tourmenter tellement par la rupture des pullissades, en les plongeant d'un bout à l'autre, qu'il soit obligé de les abandonner.

5°. De prendre le derriere des flancs & des courtines qui peuvent s'opposer aux passages des fossés, & les rendre inutiles.

6°. D'être d'une grande oeconomie, en ce qu'elles peuvent servir tant que le siége dure, sans qu'on soit obligé de changer les batteries.

7°. De consommer sept ou huit fois moins de poudre, & de ne tirer jamais inutilement.

8°. De tirer plus juste & plus promptement, & bien plus efficacement que par toutes les autres manieres de battre.

Après les batteries à ricochet, il n'en faut pas d'autres que celles du chemin couvert; car pour ce qui est de rompre les défenses, outre qu'elles sont de longue discussion, c'est une erreur, on ne le fait jamais; & il n'arrive point qu'un parapet à l'épreuve soit assez rasé pour que l'on ne s'en puisse plus servir. [p. 153] D'ailleurs cela est inutile quand le ricochet est bien placé & qu'il fait son devoir: ainsi toutes les autres batteries nécessaires doivent s'établir sur le haut du parapet du chemin couvert, & se doivent border; elles sont toutes de même espece, mais elles ont différens usages.

Les premieres en ordre doivent être les deux d, d, (Planche XVII. de l'Art milit. fig. 1.) quatre pieces chacune destinées à l'ouverture de la demi - lune C; on les place de part & d'autre de son angle, à peu près dans les endroits marqués d, d; & quand la demi - lune est prise, on les peut changer de place, en les mettant un peu à droite & un peu à gauche, pour enfiler son fossé, afin de pouvoir battre en breche les épaules des bastions, comme on le voit en e, e.

Après que les breches sont faites, soit à la demi-lune, soit aux bastions, & bien éboulées, on tient ces batteries en leur premier état, toûjours prêtes à battre le haut jusqu'à ce qu'on en soit le maître; on biaise même les embrasures pour aggrandir les breches, observant que pour faire breche avec le canon, il faut toûjours battre en salve, & le plus bas qu'on peut, mais jamais le plus haut, parce que cela attire des ruines au pié qui rompent l'effet du canon. Pour bien faire, il ne faut pas que la sape ait plus de six à sept piés de haut. On ne doit jamais quitter le trou qu'on bat, qu'on ne l'ait enfoncé de 8 à 10 piés au moins, après quoi on leur fait élargir la breche, comme on l'a dit ci - dessus, ce qui est une affaire de vingt - quatre heures au plus: on peut donc dire que les batteries des demi - lunes ont trois usages:

Le premier, est celui d'ouvrir la piece attaquée.

Le second, de battre le haut de la breche.

Et le troisieme, d'ouvrir le corps de la place par des orillons.

Les secondes batteries en ordre sont celles marquées h, h, (Planche XVII. de l'Art milit. fig. 1.), qui s'établissent sur le haut du chemin couvert, devant les faces des bastions A B qu'on veut ouvrir.

Les bombes peuvent aussi se tirer à ricochet. M M. les commandans de l'école d'artillerie de Strasbourg ont fait en 1723 des expériences à ce sujet, rapportées de cette maniere dans le Bombardier François. « Pour tirer les bombes à ricochet, on se sert de mortiers de huit pouces montés sur des affut, de canon. Les batteries que l'on fait pour cela, se placent sur le prolongement des branches du chemin couvert, ou de tout autre ouvrage, mais principalement du chemin couvert, parce que les bombes y font un si grand ravage, qu'il n'est presque pas possible de pouvoir y tenir. Elles rompent les pallissades, les rambours & réduits que l'on fait dans des places d'armes rentrantes, & causent bien plus de desordre que les boulets; car non - seulement elles sont plus grosses & plus pesantes, mais après avoir fait plusieurs bonds, elles crevent à l'endroit où elles viennent se terminer & ne s'enterrent point. Leurs éclats sont toûjours meurtriers; d'autre part ces mortiers peuvent être servis avec beaucoup plus de célérité que les canons; car il n'est question que de mettre la poudre dans sa chambre, la bombe dessus, & tirer; & comme cela peut se faire en 3 ou 4 minutes, une batterie de deux mortiers servie de cette façon, pourra jetter trente ou quarante bombes par heure. Je laisse à penser, ajoûte M. Belidor, si un chemin couvert étoit croisé par de semblables batteries, quelle est la garnison qui pourroit s'y maintenir, l'avantage qu'on auroit de l'attaquer de vive force, & combien on auroit de facilité pour avancer les travaux.

Comme il faut éviter que les bombes ne s'enterrent en tombant, parce qu'elles ne feroient point le ricochet, les mortiers ne doivent jamais être pointés au - dessus de 12 degrés: mais on peut se servir de tous les angles que le mortier peut faire avec l'horison entre 8 & 12 degrés, & choisir le plus convenable à la charge dont on se servira, relativement à la distance dont on sera de l'endroit où les bombes doivent commencer à bondir. Les épreuves faites à Strasbourg peuvent servir de regle à ce sujet. Voici en quoi elles consistent.

On a construit une batterie à 70 toises de l'angle saillant du chemin couvert de la demi - lune du polygone de cette école: un mortier pointé à 9 degrés au - dessus de la ligne horisontale, & chargé de 13 quarterons de poudre, a jetté les bombes sur le glacis, à 2, 4, 6, 8 toises du parapet du chemin couvert, d'où elles se relevoient & alloient plonger dans la branche entre les deux traverses, & de - là dans la place d'armes rentrante contre un petit réduit qu'on y avoit fait.

L'on a pointé ensuite à 10 degrés avec la même charge, & après 5 ou 6 coups répétés de cette maniere, l'on a observé que les bombes tomboient dans la place d'armes saillante, d'où elles se relevoient & alloient plonger, comme les précédentes, dans la branche entre les deux traverses, & de - là dans la place d'armes rentrante. Enfin on a pointé le mortier à 11 degrés toûjours avec la même charge, & après 5 ou 6 coups réitérés, on a observé que les bombes tomboient encore dans la branche, entre les deux traverses; d'où elles se relevoient & alloient passer par - dessus le reste du chemin couvert: ce qui a fait conclurre que la maniere la plus avantageuse & la plus convenable de faire agir ce ricochet, étoit de ménager la direction du mortier; de sorte que les bombes pûssent tomber sur la crête du chemin couvert, ou dans la place d'armes saillante, moyennant quoi elles faisoient toûjours un grand effet.

On a éprouvé si la fusée ne s'éteindroit point, soit par la chûte des bombes, ou par le frottement du ricochet en roulant; & pour cela on en a fait tirer plusieurs avec des fusées allumées, qui ont toutes réussi, ayant été entierement consumées.»

Batteries en rouage (Page 2:153)

Batteries en rouage, sont celles qu'on destine à démonter les pieces de l'ennemi.

Batteries enterrées (Page 2:153)

Batteries enterrées, sont celles dont les plattes - formes sont enfoncées dans le terrein de la campagne; de maniere que ce terrein sert de parapet ou d'épaulement à la batterie, & qu'on peut y pratiquer des embrasures.

Batteries directes (Page 2:153)

Batteries directes, sont celles qui battent à peu près perpendiculairement les côtes des ouvrages devant lesquels elles sont placées.

Batterie meurtriere (Page 2:153)

Batterie meurtriere. Voyez Batteries de revers.

Batteries de revers (Page 2:153)

Batteries de revers, sont celles qui battent le derriere d'un ouvrage, & qui voyent le dos de ceux qui le défendent. Elles sont aussi appellées batteries meurtrieres, à cause qu'elles sont les plus dangereuses, & qu'il est fort difficile de se parer ou mettre à couvert de leur canon.

Batteries en écharpe (Page 2:153)

Batteries en écharpe, sont celles dont les tirs font un angle au plus de 20 degrés avec les faces, ou les côtés des pieces qu'elles battent. On les appelle aussi quelquefois batteries de bricole; parce que le boulet ne faisant, pour ainsi dire, qu'effleurer la partie sur laquelle il est tiré, se réfléchit dans les environs, à peu près comme le fait une balle de bil lard, qui a frappé la bande obliquement.

Batterie d'enfilade (Page 2:153)

Batterie d'enfilade, est celle qui découvre toute la longueur de quelque partie d'un ouvrage de fortification; ensorte que le boulet peut prendre par le flanc ou le côté, tous ceux qui sont placés sur ce côté, & qui font face au parapet.

Batteries en croix (Page 2:153)

Batteries en croix, ou Batteries croisées, ou encore en chapelet, sont dans l'Art mi -

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