ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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On appelloit juges à bâton traînant, ceux qui étoient
chargés de l'exécution de cet édit, soit par rapport
à la maniere rigoureuse & sommaire dont ils faisoient
leurs exécutions, soit par rapport au bâton
qu'ils portoient comme une marque de leur autorité,
& qu'ils tenoient à la main en jugeant les malfaiteurs.
(G)
Baton
(Page 2:144)
* Baton, (en Mythol.) on distingue particulierement
l'augural & le pastoral: l'augural, appellé par
les Latins lituus, étoit façonné en crosse par le bout;
il servoit à l'augure pour partager le ciel dans ses observations;
celui de Romulus avoit de la réputation
chez les Romains: ceux d'entre eux qui ne se piquoient
pas d'une certaine force d'esprit, croyoient
qu'il avoit été conservé miraculeusement dans un
grand incendie. Quintus tire de ce prodige & de la
croyance générale qu'on lui accordoit, une grande
objection contre le Pyrrhonisme de son frere Ciceron, qui n'y répond que par des principes généraux
dont l'application vague seroit souvent dangereuse:
Ego Phitosophi non arbitror testibus uti qui aut casu veri,
aut malitia falsi fictique esse possunt. Argumentis & rationibus
oportet, quare quidque ita sit, docere; non eventis,
üs proesertim quibus mihi non liceat credere... omitte
igitur lituum Romuli, quem maximo in incendio negas
potuisse comburi.... Nil debet esse in Philosophia commentitüs
fabellis loci. Illud erat Philosophi, totius augurü
primum naturam ipsam videre, deinde inventionem,
deinde constantiam... quasi quidquam sit tam valde,
quam nihil sapere vulgare? aut quasi tibi ipsi in judicando
placeat multitudo.
Ciceron a beau dire; il y a cent mille occasions où
la sorte d'examen qu'il propose ne peut avoir lieu;
où l'opinion générale, la croyance non interrompue,
& la tradition constante, sont des motifs suffisans;
où le jugement de la multitude est aussi sûr que
celui du philosophe: toutes les fois qu'il ne s'agira
que de se servir de ses yeux, sans aucune précaution
antérieure, sans le besoin d'aucune lumiere acquise,
sans la nécessité d'aucune combinaison ni induction
subséquente, le paysan est de niveau avec le philosophe: celui - ci ne l'emporte sur l'autre que par les
précautions qu'il apporte dans l'usage de ses sens;
par les lumieres qu'il a acquises, & qui bientôt ôtent
à ses yeux l'air de prodige à ce qui n'est que naturel;
ou lui montrent comme surnaturel ce qui est
vraiment au - dessus des forces de la nature, qui lui
sont mieux connues qu'à personne; par l'art qu'il a
de combiner les expériences, d'évaluer les témoignages,
& d'estimer le degré de certitude, & par
l'aptitude qu'il a de former des inductions ou de la
supposition, ou de la vérité des faits.
Le baton pastoral est de deux sortes: c'est ou celui
qu'on voit dans les monumens anciens à la main des
Faunes, des Sylvains; en un mot des dieux des bois
& des forêts: il est long, noüeux, & terminé en
crosse: ou c'est la crosse même que nos évêques
portent à la main dans les jours de cérémonie; c'est
un assemblage de différentes pieces façonnées d'or
& d'argent, entre lesquelles on peut distinguer le
bec de corbin ou la crosse d'en - haut, les vases, les
fonds de lanterne, les dômes, les douilles, & les
croisillons.
Il y a encore des bâtons de chantre & de confrairie.
Le bâton de confrairie, n'est autre chose qu'un long
morceau de bois, tourné au tour, façonné, doré,
ou argenté, à l'extrémité duquel est fichée l'image
du patron de la confrairie.
Le baton de chantre en usage dans quelques cathédrales,
ressemble assez au bâton pastoral, quant à la
richesse, & même quant à la forme, à l'exception
qu'il n'est pas terminé en haut par la crosse, mais
qu'il a quelqu'autre forme relative, soit à la dignité
du chantre, soit aux prérogatives de l'église.
Baton
(Page 2:144)
Baton, en terme de Blason, sorte de bande qui n'a
qu'un tiers de la largeur ordinaire. Voyez Bande.
Le bâton ne va pas d'un côté à l'autre de l'écusson,
comme fait la bande ou l'écharpe, mais il est coupé
court en forme de tronçon; il est d'usage pour marquer
la bâtardise. (V)
Batons à deux bouts
(Page 2:144)
Batons à deux bouts; ce sont de longs bâtons
que les gardes des forêts & des parcs, &c. portent
comme une marque de leur emploi, & dont ils se servent
aussi comme d'une arme.
Batons
(Page 2:144)
Batons ou Baculi, en Pharmacie, compositions
façonnées en cylindre, ayant la figure de bâtons. C'est
ainsi que l'on figure les magdaleons des emplâtres officinales.
C'est sous cette figure que l'on met les chandelles
galeniques, les bougies medicamenteuses. Voyez Chandelle, Bougie.
C'est aussi sous cette forme que l'on réduit certaines
préparations bechiques, ou que l'on ordonne
dans la toux, comme le suc de réglisse de Blois, les
tablettes ou bâtons de sucre d'orge. Voyez
Tablettes, Suc de Reglisse
. (N)
Baton
(Page 2:144)
Baton d'Arpenteur; voyez Equerre d'Arpenteur. (E)
Baton de Jacob
(Page 2:144)
Baton de Jacob, instrument dont on se sert en
mer pour mesurer les hauteurs des astres. On l'appelle
autrement arbalestrille. Voyez Arbalestrille. (T)
Baton à meche
(Page 2:144)
Baton à meche, (Marine.) c'est une meche
qu'on entretient toûjours brûlante sur le château - d'avant.
Baton de Pavillon
(Page 2:144)
Baton de Pavillon, ou d'Enseigne (Marine.) c'est un petit matereau, ou longue gaule de sapin,
ou d'autre bois léger, qui sert à arborer le pavillon.
Voyez en la figure & la position dans la Pl. I. à
la lettre G.
Baton de Girouette
(Page 2:144)
Baton de Girouette, c'est un matereau très petit,
ou gaule, dans lequel est plantée la verge de
fer qui tient la giroüette. Voyez à la Planche I. les giroüettes marquées g.
Baton de Flamme
(Page 2:144)
Baton de Flamme, c'est un bâton qui n'est long
qu'autant que la flamme est large par le haut. C'est ce
bâton qui la tient au haut du mât.
Baton de Vadel, Baton
(Page 2:144)
Baton de Vadel, Baton ou Manche de Guipon, (Marine.) ce sont certains bâtons où l'on attache
les bouchons d'étoupe ou de penne, dont se sert
le calfateur pour goudronner ou braier le vaisseau.
(Z)
Batons de Neper
(Page 2:144)
Batons de Neper. Voyez Neper.
Baton
(Page 2:144)
Baton, en Architecture, c'est une moulure usitée
dans la base des colonnes. Voyez Tore.
Baton
(Page 2:144)
Baton, en Musique, est une barre épaisse qui traverse
perpendiculairement une ou plusieurs lignes de
la portée, & qui, selon ses différentes longueurs, selon
le plus ou le moins de ces lignes qu'elle embrasse,
exprime un plus grand ou moindre nombre de mesures
qu'on doit compter en silence.
Anciennement, les bâtons représentoient autant
de différentes valeurs de notès, depuis la ronde jusqu'à la maxime qui en valoit huit, & dont la durée
en silence s'évaluoit par un bâton, qui, partant d'une
ligne, traversoit trois intervalles, & alloit joindre la
quatrieme ligne.
Aujourd'hui le plus grand bâton est de quatre mesures;
il faut que, partant d'une ligne, il traverse la
suivante, & arrive à la troisieme ainsi:
[omission: other; to see, consult fac-similé version]
On le répete une fois, deux fois, ou autant de fois
qu'il faut pour exprimer huit mesures, ou douze, ou
tout autre multiple de quatre, & l'on ajoûte ordinai<pb->
[p. 145]
rement au - dessus un chiffre qui dispense
de compter la valeur de tous
ces bâtons. Ainsi ces marques indiquent
un silence de seize mesures.
[omission: other; to see, consult fac-similé version]
Le plus petit bâton est de deux mesures, & s'étend
seulement d'une ligne à sa voisine,
en cette sorte,
[omission: other; to see, consult fac-similé version]
Les autres moindres silences comme d'une mesure,
d'une demi - mesure, d'un tems, &c. s'expriment par
les mots de pause, demi - pause, soupir, &c. Voyez ces
mots. Il est aisé de comprendre qu'en combinant tous
ces signes, on peut exprimer à sa volonté des silences
d'une durée quelconque. Voyez Silence.
Il ne faut pas confondre avec les bâtons des silences,
d'autres bâtons précisément de même figure, qui, sous
le nom de pauses initiales, servoient dans nos anciennes
musiques à déterminer le mode, c'est - à - dire, la
mesure, & dont nous parlerons au mot Mode.
Baton de Mesure
(Page 2:145)
Baton de Mesure, est un bâton fort court, ou
même un simple rouleau de papier, dont le maître
de Musique se sert dans un concert pour régler le
mouvement, & marquer la mesure & les tems. Voyez
Battre la mesure. (S)
Batons de Chasse
(Page 2:145)
Batons de Chasse, ce sont ceux que l'on porte
quand on va courre.
Baton à egriser
(Page 2:145)
Baton à egriser, parmi les Diamantaires, est
un morceau de bois tourné, composé d'une tête sur
laquelle on cimente le diamant pour l'égriser; plus
bas est un collet ou espace beaucoup moins gros, qui
est proprement la place du pouce & de l'index de
l'ouvrier. Au - dessous de ce collet est la poignée grosse
à pouvoir remplir la main. Il se termine en pointe
comme le petit bout d'un fuseau. Voyez KL. Pl. I. du
Diamantaire, fig. 6. qui représente une portion d'établi,
sur laquelle sont montés deux égrisoirs. Voyez
Egrisoir.
Baton à cimenter
(Page 2:145)
Baton à cimenter, terme de Lapidaire, est un
morceau de bois, gros par un bout & menu par l'autre,
où les Lapidaires enchâssent leurs crystaux &
leurs pierres par le moyen d'un mastic. V. ia fig. 15.
Pl. du Lapidaire. Ce mastic n'est autre chose qu'un
mêlange de ciment & de poix résine.
Baton
(Page 2:145)
Baton, en terme de Formier, c'est un petit cylindre
garni d'une peau de chien de mer, dont on se sert
pour frotter les formes ou autres ouvrages. Voyez
Frotter, voyez fig. 1. Pl. du Formier - Talonnier.
Baton à Gant
(Page 2:145)
Baton à Gant, autrement Retournoir, ou
Tourne - gant, est un morceau de bois fait en forme
de fuseau long, dont les Gantiers se servent dans
la fabrique de leurs gants. Ils sont ordinairement doubles
quand on s'en sert. Voyez Gant & Tournegant.
Bâtonner un gant, ou réformer un gant, c'est après
l'avoir fini, l'élargir sur le réformoir avec des bâtons
faits exprès, & appellés bâtons à gant, afin de lui
donner plus de forme.
Baton à dresser
(Page 2:145)
Baton à dresser, c'est, parmi les Orfevres en
grosserie, un rouleau dont on se sert pour mettre de
niveau une plaque de métal mince, & qui voile au
gré de l'air. Voyez Voiler. Voyez Pl. I. fig. 4.
Baton à Tourner
(Page 2:145)
Baton à Tourner, en Passementerie, est un simple
bâton rond, de 7 à 8 pouces de long, assez menu,
qui a à 3 ou 4 lignes de l'un de ses bouts, une petite
rainure tout à l'entour de lui - même, pour recevoir
& tenir les deux bouts d'une moyenne ficelle,
qui n'est point coupée par son autre bout; ce bout
de ficelle non coupé s'introduit, se fixe dans le petit
trou du bout de l'ensuple & s'enveloppe sur ce bout,
jusqu'auprès du bâton à tourner, qui sert ainsi par le
mouvement de la main droite, à faire tourner l'en<cb->
suple sur le ployoir, lorsque l'on ploie les pieces relevées
sur le billot, au sortir de dessus l'ourdissoir.
Baton
(Page 2:145)
Baton (en terme de Planneur) est un morceau de
bois de tremble ou de tilleul, sur lequel les Planneurs
nettoyent leurs marteaux.
Baton rompu
(Page 2:145)
Baton rompu (en Serrurerie) est un morceau
de fer quarré ou rond, coudé en angle obtus; l'angle
est plus ou moins obtus, selon l'endroit où le
morceau de fer doit être appliqué.
Baton de semple
(Page 2:145)
Baton de semple (partie du métier d'étoffe de
soie.) Le bâton de semple est rond, il a un pié & demi
de long. On y attache les cordes de semple les
unes après les autres, & on les y fixe avec un noeud
courant. Pour cet effet, on double les cordes & on
forme une boucle double. Le baton de semple est placé
au bas du métier, à l'extrémité inférieure des cordes
de semple. Voyez la description du métier à l'article
Velours.
Baton de rame
(Page 2:145)
Baton de rame (partie du métier d'étoffe de soie)
Le bâton de rame a deux piés de long; il est de la même
forme que celui du semple, & on y attache les
cordes de rame de la même maniere que celles du
semple. Voyez la description du métier à l'art. Velours.
Baton de Gavassiniere
(Page 2:145)
Baton de Gavassiniere, est celui auquel on
arrête la gavassiniere, pour disposer la tireuse à travailler.
Baton de preuve
(Page 2:145)
Baton de preuve (en terme de Rafineur de sucre)
est une espeçe de bâton plat par un bout, allant ou
s'élargissant un peu jusqu'à l'extrémité du même côté.
L'autre bout qui lui sert de manche est rond, &
commence un peu plus haut que la moitié du bâton.
C'est sur ce bâton trempé dans sa cuite, V. cuite,
que le rafineur prend la preuve & fait l'essai de la
matiere. Voyez Preuve. Il sert encore à battre dans
la chaudiere à cuite, voyez Chaudiere à cuite,
lorsque le sucre monte avant de prendre son bouillon.
Baton de croisure
(Page 2:145)
Baton de croisure (Tapissier) est un bâton
rond, ordinairement de bois de saule. On en fait de
diverse longueur, mais tout d'un pouce de diametre.
Les Hautelissiers s'en servent pour croiser les
fils de leurs chaînes. Voyez Haute - lisse.
Baton
(Page 2:145)
* Baton (Isle) ou Buton (Géog.) île d'Asie,
dans la mer Indienne, à l'orient de l'île de Macassar
ou Célebes, entre celles de Wawani, Coelinea, &
Cabinus.
BATONNéE
(Page 2:145)
BATONNéE, s. f. BATONNéE d'eau (en Mar.)
c'est la quantité d'eau qu'on puise à la pompe, chaque
fois qu'on fait joüer la brimbale. (Z)
BATONNER
(Page 2:145)
BATONNER, v. ac. (en termes de Palais) c'est
soûligner un endroit d'un acte ou d'une piece, pour
avertir le juge ou autre qui la lira, de faire une singuliere
attention à cet endroit. (H)
BATONNIER
(Page 2:145)
BATONNIER des Avocats (Hist. mod.) est un des
anciens de sa compagnie, qui pendant une année préside
aux assemblées & députations de ses confreres,
comme le doyen, dans quelques autres compagnies;
il n'est que primus inter pares, & n'a aucune jurisdiction
sur l'ordre. Il ne peut point faire de reglemens
seul, ni agir de sa propre autorité pour faire exécuter
ceux qui sont faits; il n'a que la simple voie de
représentation & de remontrances. Ce qui donne
plus de considération à sa place, c'est la confection
du tableau où liste, qu'il dresse pendant son année
de tous les avocats suivant le Palais, qui ont droit
d'y travailler. Voyez Tableau.
On l'appelle apparemment Bâtonnier, à cause du
bâton de la confrairie de Saint Nicolas, dont il est
le chef, l'étant des avocats mêmes, qui tous en sont
confreres nés. (H)
BATONNIERS
(Page 2:145)
BATONNIERS, ou Huissiers à Baguette,
commis par le maréchal du banc du roi d'Angleterre,
pour accompagner les juges & porter à la main une
baguette ou un bâton, dont le bout supérieur est garni
d'argent: ils accompagnent aussi les prisonniers
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