ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"142"> ris, l'Hôtel - de - ville, les fontaines de Grenelle & des Innocens, ou autres de cette espece: bâtimens du commerce, ceux où les négocians s'assemblent certain jour de la semaine, pour s'y tenir en correspondance avec les étrangers; c'est ce qu'on appelle bourse, banque, &c.

Bâtimens de Marine, sont ceux qui sont destinés à la construction des vaisseaux, dans lesquels sont compris les magafins, arsenaux, corderies, aussi bien que ceux où l'on tient ces vaisseaux en sureté, comme les ports, moles, bassins, &c. batimens rustiques & champêtres, ceux qui à la campagne sont destinés à contenir les bestiaux, les grains, les jardins potagers, vergers, légumiers, connus sous le nom de fermes; ils sont ordinairement voisins de quelque terre considérable: enfin on appelle bâtimens particuliers, ceux qui sont destinés a la demeure des habitans d'une ville ou d'une province, qui n'ont point d'autre objet qu'une commodité relative à l'état & à la condition de leur propriétaire.

On dit aussi d'un bâtiment qu'il est triple, double, demi double, ou simple, lorsque dans sa profondeur entre cour & jardin, il est partgé par trois, deux, une & demie, ou une seule piece; comme on dit bàtiment en aîle, lorsque l'on pratique ou ajoûte après coup à un bâtiment un ou plusieurs étages, en retour de sa façade principale.

On dit encore qu'un bâtiment est feint, lorsqu'on veut parler d'une aîle affectée contre un mur mitoyen, sans autre utilité que la symmétrie, soit que cette affectation se fasse en peinture ou en maçonnerie, comme celle que l'on a pratiquée à l'hôtel de Beauvilliers à Paris; de même on appelle bâtiment ruiné, celui qui par vétusté ne laisse plus que quelques fragmens de son ancienne ordonnance, tels que les ruines de Tivoli, ou la plûpart des anciens châteaux aux environs de Paris, dont il ne reste plus que quelques vestiges.

Des parties essentielles qui composent la plûpart des bâtimens dont nous venons de parler, on en distingue trois de préférence, savoir, la solidité, la commodité, & l'ordonnance; la premiere a pour objet la connoissance de l'emploi & de la qualité des matériaux, & doit être considérée comme la plus importante partie du bâtiment, connue sous le nom de construction; la seconde consiste dans l'art de distribuer les plans selon la dignité du personnage qui fait bâtir, connue sous le nom de distribution; la troisieme consiste dans l'art de donner de la proportion, de l'harmonie & de l'accord aux parties d'un bâtiment, pour que réunis ensemble ils concourent à faire un beau tout; & c'est ce qu'on appelle décoration. Voyez la définition de chacun des termes dont on vient de parler à leurs différens articles. (P)

Batiment (Page 2:142)

Batiment, (Marine.) on entend ordinairement par ce mot toutes sortes de navires ou vaisseaux, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, lorsqu'ils ne sont pas vaisseaux de guerre. Il y a cependant beaucoup de gens qui l'attribuent également aux vaisseaux de guerre & aux vaisseaux marchands.

Bâtiment ras, c'est un bâtiment qui n'est pas ponté.

Bâtiment délicat, c'est un navire foible de bois. (Z)

BATIR (Page 2:142)

BATIR, v. a. & n. terme d'Architect. se dit & de la dépense que fait un particulier pour élever ou restaurer un bâtiment, & du travail de l'architecte chargé de la conduite des ouvrages. Aussi dit - on de quelqu'ouvrage d'importance, un tel prince a bâti tel édifice, & que tel architecte a bâti tel monument, parce qu'il en a donné les desseins.

On dit encore qu'un entrepreneur bâtit bien, lorsque ses bâtimens sont construits avec choix de bons matériaux, & avec le soin & la propreté que l'art demande. Voyez Batiment. (P)

Batir (Page 2:142)

Batir ou Bassetir, terme de Chapelier, c'est façonner le feutre sur le bassin pour en former les quatre capades: quand elles ont été bien marchées & feutrées, on les joint ensemble & on en compose un tout qui ressemble assez à une chausse à hypocras, après quoi on foule, & on dresse le chapeau sur une forme de bois avec l'avaloire, la piece, & le choque. V. Chapeau, Avaloire, Piece, & Choque

Batir (Page 2:142)

Batir, terme de Tailleur, qui signifie assembler les pieces d'un habit en les cousant à grands points avec du gros fil, avant que de les coudre à demeure avec de la soie ou du fil plus fin.

BATISSOIR (Page 2:142)

BATISSOIR, s. f. instrument de Tonnelerie; c'est un cercle de fer plus ou moins grand, selon les ouvrages, dont le tonnelier se sert pour assembler les douves d'une futaille qu'il veut construire.

BATISTE (Page 2:142)

* BATISTE, s. f. (Comm.) toile de lin fine & blanche qui se fabrique en Flandre & en Picardie: on en distingue de trois sortes; il y a la batiste claire, la moins claire, & la hollandée; les deux premieres ont deux tiers, ou trois quarts & demi de large, & se mettent par pieces de six à sept aunes; la hollandée porte deux tiers de large, & douze à quinze aunes de long. De quelque longueur que les ouvriers fassent les batistes claires, les courtiers les réduisent à douze aunes, & ces douze aunes en deux pieces de six. Les morceaux enlevés de ces pieces se nomment coupons, s'ils sont de deux aunes juste; s'ils ont plus ou moins de deux aunes, on les bâtit, & on les vend comme la piece. Les batistes viennent des manufactures enveloppées dans des papiers bruns battus; chaque paquet est d'une piece entiere, ou de deux demi - pieces: on en emplit des caisses de sapin, dont les ais sont assemblés avec des chevilles au lieu de clous, ce qui est très - commode; car en cloüant les ais, on pourroit aisément percer les pieces. L'on fait avec cette toile des fichus, des mouchoirs, des surplis, &c.

BATMAN ou BATTEMANT (Page 2:142)

BATMAN ou BATTEMANT, s. m. (Comm.) poids de Turquie. Il y en a de deux sortes; l'un est composé de six ocquos, chaque ocquo pesant trois livres trois quarts de Paris; en sorte que ce premier batman est de vingt - deux livres & demie.

L'autre est pareillement composé de six ocquos; mais chacun de ces ocquos ne pese que quinze onces, qui est trois quarts moins que le premier: ce dernier batman ne revient donc qu'à cinq livres dix onces.

Le quintal, qui est aussi un poids de Turquie, pese trente batmans. Voyez Quintal & Ocquo.

Batman est aussi un poids de Perse; il y en a de deux sortes, ainsi qu'en Turquie; l'une qu'on nomme batman de chahi ou cheray, & qui est le poids du roi; & l'autre qui s'appelle batman de Tauris, du nom d'une des principales villes de Perse.

Le batman de chahi sert à peser tant les choses nécessaires à la vie, que les charges des bêtes de somme: il pese douze livres & demie de Paris.

Celui de Tauris, qu'on ne met en usage que pour les marchandises de négoce, pese moitié moins que le batman de chahi, & n'est par conséquent que de six livres un quart.

Telle est la proportion de ces poids avec les nôtres, selon Tavernier: mais Chardin y met quelque différence; car il ne fait le batman de Tauris que de cinq livres quatorze onces de Paris, & le batman de chahi, ou le batman du roi, que de douze livres dou: ze onces. (G)

BATOCHINE (Page 2:142)

* BATOCHINE, (Géog.) partie de l'île de Gilolo, l'une des Moluques.

BATOCKS, ou BATOÇGI (Page 2:142)

* BATOCKS, ou BATOÇGI, s. m. pl. (Hist. mod.) sont deux bâtons minces dont on se sert à Moscow pour battre les criminels jusqu'à la mort: lorsque quelqu'un est condamné à ce supplice, on luì ôte ses habits, & on ne lui laisse que sa chemise; [p. 143] un des exécuteurs s'assied sur sa tête, & un autre sur ses jambes, tandis qu'un troisieme frappe jusqu'à ce que le patient ait reçû la dose de coups prescrite par le magistrat.

BATON (Page 2:143)

* BATON, s. m. se dit en général d'un morceau de bois rond, tourné au tour ou non tourné, & s'applique à beaucoup d'autres choses qui ont la même forme. Ainsi on dit en Tableterie, un baton d'ivoire, un bâton d'écaille, pour un morceau d'ivoire ou d'écaille rond; chez les Marchands de bois, un bâton de coteret, pour un morceau du menu bois de chauffage, fait des petites branches des arbres; chez les Epiciers un bâton de casse, un bâton de cire d'Espagne; chez les Gantiers, un bâton à gant; voyez plus bas; un bâton de jauge, pour l'instrument qui sert à mesurer les tonneaux; un bâton de croisure, chez les Hautelissiers, pour la baguette qui tient leurs chaines croisées; chez les Pâtissiers & Boulangers, un bâton, pour le morceau de bois que l'on met en travers sur le pétrin, & sur lequel on meut le sas pour en tirer la farine; chez les Fondeurs, un bâton, pour le rouleau qui leur sert à corroyer ensemble le sable & la terre qui entrent dans la façon de leurs moules. Voyez la suite de cet article.

Baton (Page 2:143)

Baton, s. m. (Hist. anc. & mod.) est un instrument dont on se sert ordinairement pour s'appuyer en marchant. Le cardinal Bona observe, dans son traité des Liturgies, qu'autrefois ceux qui se servoient de bâton dans l'église pour s'appuyer, étoient obligés de le quitter, & de se tenir debout, seuls & droits, dans le tems qu'on lisoit l'évangile, pour témoigner leur respect par cette posture, & faire voir qu'ils étoient prêts d'obéir à Jesus - Christ, & d'aller par - tout où il leur commanderoit d'aller.

On se sert souvent aussi d'un bâton comme d'une espece d'arme naturelle, offensive & défensive. Les Lacédémoniens ne portoient jamais d'épée en tems de paix, mais se contentoient de porter un bâton épais & crochu qui leur étoit particulier.

S. Evremont observe que chez les Romains les coups de bâton étoient une façon modé ée de punir les eselaves, & qu'ils les recevoient par - dessus leurs habits.

Les Maîtres - d'armes, & les gens susceptibles du point d'honneur, croyent qu'il est bien plus honteux de recevoir un coup de bâton qu'un coup d'épée; à cause que l'épée est un instrument de guerre, & le bâton un instrument d'outrage.

Les loix de France punissent bien séverement les coups de bâton. Par un reglement des Maréchaux de France fait en 1653, au sujet des satisfactions & réparations d'honneur, il est ordonné que quiconque en frappera un autre du bâton, sera puni par un an de prison, qui pourra être modéré à six mois en payant 3000 livres, applicables à l'hôpital le plus prochain: outre cela l'aggresseur doit demander pardon à genoux à l'offensé, &c. tout prêt à recevoir de lui un égal nombre de coups de bâton; & il y a certains cas où ce dernier peut être contraint de les donner, quand même il auroit trop de générosité pour s'y résoudre de lui - même.

Par un autre reglement des Maréchaux de l'année 1679, celui qui frappe du bâton après avoir reçû des coups de poing dans la chaleur de la dispute, est condamné à deux ans de prison; & à quatre années, s'il a commencé à frapper à coups de poing.

La loi des Frisons ne donne qu'un demi - sou de composition à celui qui a reçû des coups de baton; & il n'y a si petite blessure pour laquelle elle n'en accorde davantage. Par la loi Salique, si un ingénu donnoit trois coups de baton à un ingénu, il payoit trois sous; s'il avoit fait couler le sang, il étoit puni comme s'il eût blessé avec le fer, & il payoit quinze sous. La peine & l'indemnité se mesuroient sur la grandeur des blessures. La loi des Lombards établit différentes compositions pour un coup, pour deux, trois, quatre: aujourd'hui un coup en vaut mille.

La constitution de Charlemagne, insérée dans la loi des Lombards, veut que ceux à qui elle permet le duel, combattent avec le bâton; peut - être fût - ce un ménagement pour le clergé; ou que, comme on étendoit l'usage des combats, on voulut les rendre moins sanguinaires. Le capitulaire de Louis le Débonnaire donne le choix de combattre avec le bâton ou avec les armes: dans la suite, il n'y cât que les serfs qui combatissent avec le bâton.

Déjà je vois naître & se former les articles particuliers de notre point d'honneur, dit l'auteur de l'esprit des lois, tome II. page 202. L'accusatcur commençoit par déclarer devant le juge qu'un tel avoit commis une telle action, & celui - ci répondoit qu'il en avoit menti; sur cela le juge ordonnoit le duel: la maxime s'établit que, lorsqu'on avoit reçû un démenti, il falloit se battre.

Quand un homme avoit déclaré qu'il combattroit, il ne pouvoit plus s'en départir, sans être condamné à une peine: autre regle qui s'ensuivit; c'est que quand un homme avoit donné sa parole, l'honneur ne lui permettoit plus de se rétracter.

Les gentilshommes se battoient entr'eux & avec leurs armes; les villains se battoient à pié & avec le bâton. Le bâton devint donc un instrument outrageant; parce que celui qui en avoit été frappé, avoit été traité comme un villain.

Il n'y avoit que les villains qui combatissent à visage découvert; ainsi il n'y avoit qu'eux qui pussent recevoir des coups au visage; de - là vint qu'un soufflet fut une injure qui devoit être lavée par le sang; parce que celui qui l'avoit reçû, avoit été traité comme un villain.

Voilà comment par des degrés insensibles, se sont établies les lois du point d'honneur, & avant elles les différences entre les instrumens contondans. Le bâton est devenu une arme deshonorante quelquefois pour celui qui s'en sert, & toûjours pour celui avec qui l'on s'en est servi.

Baton (Page 2:143)

Baton, (Hist. mod.) est quelquefois une marque de commandement & un attribut de dignité ou d'emploi: tels sont les bâtons de maréchaux de France, de maîtres d'hôtel, de capitaines des gardes, d'exempts, &c. Celui de maréchal est fleurdelisé; le roi l'envoye à celui qu'il éleve à ce grade militaire; les maîtres d'hôtel, les capitaines des gardes, les exempts, &c. peuvent être méconnus pour ce qu'ils sont, s'ils s'exposent à l'exercice de leurs charges, sans leurs bâtons; c'est - là l'usage principal du bâton:

Baton (Page 2:143)

Baton de gardes de nuit qui courent les rues de Londres, en criant l'heure qu'il est. Celui qui tient le manoir de Lambourn, dans le comté d'Essex, doit le service du bâton, c'est - à - dire, qu'il est obligé de fournir une charge de paille sur une charrette tirée à six chevaux, deux cordes, deux hommes armés de pié en cap, pour garder le bâton quand on le porte à la ville d'Aibridge, &c. Camb. tit. Essex.

Baton trainant (Page 2:143)

Baton trainant, (Hist. mod.) ou Baton à queue; Edouard premier, roi d'Angleterre, rendit sous ce titre un édit contre les usurpateurs des terres, lesquels pour opprimer les propriétaires véritables, transportoient ces terres usurpées à de grands seigneurs; contre ceux qu'on loüoit pour maltraiter & outrager les autres; contre les violateurs de la paix, ravisseurs, incendiaires, & duellistes; contre ceux qui vendoient à faux poids & à fausses mesures, & autres malfaiteurs. Cette espece d'inquisition fut exécutée avec tant de rigueur, que les amendes qui en provinrent, apporterent au roi des thrésors immenses.

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