ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"470"> une seule proportion dans toutes ses figures; & suivant l'exemple qu'en donne surtout Raphaël, il assortit, à chaque âge, la proportion & le caractere qui lui conviennent.

Différence de proportions occafionnée par la différence du sexe. Les variétés dans les proportions sont encore occasionnées par la différence du sexe.

Indépendamment de la hauteur totale qui est moindre dans les femmes, elles ont le col plus alongé, les cuisses plus courtes, les épaules & le sein plus serrés, les hanches plus larges, les bras plus gros, les jambes plus fortes, les piés plus étroits: leurs muscles moins apparens rendent les contours plus égaux, plus coulans, & les mouvemens plus doux.

Les jeunes filles ont la tête petite, le col alongé, les épaules abaissées, le corps menu, les hanches un peu grosses & les piés petits.

Les anciens donnent sept têtes & trois parties de hauteur à Vénus: telle est la statue de Vénus Médicis, & la proportion de la déesse Beauté.

La statue qu'on connoit sous le nom de la Bergere greque, qui peut - être est Diane, ou une de ses nymphes sortant du bain, a dans la proportion de sept têtes, trois parties & six modules, un caractere qu'elle doit sans doute à l'exercice de la chasse, & aux danses qui devoient rendre la taille des nymphes svelte & agile.

Peut - être trouveroit - on aussi dans les proportions des Minerves, des Junons, & des Cybeles, ces petites différences, qui, lorsque les arts sont arrivés à leur perfection, établissent des nuances moins sensibles à l'oeil qui calcule, qu'au sentiment qui saisit, & au goût qui discerne.

L'âge & le sexe n'ont pas le droit exclusif de caractériser les proportions du corps humain. Le rang, la condition, la fortune, le climat & le tempérament contribuent à causer, dans les développement des proportions, des différences sensibles.

Il n'est pas nécessaire que les artistes s'appesantissent sur les effets de toutes ces causes, mais il ne peut être qu'agréable pour eux, & avantageux pour leur art, de faire des réflexions, & surtout des observations, dont les occasions se présentent continuellement dans la vie civile.

Ils remarqueront, par exemple, qu'il est des hommes dont la constitution & le tempérament occasionnent une proportion pesante. Leurs muscles paroissent peu distincts les uns des autres: ils ont la tête grosse, le cou court, les épaules hautes, l'estomac petit, les cuisses & les genoux gros, les piés épais. Et c'est ainsi que l'artiste grec, en ne faisant qu'effleurer toutes ces particularités, a caracterisé le jeune faune. Ils verront qu'il en est d'autres, d'après lesquels sans doute les anciens caractérisoient leurs héros & leurs demi - dieux, qui dans une conformation toute différente, ont les articulations des membres bien nouées, serrées, peu couvertes de chair, la tête petite, le col nerveux, les épaules larges & hautes, la poitrine élevée, les hanches & le ventre petits, les cuisses musclées, les principaux muscles relevés & détachés, les jambes seches par en - bas, les piés minces, & la plante des piés creuse.

Il n'est que trop vraissemblable que les moeurs occasionnent insensiblement des variétés physiques dans la constitution & dans le développement de la forme du corps. Les délicatesses qui président à l'enfance distinguée ou opulente, l'aversion des exercices du corps, qui détermine la jeunesse voluptueuse à partager les délices & la nonchalance des femmes, l'engourdissement prématuré, qui, dans l'âge viril, succede à l'abus excessif des plaisirs; enfin la caducité précoce qui se fait sentir par une influence plus prompte & plus pesante dans les villes capitales des nations florissantes que partout ailleurs, doit de génération en génération, abatardir les races, & changer peut - être les proportions des corps.

Je ne parle pas des extravagances des modes, parce qu'elles n'ont point d'empire réel sur les dimensions que la nature a fixées: cependant elles en imposent trop souvent aux artistes assez foibles pour s'y prêter, & rendre plus vagues les idées de proportion, qu'il seroit à souhaiter, pour le progrès des arts, qu'on eût incessamment présentes dans leur plus grande exactitude.

On a considéré jusqu'ici, en parlant des proportions, le corps en repos; ajoutons que le mouvement y occasionne des changemens très - distincts & très apparens.

Un membre étendu pour donner & recevoir, éprouve, par exemple, un accroissement; & l'on observe une infinité de ces anomalies ou irrégularités dans les actions de compression, de relachement, d'extension, de fléchissement, de contraction & de raccourcissement.

Un homme assis à terre, qui se presse & fait effort pour ajuster à sa jambe une chaussure étroite, éprouve un raccourcissement d'un sixieme dans la partie antérieure du corps; tandis que par un effet contraire, son bras en se courbant, s'alonge d'une huitieme partie, parce que la tête de l'os du coude se développe, & se montre pour ainsi dire hors de son articulation. On peut observer la même extension dans le calcaneum ou talon, lorsqu'on plie le coudepié.

Il est évident, par ces exemples, que les passions dont les mouvemens sont violens, doivent occasionner des différences sensibles dans les proportions: s'il est possible de les appercevoir, il est bien difficile de les réduire en calculs.

Toutes ces variétés de proportion sont principalement l'ouvrage de la nature; mais l'art qui est son émule, ne pourroit - il pas prétendre aussi au droit d'en opérer, lorsqu'il les croit favorables à ses illusions? Ne pourroit - on pas établir une théorie des rapports qui s'exerçât sur la diversité des positions, & des lieux où l'on place les ouvrages des arts? Le vague de l'air, les oppositions des fabriques ou des arbres, les lieux vastes ou renfermés, élevés ou profonds, les expositions aux différens aspects du soleil, le voisinage des montagnes, des rochers, ou l'isolement dans une plaine; voilà quels seroient les points de différences à établir, & peut - être de changemens à se permettre dans quelques - unes des dimensions reçues. Mais si l'art doit être flatté de pouvoir, pour ainsi dire, ajouter quelquefois à la nature, il doit être intimidé des risques qu'il court, lorsqu'il ose regarder les licences comme des sources particulieres de beauté.

Après tout, il ne faut jamais oublier que la justesse des proportions, autrement la correction du dessein, est pour les parties d'une seule figure, ce qu'est l'ordonnance pour les figures prises dans la totalité. Parrhasius fut le premier qui en donna les regles & la méthode pour la peinture, & Euphranor les appliqua le premier à la peinture encaustique. Pline avertit pourtant que le même Parrhasius donnoit trop peu d'étendue, en comparaison du reste, aux parties du milieu des figures, & ce qui revient au même, qu'Euphranor donnoit trop d'étendue à ses têtes & aux emmanchemens des membres. Asclépiodore ne méritoit ni l'un ni l'autre reproche, puisqu'Apelle convenoit lui - même de la supériorité de cet artiste sur tous les autres, pour la justesse des proportions. (D. J.)

PROPORTIONALITÉ (Page 13:470)

PROPORTIONALITÉ, s. f. (Math.) terme dont on se sert pour signifier la proportion qui est entre des quantités. Voyez Proportion. (E) [p. 471]

PROPORTIONNEL (Page 13:471)

PROPORTIONNEL, adj. (Math.) se dit de ce qui a rapport à une proportion; ainsi nous disons des parties proportionnelles, des échelles proportionnelles, &c. Voyez Compas, &c.

Proportionnelles (Page 13:471)

Proportionnelles ou quantités proportionnelles, en terme de Géométrie, sont des quantités, soit linéaires, soit numériques, qui ont entr'elles le même rapport. Voyez Rapport & Proportion.

Ainsi les nombres 3, 6, 12 sont proportionnels, parce que 3 : 6 :: 6 : 12, pour trouver une 4e. proportionnelle à trois lignes données A B, A C & B D, (Planch. géom. fig. 62.) faites un angle F, A, G, à volonté: du point A, prenez sur un des côtés de l'angle, une ligne égale à A B, & du même point A, sur l'autre côté de l'angle, prenez une ligne égale à A C, ensuite du point B, prenez une ligne égale à B D; enfin tirez B C, & faites au point D, un angle égal à A B C. Je dis que C E sera la 4e. proportionnelle cherchée, c'est - à - dire, qu'on aura A B : A C :: B D : C E.

Si on demande une troisieme proportionnelle à deux lignes données A B & A C, il faut faire B D égale à A C, & l'on aura A B : A C :: A C : C E.

Pour trouver une moyenne proportionnelle entre deux lignes données A B & B E, fig. 63; joignez ensemble les deux lignes données, de sorte qu'elles soient en ligne droite; & coupez cette ligne droite en deux parties égales au point C. Du point C & du rayon A C, décrivez un demi - cercle A D E, & du point de jonction B élevez une perpendiculaire B D: cette perpendiculaire sera la moyenne proportionnelle cherchée, & on aura A B : B D :: B D : B E.

Les Géometres cherchent depuis deux mille ans une méthode pour trouver géométriquement deux moyennes proportionnelles entre deux lignes données, c'est - à - dire, en n'employant que la ligne droite & le cercle; car du reste ce problème est abondamment résolu; & particulierement la résolution que l'on en donne par les sections coniques, en faisant, par exemple, qu'un cercle & une parabole s'entrecoupent suivant une certaine loi, est une solution très géométrique de ce problème.

En le réduisant à une équation algébrique, il paroit impossible qu'on le résolve jamais avec le seul secours de la ligne droite & du cercle; car on arrive toujours à une équation du troisieme degré, qu'il n'est pas possible de construire avec la ligne droite & le cercle. Voyez l'application de l'Algebre à la Géométrie par Guisnée.

Les anciens résolvoient ce problème méchaniquement par le moyen du mésolabe décrit par Eutocius: & plusieurs d'entr'eux ont tâché d'en donner la démonstration: d'autres, comme ménechmes, résolvoient ce problème par les lieux solides: d'aues, par des mouvemens composes, comme Platon, Archytas, Pappus & Sporus: d'autres enfin, en tâtonnant, comme Héron & Apollonius.

Pour trouver une moyenne proportionnelle entre deux nombres, il faudra prendre la moitié de la somme des deux nombres, si c'est une moyenne proportionnelle arithmétique qu'on cherche, & la racine quarrée du produit des deux nombres, si c'est une moyenne proportionnelle géométrique. Voyez Proportion arithmétique & géométrique.

Pour trouver une moyenne proportionnelle harmonique, voyez Proportion harmonique. Chambers. (E)

PROPORTIONNER (Page 13:471)

PROPORTIONNER, v. act. (Gram.) établir entre une chose & une autre un juste rapport. Dieu proportionne ses graces à nos besoins. La justice proportionne ses châtimens aux infractions; la récompense, au mérite de l'action. C'est la marque d'un bon esprit, que de sçavoir se proportionner à tous.

PROPOS (Page 13:471)

PROPOS, s. m. (Gram.) discours, entretien. Le propos doit varier selon les circonstances, sans quoi on sera quelquefois exposé à tenir de fort bons propos hors de propos. Il signifie aussi résolution: faitesvous à vous - même le ferme propos de ne plus commettre cette faute; convenance, le conte que vous avez fait n'étoit pas à propos.

PROPOSANS (Page 13:471)

PROPOSANS, s. m. pl. (Hist. ecclês.) c'est ainsi que l'on nomme parmi les protestans de France, de Suisse & de Hollande, ceux qui, après avoir achevé leurs études théologiques, se destinent au ministere, & se mettent sur les rangs pour une cure vacante. Avant que d'être admis au grade de proposant, il faut avoir subi un examen sur la Théologie dans une des classes du synode, après quoi l'on est reçu proposant; ce qui confere le droit de prêcher, mais non pas celui d'administrer les sacremens qu'admet la religion réformée. Lorsqu'un proposant est appellé à une église, il doit subir un nouvel examen, après lequel il est reçu ministre.

PROPOSER (Page 13:471)

PROPOSER, v. act. (Gram.) mettre en avant, objecter, offrir. Vous lui proposez - là une grande difficulté, un accommodement qui me paroît avantageux, un sujet très - convenable à la place, une fin très - louable, une loi qui aura son utilité, un prix qui encouragera, &c. Proposer, dans un étudiant en Théologie chez les protestans, c'est expliquer un texte.

RROPOSITION (Page 13:471)

RROPOSITION, subst. fém. M. du Marsais, au mot Construction, a traité si amplement de ce qui concerne la proposition, entenduegrammaticalement, qu'il n'y auroit plus qu'à renvoyer à cet article, qu'il faut consulter en effet, tome IV. page 81. si je n'avois à faire quelques observations que je crois nécessaires sur cet objet.

Notre grammairien philosophe dit que la proposition est un assemblage de mots, qui, par le concours des différens rapports qu'ils ont entre eux, énoncent un jugement ou quelque considération particuliere de l'esprit qui regarde un objet comme tel. Il me semble qu'il y a quelque inexactitude dans cette définition.

Le seul mot latin moriemur, par exemple, est une proposition entiere, & rien n'y est sousentendu; la terminaison indique que le sujet est la premiere personne du pluriel, & dès qu'il est déterminé par - là, on ne doit pas le suppléer par nos, parce que ce seroit tomber dans la périssologie, ou du - moins introduire le pléonasme: or la construction analytique, loin de l'introduire, a pour objet de le supprimer, ou du - moins d'en faire remarquer la redondance par rapport à l'intégrité grammaticale de la proposition. Si donc moriemur est une proposition pleine, on ne doit point dire que la proposition est un assemblage de mots.

L'auteur ajoute qu'elle énonce un jugement ou quelque considération particuliere de l'esprit qui regarde un objet comme tel: il prétend par - là indiquer deux sortes de propositions; les unes directes, qui énoncent un jugement; les autres indirectes, qu'il nomme simplement énonciatives, & qui n'entrent, dit - il, dans le discours que pour y énoncer certaines vûes de l'esprit. Tout cela, si je ne me trompe, est véritablement quid unum & idem; en voici la preuve.

Nous parlons pour transmettre aux autres hommes nos connoissances, & nos connoissances ne sont autre chose que la perception de l'existence intellectuelle des êtres sous telle ou telle relation, à telle ou telle modification. Si un être a véritablement en soi la relation sous laquelle il existe dans notre esprit, nous en avons une connoissance vraie; s'il n'a pas en soi la relation sous laquelle il existe dans notre esprit, la connoissance que nous en avons est fausse; mais vraie ou fausse, cette connoissance est un jugement, & l'expression de ce jugement est une proposition.

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