ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"253"> gnée de bois. Il sert à prendre les petits clous par la tête, en le mouillant à chaque fois avec la salive, & à les placer dans leurs trous.

POUSSOL ou POUZOL (Page 13:253)

POUSSOL ou POUZOL, (Géog. mod.) ou plutôt, comme disent les Italiens, Pozzuolo; ville d'Italie au royaume de Naples, à huit milles au couchant de cette capitale, au bord de la mer, sur une basse pointe; on la nommoit anciennement en latin Puteoli, & c'est sous ce mot que nous indiquerons ses diverses révolutions jusqu'à ce jour.

Cette ville autrefois fameuse, est aujourd'hui misérable. Les guerres, les tremblemens de terre, les assauts de la mer, & le tems qui mine tout, l'ont presque entierement détruite; c'est en vain qu'elle a un évêché suffragant de Naples, ce titre ne lui procure aucun avantage; & quoiqu'on puisse mouiller aisément devant cette ville avec des vaisseaux & des galeres, il n'y aborde que quelques voyageurs curieux d'y voir quelques vestiges de son ancienne splendeur, & les débris d'un mole, que l'on donne pour les restes du pont de Caligula, puteolanas moles.

C'est grand dommage que cette ville soit dans un triste état; la douceur de l'air qu'on y respire, l'agrément de la situation, l'abondance de ses bonnes eaux & la fertilité de la campagne, prouvent bien que ce n'étoit pas sans raison que les Romains faisoient leurs délices de ce lieu. On ne peut rien voir de si charmant que son assiette vis - à - vis les ruines de Bayes; & l'on ne peut rien imaginer de plus agréable que la colline qui commence vers Pozzuolo, & regne le long de la mer qui en bat le pié. Cette colline étoit tapissée des maisons de plaisance de Néron, d'Hortensius, de Pison, de César, de Pompée, de Servilius, de Cicéron, & de tant d'autres. Cicéron y composa ses questions académiques. Il avoit orné ce palais d'une grande galerie, embellie de sculptures, de peintures, & d'autres raretés qu'Atticus lui avoit envoyées de Grece. Ce fut dans ce même lieu que César vint souper avec lui au fort de ses victoires. On trouve au voisinage des sources d'eau chaude, qui remplissent les bains qu'on appelle encore aujourd'hui les bains de Cicéron, bagni di Cicerone. De plus, la mer est si tranquille dans ce quartier, qu'on croit ne voir qu'une vaste riviere. En un mot, tout y est si riant que les Poëtes ont feint qu'Ulysse s'arrêta dans ce lieu, dont les délices lui firent oublier les travaux & les périls auxquels il avoit été exposé.

On trouve encore presque tout - autour de la ville de Pozzuolo, une terre ou sable, admirable pour bâtir, & qu'on nomme communément enfrançois poussolane Ce sable est d'un rouge de brique, & disposé par lits de différentes épaisseurs. Quelquefois il y a des lits où le sable est fort fin, quelquefois il est gros ou inégal. On emploie le plus fin pour les enduits, & le gros dans la Maçonnerie. Ce qu'ils ont de commun, c'est qu'ils font une liaison admirable qui fait corps, & qui se seche d'autant plus promptement qu'on a plus de soin de le noyer à force d'eau. Il prend dans l'eau, & fait corps avec toutes sortes de pierres.

La cathédrale de Pozzuolo est bâtie en partie, à ce qu'on prétend, sur les ruines d'un temple de Jupiter, qui étoit de l'ordre corinthien; & la façade porte une ancienne inscription, qui prouve que ce temple avoit été élevé par Calphurnius, chevalier romain, en l'honneur d'Auguste: voici cette inscription, Cal phurnius L. F. templum, Augusto cum ornamentis D. D.

En allant de Pozzuolo à Capoue, on a trouvé dans le dernier siecle plusieurs ruines d'anciens sépulcres dont ce lieu étoit rempli, avec les niches des urnes où l'on conservoit les cendres des corps qu'on avoit brûlés; voyez - en le récit dans Misson & Adisson, voya - ges d'Italie. Long. de Pozzuolo, 31. 34. latit. 40. 52.

Les feux qui sortent par le sommet du Vésuve ne semblent destinés qu'à effrayer les hommes; mais le terrein des environs de Pozzuolo en contient dans son sein qui sont moins terribles, & dont l'industrie humaine a su tirer de très - grands avantages: cet endroit se nomme aujourd'hui la Solfatara, probablement à cause de la grande quantité de sousre qu'on en retire; on le nommoit autrefois forum Vulcani, ou campus Phlegroeus: on en tire, depuis plusieurs siecles, une quantité prodigieuse de soufre & d'alun.

Ce lieu est une petite plaine ovale dont le grand diametre, dirigé de l'est à l'ouest, est à - peu - près de 200 toises, & dont la plus grande largeur n'excede pas 150: elle est élevée d'environ 150 toises au - dessus du niveau de la mer, & il faut par conséquent beaucoup monter pour y arriver, soit qu'on y vienne de Naples ou de Pozzuolo.

La Solsatara n'a qu'une seule entrée, qui est du côté du midi; le reste est environné de hautes collines, ou plutôt de talus tres - roides, composés d'un peu de terre & du débris de grands rochers escarpés, continuellement rongés par la vapeur du soufre, & qui tombent en ruine. Excepté quelques brossailles, & un taillis d'environ un arpent, qui se trouve à l'entrée, tout le terrein y est pelé & blanc comme de la marne: la seule inspection fait juger que cette terre contient beaucoup de soufre & de sels; & sa chaleur plus grande presque par - tout que les plus grandes chaleurs d'éte, & qui va même en quelques endroits jusqu'à brûler les pies à - travers les souliers, jointe à la fumée qu'on voit sortir de toute part, annonce qu'il y a dessous cette plaine un feu souterrein.

On observe au milieu de la plaine un enfoncement de figure ovale, d'environ trois ou quatre piés de profondeur, dont le fond retentit quand on le frappe, comme s'il y avoit au - dessous une vaste cavite dont la voûte fût peu épaisse. Un peu plus loin & dans la partie orientale, on apperçoit un bassin plein d'eau: cette eau est chaude, mais elle ne fait monter la liqueur du thermometre qu'à 34 degrés au - dessus de la congélation; degré bien inférieur à celui de l'eau bouillante, & qui ne rendroit pas même cette eau capable de cuire des oeufs, comme quelques auteurs l'ont assuré: cependant cette eau paroît bouillir continuellement à un coin du bassin, quoiqu'elle soit très - tranquille dans tout le reste.

Les rochers qui entourent la Solfatara, continuellement exposés à la vapeur du soufre, tombent, comme nous l'avons dit, par morceaux, & se réduisent en une espece de pâte ferme & grasse, avec des taches jaunes, & d'autres d'un rouge fort vif: mais ce qui est de plus singulier, c'est que parmi ces débris de rochers fumans & calcinés par la vapeur du soufre brûlant, on voit sur les petites parties de terre qui s'y rencontrent, des plantes en abondance, & que le revers de ces collines est très - fertile & très cultivé.

La mine de soufre qu'on tire de la Solfatara, est une terre durcie, ou plutôt une pierre tendre, qu'on trouve en fouillant. Pour en tirer le soufre, on la met en petits morceaux dans des pots de terre, qui contiennent environ vingt pintes de Paris. Ces pots sont exactement fermés par un couvercle qui y est lutté: on les place dans un fourneau fait exprès, de maniere qu'un quart de leur pourtour fait saillie hors du fourneau, & demeure découvert au - dehors; une semblable partie fait saillie au - dedans du fourneau pour recevoir l'action du feu, & par conséquent la moitié du pot est dans l'épaisseur du mur: chacun de ces pots communique par un tuyau d'environ un pié de longueur, & de dix - huit lignes de diametre, avec un autre pot placé tout - à - fait hors du fourneau, & un peu plus haut que les premiers; ces derniers pots sont vuides & fermés exactement, excepté vers le bas où [p. 254] on a ménagé un trou d'environ quinze à dix - huit lignes.

Le soufre développé de sa mine par le feu qu'on allume dans le fourneau, monte en fumée, & passe dans le pot extérieur, où ne trouvant plus le même degré de chaleur, il passe de l'état de vapeur à celui de fluide, & coule par l'ouverture inférieure dans une tinette placée au - dessous. Ces tinettes sont évasées par le haut, & garnies de trois cercles de fer; lorsque le soufre est refroidi, on les démonte en faisant tomber les cercles à coups de marteau, & on a la masse de soufre entiere, qu'on résoud ensuite de nouveau pour la purifier & la mouler en bâtons. Il faut que la quantité de soufre que contient la Solfatara, soit immense: Pline assure formellement que de son tems on tiroit du soufre de la campagne de Naples, dans les collines nommées leucogoei ou terres blanches, & qu'après l'avoir tiré de la terre, on l'achevoit par le feu; ce qui ressemble, on ne peut pas mieux, à la Solfatara, & à la maniere dont on y travaille ce minéral.

Le soufre n'est pas la seule matiere minérale que contienne cette miniere, on en tire aussi beaucoup d'alun: c'est dans la partie occidentale qu'on trouve la matiere qui le contient; c'est moins une pierre qu'une terre blanche, assez semblable à de la marne pour la consistance & la couleur: elle se trouve sur le champ: on en remplit jusqu'aux trois quarts des chaudieres de plomb enfoncées jusqu'à l'embouchure dans le terrein, dont la chaleur fait monter en cet endroit le thermometre de M. de Reaumur à 37 ½ degrés au - dessus de la congélation; on verse ensuite de l'eau dans chaque chaudiere jusqu'à ce qu'elle surnage la mine de trois ou quatre pouces: la chaleur du terrein échauffe le tout, & par son moyen le sel se dégage de la terre, & vient se crystalliser à la surface; mais comme dans cet état il est encore chargé de beaucoup de matieres étrangeres, on le fait fondre de nouveau avec de l'eau chaude contenue dans un grand vase de pierre qui a la forme d'un entonnoir, & crystalliser ensuite; pour - lors on l'a en beaux crystaux, tel qu'on le voit ordinairement, les matieres étrangeres se précipitant au fond de l'entonnoir de pierre. Hist. de l'acad. des Sciences, ann. 1750. p. 20. (Le Chevalier de Jaucourt.)

POUST ou PUST (Page 13:254)

POUST ou PUST, s. m. (Hist. mod.) c'est ainsi que l'on nomme à la cour du grand - mogol un breuvage, qui n'est autre chose que du jus de pavot, exprimé & infusé pendant une nuit dans de l'eau. C'est ce breuvage que les souverains, ou plutôt les tyrans de ce pays, font prendre à leurs freres & aux princes de leur sang, lorsqu'ils ne veulent point les faire mourir. C'est la premiere chose qu'on leur apporte le matin, & on leur refuse toute autre nourriture jusqu'à ce qu'ils en aient avalé une dose considérable. Cette potion les maigrit insensiblement, elle leur cause un marasme qui finit par les faire mourir, après les avoir rendus stupides, & les avoir mis dans une espece de léthargie.

POUTALETSJA (Page 13:254)

POUTALETSJA, (Botan. exot.) nom d'un arbrisseau fort bas, qui porte des baies, & qui est fort commun dans le Malabar. (D. J.)

POUTI - SAT ou PUTSA (Page 13:254)

POUTI - SAT ou PUTSA, s. m. (Hist. mod.) c'est le nom sous lequel les Siamois & quelques autres habitans des Indes orientales désignent le dieu plus connu sous le nom sommona - kodom. On croit que c'est le même dieu que les Chinois nomment foë, & les Japonois siaka ou xaca; d'autres indiens le nomment budda ou boutta. Ce mot signifie le seigneur, pouti. Voyez Sommona - kodom & Siaka.

POUTRE (Page 13:254)

POUTRE, s. f. (Charpent.) c'est la plus grosse piece de bois qui entre dans un bâtiment, & qui soutient les travées des planchers. Il y en a de différentes longueurs & grosseurs. Celles qui sont en mur mitoyen doivent, suivant la coutume de Paris, article 208, porter plutôt dans toute l'épaisseur du mur, à deux ou trois pouces près, qu'à moitié, à - moins qu'elles ne soient directement opposées à celles du voisin. En ce cas, elles ne peuvent porter que dans la moitié du mur; & on soulage leurs portées, de chaque côté, par des corbeaux de pierre, en mettant une table de plomb entre les deux bouts, pour empêcher qu'elles ne s'échauffent & ne se corrompent. On ne se sert guere dans les planchers de ces poutres, mais de solives passantes qui se posent sur les murs.

Voilà ce que nous ont appris sur les poutres les maîtres dans l'art de bâtir. Les autres connoissances qu'on a touchant les poutres, sont dûes aux Physiciens. Ces connoissances concernent l'effort dont celles de différentes longueurs sont capables. Nous allons exposer ici ce que MM. Couplet, Bernoulli & Parent, ont découvert.

1°. La résistance totale de chaque poutre est le produit de sa base par sa hauteur. 2°. Si les bases de deux poutres sont égales enlongueur, quoique les longueurs & largeurs en soient inégales, leur résistance sera comme leur hauteur. D'où il suit qu'une poutre posée de champ, ou sur le plus petit côté de sa base, résistera plus que posée sur le plat, & cela en raison de l'excès de hauteur que cette premiere situation lui donnera sur la seconde. On sera sans doute surpris, après cela, qu'on pose les poutres sur le plat dans les bâtimens: mais comme il est important qu'elles aient une certaine assiette, on préfere cette situation parce qu'elle est plus convenable que l'autre. 3°. Si la somme des côtés des bases de deux poutres est égale, que ces côtés aient, par exemple, 12 & 12, ou 11 & 13, ou 10 & 14, ou 9 & 15, &c. de sorte que la somme soit toujours de 24 pouces, & que les poutres soient toujours posées de champ, on trouve, en suivant cette espece de suite, que dans la premiere poutre qui auroit 12 & 12, la résistance est 1728, & la solidité 144: ce qui donne le rapport de la résistance à la solidité ou pesanteur comme 12 à 1. Ainsi en se servant de la derniere poutre qui auroit 1 & 23, la résistance seroit 529 & la solidité 23. Par conséquent la premiere poutre qui seroit quarrée, auroit, par rapport à sa pesanteur, près de deux fois moins de force, c'est - à - dire, de résistance que la derniere. Et dans les poutres moyennes cette résistance comparée à sa pesanteur, iroit toujours en augmentant depuis la premiere jusqu'à la derniere: c'est ce qu'on va voir dans la table suivante. On peut consulter aussi à ce sujet les mémoires de l'académie royale des Sciences de 1707 & de 1708, & le traité de la Charpenterie & des bois de toute espece, par M. Mathias Mésange.

Table du rapport de la force des poutres à leur solidilé.
Dimension des poutres.   Expression de la     Expression de la
Largeur.         Hauteur.      forceou resistance.     solidité.
        pouces.         pouc.
    12.                12.            1728.                  144.
    11.                13.            1859.                  143.
    10.                14.            1960.                  140.
     9.                15.            2025.                  135.
     8.                16.            2048.                  128.
     7.                17.            2023.                  119.
     6.                18.            1944.                  108.
     5.                19.            1805.                   95.
     4.                20.            1600.                   80.
     3.                21.            1323.                   63.
     2.                22.             968.                   44.
     1.                23.             529.                   23.

Poutre armée. C'est une poutre sur laquelle sont assemblées deux décharges en à - bouts, avec une clé, retenues par les liens de fer. Cela se pratique quand on veut faire porter à faux un mur de refend, ou lors que le plancher est d'une si grande étendue, qu'on est

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