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Premier - occupant (Page 13:291)
Les hommes sont convenus entr'eux que toutes choses qui n'étoient point entrées dans le premier partage, & qui se trouvoient inconnues, seroient laissées à celui qui s'en empareroit avant tout autre, soit par prise de possession, soit autrement, ensorte que par ce moyen il acquéreroit légitimement la propriété de ces sortes de choses.
Ce qui fonde le droit du premier - occupant dans le cas dont il s'agit ici, c'est qu'il a donné à connoître avant tout autre le dessein qu'il avoit de s'emparer de telle ou telle chose, étant à portée de le faire. Si donc il témoigne son intention par quelque acte significatif, comme par un acte corporel, par une marque faite à certaines choses, &c. ou si les autres ont manifestement renoncé en sa faveur au droit qu'ils avoient aussi - bien que lui sur une chose, il peut alors acquérir la propriété originaire de cette chose, sans aucune prise de possession actuelle.
C'est ainsi que l'on se rend maître des pays déserts que personne ne s'étoit encore appropriés; car ils commencent à appartenir au premier qui y met le pié avec intention de les posséder, & qui pour cet effet les cultive, & y plante ou y établit des bornes par lesquelles il distingue ce dont il veut s'emparer d'avec ce qu'il veut laisser en commun. Que si plusieurs à - la - fois s'emparent de certaines contrées, l'expédient le plus ordinaire est d'assigner à chacun une certaine portion de terre, après quoi on regarde celles qui restent comme appartenant à tout le corps.
On acquiert aussi par droit de premier - occupant, les bêtes sauvages, les oiseaux, les poissons de la mer, des rivieres, des lacs ou des étangs, & les perles ou autres choses semblables que la mer jette sur le rivage en certains endroits; bien entendu que le souverain n'ait pas expressément défendu aux particuliers de prendre ces sortes de choses.
En effet, le chef de l'état est censé de s'être emparé de toutes les choses mobilieres qui se trouvent dans l'enceinte de ses terres, lorsqu'il ne les donne pas à d'autres; si donc il ne témoigne pas qu'il veut laisser ces sortes de biens en communauté, ils lui appartiennent véritablement autant que leur constitution naturelle le permet. Je dis autant que leur constitution naturelle le permet, car les bêtes sauvages, par exemple, qui sont dans les forêts du pays, peuvent passer dans les forêts d'un autre état, où l'on n'a pas droit de les aller réclamer: mais il ne s'en suit point de - là qu'elles n'appartinssent pas auparavant au maître des forêts qu'elles ont quitté. Le droit de propriété que celui - ci avoit n'en étoit pas moins réel pour être chancelant & sujet à s'évanouir: il en est ici comme des rivieres. L'eau qui coule chaque
Enfin on peut acquérir par droit de premier - occupant une chose qui a déja eu un autre maître, pourvû que le droit de celui - ci ait été entierement éteint, comme quand le proprietaire d'une chose l'a jettée ou abandonnée avec un dessein formel & suffisamment manifesté de ne plus la tenir pour sienne; ou lorsque l'ayant perdue malgré lui, il la regarde ensuite comme ne lui appartenant plus, & ne pense point à la recouvrer.
Il faut rapporter à ceci, ce qu'on appelle un trésor, c'est - à - dire un argent dont on ignore le maître, car il est au premier qui le trouve, à - moins que les lois civiles en disposent autrement. Ce trésor devroit encore appartenir au premier qui le découvre, quand même il l'auroit trouvé dans le fond d'autrui; car ce n'est pas un accessoire du fonds, comme les métaux, les minéraux & autres choses semblables qui y sont censées attachées, & dont, à cause de cela, le propriétaire du fonds peut être regardé comme en possession.
Il y a des excellentes notes de M. Barbeyrac sur cette matiere dans son édition de Puffendorf; voyez - les. (D. J.)
Premier - pris (Page 13:291)
Premieres - couleurs (Page 13:291)
PRÉMISSES (Page 13:291)
PRÉMISSES, s. f. plur. (Logique.) les deux premieres
propositions d'un syllogisme. Voyez l'article
PRÉMONTRÉ (Page 13:291)
PRÉMONTRÉ, (Théolog.) est le nom d'un ordre religieux de chanoines réguliers, institué par S. Norbert en 1120.
Le premier monastere de cet ordre fut bâti par S. Norbert dans l'île de France, à trois lieues de Laon vers le couchant, & appellé par lui prémontré, proemonstratum, & c'est de - là que l'ordre a tiré son nom. Les auteurs sont fort partagés sur la vraie origine de ce nom.
Honorius II. approuva cet ordre en 1126, & plusieurs autres papes le confirmerent dans la suite. En 1245, Innocent IV. se plaignit du relâchement de cet ordre, & en écrivit au chapitre général. En 1288, le général Guillaume demanda & obtint du pape Nicolas IV. la permission de manger de la viande pour ceux de l'ordre qui seroient en voyage. En 1460, à la priere du général, Pie II. accorda la permission générale de manger de la viande, excepté depuis la Septuagésime jusqu'à Pâque.
Les prémontrés sont vêtus de blanc, avec un scapulaire au - devant de leur soutane. Lorsqu'ils sortent, ils ont un manteau blanc; dans la maison, un petit camail; & au choeur, un surplis.
Les premiers monasteres que S. Norbert établit étoient l'un pour les hommes, & l'autre pour les femmes; un mur de séparation les divisoit. En 1137, un decret du chapitre général défendit cet usage pour l'avenir, & ordonna que les religieuses des monasteres déja bâtis seroient transférées ailleurs, & éloignées du monastere des hommes.
Les prémontrés ont un college à Paris, & peuvent [p. 292]
Il y a aussi une réforme de prémontrés.
Prémontré (Page 13:292)
PRÉMOTION PHYSIQUE (Page 13:292)
PRÉMOTION PHYSIQUE, (Métaphysique.) prémotion physique n'est autre chose que le concours immédiat de Dieu avec la créature. On lui donne le nom de prémotion, parce qu'elle prévient la détermination de la volonté créée. Dans l'ordre des choses, cela doit être ainsi supposé que Dieu concoure immédiatement avec les créatures; car, comme Dieu & la créature ne peuvent être causes paralleles en produisant la même action, il est nécessaire que Dieu prévienne la créature qui, par sa nature, lui est subordonnée.
On distingue deux sortes de prémotions, l'une générale & l'autre particuliere. La prémotion générale n'est autre chose que cette nécessité qui nous force d'acquiescer à la vérité une fois connue, & cet empressement général & indispensable qui nous est donné par le Créateur pour le bonheur en général. La prémotion particuliere, c'est cet acte physique, par lequel Dieu, sans consulter notre volonté, l'incline vers un parti plutôt que vers un autre.
Les Thomistes de tout tems ont soutenu le système de la prémotion avec une chaleur d'autant plus vive, qu'ils la croient établie dans les ouvrages de S. Thomas. Ils tirent sa nécessité de trois sources différentes; 1° de la nature de la volonté, laquelle a besoin d'être prévenue par l'action de Dieu pour sortir de son indifférence; 2° de ce que Dieu est une cause universelle, le premier agent de tous les êtres & le premier mouvant; 3° de la dépendance absolue de la créature, qui ne seroit pas digne de Dieu si la créature pouvoit soustraire à l'action prévenante du Créateur la moindre de ses volitions, un rayon imperceptible de volonté. Comme ces raisons ont lieu dans l'ordre de la nature & dans l'ordre dela grace, dans l'état d'innocence & dans l'état de corruption, les Thomistes ont admis dans ces différens ordres & dans ces différens états la nécessité de la prémotion. Dans l'ordre naturel, elle retient le nom de prémotion physique; dans le surnaturel, elle s'appelle la grace efficace par elle - même, grace prédéterminante, grace thomistique. Voyez tous ces articles.
La premiere raison que les Thomistes alleguent en faveur de la prémotion, & qu'ils tirent de la nature de la volonté, paroît si forte à quelques - uns, que, quoiqu'ils rejettent la prémotion particuliere comme contraire à la liberté, ils en admettent une générale qu'ils croient nécessaire à la volonté pour qu'elle sorte de son indifférence. Mais cette prémotion générale n'est pas un bouclier propre à parer les coups que leur portent les Thomistes. Quand on fait tant que d'admettre une prémotion générale, autant vaudroit - il en admettre tout - d'un - coup une particuliere. Qu'est - ce que ce mouvement vague & indéterminé qui se portant à tout, ne se porte à rien; qui se diversifie en une infinité de manieres, selon les volontés qui en reçoivent l'impression, à - peu - près comme le son varie selon les tuyaux d'orgue dans lesquels il entre? Si la volonté peut arrêter le mouvement qui lui est communiqué, ou le diriger du côté qu'il
L'auteur de la prémotion physique, ou de l'action de
Dieu sur les créatures, s'est signalé, sur - tout dans la
défense de ce système. Cet auteur prétend 1° que
toutes nos connoissances & tous nos amours sont autant
d'êtres distincts; 2° que nous n'acquérons de
nouvelles connoissances & que nous ne formons
de nouveaux amours, qu'autant que Dieu en crée
l'être pour l'ajouter à celui de notre ame; 3° enfin
que Dieu, en créant de nouveaux êtres de connoissance
ou d'amour, se sert du premier être de notre
ame, pour le faire concourir à cette création. On
voit bien qu'il ne pose le troisieme principe qu'à son
corps défendant, s'il est permis de parler ainsi, &
que pour maintenir l'activité de l'ame que les deux
autres paroissent détruire. Sans suivre ces principes,
toutes leurs conséquences, je ferai seulement
sur eux quelques réflexions. 1° Toutes nos connoissances,
tous nos amours, tous nos degrés de connoissance,
tous nos degrés d'amour sont autant d'êtres ou
de degrés d'être; du - moins cela paroît ainsi à l'auteur:
il part de - là comme d'un principe incontestable.
Quand je suis bien rempli de ce système, je me fais
un vrai plaisir d'ouvrir, de fermer & de rouvrir sans
cesse les yeux: d'un clin d'oeil je produis, j'anéantis
& je reproduis des êtres sans nombre. Il semble encore
qu'à tout ce que j'entends, je sente grossir mon
être: si j'apprends, par exemple, que dans une bataille
il est resté dix mille hommes sur la place, dans le
moment mon ame augmente de dix mille degrés d'être
pour chaque homme tué: tant il est vrai que dans ce
système mon ame fait son profit de tout: il y a là bien
de la philosophie. C'est grand dommage que cela soit
inintelligible, & que l'auteur ne puisse donner aucune
idée de ces êtres, production de sa féconde imagination.
Comprenons - nous qu'à chaque instant de
nouveaux êtres soient ajoutés à notre substance, &
ne fassent avec elle qu'un seul être indivisible?
Comprenons - nous qu'on puisse retrancher quelque
chose d'une substance qui n'est pas composée, ou
qu'on puisse lui ajouter quelque chose sans qu'elle
perde sa simplicité? Avons - nous quelque idée de
ces entités ajoutées à l'ame qui, au dire de l'auteur,
semblent enfler le volume de sa substance? On ne
donne point, dit l'auteur de la prémotion physique,
ce qu'on n'a point, ni par conséquent plus qu'on a;
ou, pour le rendre autrement, avec le moins on ne
fait pas le plus: d'où il infere qu'une intelligence
créée n'augmentera jamais toute seule son être; que
n'ayant, par exemple, que quatre degrés d'être dans
le moment A, elle ne s'en donnera pas un cinquieme
dans le moment B; car elle se donneroit ce qu'elle
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