ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Préciput du survivant est un avantage que l'on stipule ordinairement par contrat de mariage dans les pays coutumiers en faveur du survivant des conjoints.

Ce préciput consiste à prendre sur la communauté avant partage, & hors part, des meubles jusqu'à concurrence d'une certaine somme pour la prisée de l'inventaire, ou ladite somme, au choix du survivant.

On ne manque guere de stipuler que le survivant pourra prendre ces meubles pour la prisée, & sans crue; mais cette clause ne se supplée point.

Le préciput ne se prend régulierement que sur la communauté; de sorte que quand la femme renonce, elle perd son préciput, à moins qu'il ne soit dit par le contrat qu'elle le prendra, même en renonçant.

La femme qui accepte la communauté, ne contribue point aux dettes pour son préciput.

Quand les héritiers de la femme renoncent à la communauté, il n'y a plus lieu au préciput pour le mari survivant, puisqu'il demeure maître de tout ce qui devoit composer la communauté, à moins qu'il n'y ait quelque clause dans le contrat qui l'autorise dans ce cas à retenir son préciput sur les propres de sa femme. Voyez les commentateurs sur l'art. 229 de la coutume de Paris, & les traités de la communauté de Renusson & le Brun. (A)

PRÉCIS (Page 13:273)

PRÉCIS, adj. PRÉCISION, s. f. (Gram.) la précision est une briéveté convenable, en parlant ou en écrivant, & qui consiste à ne rien dire de superflu, & à ne rien omettre de nécessaire. La précision a deux opposés; savoir, la prolixité qui dégénere en une abondance de paroles vagues, & l'extreme concision qui fait qu'on tombe souvent dans l'obscurité, suivant ce mot d'Horace:

Brevis esse laboro, Obscurus fio.

Il y a de la différence entre justesse & précision. La justesse empêche de donner dans le faux; & la précision écarte l'inutile. Le discours précis est une marque ordinaire de la justesse d'esprit. Synonym. françois de l'abbé Girard, pag. 235.

PRÉCOCE (Page 13:273)

PRÉCOCE, adj. (Jardinage.) est un fruit qui vient avant la saison de ceux de sou espece, qui devance les autres en nouveauté. Ainsi l'on dit: nous avons des abricots, des cérises précoces. Il se prend au simple & au figuré. Cet enfant à l'esprit précoce.

PRÉCOMPTER (Page 13:273)

PRÉCOMPTER, v. act. (Commerce.) déduire les sommes qu'on a reçues d'un débiteur sur le total de la dette, lorsqu'il en acheve l'entier payement. Vous devez précompter sur les mille livres que je vous dois par monbillet, cent livres que j'ai payées à votre acquit, & deux cens livres pour les marchandises que je vous ai fournies; ainsi reste sept cens livres que voilà comptant.

Les intérêts usuraires, quand on peut les prouver, se précomptent, c'est - à - dire, se déduisent sur le principal de l'obligation. Voyez Principal, Obligation, Intérêts . Dictionn. de commerce.

PRÉCONISATION (Page 13:273)

PRÉCONISATION, s. f. (Jurisprud.) du latin proeconium, qui signifie proclamation ou louange d'une personne, est la lecture & publication que le cardinal proposant fait dans le sacré consistoire à Rome, des mémoriaux & informations qui lui ont été remis touchant la personne nommée par le roi à un bénéfice consistorial: ces mémoriaux sont proprement une instruction & un extrait des titres & qualités du nommé, & du procès - verbal de ses vie, moeurs, profession de foi & de l'état de l'église vacante, fait pardevant le nonce du pape, ou pardevant l'ordinaire de celui qui est nommé. La préconisation se fait en ces termes: Beatissime pater, ego N. cardinalis, in proximo consistorio, si Sanctitati vestroe placuerit, proponam ecclesiam N. quoe vacat per obitum N. ultimi illius episcopi: ad eam nominat rex christianissimus D. D.... ut illi ecclesioe proeficiatur in episcopum & pastorem; illius autem qualitates & alia requisita latiùs in eodem consistorio declarabuntur. Cet acte de préconisation est suivi de plusieurs autres formalités, en conséquence desquelles, si le sujet nommé est jugé digne, on lui expédie ses bulles. Voyez le traité de l'usage & pratique de cour de Rome, par Castel, tom. II. (A)

PRECOPIA ou PERCOPIA (Page 13:273)

PRECOPIA ou PERCOPIA, (Géog. mod.) ville de la Turquie, dans la Servie, sur la Morave, à 8 lieues ouest de Nissa, 18 sud - est de Zagodma. Long. 40. 6. latit. 43. 20. (D. J.)

PRÉCURSEUR (Page 13:273)

PRÉCURSEUR, s. m. (Gramm.) celui qui précede, qui marche, ou qui court devant un autre pour annoncer son arrivée. C'est le nom qu'on donne particulierement a saint Jean - Baptiste qui avoit été choisi pour précéder le Messie & lui préparer les voies, en annonçant aux Juifs son avénement prochain, comme il est dit dans saint Luc: & tu puer propheta Altissimi vocaberis; proeibis enim ante faciem Domini parare vias ejus.

PRÉDÉCESSEUR (Page 13:273)

PRÉDÉCESSEUR, s. m. (Gramm.) terme relatif à une personne qui en a précédé une autre dans les fonctions d'une charge, d'un emploi. Ainsi l'on dit les prédécesseurs d'un roi, pour signifier les princes qui ont occupé le trône avant lui. Il ne faut pas confondre prédécesseurs avec ancêtres. On descend des ancêtres, on occupe la place des prédécesseurs. Les ancêtres ont rapport à la suite da sang, les prédécesseurs à celle de la dignité. Les Carlovingiens ont été prédécesseurs des Capets, & n'en ont pas été les ancêtres. Voyez Ancêtres.

PRÉDESTINATIENS (Page 13:273)

PRÉDESTINATIENS, s. m. pl. (Théologie.) On appelle ainsi ceux qui admettent la doctrine de la prédestination absolue. Voyez Prédestination.

Saint Augustin passe pour avoir donné occasion à la secte des Prédestinatiens, qui ont cru voir leur sentiment dans ses écrits dont ils n'ont pas compris le sens; quoique les Jansénistes & leurs adversaires soient extrèmement partagés sur la vraie doctrine de saint Augustin sur cet article, & que chacun l'interprete suivant son système. Voyez Jansénisme.

Le pere Sirmond traite au long de cette hérésie des Prédéstinatiens, laquelle commença en Afrique dès le tems de saint Augustin dans le monastere d'Adrumet, au sujet de quelques expressions mal - entendues de ce pere. Elle se répandit ensuite dans les Gaules, où un prêtre nommé Lucide, qui avoit les mêmes sentimens sur la grace & sur la prédestination, fut condamné par Fauste, évêque de Riez, dont la sentence fut approuvée par deux conciles.

Cette héresie fut renouvellée dans le neuvieme siecle par Goteschalc, moine bénédictin, qui, à ce que dit Hincmar dans une de ses lettres au pape Nicolas, soutenoit avec les anciens Prédestinatiens qui avoient été anathématisés, que Dieu ne vouloit pas que tous les hommes fussent sauvés; que Jesus - Christ n'étoit pas mort pour tous, mais seulement pour les élus, ou ceux qui devoient être sauvés. Voyez Grace.

Cette doctrine fut de nouveau condamnée dans un synode tenu à Mayence: mais les Jansénistes, particulierement les amis de MM. de Port - royal, & entr'autres le président Mauguin, ont refuté le livre du pere Sirmond, prétendant que l'héréfie des Prédestinatiens est une hérésie imaginaire, ajoutant que saint Fulgence, saint Prosper, & les autres disciples de saint Augustin, ont soutenu que cette hérésie étoit imaginaire, qu'elle n'avoit été inventée que par les ennemis de la doctrine de saint Augustin.

En effet, le pere Sirmond n'appuie presque son sentiment que sur le témoignage des prêtres de Mar<pb-> [p. 274] seille, qui ont été suspects de semi - pélagianisme. Voyez Semi - Pélagien.

Mais le cardinal Noris remarque 1°. qu'il est moralement impossible que Fauste en ait imposé à cet égard à Léonce son métropolitain, & aux évêques d'Autun, de Lyon & de Besançon, qui assisterent au concile d'Arles. 2°. Que Fauste ne manquoit pas d'ennemis qui lui eussent à coup sûr reproché cette fausseté, s'il l'eût commise. Que d'ailleurs tout semipélagien qu'on le suppose, il n'est pas moins croyable sur un fait, qu'Eusebe & Socrate qu'on cite tous les jours, quoique le premier ait été arien & le second novatien. 3°. Qu'il se peut bien que sous prétexte de refuter l'hérésie des Prédestinatiens, Fauste ait attaqué la doctrine de saint Augustin: mais que cette hérésie n'en est pas moins réelle ni moins distinguée des sentimens de ce saint docteur; & qu'après tout les peres du concile d'Arles, en approuvant le zele de Fauste contre les Prédestinatiens, n'ont point approuvé ses écrits postérieurs à ce concile & qui sentent le semi - pélagianisme. 4°. Que dans la lettre de Fauste à Lucide, & dans celle de celui - ci aux peres d'Arles, il n'y a rien que de très - catholique, comme l'ont prouvé Bellarmin, la Bigne, & le pere Deschamps. 5°. Enfin, que si le concile d'Orange, tenu en 529, semble douter qu'il y eût des Prédestinatiens, c'est que Lucide avoit abjuré ses erreurs dès l'an 475, & que cette secte, réprimée de bonne heure, étoit éteinte & comme ignorée même dès le siecle suivant.

PREDESTINATION (Page 13:274)

PREDESTINATION, s. f. (Théolog.) de la préposrtion proe, devant, & du verbe destinare, destiner. Ce terme signifie à la lettre une destination antérieure.

Mais, dans le langage de l'Eglise & des Théologiens, la prédeslination se prend pour le dessein que Dieu a formé de toute éternité de conduire par sa grace quelqu'un à la foi ou au salut éternel, pendant qu'il en laisse d'autres dans l'insidélité ou dans la masse de perdition.

Ceux qui sont ainsi laissés dans la masse de perdition sont les réprouvés, & les autres sont les prédestinés. Sur quoi il est bon de remarquer que les anciens ont quelquefois pris le terme de prédestination en général, tant pour la destination des élus à la grace & à la gloire, que pour celle des réprouvés au péché & à l'enfer. Saint Augustin, saint Prosper, saint Isidore l'emploient en ce sens en quelques occasions. Mais cette expression a paru trop dure, & le mot de prédestination ne se prend plus qu'en bonne part pour l'élection à la grace & à la gloire.

Saint Augustin, dans son livre du don de la persévérance, chap. xiv. définit la prédestination en ces termes: proescientia est proeparatio ben ficiorum Dei, quibus certissimè liberantur quicumque liberantur; & saint Thomas en donne cette définition, ratio transmissionis creaturoe rationalis in finem vitoe oeternoe; I. part. quoest. xxiij. art. 1. définitions au - reste qui ne regardent que l'état de nature corrompue par le péché. Car on convient généralement que dans l'état de nature innocente, la prédestination des anges à la gloire supposoit la prévision de leurs mérites.

Le decret de la prédestination, considéré dans sa totalité, n'est autre chose qu'une volonté efficace & absolue de la part de Dieu, par laquelle il a arrêté de rendre éternellement heureuses quelques - unes de ses créatures, & de leur accorder dans le tems les graces qui font pratiquer le bien méritoire du ciel. Ce decret quoique simple en lui - même peut être envisagé sous deux faces différentes, ou par rapport à la gloire, ou par rapport à la grace. De - là les Théologiens distinguent deux sortes de prédestination; l'une à la gloire, & l'autre à la grace.

La prédestination à la gloire est de la part de Dieu une volonté absolue, en vertu de laquelle il fait choix de quelques unes de ses créatures pour régner éternellement avec lui dans le ciel, & il leur confere en conséquence les secours nécessaires pour arriver à cette fin.

La prédestination à la grace est de la part de Dieu une volonté absolue & efficace, en vertu de laquelle il a résolu d'accorder dans le tems à quelques - unes de ses créatures les graces qui font accomplir les préceptes de la loi, & persévérer jusqu'à la fin dans la pratique du bien.

Tous ceux qui sont prédestinés à la grace ne sont pas pour cela prédestinés à la gloire, parce que plusieurs de ceux - là perdent la grace & ne perséverent pas dans le bien. Au contraire ceux qui sont prédessinés à la gloire le sont aussi à la grace, Dieu leur accorde le don de la vocation à la soi, de la justification, & de la persévérance, comme l'explique saint Paul, Rom. viij. 30.

Il est important sur cette matiere de distinguer les vérités qui sont de foi d'avec les opinions d'école.

Les vérités catholiques sur la prédestination se réduisent à celles - ci: 1°. qu'il y a en Dieu un decret de prédestination, c'est - à - dire, une volonté absolue & efficace, par laquelle il arrête en lui - même de donner le royaume des cieux à quelques - unes de ses créatures. Epist. synodic. episcop. afric. cap. xiv.

2°. Que Dieu qui prédestine à l'immortalité glorieuse, prédestine aussi à la grace qui fait persevérer dans le bien. Fulgent. lib. III. de verit. proedest.

3°. Que le decret de la prédestination est en Dieu de toute éternité, qu'il l'a formé avant la création du monde, & qu'on ne peut pas dire qu'il y ait eu un tems où ce decret n'ait pas été en Dieu. Saint Paul, Eph. c. j. v. 3, 4, 5.

4°. Que c'est par un pur effet de sa volonté bienfaisante, que Dieu a prédestiné un certain nombre de ses créatures à la gloire, & par conséquent que ce decret est libre en Dieu & exempt de toute nécessité. Ibid. v. 6 & 11.

5°. Que le decret de la prédestination est certain & infaillible en lui - même, & qu'il aura certainement & infailliblement son exécution, ainsi que Jesus - Christ le déclare en saint Jean, c. x. v. 27, 28 & 29.

6°. Que personne ne peut être assuré sans une révelation expresse s'il est du nombre des élus, comme on le prouve par saint Paul, Philipp. xj. v. 12. I. Cor. iv. v. 4. & comme l'a défini le concile de Trente contre les Calvinistes, sess. VI. ch. ix. xij. & xvj. & can. xv.

7°. Que le nombre des prédestinés est fixe & immuable, qu'il ne peut être augmenté ni diminué, puisque Dieu lui - même l'a sixé de toute éternité. Saint Jean, c. x. v. 27. 28. saint Aug. lib. de corrept. & grat. c. xiij.

8°. Que le decret de la prédestination n'impose ni par lui - même, ni par les moyens dont Dieu se sert pour le conduire à son exécution, aucune nécessité aux élus de pratiquer le bien. Ils agissent toujours très librement, & conservent toujours dans le moment même qu'ils accomplissent la loi, le pouvoir de ne pas l'observer. Saint Prosper, resp. ad sextam object. Gallor.

9°. Que la prédestination à la grace est absolument gratuite, qu'elle ne prend sa source que dans la miséricorde de Dieu, & qu'elle est antérieure à la prévision de tout mérite naturel. Saint Paul, Rom. c. xj. v. 6.

10°. Que la prédestination à la gloire n'est pas fondée sur la prévision des mérites humains, formés par les seules forces du libre arbitre, parce que si Dieu trouvoit le motif de notre élection à la vie éternelle dans le mérite de nos propres oeuvres, il ne seroit

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