ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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PRAESIDIUM (Page 13:258)

PRAESIDIUM, (Géogr. anc.) mot latin qui se prend en général pour tout ce que l'on met au - devant de quelque chose pour la conserver. On l'a employé dans les itinéraires romains, pour désigner [p. 259] certains lieux hors des camps militaires, & dans lesquels on tenoit un certain nombre d'hommes en garnison, pour rendre le pays plus assuré contre tous événemens. C'est ce que nous apprend Varron, l. IV. de Ling lat. Praesidium est dictum, quia extrà castra proesidebant in loco aliquo, quo tutior regio esset; & dans ce sens proesidium signifie moins une place forte, que les gens de guerre établis dans un lieu pour le défendre. On s'en est servi néanmoins pour désigner les places où les Romains mettoient des garnisons, soit pour la défense du pays contre les insultes des ennemis, soit pour prévenir les revoltes des habitans. Aussi avoit - on pour maxime de mettre des troupes étrangeres dans les provinces conquises, afin de les empêcher par la diversité des moeurs & du langage, de ménager des intelligences avec ceux du pays, & de faire des projets de soulévement.

Ces places fortes étoient de deux sortes. Les unes étoient bâties exprès par les Romains, & ne différoient en rien des châteaux où il y avoit du monde pour les défendre. C'est pour cela que Florus se sert indifféremment des mots castella, custodioe, proesidia, quand, parlant de ces sortes de places que Drusus fit bâtir sur les bords de la Meuse, du Rhin, & des autres fleuves voisins, il dit, l. IV. c. ult. In tutelam provinciarum proesidia atque custodias ubique disposuit per Mosam flumen, per Albim, per Visurgim. Nam per Rheni quidem ripam quinquaginta ampliùs castella direxit. C'est du même genre de forteresse que le rhéteur Eumenius entend parler (Orat. pro scholis instaurandis), quand il dit: nam quid ego alarum & cohortium castra percenseam, toto Rheni, Istri & Euphratis limite restituta.

Ces deux témoignages nous apprennent encore que ces forts ou châteaux bâtis exprès, étoient ordinairement situés sur les rives des grands fleuves, qui servoient de limites à l'empire, comme étoient le Rhin, le Danube & l'Euphrate.

Les autres places fortes n'étoient pas bâties exprès. C'étoient des villes que l'on choisissoit pour y mettre des garnisons, parce que leur situation & leurs murailles les rendoient propres pour la défense du pays. De cette espece étoit une ville d'Egypte nommée Hydreumavetus, ou Troglodyticun, dans laquelle, Pline, l. VI. c. xxxiij, dit que proesidium excubabat. C'est de l'une ou de l'autre de ces sortes de garnisons que quelques places dans l'itinéraire d'Antonin & dans la carte de Peutinger, ont été surnommées du mot proesidium, comme Bellenoe proesidium, & Famaricetum proesidium. Quelquefois même le nom de proesidium se trouve seul, sans qu'aucun autre le précede ni le suive.

La Géographie connoît plusieurs lieux & villes qui portent le nom de Proesidium, savoir 1°. Proesidium, lieu de l'île de Corse, entre Aleria & Portus - Favoni; 2°. une ville d'Espagne entre Salacia & Caladunum; 3°. une autre ville d'Espagne sur la route de l'embouchure du fleuve Ana à Emerita, à 27 milles du lieu nommé Ad - Aubras; 4°. Un lieu de la Mauritanie césariense, assez près des confins de la Mauritanie sitifense, au midi du mont Atlas; un lieu de la grande Bretagne, que Cambden, Britannioe descript. pag. 245, croit être aujourd'hui la ville de Warwick.

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