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POROROCA (Page 13:126)
POROROCA, s. m. (Physiq. génér.) phénomène singulier du flux de la mer que l'on observe entre Macapa & le cap - Nord, dans l'endroit où le grand canal du fleuve se trouve le plus resserré par les îles, & surtout vis - à - vis de la grande bouche de l'Arawary, qui entre dans l'Amazone du côté du nord.
Pendant les trois jours les plus voisins des pleines & des nouvelles lunes, tems des plus hautes marées, la mer au lieu d'employer près de six heures à monter, parvient en une ou deux minutes à sa plus grande hauteur: on juge bien que cela ne se peut passer tranquillement. On entend d'une ou de deux lieues de distance un bruit effrayant qui annonce le pororoca; c'est le nom que les Indiens de ces cantons donnent à ce terrible flot. A mesure qu'il approche, le bruit augmente, & bientôt l'on voit s'avancer une masse d'eau de 12 à 15 piés de haut, puis une autre, puis une troisieme, & quelquefois une quatrieme qui se suivent de près, & qui occupent toute la largeur du canal; cette lame chemine avec une rapidité prodigieuse, brise & rase en courant tout ce qui lui résiste. On a vu en plusieurs endroits des marques de ses ravages, de très - gros arbres déracinés, des rochers renversés, la place d'un grand terrein récemment emporté. Partout où elle passe, le ri<cb->
M. de la Condamine a examiné avec attention en
divers endroits toutes les circonstances de ce phénomene,
& particulierement sur la petite riviere de
Guama, voisine du Para. Il a toujours remarqué qu'il
n'arrivoit que proche de l'embouchure des rivieres,
& lorsque le flot montant & engagé dans un
canal étroit rencontroit en son chemin un banc de
sable, ou un haut fond qui lui faisoit obstacle; que
c'étoit - là & non ailleurs que commençoit ce mouvement
impétueux & irrégulier des eaux, & qu'il cessoit
un peu au - delà du banc, quand le canal redevenoit
profond, ou s'élargissoit considérablement. Il
faut supposer que ce banc soit à - peu - près de niveau
à la hauteur où atteignent les eaux vives, ou les
marées de nouvelle & pleine lune. C'est à sa rencontre
que le cours du fleuve doit être suspendu par
l'opposition du flux de la mer, qui forme un courant
opposé. C'est - là que les eaux arrêtées de part & d'autre
doivent s'élever insensiblement tant que le courant
peut soutenir l'effort du flux, & jusqu'à ce que
celui - ci l'emportant, rompe enfin la digue, & déborde
au - delà en un instant. On dit qu'il arrive quelque
chose d'assez semblable aux îles Orcades au nord de
l'Ecosse, & à l'entrée de la Garonne aux environs de
Bordeaux, où l'on appelle cet effet des marées, le
mascaret. Voyez
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