ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"220"> tage ne prenant le pouls mol pour un signe mortel. Il n'est tel que lorsqu'il est parvenu au dernier degré de relâchement, & qu'on l'appelle lâche & vuide; quantité d'observations prouvent que le pouls modérément mou à la fin des maladies, est dans certains cas un signe très - favorable; le pouls petit est un signe très - équivoque de foiblesse; cette idée peut induire dans bien des erreurs. J'ai vû souvent périr des malades réputés foibles & traités en conséquence par les cordiaux, les spiritueux, parce que le médecin ignoroit qu'au commencement des maladies & dans d'autres cas le pouls est souvent enfoncé, profond, petit, &c. sans être foible, & qu'une saignée auroit relevé ce pouls, & fait avec succès l'office de cordial. De même le pouls grand fait tomber dans les mêmes fautes ceux qui le confondent avec le fort; on saigne, on affoiblit tandis qu'il ne faudroit rien faire ou fortifier, & cependant le malade meurt victime de l'ignorance de l'empirique qui le traite. Erreur encore de la part de ces médecins, qui pensent que le pouls intermittent est un signe mortel. Nous prouverons par des faits qu'il annonce souvent la guérison prochaine; erreur encore de la part de ceux qui regardent toutes les inégalités du pouls comme des variations bisarres dépendantes d'un défaut dans la situation, ou le tissu des arteres, ou d'un état d'irritation & de spasme. Il est évident qu'ils substituent à des faits qu'ils devroient indiquer des raisonnemens vagues & purement arbitraires; erreur encore, mais en voilà assez pour faire connoître la façon de penser de ces médecins. Nous lasserions nos lecteurs & nous les ennuyerions en les promenant ainsi d'erreurs en erreurs; ce que nous avons dit suffit pour faire juger du reste, & pour faire conclure que les Méchaniciens n'ont aucune idée raisonnable sur le pouls, que leur système vague dans les différences, faux dans l'étiologie, est encore plus vague, plus faux, plus inutile, & même dangereux dans les présages.

Doctrine du pouls suivant la musique. Hérophile est le premier qui ait fait attention au rapport qu'on pouvoit établir entre les battemens des arteres & les notes de musique; on assure que sa doctrine du pouls étoit fondée là - dessus; il est aussi certain qu'il en a emprunté les mots de rythme, RUQMOS2, ou cadence, qu'il emploie très - souvent pour indiquer les différences & l'état du pouls. Voyez Rythme; mais la perte de ses ouvrages & des commentaires que Galien en avoit faits nous ôte les moyens de nous éclaircir sur ce point, & de satisfaire la curiosité du lecteur; depuis lui Avicenne, Savonarola, saxon, Fernel, & plusieurs autres médecins, s'étoient proposés de faire le parallele des cadences de la musique avec le pouls, mais ils n'ont point exécuté leurs projets; Samuel Hafen Refferus, médecin allemand, fit imprimer en 1601, un traité sur cette matiere intitulé mono - chordon symbolico - bio - manticum; il nous a été impossible de nous procurer cet ouvrage. Enfin M. Marquet, médecin de Nancy, donna en 1747 un essai fort abrégé, où il expose la nouvelle méthode, facile & curieuse pour apprendre par les notes de musique à connoître le pouls de l'homme & ses différens changemens, &c. Nancy 1747. La doctrine qu'il établit sur les différences, les causes & les présages du pouls n'est qu'un mélange absurde & singulier de quelques dogmes des Galénistes, des Méchaniciens, & des Chimistes: il rejette avec les Méchaniciens une grande partie des pouls adoptés par les Galénistes. « Les pouls, dit - il, qu'on appelle raboteux, ondés, résonnans, arrondis, longs, courts, pétulens, enflés, évaporés, suffoqués, solides ou massifs, dirigés à queue de souris, sont tous imaginaires (ch. xxx.») Il admet avec Galien les pouls doubles ou directs, tremblans, défaillans, vermiculaires, fourmillans & profonds, superficiels, caprisans, convulsifs, &c. Il place les causes du pouls dans le mouvement du sang, ou dans les contractions du coeur qui sont entretenues depuis la naissance jusqu'à la mort, par le mouvement d'expiration & d'inspiration (chap. j.) « De façon, dit - il plus bas, que nous établissons le mouvement du poumon respectivement à celui du coeur pour la cause prochaine de la circulation du sang, du battement du coeur & des arteres (ibid. pag. xiv.»). Les causes qui font varier le pouls, qui le rendent non naturel, dépendent de la quantité ou de la qualité du sang vivisiées, ou du défaut de proportion des vaisseaux avec le sang; il a sur ce sujet les mêmes idées à - peu - près que les Méchaniciens, il ajoute quelquefois avec les Chimistes, pour cause des pouls inégaux, les excès réciproques des parties sulfureuses, salines, globuleuses, &c. La partie sulfureuse dégagée & abondante produit un pouls grand & véhément, la saline un pouls intermittent, la sereuse un pouls petit, foible, tardif, la globuleuse un pouls frequent; & lorsque ces causes se trouvent réunies & agir ensemble sur le pouls, il en resulte cette espece de pouls que l'on appelle convulsif. Le pouls intercadent, échappé ou intermittent doit son origine à des bulles d'air qui entrent dans le sang, & qui rendent dans les endroits où elles se trouvent la dilatation de l'artere imperceptible; qu'on juge par - là des idées, du génie & des lumieres de l'auteur: les présages qu'il tire des différens pouls répondent à la certitude de sa théorie; ils sont conformes à ceux des Méchaniciens: nous ne nous étendrons pas davantage là - dessus, & nous négligerons de faire sur cette doctrine des réflexions que tout le monde peut faire, nous nous hâtons de passer à la partie neuve & plus intéressante de son ouvrage, qui regarde la maniere de tâter le pouls.

Notre auteur exige, « Que celui qui veut s'instruire de ses principes, ait au - moins quelque legere teinture de musique, afin qu'en battant la mesure reglée, il s'accoûtume à connoître au juste la cadence du pouls, en la comparant à celle de la musique »: il faut aussi supposer dans les lecteurs la connoissance des principes de cet art, pour pouvoir lire son traité & connoître la valeur des figures sous lesquelles il peint les différentes especes de pouls. Voyez dans ce Dictionnaire les articles de musique, Noire, Blanche, Croche, Double - croche &c. Le pouls naturel qui sert de mesure & de point de comparaison pour les autres, est censé battre soixante fois dans une minute, toutes les pulsations ont la même force, la même cadence, & le même intervalle qui est de cinq tems entre chaque pulsation; il égale ordinairement la cadence d'un menuet en mouvement, de façon que les pulsations battent la mesure d'un menuet qu'on chantera ou jouera pendant qu'on tate le pouls: ce pouls dont toutes les qualités sont égales & tempérées est marqué par des noires placées entre deux paralleles, & qui sont séparées par cinq petites lignes qui représentent les cinq tems; chaque pulsation ou chaque noire qui en est la figure est à côté d'une grande ligne qui indique chaque cadence ou mesure du menuet qui est noté par - dessous: voici la figure qu'il en donne. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

Le pouls naturel dont il est ici question est le pouls des adultes, car les enfans ont le pouls beaucoup plus vîte; leur pouls, dit notre auteur, tierce la marche de celui des adultes, ou va plus vîte d'un tiers. [p. 221]

Le pouls qui s'éloigne de ces caracteres est nonnaturel, il peut varier de bien des façons; les différences peuvent être simples ou composées; parmi les simples se trouve, 1°. le pouls grand ou plein (notre auteur regarde ces deux mots comme synonymes), qui se découvre facilement & remplit les doigts de celui qui le touche. Il ne differe du naturel que par la plénitude & la tension de l'artere; il est marqué par des notes blanches posées entre deux lignes paralleles.

[omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

2°. Le pouls petit ou vuide encore confondu mal - à - propos, bat foiblement & également; il est designé par des croches entre deux lignes paralleles. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

3°. Le pouls profond, est celui qui ne se découvre qu'en chargeant ou pesant un peu fort sur l'artere, il est marqué par une note noire posée sur la premiere ligne parallele, il est naturel en mouvement, & non pas en force.

4°. Le superficiel est l'opposé du précédent, on n'a besoin pour le sentir que de toucher légerement l'artère, la note noire qui le désigne est posée au - dessus de la seconde ligne. Pouls profond. Pouls superficiel. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

5°. Le pouls dur, ou tendu, ou élevé, (ce dernier caractere ne sympathise guere avec les précédens; loin d'être le même) l'artère est dure, les pulsations sont fortes & vites; les notes blanches qui les représentent sont plus rapprochées, & placées sur la seconde ligne; ce pouls va ordinairement à trois tems surpassant le naturel de deux cinquiemes.

6°. Le pouls mol est le contraire, il résiste peu au toucher, il est naturel d'ailleurs en vitesse, ou tardif, il se marque par une croche pointée, posée entre les deux lignes. Dur. Mou. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

7°. Le pouls vite ou fiévreux peut augmenter d'un, deux, ou plusieurs tems; le pouls plus vite d'un tems a encore un intervalle de quatre tems, on l'appelle pouls vite à quatre tems; il est désigné par des noires pointées placées entre les paralleles, & séparées par quatre lignes; le vite à trois tems est marqué par des notes blanches, séparées par trois lignes; le vite à deux tems est représenté par une noire posée sur la seconde ligne, il n'y a que deux lignes de séparation entre chaque note: dans le pouls à un tems les battemens se succedent presque sans intervalle; les notes sont des doubles croches placées sur la premiere parallele, qui ne sont séparées que par une ligne. Pouls à 4 tems. à 3 tems. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version] à 2 tems. à 1 tems. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

8°. Le lent a au - moins six tems, il peut en avoir sept, huit, neuf, &c. l'auteur dit en avoir trouvé jusqu'à douze dans des vieillards qui moururent bientôt après, il est représenté par des notes blanches plus ou moins éloignées, selon le nombre de tems, & comme il est toujours profond, ces blanches sont placées sur la premiere ligne. Pouls à six tems. à 12 tems. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

9°. Le pouls intermittent, éclipsé, intercadent, après quelques pulsations plus ou moins régulieres, il en manque une totalement; il est marqué par des noires posées entre deux paralleles à distances égales, ou inégales; de tems en tems il en manque une, & la note qui suit est blanche & posée sur la seconde ligne; pour représenter la pulsation qui suit l'intermittence, & qui est toujours, selon notre auteur, plus élevée. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

10°. Le pouls inégal en vitesse est formé par des pulsations qui se succedent dans des tems inégaux. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

11°. Le pouls inégal & intercurrent n'a point de regles, tantôt il paroît, tantôt il disparoît; tantôt il est fort, tantôt il est foible; quelquefois il va vite & d'autres fois lentement; les notes qui le représentent sont de différente nature, placées en différens endroits & diversement éloignées. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

12°. Le pouls caprisant est fort analogue au précédent; il a comme lui beaucoup d'inégalité, & il peut être représenté par la même figure.

13°. Le pouls convulsif est fort élevé, tendu, quelquefois grand, ensuite concentré, il participe de toutes les inégalités. [omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

14°. Le pouls dicrote ou double bat deux coups à chaque pulsation, il a été observé dans un vieillard qui mourut de léthargie peu de tems après; il est représenté par deux notes blanches entrelacées, posées tantôt entre les paralleles, tantôt sur la premiere ligne.

[omission: musical score; to see, consult fac-similé version]

L'auteur ajoute à ces pouls avec Galien, les pouls tremblans, défaillans, vermiculaires, formicans ou fourmillans, supprimés ou deficientes; mais il ne dit là - dessus rien de nouveau, & ne les représente par aucune figure.

On ne sauroit disconvenir, qu'il n'y ait entre les mouvemens des pouls & les lois de la musique un rapport assez sensible; il n'en est cependant pas moins vrai, que les détails pénibles dans lesquels cet auteur est descendu, sont presque sans fondement & sans utilité; tout au plus, cette comparaison & ces figures pourroient servir, si elles étoient bien justes, à faire concevoir ce qu'il faut exprimer, à donner une idée plus palpable des modifications des pouls en le peignant aux yeux; & si l'auteur n'a eu que cet objet en vûe, il ne s'est pas beaucoup écarté de son but, & son ouvrage auroit été sûrement très - avantageux, si le système qui en fait la base eût été moins conforme à celui des méchaniciens, moins raisonné & en un mot plus rapproché de l'observation.

Doctrine des Chinois sur le pouls. La connoissance du pouls est la partie fondamentale de la médecine

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.